Besson, Kouchner et Cie…
On ne peut pas dire que les socialistes français qui ont choisi de faire du sarkozysme étaient des gens à conviction profonde.
Peut-être n’étaient-ils pas convaincus de la différence entre la politique de François Hollande et celle de la droite libérale ? Alors, ils se sont dit autant participer à un gouvernement qui rassemble un peu tout le monde, que d’être dans un parti qui dit la même chose, mais qui n’en est pas moins dans l’opposition, donc sans moyen d’action.
Ce ne serait pas, parce que le PS vire à gauche, mais parce qu’il n’y a plus guère de différence entre UMP et PS.
La récente visite surprise au PS parisien de Dominique Strauss-Kahn, en préparation des municipales, est à ce titre assez équivoque. Nommé à la tête du FMI grâce à l’appui de Sarkozy, le revoilà qui pointe son nez rue de Solferino ! Evidemment, si c’est par le principe de la confusion des genres qu’il se fait voir chez les « camarades » pourquoi se gênerait-il ? Apparemment, cela n’a ému personne et « cher Dominique » a retrouvé son siège du premier rang, comme s’il ne l’avait jamais quitté.
A vrai dire, Hollande ne l’a pas exclu, comme il a exclu Kouchner, Besson et Cie, un peu en se foutant des statuts, mais avec raison sans doute ; car, il fallait faire vite. Quand la mérule s’attaque à un bâtiment, il faut employer les grands moyens. Du reste les apostats n’ont pas rouspété.
Comme on dit, ce n’est pas parce qu’une pute change de trottoir qu’elle n’est plus pute !
Depuis les nominations « notionnelles » comme dirait Didier L’Embrouille, les choses se sont tassées. Les traîtres absolus sont toujours là, mais c’est devenu moins urgent de les vilipender.
Kouchner a mesuré tout ce qu’il avait à gagner et à perdre en s’incorporant au sarkozysme.
C’est finalement l’aise d’être ministre – sentiment bien humain – qui l’a emporté sur la fidélité aux principes.
Quand Nicolas Sarkozy sollicite Kouchner pour le Quai d'Orsay, ce dernier réfléchit 15 secondes et il pense que le scandale serait moins grand s’il n’était pas le seul à quitter le PS. Sarkozy a frappé à la bonne porte. Kouchner va se faire son meilleur agent propagandiste. Il entreprend Jean-Pierre Jouyet, ancien directeur adjoint du cabinet de Lionel Jospin, le président d'Emmaüs, Martin Hirsch, qui fut son directeur de cabinet au ministère de la Santé.
Ensuite il s’arrange pour qu’on sache de Besson, appâté par Sarko entre les deux tours de la présidentielle, que l’ancien directeur de campagne de Royal est le premier à avoir viré de bord.
Kouchner savait que s’il avait été le seul de la seconde fournée, il aurait rejoint Besson au palmarès des traîtres absolus. A la demi-douzaine, les départs ont été jugés en groupe. Ainsi, les petites vilenies passeront inaperçues. Enfin, le lâchage de tout un groupe fait suspecter la capacité de François Hollande d’être un bon dirigeant.
Ils peuvent passer pour des pionniers, en faisant courir le bruit qu’ils préparent un PS modéré, et collaborer avec l’UMP au progrès des Français !
Les tentations d'Hubert Védrine, de Claude Allègre, de Jacques Attali et de Jack Lang, sont des réalités qui peuvent tourner à la confusion de Hollande. Et si ce dernier, après le Congrès du PS, en faisait autant ?
Dans ce parti en liquéfaction rien n’est à exclure.
Certains critiquent la rigidité de l’appareil et la mise au rancard d’individus qui en ont gardé une certaine rancune. On connaît ça aussi en Belgique dans un PS mené à la baguette par un régional montois au détriment des autres Régions.
Quand on considère l’esprit dans lequel le PS devrait voir l’avenir, aux antipodes du libéralisme, des égoïsmes et des intérêts à court terme, on se demande comment il est possible que ceux qui l’ont quitté font désormais la politique du contraire.
Ces transfuges ne pensent pas comme nous. L’opposition momentanée, ils acceptent, mais celle qui risque d’être longue, ils ne la supportent pas ! Même si le PS gagne les Municipales, les postes de maires ou de conseillers généraux ne les intéressent pas.
Kouchner et Christine Ockrent connaissent depuis longtemps l’homme de l’Elysée. Dans ces milieux, ils se connaissent tous, se voient, déjeunent ensemble, alors les mots n’ont pas les mêmes significations selon qu’on les prononce dans les salons, ou à la sortie des usines.
Et comme les usines, ils n’y ont jamais mis les pieds…
Rien de plus attendrissant, mais aussi rien de plus trompeur de voir aux actus le « bon » docteur prendre un enfant noir dans les bras. Ce n’est que pour l’espace d’une photo, le fugace d’un reportage. On a même vu le « french doctor » en saharienne décharger un camion de sacs de riz ! Le tout, c’est de savoir combien de sacs on a jeté sur ses frêles épaules.
On devine la volonté de Sarkozy de déstabiliser la gauche avant les municipales.
Devant un bilan social plutôt mal amorcé, une chute de popularité conséquente, ce sera peut-être la seule victoire de ce quinquennat qui fait douter les Français : faire imploser le parti socialiste. La gauche, au contraire, y voit une chance, celle d’avoir débarrassé le socialisme de ses parasites. Le moyen aussi de faire croire à un idéal rafraîchi, aux militants désabusés.