Une société souple de service flexible
On en est réduit, comme jadis les Indiens d’Amérique, à demander au sorcier de faire tomber la pluie.
On le voit bien à nos ambassadeurs de charme à l’étranger « Faites donc que vous achetiez nos produits. Ils sont excellents vous savez. Sinon, aurions-nous le culot de vous les faire présenter par nos princes ? Regardez comme Mathilde est jolie ! Oui, elle sera notre future reine et vous lui serrez la main…».
C’est tout ce que nous pouvons faire ! Chez nous, Reynders et consort avancent le meilleur siège pour que l’industriel s’asseye. « Cigare, cher ami ? Havane spécial. Les mêmes que fume Castro ! Et madame, toujours aux îles ? Magnifique ! »
Aux petits soins avec les pollueurs, la pire engeance de l’arnaque internationale, les pires voyous quand ils proposent des emplois sont reçus à bras ouvert. « Le haut-fourneau d’Arcelor-Mittal ? Il rejette trop de saloperies dans l’atmosphère ! Qu’est-ce que vous racontez ! C’est encore un coup de l’Europe qui ne veut pas que nous remettions à la tâche 10.000 pauvres types qui attendent leur première paie pour que leurs enfants mangent à leur faim. ».
La puissance publique ne peut pas créer des emplois. Le marché capitaliste est surbooké. Il en est aussi incapable, surtout sous nos climats. Le Danemark ? La Norvège ? L’Irlande ? Oui. Mais eux jouent à fond la carte de l’adaptation. La concurrence des métiers, les heures de travail et cette manière de remercier celui qui vous crache à la figure, tous les arguments sont employés et malgré cela, des petits résidus de misère, des chômeurs enveloppés de sollicitude puis peu à peu abandonnés et des suicides, des tas de suicides, des poches de résistance…
Ils pensent que ce n’est pas le marché qui pose problèmes, mais nous. Pas assez flexibles, pas assez disponibles, nous avons à notre passif des tas de comportements qui datent de Germinal.
Après les « pas assez », voici les beaucoup trop. Nous sommes beaucoup trop exigeants, arrogants, trop revendicatifs, trop syndicalistes…
L’inefficacité par manque de servilité disponible de nos travailleurs conduit à un cercle vicieux : la réduction de la demande, qui entraîne à son tour une réorganisation des effectifs.
Tous les postulants d’emplois devraient passer à l’école d’Hôtellerie. La façon de passer les plats, les ronds de jambe, le buste penché vers l’avant la main gauche dans le dos, exactement la pose du patineur de vitesse sur glace… « Excusez-moi, pardon, attention le plat de l’aloyau est brûlant. » Une société de service, c’est l’avenir.
Nous manquons d’un mode de raisonnement nouveau.
Ce n’est pas assez que le management ait trouvé un nouveau terme « hôtesse de caisse » pour satisfaire les caissières à 800 euros par mois (toutes à temps partiel). Il a fallu qu’elles se mettent en grève chez Auchan ! Vous verrez que bientôt cela viendra chez nous…
C’est comme nos éboueurs. Vous croyez qu’ils sont heureux d’avoir un boulot ? Qu’ils sont reconnaissants de pouvoir vivre autrement, dès lors qu’ils travaillent ? Pas du tout !
Les ressources de matériau humain, nous en avons, et des variées. Il ne sert à rien d’avoir les ressources quand elles ne s’adaptent pas à ce que demande le management.
Et que demande le management ? De la polyvalence, de l’adaptabilité et une possibilité de formation continue.
Di Rupo l’a expliqué son petit plan Marshall à cent millions d’euros à la main « Nous devons faire jeu égal avec les Flamands qui se rapprochent du mode de vie et de travail des Irlandais. »
La mystification des années 68 en plein milieu des Trente glorieuses a stérilisé toute une génération de socialistes. La capacité de créer n’a pas faibli, elle a seulement été détournée.
Reynders sentant venir le danger de la concurrence ironise : « Le démantèlement du système bureaucratique traditionnel et celui de la vie associative passent par la désocialisation des institutions. Suit un couplet sur la rage taxatoire ». Ensuite, ce sera l’occasion de faucher le champ du voisin avant que le blé ne lève : « Il faut augmenter les petites pensions. »
Restait évidemment le grand et dernier thème avant la fermeture : L’Enseignement !
Le prof doit absolument former l’étudiant en fonction des besoins de l’industrie et non pas à de vagues notions humanistes.
Le système élitiste qui s’est constitué autour de la culture devra changer l’élite. C’est tout.
Le communisme n’avait pas que des inconvénients. Stakhanov mériterait de figurer parmi les exemples à méditer pour les jeunes générations.
Les patrons sont formels, ils manquent de main-d’œuvre spéciale. Allez donc trouver un spécialiste en détecteur des défectuosités des conduits d’échappement des fumées et des gaz ? Certes, ils meurent jeunes, mais est-ce une raison ?
Stakhanov s’y serait précipité et sans brancher son respirateur afin d’économiser une bombonne d’oxygène.
Vous croyez que si Daniel Bouton avait regardé au danger de se rendre à son bureau le jour où le Trader lui faisait perdre 5 milliards, alors que lui venait d’en perdre déjà 2 ½ sur les subprimes, il s’y serait rendu ?
Vive la Belgique. Vive le roi. C’est tout ce je peux ajouter.