La gamine charmante.
Il y a des jours où l’envie vous prend de tout laisser tomber, de s’installer au bord d’une rivière et de se fondre dans la nature en rêverie douce, parmi les papillons et les fougères.
Un jour où les riches subitement honteux se dépouilleraient du trop plein de leur compte en banque ou les pauvres arrêteraient de se plaindre et de tendre la main, pour enfin choisir parmi ce qui leur est dû, entre la tasse de thé et le foie gras.
Alors, nous regarderions avec commisération Marie Aréna faire semblant de se passionner pour la culture flamande et pousser les jeunes à des immersions qu’en face on ne fait pas.
Nous préférerions les aventures imaginées par d’astucieux romanciers qui n’iraient pas chercher l’émotion au subjonctif. Dans les salles obscures, les gens seraient de connivence après le film dans les rires ou les larmes. La prétentieuse culture s’évaporerait des maisons du même nom, débarrassées des pesanteurs officielles et des parti-pris.
Le talent ne serait plus le diplôme du permis de vivre, mais la fleur bistorte du hasard. Les Universités ne seraient plus le lieu où la bêtise ne s’améliore que de manière fortuite. Les règles feraient place à la fantaisie et à l’originalité ; cependant cela ne froisserait personne.
Un jour où la lune serait plus ronde, l’air ne serait plus du temps, mais sans âge particulier, la mer transparente et la poussière des chemins ne serait pas d’asbeste. Les gens seraient dispos et donneraient à coup sûr dans la langue qui est la vôtre et qui n’est pas la leur, la direction de la route à prendre, ainsi que l’heure exacte.
Les cent cinquante huit jours de discussions n’auraient servi à rien, et ce serait l’évidence même, sans qu’aucune conclusion hâtive vînt à ternir les fêtes de fin d’année qui se profilent.
Les quelques timides patriotes, qui se désignent à l’opinion en exhibant leurs trois couleurs, retireraient leur trophée et puisque cela fait joli des étoffes qui claquent au vent, arboreraient des tons neutres d‘automne.
Un jour où plus personne n’aurait la crainte de mettre le nez dehors du crépuscule à l’aube, où les commerçants rendraient la monnaie avec l’air qu’ils ne sont pour rien dans les taxes et les augmentations et où la justice distribuerait la chaleur des quartiers chauds aux indigents des quartiers pauvres.
Enfin, un jour hors civilisation, comme le quatrième jeudi de la semaine, sans lourdeur et sans sottise, donc sans philosophe jargonnant, sans brutalité policière. Un jour où même les démagogues seraient impertinents au lieu d’être imbéciles.
Un jour où par l’effet de l’amour de l’humanité, toutes les femmes seraient belles et les hommes n’auraient plus cette rivalité qui les rend si peu fréquentables, qu’on ne les regarde plus qu’à travers l’oeil d’une caméra de surveillance.
Un monde parfait, avec des disputes qui seraient joyeuses, même avec des dissimulations afin que les vérités n’accablent pas, mais sans dénonciation, ni haine.
A la soirée de ce jour mémorable, les actuels négociateurs abandonneraient la table de négociation pour enfin nous divertir. Dans le doute où nous sommes de leur talent, ils interpréteraient pour nous un vaudeville léger et insouciant.
Une opérette serait appropriée.
Le pitch :
Le célèbre sculpteur Phidias -Phi-Phi dans l'intimité- recherche sans arrêt de petites modèles. Son domestique, Le Pirée, lui amène la petite Aspasie, une gamine charmante.
La venue d'Aspasie irrite Mme Phidias qui, pour se venger, ne dédaigne pas le prince Ardimendon.
Celui-ci prend également la pose dans l'atelier de Phidias et les quiproquos se succèdent comme dans toute bonne opérette.
Dans la distribution Leterme serait Phi-Phi, la gamine charmante Joëlle Milquet, dans le rôle du domestique Le Pirée, Reynders fort à l‘aise, Bart De Wever jouerait en travesti Madame Phi-Phi.
Tant qu’à faire, plutôt qu’à sang coulant, qui ne préfèrerait la pinte de bon sang ?...