Clinton ou Barack ?
Tandis que nous nous gobergeons de la venue d’un gouvernement après six mois d’attente – à ce propos, ce n’est pas en un trimestre avec Verhofstadt que l’on va régler un semestre de faux pas de Leterme – on en est au pugilat ou presque dans les primaires aux Etats-Unis.
On se demande où les candidats démocrates ont appris l’invective ?
D’habitude, chez les Républicains, comme chez les Démocrates, c’était celui qui avait derrière lui les sponsors les plus fortunés qui enlevait le morceau.
Quand on voit le spectacle qu’offre la candidate Hillary Clinton perdant son sang-froid à mesure que son avantage se réduit face à son rival Barack Obama, on se demande où l’ex first-lady a recruté ses conseillers ?
On n’a pas encore tenté le coup en Belgique, mais aux States c’est très poussé, on fouille le passé de l’adversaire et si on y retrouve quelques péchés de jeunesse, comme d’avoir fumé un joint ou d’avoir été contrôlé fin saoul au volant d’une voiture, c’est du pain béni pour l’adversaire.
Hillary en est à critiquer "l'ambition dévorante" de son rival, après que son équipe de campagne eut retrouvé un texte écrit à l'école primaire dans lequel Barack Obama se voit président. La dame oublie que son mari, le beau Bill, avait eu la même « pulsion » pour la présidence le jour où le président Kennedy lui avait serré la main quand il était étudiant.
Comme l’adversaire est noir et qu’il faut se garder quand on est une femme blanche de la moindre allusion qui pourrait faire crier la partie adverse au racisme, il ne reste plus qu’à faire le rapprochement en douceur de la couleur de peau avec l’islam. Ce n’est pas « tous les Noirs sont musulmans », mais le grand-père de Barack Obama était musulman, et enfant, il a suivi les cours d'une école coranique en Indonésie.
L'équipe Clinton puise dans le livre de souvenirs que l’imprudent Barack avait publié en 1995, et il y a matière…
Le camp du sénateur de l’Illinois reproche le bourgeoisisme de Hillary et son conformisme quand elle avait approuvé l’invasion de l’Irak par l’armée américaine. Les allusions au temps où Hillary était à la Maison Blanche, la femme au foyer, tandis que l’homme se faisait faire des gâteries dans le bureau à côté par des bénévoles, se font jour à quelques semaines du début des votes pour le choix démocrate. Là aussi, c’est d’un emploi dangereux, quand on veut mettre dans sa poche le suffrage de toutes les ménagères américaines qui ont pardonné les incartades de leurs infidèles compagnons. L’accusation de sexisme n’est pas loin.
Et dire que ces deux-là sont du même parti !
De l’autre côté, les candidats républicains sentent qu’après la piètre prestation de Dobeliou, ils n’ont plus guère de chance. Le vote religieux y est déterminant. L’ambiance n’est pas à la joie, mais à la componction… La foi n’arrête pas la foire d'empoigne. Ce n’est pas que l’on croie encore à une quelconque chance qu’un Républicain succédât à un autre Républicain, mais le seul fait d’avoir été un candidat « élu » par le parti, est déjà une sorte de victoire personnelle, d’où la lutte pour l’honneur… Pour l’anecdote, celui qui a la cote est l'ancien pasteur baptiste Mike Huckabee, contre Mitt Romney, de confession mormone.
On ne sait pas l’effet que fera sur les foules un type qui est pasteur baptiste et qui s’appelle en plus Huckabee !
Barack, le démocrate, étudiant d’une école coranique en Indonésie, n’aurait eu aucune chance face à une Hillary Clinton, s’ils avaient été tous les deux républicains !
Ce qui prouve que les Démocrates sont bien plus ouverts à la couleur et au parcours atypique que les Républicains.
Il serait donc bénéfique pour la démocratie qu’une ou un Démocrate gagnât la présidence.
Sans couverture sociale, sans pension légale ou si peu, le citoyen américain est en même temps le promoteur d’un capitalisme anglo-saxon barbare et sa victime.
Ce système ayant généré plus de misère que d’aisance, il est vraisemblable que le/la président(e) qui succédera à Bush tentera d’insuffler un courant social dans la politique intérieure des Etats-Unis, sur le temps qu’en Europe, on essaie par tous les moyens de s’en défaire !
Il sera intéressant de voir dans les années à venir si les majorités qui vivent misérablement dans le capitalisme ambiant auront la force de réagir collectivement à ce qui est en passe d’éteindre par sa nuisance notre civilisation.
Peut-être même que l ‘Amérique éclairant le monde, pourrait nous ménager dans l’avenir quelques surprises.
De toute manière, Clinton et Barack n’en seront pas le détonateur.