Cause toujours…
Le débat habituel ce dimanche sur RTL. En question l’affaire BHV, sempiternel débat pour une solution qui risque de faire rire toute l’Europe.
Sur le plateau de Vrebos, les durs du mouvement flamand étaient bien représentés. Côté francophone, les bourgmestres des communes à facilité, élus mais non nommés par la tutelle flamande, avec José Happart en sentinelle avancée, les attendaient de pieds fermes.
Le dialogue de sourds pouvait commencer.
Si j’en écris un mot ce soir, c’est sur la réflexion d’un membre de l’Université d’Anvers présent également.
« Il faut considérer la position de défense flamande devant le français, comme les Québécois le sont au Canada devant l’anglais ».
Cette réflexion n’est pas fausse.
Elle devrait inspirer les leaders Flamands qui ridiculisent la Flandre par leur étroitesse d’esprit et le manque d’ouverture.
Oui, la langue flamande est sur la défensive. Chaque jour des petits Flamands naissent qui abandonneront tôt ou tard leur langue pour le français, si l’on en juge par les cartes linguistiques. En un peu moins d’un siècle, pas loin d’un million de personnes sont passées du flamand au français rien que dans le Brabant et à Bruxelles.
C’est évident que les francophones ne sont demandeurs de rien dans les tractations sur les pouvoirs des Régions, puisque le français fait tache d’huile.
Nous savons bien, nous Wallons, comment ont disparu les parlers wallons qui, si nous n’avions pas été subjugués par la plus belle des langues issues du latin (Je vais me mettre à dos les Espagnols et les Italiens) seraient aujourd’hui comme le flamand dans un état de résistance.
Où serions-nous allés avec le wallon, à la dérive dans un triangle coincés comme nous le sommes avec l’allemand dont nous avons bon nombre de mots dans nos dialectes et le flamand qui se parlait encore aux portes de Liège, il y a tout juste deux cents ans ? Nulle part.
Bien sûr la manière dont nos aïeux ont été traités quand ils ne parlaient que le wallon dans nos campagnes et dans nos villes a été parfaitement scandaleuse. Les élites auraient pu agir d’une autre manière avec les petites gens. Ils ne l’ont pas fait pour des raisons historiques de classe. Nous avons eu nos « fransquillons » aussi ! Ce n’est pas le cas en Flandre. Mais prendre le chemin inverse, à savoir protéger le parler des gens du peuple et volontairement priver la Région de la culture française au point d’avoir coupé l’Université de Louvain en deux, est tout autant préjudiciable.
Les Flamands ont derrière eux les Pays-Bas qui comptaient au 1er janvier 2007, 16 357 992 habitants. Certes, ce n’est pas négligeable. Mais, les Néerlandais comptent à peine 23 000 habitants de plus que l’année avant. On touche à un plafond linguistique qui n’embarrasse que les Flamands. Les Pays-Bas ont conscience des limites et des particularités de leur langue et se tournent résolument vers l’anglais, l’allemand et le français, sans aucun complexe.
Croit-on réellement en Flandre que les lois linguistiques et l’autonomie accrue des Régions finiront par arrêter la progression du français ?
Une réglementation tatillonne, arbitraire, n’a jamais été une arme efficace. Et à vrai dire, il n’y en a pas, sinon ne pas avoir peur de s’afficher Flamand et ne pas sombrer dans la paranoïa des flamingants qui finiront par discréditer toute la Flandre aux yeux de l’Europe.
Les Canadiens francophones ont été « infiltrés » par la langue anglaise. Ottawa a voulu leur peau. Des mélanges par des mariages mixtes ont vu des transferts de l’une à l’autre des communautés. Est-ce que pour autant le français soit moribond au Québec ?
Aucun Canadien ne peut se prévaloir aujourd’hui d’une prestation intellectuelle sérieuse sans la connaissance du français. Les milieux les plus réticents à la langue de la « Belle province » sont en train de faire machine arrière. Depuis quelques années l’anglais ne progresse plus. Il y a une stabilité naturelle qui rassure les francophones, si l’on excepte les cris et les menaces de certains. (Ils ont aussi leurs « flamingants »)
Si au lieu d’ériger des barrières, on les supprimait en Flandre ?
Si les majorités dans les Conseils communaux des Communes majoritairement francophones débattaient tour à tour en flamand et en français selon les circonstances, serait-ce la fin du monde pour la Flandre ?
La Flandre se révélerait plutôt une grande nation, active et forte, enfin débarrassée de ses peurs.
Elle en serait d’autant respectée.
Alors que le spectacle qu’elle donne à voir aujourd’hui ressemble à un mauvais vaudeville.