Signons la pétition !
C’est bien. C’est sympa… Enfin des Belges qui ne s’emmerdent pas. Des Belges qui sont contents de tout : du système, du fédéralisme, de Leterme et des autres dirigeants politiques de ce pays.
Il y a gros à parier que ces belges heureux mettent leur petit drapeau tricolore à la fenêtre et sont les premiers à déplorer avec Axel Red, Adamo et Helmut Lotti, sans oublier Julos Beaucarne que les querelles entre nous sont d’une grande imbécillité, qu’elles nuisent à l’image d’une Belgique bon enfant et qu’elles font du tort à l’industrie et au commerce.
Des mauvais Belges pourraient supposer que si nous étions restés au franc, ces bons Belges auraient converti leur pécule en dollars et en Sterling, faisant plonger ainsi davantage la cote.
Mais ce sont les esprits mal tournés, les « anarchissss » qui font des procès d’intention ; alors qu’on ne sait pas si l’altruisme et l’amour de la patrie n’auraient pas plutôt envahi le cœur de ces honnêtes gens !
Grâce au ciel, l’euro nous permet de conserver cette incertitude qui favorise toujours ceux que l’on cite en exemple et nous ne saurons jamais jusqu’où ils auraient poussé le sacrifice.
Il est normal, puisque voilà des gens heureux, que nous les citions à l'ordre du jour de la nation !
C’est le « Soir magazine » qui s’en charge :
Cinq familles flamandes, trois bruxelloises et deux wallonnes occupent le top 10 des familles fortunées du royaume. En tête du classement figure la famille de Spoelberch, actionnaire du groupe brassicole Inbev, trois générations de planteurs de houblon, durs à la tâche dès le chant du coq dans la ferme au toit de chaume. La famille totalise 3,126 milliards d'euros de fortune personnelle, selon le journal.
En seconde position, la famille wallonne Frère, dont Albert Frère, modeste ferrailleur, est l'illustre représentant, elle détient une fortune de 2,98 milliards. Cette famille, qui possède la Compagnie Nationale à Portefeuille (CNP), s'est spécialisée au départ dans l'acier, puisque Albert tout jeune avait acheté avec son premier capital une charrette à bras pour transporter ses bouts de métal, puis s'est diversifiée dans les médias, l'énergie, les banques et le vin, après une vie d’un labeur acharné.
A la troisième place, c'est une famille flamande, les Colruyt, épiciers courageux, inventeurs avec Pagnol des anchois des tropiques, détenteurs de la chaîne de supermarchés du même nom, que l'on retrouve avec une fortune estimée à 2,521 milliards d'euros.
La première famille bruxelloise arrive à la 4e position. Il s'agit des Vandamme, actionnaires du groupe Inbev, qui détiennent 1,625 milliard d'euros. Elle est talonnée de près par la famille Boël qui occupe la 5e place avec 1,418 milliard d'euros.
Etc… Etc…
Mais qui dit que le travail n’est pas justement récompensé en Belgique ?
Car pour avoir amassé une telle quantité de devises, chaque membre de ces familles a dû travailler au moins dix mille ans !
Cela doit être dur de se lever à l’aube, car le monde est à ceux qui se lèvent tôt, et terminer au crépuscule (pour ne pas faire trop de dépenses en électricité) et tout cela par idéal, pour doter leur pays d’un petit matelas d’argent frais afin de réduire la dette publique, donner à la charité et à l’entraide leurs lettres de noblesse, entretenir nos châteaux pour les générations futures !
Vraiment, je l’ai toujours pensé, la vraie noblesse n’est pas celle qui descend de Godefroid de Bouillon, mais qui nous vient du travail de l’homme de peine.
Quand on pense que d’affreux pervers ont, par le passé, pendu pour moins que cela des citoyens aussi laborieux qu’eux dans des pays où la folie s’était emparée des hommes, telle l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques !
Heureusement que la vertu et l’opiniâtreté ont chassé « anarchisss » et « communisss », tandis que nos mémorialistes ont remis les choses à leur place et la banque au milieu du village, l’église ayant déçu les patriotes.
Puisqu’on fait une large part aux crimes et aux infamies, dans les commentaires des journaux, que la politique n’est pas assez rigoureuse pour dire stop aux prétentions wallonnes de cesser de contrebattre la loi de la majorité, ce qui plonge six dixièmes de Belges dans la stupeur peinée, je joins ma signature aux merveilleux citoyens qui souhaitent par pétition que la Belgique ne tombe pas dans l’ornière du crime de la désunion.
Mais à une condition.
Erigeons par souscription nationale un monument à la gloire des dix familles belges dont il a été question en début de cet article avec la mention : Pourquoi faire ailleurs, ce qu’un ferrailleur fait chez nous.
Nul doute que vous souscriviez tous à cet acte patriotique.
Vive la Belgique. Vive le roi.