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Le match.

Être américanophile, c’est comme être Belge selon madame Houart, il faut croire à la grandeur du destin de la « civilisation » américaine et d’ajouter, si nous ne les avions pas eu dès 1942, aurions-nous été libérés trois ans plus tard ?
Ce n’est pas ainsi que s’écrit l’histoire.
Elle ne s’écrit pas non plus en parfait américanophobe : tous les maux dont nous sommes accablés, le capitalisme, la pollution, la guerre sont des produits américains exportés.
Les deux camps se regardent en chien de faïence et on n’a pas avancé d’un pouce.
Pour y voir clair, si nous abandonnions les jeux stériles qui analysent le passé en faisant l’impasse de ce qui fut et qui n’est plus, afin d’observer ce qui se passe ?
La situation actuelle de la middle class aux States est proprement dramatique. Les banques conduisent le pays à une catastrophe qu’en Europe même nous aurons difficile à éviter.
Bush va baisser les taxes sur les entreprises afin de relancer celles-ci. Ce petit cadeau fiscal ne rendra pas pour autant du punch à la consommation, le mal est trop profond.
La confiance des consommateurs s’amenuise. Ce qui avait fait la prospérité américaine : l’emprunt, se retourne contre le petit propriétaire qui n’arrive plus à se financer en mettant en gage son logement. Enfin, sans grande couverture sociale, les gens sont inquiets pour leurs emplois.
Le système américain est un « bon » système quand la machine bien huilée progresse. Dès qu’elle donne des signes d’essoufflement, l’économie sans garde-fou plonge dans la récession, presque sans transition.
C’est maintenant le cas.
Tant qu’on n’a pas chiffré l’ampleur du trou des créances impayées, il est très difficile de savoir si cette crise sera rapidement surmontée ou si elle va plonger l’Amérique et par-delà l’Europe dans un marasme comparable à celui de 1929 qui fait référence pour tout.
C’est ça aujourd’hui l’Amérique, un système un peu comme le fut la banque de Law sous le Régent en France. Non pas comme un papier monnaie qui n’a plus sa garantie or (il ne l’a plus depuis longtemps), mais de la façon inconsidérée avec laquelle on a poussé le consommateur américain, comme l’européen, à emprunter pour vivre au-dessus de ses moyens, étant entendu que la situation professionnelle irait s’améliorant pour facilement éponger les dettes.
Un autre aspect de la crise qui s’amorce a été l’erreur de privilégier les gros revenus, un peu comme le fait actuellement le président bling-bling Sarkozy, sous prétexte que les gros revenus génèrent de l’emploi et font marcher l’économie. Il aurait fallu faire le contraire par des abattements fiscaux des petits salaires, c’est-à-dire aider les revenus modestes qui dépensent le plus clair de ce qu’ils gagnent, pour avoir une chance de faire repartir l’économie.
On touche ici le plus gros défaut du système américain, sinon du capitaliste mondial. Celui qui peut appliquer une telle mesure fait partie intégrante du camp des riches à l’égoïsme absolu. Cela fait penser à certaine catégorie de singes africains que l’on capture en attachant au sol une calebasse à l’étroit goulot au fond de laquelle on dépose quelques graines. Le primate y plonge le bras, se saisit des graines, mais le poing fermé ne passe pas l’étroit goulot. Plutôt que lâcher sa proie et s’enfuir aisément, il se fait prendre la main dans le sac.

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C’est peut-être ainsi que se terminera un système, qui par ailleurs et par certains côtés, n’a pas manqué d’efficacité : tué par ses propres décideurs !
Actuellement, les banques croulent sous les « spécialistes » premiers de classe en économie. Ces gens n’ont pas fait leur boulot et dans l’euphorie générale avec un chômage à 6 % maximum ont mal informé les organismes centraux bancaires. Les salaires inconsidérés payés au rendement des décideurs ne pouvant être ralentis par des appétits plus modestes, la déraison a fait tache d’huile.
Cette euphorie injustifiée a été le briquet qui a allumé la mèche.
Le pays de la mondialisation de l’économie compte de moins en moins d’adeptes enthousiastes à la globalisation. Le citoyen américain se voit dépouiller - en contrepartie d’avantages de consommation, il est vrai - des moyens de contrôle qu’il avait ne serait-ce qu’en dialoguant avec les décideurs. C’est toute l’ambiguïté d’un système libéral qu’il contrôlait tant bien que mal dans l’ancien concept de démocratie, qu’il ne contrôle plus. Du coup, le voilà inquiet à tous les niveaux : celui de l’emploi, de la pension et surtout des moyens qu’il aura demain de se faire hospitaliser s’il est malade.
Bilan complètement négatif ? Pas tout à fait pour ne pas affoler les américanophiles et satisfaire les américanophobes.
L’Amérique en a vu d’autres et l’économie capitaliste aussi. Pour retrouver de la diversité au sommet de l’édifice mondial, il suffirait de durcir les lois internationales sur les sociétés tentaculaires et briser les associations de malfaiteurs que sont les grands prédateurs milliardaires.
Ce n’est possible que par un ras-le-bol de la base et on est loin du compte.
Plutôt que toucher au tabou de la société anonyme, chacun défend son pré carré et tombe ainsi le nez sur son gazon pour ne plus se relever.
Triste constat, le salaire moyen aux Etats-Unis adapté à l'inflation est presque le même que ce qu’il était en 1970. La mondialisation se solde par un fiasco des masses. Seuls les nantis y ont tiré avantage.
C’est donc un but à zéro en faveur des américanophobes. Mais le match n’est pas fini.

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