La java des médiocres.
C’est quand même fort de café cette entente entre le CD&V-N-VA et le MR pour faire porter le chapeau à Joëlle Milquet et au CDh du cafouillage et finalement du crash de l’orange bleue !
Cette entente contre elle pourrait faire la preuve de ce que Joëlle Milquet avance lorsqu’elle prétend avoir été la seule à défendre les francophones.
Les rodomontades de Maingain, le tartarin libéral, n’étaient là que pour faire écran à la volonté des Libéraux de faire un gouvernement à n’importe quel prix, même si celui-ci devait mettre les francophones à la botte des Flamands.
Il y eut donc bien un accord sur les propositions de Leterme de trois partis sur quatre le lundi de la semaine où tout fut rompu. Seul le parti de Leterme, le CD&V-N-VA, refusa. C’est alors que Leterme sans doute en concertation ou en accord tacite avec Reynders conçut une autre proposition sous la forme d’un ultimatum dont l’expiration tombait le samedi, non pas pour mettre son parti au pied du mur, mais pour acculer le CDh à dire non !... On aura pu juger de ce guet-apens quant à la rapidité avec laquelle Reynders dit oui à Leterme !
Cette basse manœuvre politicienne, destinée uniquement à l’opinion, est ce qu’on appelle en politique « un bon coup» et qu’en morale, on appelle « une saloperie ».
Pour des gens comme Reynders et Leterme rompus à ce genre de politique, c’était de haute stratégie. Ce n’était pas mal pensé quand on voit comme la presse au lieu de dénoncer le procédé comme malhonnête, s’est contentée de compter les coups.
Ce qui compte pour ces roués de la politique, c’est l’opinion publique. Ils s’appuient évidemment sur l’influence qu’ils ont sur les directeurs de journaux pour noyer le poisson, parce qu’ils savent que si la presse faisait bien son boulot, ils resteraient du temps à remonter la pente. Malheureusement, il n’est pas facile pour un journal d’écrire que Reynders s’est conduit comme un voyou, quand il s’adresse à une certaine catégorie de lecteurs, par exemple des libéraux et des belgicains. Ne parlons pas des journaux télévisés, pratiquement paralysés quand il s’agit d’émettre une critique des hommes politiques à la lumière des événements.
On filme l’indignation du président du MR parce que Joëlle Milquet aurait fait allusion au personnage falot qu’il n’a cessé d’être lors des négociations. On se nourrit des petites phrases, et on se garde bien d’aller au fond du problème. Cependant, le micro reste complaisamment ouvert sur les propos de Reynders, lorsqu’il se pose en défenseur du haut-fourneau qui génèrerait 10.000 emplois à Liège, tout de suite après sa feinte indignation.
Ce n’est pas gagné d’avance pour les Libéraux, d’avoir convaincu l’opinion publique.
Le compteur est là : 181 jours de palabres pour aboutir à l’échec de Reynders qui a voulu cette orange bleue en excluant les socialistes.
Le pays en a marre de ses mandataires et on le comprend.
Leterme lui-même l’avoue, il ne croit plus en l’Orange bleue. Il n’a pas encore compris et son parti non plus, que les Wallons en ont marre de lui et du CD&V-N-VA. Reynders devrait bien le savoir, mais lancé dans une diatribe à l’encontre de Madame Milquet, il n’a pas le choix. Il doit rejeter toutes les responsabilités de cet énorme gâchis et maintenir les propositions qui furent les siennes dès le début de sa mission d’informateur à la base du château de cartes.
Lui n’est responsable de rien. Il a vu juste et ce sont les autres qui ont fait chavirer la barque.
En vrai capitaine de la Méduse, il mangerait plutôt ses partenaires afin de survivre tout seul à la dérive.
Quant aux problèmes urgents qu’à chaque interview le président du PS se fait un malin plaisir d’énumérer, c’est avec un aplomb sans pareil que Reynders l’imite, alors qu’il est un des co-responsables des 181 jours de disette.
En rejetant le PS, c’est une curieuse façon d’en appeler à l’urgence ! C’est comme si un blessé au bord de la route refusait l’ambulance Dupont, pour attendre l’ambulance Dubois !...
Plus la crise s’éternise, plus les hommes politiques montrent le fond de leur caractère, souvent méprisable et rancunier. Ils font découvrir aux Belges que l’enjeu principal n’est pas l’avenir du pays, mais l’avenir de leur place.
A ce point de vue, la crise ouverte depuis 181 jours ne serait en sorte qu’un calendrier FOREm d’un planning pour parlementaires ! Le placement collectif relève de l’impossible. A quand une loi au Parlement pour des indemnités d’attente des candidats aux emplois d’Etat ?
Et on s’étonne après cela qu’en politique, tout est affaire d’argent !
Surtout dans les arguments autonomistes de la Flandre, la disparité entre les deux régions remet constamment en question les relations d’une Flandre réputée riche avec une Wallonie pauvre.
Sommes-nous si médiocres que cela d’élire des gens aussi médiocres que le rouge me monte au visage, en les voyant ?