Religion et morale.
La laïcité n’est guère d’actualité. On ébauche même des projets d’église… pardon !... de mosquée aux frais du contribuable. Car la démocratie passe désormais par le « devoir » de l’Etat d’aménager des lieux de culte à ses citoyens croyants. On applaudit, comme on applaudit au nationalisme flamand, c’est-à-dire en espérant que la lâcheté sera appréciée en face comme un geste de bonne volonté et qu’ainsi seront évitées les rancoeurs et les bombes...
C’est une grave erreur.
La seule manière de conserver une neutralité positive vis-à-vis des croyances, c’est de les ignorer. Et comment les ignorer ? En prônant la laïcité, qui depuis toujours, est la seule arme contre tout intégrisme religieux.
Nous assistons dans nos pays à une véritable régression dans la manière de concevoir la laïcité. Sous prétexte de dépoussiérer un des piliers de ce qui a fait l’émancipation des peuples depuis la Déclaration des droits de l'homme, on offre des moyens d’expression aux croyances religieuses, dont le premier réflexe est de critiquer, puis de condamner la laïcité, comme une sorte d’impiété injuriant dieu !
Et à ce petit jeu, c’est la confession musulmane qui est en tête, bien loin devant une catholicité qui en rabat de beaucoup dans le Sud de l’Europe, quoique toujours virulente à l’Est, dans des pays comme la Pologne.
La faiblesse à l’égard des religions dans les Etats en principe laïcs est dans l’interprétation qui fait devoir à la démocratie de ne pas porter atteinte à la liberté de conscience et de culte et, par conséquent, de n'en reconnaître ou de n'en soutenir aucune en particulier.. en les soutenant toutes, à l’exception des sectes.
Encore qu’aucun critère sérieux n’existe pour distinguer un mouvement religieux pacifique, d’une secte considérée comme violente et dangereuse, si ce n’est par le nombre d’adhérents. Et après que la religion catholique ait jeté sa gourme, si la religion musulmane était, par le nombre de ses dirigeants violents, rien de moins qu’une secte, vue sous ce seul critère ?
Jusqu’à quand la laïcité de nos démocraties garantira-t-elle la liberté absolue d'être sans religion ?
Car, au vu des démissions, des compromissions et des reniements de la laïcité, devant l’appropriation qu’en font les musulmans dans les petites dictatures religieuses qu’ils instaurent là où ils prennent le pouvoir, c’est ce qu’il y a de plus à craindre.
N’oublions pas que la laïcité a pour fonction non de libérer les croyances, mais de nous en libérer.
Appuyée sur la raison, sa mission est de former l'esprit critique et le libre jugement de chacun, de façon à ce qu'il puisse décider de la valeur des contenus de la pensée religieuse qu’éventuellement il a l’intention de suivre ou d’abandonner.
Les Eglises ont trop tendance à se soustraire au débat rationnel en fondant leur légitimité sur une transcendance qui échappe au profane, considéré comme sceptique et mal pensant quand il n’adhère pas aveuglément.
Ce n’est pas au moment où la laïcité est arrivée à garder sa lucidité et son sang-froid face aux dogmes de l’église catholique, qu’elle doit abdiquer ses vertus devant la montée en puissance de la religion musulmane.
Nous perdons de vue que l'identité des Nations laïques en Europe ne s'est pas construite sur l'héritage chrétien mais, pour l'essentiel, contre lui. Considérons que ce fut une salutaire libération, une liberté d’esprit qui ne s’était jamais produite sous son joug.
Ce n’est pas le moment de renoncer à cette liberté devant les ukases et les fatwas des ayatollahs et des mollahs.
Croire que l'homme ne saurait se passer de la religion est une falsification de l’histoire des peuples. Ne conviendrait-il pas de substituer au mot, le terme de Morale ?
Quand il n’y a pas corrélation entre religion et morale, il s’agit bien d’une perversion de la première qui dénature le sens de la seconde et conduit aux excès.
Benoît XVI ne prêche que pour sa paroisse quand il croit que l’humanité n’améliorerait pas sa condition sans le secours de la foi.
L'histoire de l'humanité démontre justement le contraire. Les temps les plus troublés furent ceux des grandes courants religieux, avec les vagues de répression et les persécutions dont furent victimes des peuples entiers.
Non. La morale n’est pas affaire de religion. Elle est universelle et elle est la seule valeur conséquente de l’humanité