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Le PRS, sigle plus vendeur ?

Jusqu’à il n’y a guère, je pensais qu’être ministre d’Etat, c’était une distinction accordée aux anciens titulaires de poste ministériel dont on honorait l’assiduité à se faire réélire et reconduire dans des fonctions d’Etat.
Eh bien ! pas du tout.
« Le titre de Ministre d'État est un titre honorifique et est conféré à des personnalités (souvent politiques) qui se sont montrées très méritantes dans la vie publique. L'attribution du titre de Ministre d'État est la prérogative du Roi et se fait par arrêté royal qui est contresigné par le Premier Ministre. »
On croit rêvé !
Nous revoici à la distribution des prix, l’estrade, le maître, et les applaudissements des géniteurs saisis par l’émotion.
C’est donc à la tête du client, au mérite de quoi, que monsieur II distribue ses récompenses ? Parmi les ministres d’Etat, il y en a de gratinés. Par exemple, Etienne Davignon, banquier, homme de l’ombre, qui joue les sages calfeutré dans le confort d’un bureau, pipe à la bouche et à l’affût d’une pose devant l’objectif, jamais en retard pour s’adjoindre un coupon, à la mode des conseils à la suite du branle-bas à la Générale le jour d’une OPA…du méchant Carlo De Benedetti
Les débuts du diplôme de grand citoyen étaient clairement une affaire de classe. Le premier à être nommé – on pourrait même dire nominé comme pour les César – fut le Comte de Mérode, très tôt en 1831, à peine monsieur L 1 à la tête de l’Etat, suivi dans la même fournée de Ridder de Theux de Meylandt, etc, etc. avec déjà un Nothomb en 1845.
Qu’ont fait ces messieurs pour recevoir les lauriers de la Nation ? Ils ont évidemment poussé à la charrette pour faire des Pays-Bas méridionaux insurgés, une monarchie. Dans la geste du temps, certains ont saisi un drapeau au bon moment, s’être fait remarquer une mèche à la main devant un affût de canon, d’autres encore étaient les premiers au marchepied du carrosse de L1 le jour de la Joyeuse entrée.
Il y a une sorte de lignée de Ministre d’Etat. La famille de Mérode que l’on retrouve ainsi régulièrement d’une génération l’autre, au palmarès de la grande citoyenneté.
Peu à peu, les grandes familles s’alliant avec des maîtres de forge, c’est le libéralisme tendance paternaliste qui saute du parterre à l’estrade.
Les temps ont changé.
Aujourd’hui se sont souvent des financiers qui alternent avec des présidents de parti, peu ou pas de scientifiques, d’artistes, à croire que les brevets de haut patriotisme n’existent pas dans ces milieux..
Un seul critère, faire bon chic bon genre et être monarchiste traditionaliste, si possible à armoirie et surtout avoir réussi dans les milieux de la banque et de la politique intimement liés dans ce panel.
Les socialistes qui avaient tant apeuré les couvents et les religieuses pointent le bout du nez sur l’estrade magique peu après 1900, comme par exemple Emile Vandervelde en 1914. Ils sont noyés dans la masse libéralo-chrétienne qui rafle pratiquement tous les diplômes de moralité constitutionnelle..
Ces héros d’Etat ont encombré les chroniques des grandes réussites que les maîtres de sixième distribuaient aux enfants comme exemple, pour ensuite les envoyer à l’usine, se faire apprentis et exploités par les « références » de haute moralité. Les socialistes de première main, diplômés, en frac, gibus et tout, de plus en plus nombreux dans l’entre-deux guerres, revendiquent pour la classe ouvrière. On les tolère par crainte des bolcheviks !
A partir des années 60 des noms connus circulent, les socialistes y font jeu égal avec les autres. Il n’y a plus incompatibilité entre l’idéologie socialiste et l’Etat capitaliste.
L’état se « socialise », pour la bonne cause, ainsi le socialiste Achille Van Acker, ministre d’Etat en 58, entreprend de redresser le pays en rognant sur les salaires des travailleurs.

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La première femme ministre d’Etat s’appelle Marguerite De Riemaecker-Legot, octobre 1974.
La suite est moins délectable, après André Cools et les placards qui s’ouvrent, des personnages contestables défilent. On ne sait pas si on peut retirer le titre de Ministre d’Etat à des gens indignes ? Le passé lointain est davantage obscur. Avant 1900, la réussite des grandes familles ne finissaient jamais aux Assises.
Le brevet de patriote fervent est décerné en 2002 à Elio Di Rupo.
C’est Johan Vande Lanotte qui clôt momentanément la liste, lauré en 2006.
Est-ce le fait d’une certaine préséance lors de l'organisation de cérémonies officielles, disposer d'une plaque minéralogique spéciale, petits gestes qui flattent l’ego démesuré de ces Grands Belges, qui fait qu’aucun n’ait jusqu’à présent démissionné avec fracas.
Ce n’est pas ce beau monde si éloigné des gens de la rue qui donnera l’avis « qu’il ne faut pas rater » au Conseil de la couronne qui ne s’est réuni que 5 fois depuis la fondation de l’Etat belge.
Reste que c’est tout à fait édifiant la volonté de dénouer la crise « entre amis ».
Le plus décevant reste la participation socialiste à ces « colloques » suprêmes. Décidément ce parti devrait accoler « royal » à son sigle. Le Parti Royal Socialiste, PRS, ce n’est pas mal, d’autant que si l’affaire prenait une méchante tournure, il pourrait en gardant les initiales PRS se dénommer Parti Républicain Socialiste ! A réfléchir, non ?

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