Sondés par toucher médical.
Selon un récent sondage du « Soir magazine » plus de sept Belges sur dix estimaient que le monde politique n'était plus en phase avec la population.
Vous me direz qu’un sondage pour qu’il soit « valable » doit être récent. J’en conviens et celui-ci l’est. Pourtant des anciens sondages sont parfois révélateurs de la légèreté de l’opinion des sondés et le peu d’intuition des sondeurs, ce que les récents sondages n’indiquent pas.
Mais n’augurons rien de ce que nous penserons de celui-ci dans cinq ou dix ans.
Le petit dernier a été imaginé dans la foulée du vote flamand sur la scission de BHV et a donc pour mission de réconforter le sentiment national d’appartenance et de faire vendre des drapelets tricolores pour agrémenter les façades de nos concitoyens.
Le mécontentement qui s’en dégage n’est pas de même nature qu’un très ancien ressentiment de la population à l’encontre de la classe politique,.
Il portait sur l’éthique que devrait avoir un représentant du peuple.
Le représentant du peuple ne fait plus que du commerce.
C’est devenu un métier, avec ses horaires, ses chefs, ses salaires. Le sacerdoce, a-t-il jamais existé, sinon dans les premiers temps, lorsque les syndicats et le parti socialiste se hissaient non sans tumulte à la table des négociations et jusqu’au Parlement.
De la gauche à la droite, ce que j’en écris est devenu une affaire de commerçants. Si certains jouent encore la corde sensible, c’est sans trop y croire. Les autres, peut-être plus réalistes, son carrément devenus des professionnels de la petite entreprise.
Philippe, fils de Jean-Claude Van Cauwenberghe, après que les instances du parti de Di Rupo l’aient débarqué de son mandat à Charleroi, a déclaré s’être inscrit au chômage. On ne peut être plus clair, le mandat politique est bel et bien une profession. Bien qu’issus d’une profession au départ, tous les politiciens en sont là.
On ne s’engage plus dans un mandat public par dévouement, mais on saute sur l’opportunité d’un job à la grille avantageuse des salaires. Les professions libérales qui encombrent les allées du pouvoir et notamment les avocats qui y foisonnent seraient bien en peine de reprendre le collier dans leur spécialité. Vous voyez d’ici Milquet ou Onkelinx rouvrir un cabinet et recevoir les arrhes d’un toxico qui passe en correctionnelle pour détention de stupéfiant ; Daniel BACQUELAINE, bourgmestre de Chaudfontaine et recordman des mandats, reprendre ses consultations et courir à deux heures du matin soigner une bronchite ?
Et question avantages et salaires, ça y va rondement.
Il est rare qu’un politicien issu de l’Administration ou des professions libérales retourne à l’ancien boulot, après un ou deux mandats.
Ah ! ils en feraient une gueule, s’ils se prenaient au mot et stigmatisaient la paresse du chômeur en montrant l’exemple à l’horloge pointeuse sur le coup de six heures du mat, avec à la clé 1100 euros par mois, tarif minimum, pour bouffer et tout le reste !
Parole, on ne verrait plus personne, enfin pas eux !...
Dans le métier de représentant d’humains, on est scotché à vie sur le fonds de commerce. La preuve ? On conseille vivement le métier à sa progéniture.
Entreprise libérale, de père en fils, fondée en 1830, on voit l’enseigne…
Voilà encore Richard qui fait du populisme, diront soudain les coudes serrés, les loustics d’un syndicat d’un genre nouveau. Profession : représentant de la Nation.
La meilleure façon de montrer à quel degré de bassesse nous sommes descendus, eux qui se prennent pour des petits génies méritants et nous qui les hissons sur le pavois de la suffisance, c’est lorsque des nuées de gagne-petit, les traîne-la-savate de la presse et de la télévision, sous la pluie, par tous les temps, attendent leurs éminences. Celles-ci se pointent dans un grand ballet de grosses bagnoles avec chauffeur, baissent juste ce qu’il faut de la vitre pour ne pas attraper froid et disent quelques mots le sourire aux lèvres, avant de relever la vitre et retrouver vite-fait l’ambiance de la BMW pour faire les deux ou cents mètres qui les séparent du café chaud, de l’ambiance feutrée et de la parlote « qui va décider de la rotation du monde ».
Merde ! C’est avec notre pognon quand même que ces énergumènes se promènent depuis 160 jours pour un résultat que le premier analphabète d’Arcelor-Mittal, mon coiffeur ou le vendeur de pizzas du Pont d’Avroy feraient de la même manière, sinon mieux.
Non seulement, ils nous coûtent cher de par leur statut hyper-amélioré et hyper-indexé, mais en plus ils deviennent de plus en plus nombreux à parasiter notre petit pécule, si j’en juge par la performance de nos trois parlements, nos cinq Régions et nos trois Communautés. Vous rectifierez si besoin est.
En voilà du beau monde, qui ne paie pas de mine en apparence, sauf qu’en y regardant de près, il n’y en pas beaucoup qui se mettraient à la place de ceux qui bossent pour eux.