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La France terre d’asiles ?

Selon une idée originale de Jean-François Kahn, Sarkozy serait fou !
C’est bien possible après tout. La France a toujours eu le chic d’élire des présidents déjantés et à la limite déséquilibrés, le pompon ayant été attribué à Paul Deschanel.
Voici le fait-divers dont il fut la victime et l’auteur.
Le président devait se rendre en train à Montbrison, le 23 mai 1920. Vers 23 h 15, s'étant penché par la fenêtre de son compartiment, Paul Deschanel chute accidentellement hors du wagon. Le convoi circulait à relativement faible allure dans une zone de travaux à Mignerette, près de Montargis.
Hagard et vêtu d’un pyjama, Paul Deschanel rencontre André Radeau, un cheminot qui surveille la zone de travaux, et auquel il se présente comme président de la République. L'image des hommes publics à l'époque est peu diffusée, le cheminot se montre sceptique – il croit avoir affaire à un ivrogne – mais conduit l’homme en pyjama à la maison du garde-barrière toute proche. Vu son état, le voyageur est colloqué dans une chambre. Le garde-barrière, Gustave Dariot, impressionné par l’insistance de l’inconnu, prévient la gendarmerie de Corbeilles. Pour l’anecdote, la femme du garde-barrière aurait dit à des journalistes : « J'avais bien vu que c'était un monsieur : il avait les pieds propres ! »
Un autre loustic élevé au fauteuil suprême, Félix Faure, serait mort de la même manière que Philippe d’Orléans, régent de France qui fut pris d’un malaise mortel en ahanant sur le corps charmant de madame de Parabère. Le président, plus démocratiquement, le fut sur celui d’une roturière, Marguerite Steinheil, épouse du peintre Adolphe Steinheil, au palais de l’Elysée le 16 février 1899.
C’est dire que la fonction n’est ni plus ni moins humaine qu’une autre.
L’infaillibilité du suffrage universel pourrait parfois être une bourde collective des plus délicates quand on considère certains choix qui s’avérèrent désastreux.
On n’en est pas encore là avec Sarkozy, sauf que l’entrée en fanfare à l’Elysée cache mal les rapports difficiles que le président entretient avec son épouse Cécilia. Ce qui pourrait nous donner dans l’avenir de grands soirs de dispute publique.
C’est plutôt sur la manière de présider, et voir le cas Sarkozy de façon plus sérieuse, qu’il faut se demander ce que J.-F. Kahn entend par « Sarkozy est fou. » ?
L’ouverture politique dans le vivier des gauches par un homme de droite n’est pas neuf. Mitterrand s’y était essayé du temps de Rocard, comme de Gaulle avant lui.
Après les UDF Christian Blanc et André Santini, qui avaient ouvertement laissé tomber Bayrou, voici les socialistes avec le sénateur-maire de Mulhouse Jean-Marie Bockel, la vedette Bernard Kouchner, et encore quelques autres : Eric Besson, Jean-Pierre Jouyet et Martin Hirsch. Il faut ranger parmi les inédits, le coach Bernard Laporte de l’équipe de France de rugby, Rama Yade et Fadela Amara de « Ni pute, ni soumise ».
Cela ne signifie pas que Sarko est fou, mais que la cohérence recherchée n’est pas celle qui arrange un premier ministre, plutôt un président animé d’un ardent et constant souci de publicité.
Et c’est peut-être ce côté particulier de la personnalité de Sarkozy qui fait dire à Kahn que le président est fou.
D’autant que les effets d’annonce des grandes réformes promises sont contredites par les mesures effectivement en train de se mettre en place et qui n’apparaissent pas avoir l’ampleur des chantiers promis.

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La folie dispendieuse de Nicolas Sarkozy pourrait être un facteur de la paranoïa. Cette folie dispendieuse rejoindra-t-elle un jour la mégalomanie de l’enfant prodigue, cette forme de la schizophrénie que les psychiatres classent parmi les démences non hallucinatoires et non dépressives ? Peut-être y a-t-il des signes : le yacht de son ami milliardaire, les vacances aux Etats-Unis ? Folie des grandeurs ou originalité et sens de la liberté ? On le verra bientôt. Mais déjà, pour un homme qui soigne son image, voilà bien une première contradiction. A moins qu’il ne cherche une popularité a contrario de celles de ses prédécesseurs ou qu’il ait estimé que les vacances de Chirac dans un hôtel pour les magnats du pétrole n’avaient pas tellement nui au personnage ? Même si l’opinion, entre la politique gesticulatoire de Sarkozy et la politique réflexive qui aurait été celle de Ségolène Royal, tranchait en faveur de cette dernière, il est bien trop tard aujourd’hui de revenir en arrière. Et si Sarko donnait des signes de dérèglement avant les élections, il serait logique que le public l’acceptât après. N’a-t-on pas applaudi aux extravagantes propositions du candidat comme les réalisations futures du président ? Le point de rupture se situera en 2008, à l’heure du premier bilan, puisque le président s’est désigné comme le seul responsable. La faiblesse du diagnostic de la médecine, qui observe principalement chez le paranoïaque, la vanité, la susceptibilité, la méfiance et un égoïsme proche de l'autisme, pousserait le public à l’erreur ; car, le paranoïaque peut développer parallèlement une perception fine et talentueuse de la politique et convenir parfaitement à toute situation. Sarkozy croit à " La France se donne à celui qui la désire le plus. » C'est une grande vérité de la politique : la volonté y a un sens : la soif du pouvoir ; de sorte que le vrai sens du pouvoir n'est autre que le désir de le conquérir. Et en cela, Sarkozy par son parcours, est un champion. Les champions sont-ils fous ? Il faudrait poser la question à J.-F. Kahn.

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