« Traité de philosophie pratique | Accueil | L’hallali des fous. »

Des meilleurs vœux de gros calibre.

Extrait du Journal Le Monde : « L'ancienne première ministre pakistanaise, Benazir Bhutto, est morte, jeudi 27 décembre, des suites de ses blessures après un attentat-suicide qui a visé un de ses meetings, organisé dans un parc public dans la banlieue d'Islamabad, à deux semaines des élections législatives prévues le 8 janvier. »
Un commentaire à chaud sur un attentat et sans autres nouvelles que celles des journaux est affaire de journaliste.
C’est donc pour une autre considération qui n’est pas d’actualité, que je me sers de l’information.
L’acte terroriste, comme il s’en commet aujourd’hui, commandité par Al-Qaida, Pervez Musharraf , Nawaz Sharif, les talibans ou par une organisation terroriste inconnue, devrait desservir les assassins et finalement faire un grand tort à la cause au nom de laquelle l’acte a été commis. Cela est valable pour tous les attentats : au Caire, à Alger, à Islamabad, à Londres, à Madrid, etc qui déchiquettent sans discernement la femme, l’enfant et le policier, quelle que soit la confession, chiite, sunnite, maronite, musulmane, chrétienne ou agnostique.
Cela devrait exclure à jamais l’auteur et les instigateurs d’une connivence avec les populations. Les gens devraient fuir de telles monstruosités.
Or, les organisations terroristes n’ont pas de problème de recrutement !
Même en Europe, on professe l’assassinat comme un acte de foi. Des imams font du prosélytisme, des recruteurs sillonnent les pays. D’aucuns mettent en parallèles attentats et études coraniques, alors qu’aucune religion au monde, même si certaines s’y sont abandonnées jadis, telle la religion catholique au temps de l’inquisition, ne prône la violence comme moyen de recruter de nouveaux adhérents.
Quel genre de discours peut-on tenir pour convaincre un homme ou une femme ordinaire d’assassiner son semblable ?
Comment en 2007 peut-on faire croire à des gens qu’ils partent en croisade pour plaire à dieu ?
Il y a là-dessous deux destins asymptotes : le premier, c’est celui du recruteur qui se met au niveau du recruté et contrefaisant la morale, monte de toute pièce une morale inventée et justificatrice ; le second tient à la personnalité du candidat kamikaze. Il doit bien y avoir une faille quelque part dans son raisonnement, pour tout autant qu’il en ait un ? Peut-être est-il terriblement frustré ou alors, n’est-ce qu’un faible d’esprit « embobiné » par plus retord ? Enfin, peut-être est-il un profond mystique que Nietzsche assimilait à une espèce de fous dangereux, et le philosophe savait de quoi il parlait…
De l'assassinat considéré comme un des beaux-arts de T. de Quincey, est bien contemporain de l’attentat politique « à l’ancienne » : l’assassinat de Sadi Carnot, de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, de Trotski, de Kennedy et de quelques autres. Les dégâts collatéraux n’y avaient aucune commune mesure avec les carnages que font les kamikazes modernes.
L’assassin « vieux modèle », même instrumentalisé, agit seul ou avec quelques rares complices. L’organisation dont il est issu est une composante anarchiste ou maoïste, comme les Brigadistes en Italie (excepté à la gare de Milan), une antenne du KGB, un groupuscule d’extrême droite, parfois l’illumination d’un mystique individualiste. La cible est unique et le crime ne s’accompagne pas d’un bain de sang général.

90e.JPG

Plus rien de tel, depuis un certain 11 septembre à New York. Mieux encore, les mosquées sont visées, les marchés publics, les rues de grand passage, tout cela sans aucune considération humaine, dans une véritable folie sanguinaire, une boucherie sans nom.
Comment se fait-il, malgré une réprobation quasi unanime, que ces attentats aveugles se poursuivent, que le recrutement va bon train et qu’on se demande jusqu’où iront ces folies destructrices ?
N’y aurait-il pas deux écoles :
la démocratie, faux semblant, confisquée, manipulée, dépouillée de son vrai sens, mais école quand même de liberté, ouverte à la critique, d’une certaine laïcité mais lâche et bouffonne, monstrueusement égoïste finalement ; mais, sans commune mesure et hautement préférable à une société dirigée par des prêtres, condamnant l’égalité entre les sexes, interdisant une pensée libre, imposant des ukases revendicateurs, fondant leur puissance sur un enseignement mensonger de l’Histore.
Ce ne serait pas choisir entre la peste et le choléra, le choix reviendrait à opposer un moindre mal à la peste et le choléra assemblés pour une magistrale pandémie.
Le seul point commun est la perversion des propagandistes des deux bords. Mais s’il fallait choisir entre les maladresses du monde occidental et l’assassinat comme moyen d’atteindre le pouvoir, quel est l’homme honnête qui hésiterait ?
On a dit que l’attentat aveugle est l’arme des faibles. On a tort. C’est seulement l’arme des lâches.
Antoine Sfeir, écrivain et rédacteur en chef des Cahiers de l'Orient, comme on lui demandait la réaction américaine si Al-Qaida s’emparait de l’Etat pakistanais et de l’arme atomique, a répondu sans hésitation qu’à son avis le Pakistan serait vitrifié à la minute suivante.
160 millions de morts d’un coup, c’est ça qui soufflerait la première place dans le livre des records de l’horreur à Oussama ben Laden.

Commentaires

C'est pas à Islamabad qu'elle a été assassinée, mais dans une autre ville : Rawalpindi. C'est pas vraiment pareil. Pour la vérité historique en tout cas, pour le reste, l'analyse est correcte. Bonne année quand même.

Poster un commentaire