Qu’est-ce que je vous sers ?
Il faut bien de temps à autre y revenir : 132 jours sans gouvernement, ce n’est pas rien et surtout pas indolore.
Ce n’est pas que les gens raffolent de ces enfoirés qui sont incapables de conclure un accord de base pour faire face rapidement aux trous qui parsèment la coque du navire afin de colmater les brèches, et pas que sur le budget.
On pourrait penser que c’est même un poste moins urgent que d’autres.
Les prix s’emballent, le mazout s’enflamme avant de rentrer dans les cuves, les gens grattent le fond de leur porte-monnaie, le pays est le champion des taxes et accises d’Europe, les héritiers de la culotte de leur père se sentent voler comme au coin d’un bois, et l’Haut-lieu s’en fout !... Pas tout à fait exact, il progresse dans les petits accords dans les moyens de casser du nègre (entendez par là les immigrés) et la manière de serrer la vis à la jeunesse !...
Les sondages pris sans doute dans les WC d’une grande surface montrent la popularité accrue de Didier Reynders en Wallonie, parce qu’il tourne le dos aux principes de solidarité entre francophones et qu’il est prêt à brader la Wallonie aux flamands pour un poste ministériel ! C’est dire la chiasse collective de tout un peuple qui a la trouille, au point d’aduler ce mec.
Enfin on progresse avec lenteur.
Ah ! elle est belle l’âme flamande…
A moins que les politiciens qui éructent en flamand nous donnent une fausse image des Flamands, en même temps que ces derniers les ont élus et que, d’une certaine manière, ils sont derrière les peigne-culs qui feront de la Belgique, si ça continue, un petit camp de concentration, avec ligne à ne pas franchir et langue unique..
On se fiche que l’Herman Van Rompuy, qui a contribué à déminer le communautaire de l'Orange bleue, ne sera plus associé aux palabres de Leterme et consort, si c’est pour nous tenir la jambe sur la frontière linguistique, le mal être flamand et les frustrations régionales de Vilvoorde.
Après quatre mois et demi de face à face, ils doivent quand même le savoir, les responsables, que trouver un compromis sans que l’une des deux parties ne se fasse baiser par l’autre, est impossible !
On se regarde en chien de faïence, pourquoi attendre plus longtemps ?
On va trouver Albert, et Monsieur 800.000 voix dépose son tablier.
Au Belvédère à trouver une autre formule.
Si pas de formule du tout, chacun reprend ses billes et s’en va pleurer dans les jupes de l’Europe.
« On est trop bêtes, maman, on s’en remet à toi ».
On ne va quand même pas diviser l’armée en deux, établir Flahaut général d’Empire et s’arrêter devant Tongres en attendant les Anversois du CD&V/N-VA !
Voilà où l’on en est.
On va finir par regretter Verhofstadt, le frigoriste d’Etat. Au moins lui avait compris que pendant les fortes chaleurs linguistiques, il valait mieux mettre les viandes communautaires au frigo.
Il est vrai qu’il n’y a plus place dans le permafrost relationnel et bilingue.
Bref, c’est la soupe aux canards boiteux.
Et dire qu’on les paie bien pour nous faire ça !
Si au moins on avait quelques petits faits divers pour faire diversion ?
Un petit ménage qui se formerait dans les négociations entre un Flamand et une Bruxelloise, par exemple ? Que ce couple ne pourrait plus cacher son amour… mieux, qu’on aurait vu les deux amants dans les bosquets du Parc en face du Parlement, à se tripoter le derrière… C’est ça qui détendrait l’atmosphère, qui réjouirait les cœurs… La Belgique romantique submergerait les mécontents, les magazines du cul à ceux des tricots pour familles chrétiennes verraient leurs ventes exploser… On oublierait Halle et Vilvoorde.
Eh bien non ! A cause du réchauffement le permafrost brabançon livre ses secrets. Tout remonte à la surface et nous ne saurons jamais si Joëlle Milquet met des strings sous ses jupes et si Leterme est en DIM made in China, dans son privé.
Seule diversion - mais est-elle porteuse ? – certaines villes flamandes se mettent à ressembler à Charleroi.
La voilà bien la grande vertu flamande, rien qu’une hypocrisie de plus !
Pendant ce temps, ma banque a mis son petit drapeau à la fenêtre. Ce n’était pas le drapeau belge, mais le sien, au nom de laquelle elle m’escroque régulièrement. Voilà au moins des Belges qui ont le sens pratique des affaires.
Quant à moi, je découpe un vieux drap de lit pour en faire mon drapeau aussi.
Vous l’avez compris. Il est blanc. Je me rends…