Les partis en partie fine.
En chargeant Guy Verhofstadt de l’informer sur la mise sur pied rapide d’un gouvernement intérimaire, chargé des affaires urgentes, le roi va peut-être faire précipiter les choses. On saura finalement si les partis flamands séparatistes, acculés à changer de méthode après six mois de comédie, vont enfin sauter le pas.
Ainsi s’expliqueraient les régulières incartades de Leterme à l’égard des francophones, pour forcer ceux-ci à jeter l’éponge. La molle résistance d’un Didier Reynders pourrait être vue sous cet angle comme un jeu politique assez subtil pour que les Flamands dévoilent le fond de leur tactique, évidemment il eut fallu que le président du MR fût certain de la résistance du CDH au projet des confrères flamands. Ce qui était évidemment risqué.
Le véritable Monsieur « Non », c’est lui, Leterme.
Guy Verhofstadt pourra mesurer dès la fin de la semaine le degré de sincérité du CD&V. Déjà, il ne peut pas compter sur SP.A-Spirit.
Six mois de crise pour entendre dire que les Flamands renoncent au séparatisme, c’est vraiment incroyable !
Six mois de crise au cours desquels l’attentisme des partis wallons de ne pas réfléchir au séparatisme comme possible de la part des partenaires flamands est proprement criminel et en dit long sur l’incapacité des partis francophones à envisager toutes les éventualités.
Aujourd’hui, bien malin qui sait comment vont réagir les électeurs flamands. Ils peuvent être déboussolés et revenir en arrière, soudain atterrés qu’ils puissent être « indépendants » ou furieux que le boulet wallon, n’est-ce pas ainsi que Leterme a gagné les élections, soit toujours là !
Va-t-on par manque d’estomac d’Yves Leterme vers une réforme de l’Etat dont on a le secret en Belgique, qui serait noyée sous des centaines de pages de considérations faisant du CD&H-N-VA un parti qui « mange sa parole » ?
Il reste encore l’hypothèse que les maladresses et les petites phrases assassines de Leterme vis-à-vis des francophones ne seraient adressées qu’au seul électorat flamand, dans le but de préparer un futur gouvernement qui resterait populaire en Flandre, bien qu’il soit le prolongement de celui de Verhofstadt ?
Yves Leterme, missionnaire de la cause flamande ou nouveau Général Boulanger ? Il est trop tôt pour le savoir.
Si certains francophones poussent un « ouf » de soulagement en espérant que Verhofstadt reste aux manettes, et pourquoi pas, jusqu’aux élections législatives, il n’est pas trop tard pour déchanter.
Avec la fin quasiment définitive de l’orange bleue, c’est aussi les grandes manoeuvres libérales de vouloir larguer les socialistes définitivement des affaires qui échouent. Il serait fort possible qu’en l’état, les Michel, père et fils, demandent des comptes au Liégeois Reynders, si le MR perdait les communales.
Bref, le petit monde politique tient salon dans les escaliers plutôt qu’au Parlement. Il s’agite à tel point de part et d’autre de la frontière linguistique, qu’on peut qualifier le climat aussi délétère à Hasselt et à Gand, qu’à Bruxelles et à Namur.
Tous, cependant, sauf le Vlaams Belang, le N-VA et la liste Dedecker, auront bien du mal à faire croire à l’opinion du pays qu’une crise d’une telle longueur était nécessaire.
Si ces partis carrément séparatistes et qui représentent quand même près de 30 parlementaires flamands avaient été moins nombreux, on pouvait penser que les effets de la crise auraient été sans grande conséquence et qu’une dissolution de la Chambre et de nouvelles élections auraient été souhaitables.
Malheureusement, de nouvelles élections dans les conditions actuelles pourraient faire exploser la Belgique. Et personne parmi les petits marioles qui ridiculisent le pays ne pourrait en prédire l’issue.
Comme l’explique le Soir, certains ne sont pas loin de voir en Verhofstadt un messie chargé de la bonne parole. Se croyant revenu aux affaires par un coup du sort inattendu, Elio Di Rupo, en prévision de ses ministres qui pourraient rempiler, drague Caroline Gennez du SP.A, alors qu’elle fait la fine bouche pour entrer dans un gouvernement qui n’aurait pas une politique de gauche, ce dont Di Rupo se fout, n’ayant jamais eu la fibre ouvrière.