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Politique, sexe et catharsis.

Et dire qu’il y a des gens en Belgique qui ignorent que le pays traverse une crise sans précédent et qui s’en fichent !
Mieux, certains ont voté au printemps et ils ne savent plus pour qui ! D’autres se sont intéressés à tant de choses, qu’ils croient savoir que c’est Verhofstadt qui a gagné les élections !
C’est dire comme il y a des gens heureux et sans malice.
Il se pourrait même qu’un plus grand bouleversement encore circonvînt la conjoncture, au point que certains ahuris, voyant hisser les trois couleurs françaises à l’hôtel de ville, s’étonnent d’un quatorze juillet si tard dans la saison !
Il y a ainsi des décalages salutaires à l’exalté qui croit que le soucis de son exaltation est partagé par l’ensemble de la population. Comme il y a des gens fort insouciants, cependant assez sensibles, qui passent à côté d’événements que s’ils étaient perçus par eux, leur donneraient des migraines et des ennuis de santé.
Chaque période tragique de l’histoire a son côté anecdotique et insolite.
Sartre, par exemple, a soutenu que la meilleure période au cours de laquelle le Français a eu la plus grande liberté est celle de la deuxième guerre mondiale !
A suivre son raisonnement, il n’a pas tort.
Le gouvernement de Vichy collaborait avec l’ennemi, il était donc traître et inapte à promulguer des lois et le citoyen n’avait pas à les suivre. Il ne dépendait que de la propre volonté de chacun d’entrer dans la Résistance et de refuser le travail obligatoire. Les perspectives futures de la Libération ouvraient les portes du rêve. Les difficultés de l’existence donnaient aux rares plaisirs une saveur intense particulière qu’on ne trouve généralement pas en temps de paix.

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Aujourd’hui, comme hier, il y a toutes les passions du cœur et de l’esprit qui éloignent des réalités.
Des patrons abusifs, par ailleurs bon patriotes, exigent tellement des personnels que ceux-ci sont littéralement aspirés par les soucis de l’entreprise, c’est tout juste s’ils décompressent le soir à des spectacles de télévision imbéciles, tant ils ont la tête farcie de responsabilités et qu’il est impératif qu’ils oublient, au moins deux heures, les urgences du lendemain.
Puisqu’il n’y a pas de logique à la passion, certains ne doutent pas de l’importance plus grande d’un rendez-vous galant, qu’une audience du roi aux deux présidents des assemblées.
N’y a-t-il que des passions déraisonnables à opposer à la passion de l’Etat ? Autrement dit, n’est-ce pas plus important de se soucier de l’avenir de la Nation, plutôt que des relations sentimentales avec la personne élue ?
C’est un point de vue qui ne fait débat que lorsque l’implication du destin individuel coïncide avec celui de l’Etat. Que je sache, il y a très peu de Belges concernés par ce choix. Et encore, l’histoire du pays bruisse d’anecdotes où le sexe domine carrières et bons sentiments.
Si par aventure, Belinda C. venait à prendre consistance, je suis persuadé, pour la majorité d’entre vous, que le choix serait vite fait, entre « le devoir » et une relation.
C’est en tous cas cette dernière que je choisirais. Renonçant à Pascal et à sa grandeur du sacrifice à la passion transcendante, je choisirais sans l’ombre d’une hésitation, le dilemme pascalien de la guerre intérieure entre raison et passion, abandonnant celle-là, pour celle-ci.
Alors, tout ce vacarme pour un Etat qui se soucie autant de ses citoyens que d’une guigne, une société qui s’exprime avec une telle désinvolture sans se préoccuper des travailleurs qui la font, un système alimenté par des taxes et des redevances parmi les plus hautes d’Europe et une organisation politique qui s’apparente à une organisation de malfaiteurs… plutôt que d’être occis au coin d’un bois pour une frontière imaginaire, alors que des oiseaux la franchissent à tous les instants et sifflent et trillent dans des langues différentes sans que ça émeuve les écureuils… je préfère sur la mousse tendre faire une halte à deux dans la douceur d’un après-midi, afin que nos langues se confondent dans un baiser.
-Arthur ! L’addition…
-Tu t’en vas déjà ?
-Je dois mettre le drapeau !
-T’es devenu patriote ?
-Non. C’est le signal qu’Hortense n’est pas à la maison, pour Françoise.

Commentaires

Bravo, Richard!
Ah, sombrer corps et biens dans la passion! Et au diable la police et la maréchaussée! Et on s'en fout d'la syph' et d'la vérole...!

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