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« Dear Henri » populiste…

…uniquement chez Pire.

Henri Deleersnijder a publié chez Luc Pire « Populisme. Vieilles pratiques, nouveaux visages ».
L’auteur a 65 ans, et il ne veut pas décrocher. Il a raison. Il fait encore des dépannages à l’ULg, bon, c’est sympa. Publierait-il à compte d’auteur ? Nous ne le saurons pas.
Son étude du populisme l’a certainement replongé dans ses livres d’histoire. Tyrans anciens et propagandistes des temps modernes, il y a pléthore. Surnagent quelques belles pièces : Adolphe, Léon, Benito, Georges, Jörg, Silvio et les autres… Tout ce petit monde trompe énormément.
Il n’y a pas de mal à rappeler qu’avec du toupet, de la gueule et sans scrupule, on peut abuser l’électeur, par exemple l’orange bleue, sans faire du populisme… De ce point de vue, on ne rabâchera jamais assez.
Le populisme s’est essayé timidement à partir de la Révolution française dans laquelle Michelet a épinglé quelques pointures. Mais il faudra attendre l’invention de la radio et du mégaphone pour voir éclater le talent de nos plus brillants démagogues.
A cette aune, on pourrait presque taxer de populisme tout le personnel politique.
Mais n’entre-t-il pas de la confusion dans des genres fort différents ?
Qu’un Berlusconi use et abuse de sa position dominante dans l’audio-visuel italien pour se hisser à la tête d’un gouvernement, fait-il vraiment du populisme ?
C’est comme si un empoisonneur versait tous les jours une infime partie d’une drogue dans l’esprit des gens, si bien qu’après quelques mois ceux-ci se révéleraient incapables de penser par eux-mêmes.
Le populisme c’est autre chose. Cela suppose un contact personnel. Une démarche qui plaît à beaucoup à un moment déterminé. Le Pen est de ceux-là.
Quitte à déchanter l’instant après, ce qui fut le cas à cause de son racisme à peine déguisé, mais ce type a porté l’espoir de pas mal de Français. Il faut être de mauvaise foi pour dire le contraire.
C’est le héros brusquement révélé.
Rallier les voix populaires pour faire une politique de droite, voire d’extrême droite, c’est une démagogie qui paie momentanément ; car, comme tout dictateur le ferait, atteindre au pouvoir sur de fausses valeurs signifie que pour le garder, il faut supprimer les élections suivantes, mentir plus encore ou avoir déjà le pouvoir de les truquer.
La supercherie ne s’aperçoit pas tout de suite. Les Allemands ont mis dix ans à se désenchanter d’Adolphe. Heureusement que Le Pen n’est jamais arrivé au pouvoir, mais il en aurait été réduit comme Boulanger à se faire sauter la cervelle ou à confisquer le suffrage universel. Les Français l’ont échappé belle !
Tous les chefs de partis se servent du spectre du « populisme » pour écarter la pensée populaire. Le plus bel exemple nous est donné par le PS. Quand Elio sert une politique de droite, il convient de traiter de populiste, l’opinion de gauche. Un pas supplémentaire et le populisme devient « la politique de la rue », à laquelle il ne faut jamais céder, dit unanimement « l’Haut-lieu » !...
Lorsqu’à la suite d’événements graves, un inconnu saute sur une chaise et dit en peu de mots ce que ressent la foule et qu’après les circonstances le propulsent à la tête du mouvement de protestation, ne représente-t-il pas le peuple ? On ne peut pas dire que cela soit du populisme pervers dans l’idée de faire carrière.
Le populisme sincère est l’expression directe de la démocratie. Le populisme de circonstance est le marchepied du démagogue qui veut imposer ses vues afin d’acquérir son bien le plus précieux : le pouvoir

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C’est à la suite des circonstances déclenchantes que l’on assistera peut-être à la naissance d’une carrière.
José Happart n’a-t-il pas monnayé ses 300.000 voix de préférence pour entrer au PS par la grande porte ? Et les Berlusconi, Reuter et les Delvaux, ne l’ont-ils pas fait par télévision interposée, ce nouveau populisme cathodique ?
Pire que le populisme de Happart, ils ne se sont jamais imposés par leur conduite « héroïque » dans des circonstances particulières, mais par l’exposition de leur image jour après jour à la vue de milliers de personnes, qui se sont familiarisées avec elle.
A suivre Henri Deleersnijder, si toute action politique est démagogique, alors tous les politiciens peuvent être taxés de populisme. Cependant, il convient de préciser qu’il n’est pas contre une pensée populiste, à condition qu’elle le soit dans le cadre démocratique. Comme par ailleurs, il suspecte tous les membres influents des partis politiques de populisme, la question est de savoir ce qu’il entend par cadre démocratique ?
« Dear Henri » ironise sur le cas Michel Daerden. Voilà un homme populaire à gauche et qui ne pratique pas la politique de gauche, dit-il en substance. Certes, beaucoup en sont là au parti socialiste. C’est donc un reproche collectif.
Il y a bien quelque chose qui se passe entre ses administrés et Michel Daerden. C’est un homme populaire dans sa commune. Peut-on lui en faire reproche ?
De toute manière, un livre à lire pour ceux qui débutent dans le rôle de citoyen.

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