Des élites qui font peur !
J’ai envie de me mettre tout le monde à dos, ce soir…
Enfin, tous ceux qui « ne défendent pas mes intérêts, en faisant semblant de penser à moi ».
Parmi les hauts voltigeurs de Wallonie (ils sont légions) j’épingle le gratin universitaire, celui que nos modernes débatteurs appellent à la rescousse pour un oui, pour un non : comment sauver la Wallonie ? la recette des pommes sautées au porc farci ? sommes-nous compétitifs ? le plaisir sexuel chez les bonobos ?... le prosélytisme propédeutique du PS dans l’enseignement secondaire ? le théâtre mugissant contemporain doit-il être joué à la grecque ?... etc.
Pierre Pestieau, professeur d’économie à l’université de Liège, est pour un marché du travail hyper flexible et pour une méthode à la danoise d’accompagnement des chômeurs.
Ce type est un moderne, il oscille entre l’Etat minimum de Robert Nozick, Dworkin des controverses théoriques et qui croit que le Droit est un concept interprétatif, jusqu’à Rawls et son libéralisme égalitaire. C’est dire si avec lui, on est mûrs pour les réalités du marché et l’engouement au progrès de la mondialisation des affaires.
Comme un économiste a toujours raison par après, je lui conseille de lire « Le temps des incertitudes » de Galbraith, « …Quand il s’avéra impossible de réformer en partant d’en haut, la révolution à partir d’en bas devint inévitable », afin qu’il élargisse le champ de ses lectures. On ne sait jamais, que le vent tourne…
Eric Domb n’est pas un fonctionnaire d’université qui conseille la mobilité et le recyclage aux autres, après une carrière complète sur l’estrade du même amphithéâtre depuis vingt ans. C’est le président de l’Union wallonne des entreprises.
Il voudrait faire du mode d’emploi de la mondialisation, le petit livre rouge de la jeunesse wallonne. Il nous prêche « Il faut abandonner l’approche idéologique et faire preuve de lucidité ». On connaît le fatalisme libéral. Du moment que c’est pour la gloire de l’actionnaire, sa vision d’une vie passive et consentante nous mettrait bien comme cireurs des pompes en Chine capitaliste. C’est ça le pragmatisme des industriels wallons.
Alain Eraly, professeur-fonctionnaire de sociologie et de gestion à l’ULB, veut sanctionner ses pairs si les objectifs ne sont pas atteints. La difficulté, c’est de fixer des buts raisonnables. Comme, ils ne le sont pas en général, puisqu’ils sont établis par des ministres encore plus irresponsables que les hauts fonctionnaires, cela permettrait dans la lancée d’un raisonnement liquidateur, de supprimer des services et de rationaliser les fonctionnaires d’un rang inférieur au sien. Admirable déduction qui permettrait au moins de consolider les hauts grades dans leur absolue pérennité. Ce combat de la bureaucratisation, dans un Etat qui n’est plus qu’un vaste bureau, prête à sourire. Reynders pourrait taxer les porte-plumes ? Ce serait plus pratique.
Robert Deschamps, professeur d’économie aux facultés universitaires de Namur, a perdu les siennes de facultés en proposant la fusion de l’école libre et de l’école officielle. Il ne sait pas le malheureux que cette mesure – pourtant largement justifiée – mettrait la Wallonie au bord de la guerre civile ? Et lui qui s’émeut du nombre de chômeurs peu qualifiés, pourrait s’enflammer aussi pour le nombre d’enseignants hautement qualifiés à recycler dans l’industrie et voués, probablement, au chômage définitif.
Son collègue, Michel Quévit, professeur émérite d’économie à l’UCL, se lamente sur les problèmes de pédagogie. Il lui semble avec les moyens dont nous disposons que les élèves devraient sortir moins idiots des écoles que lorsqu’ils y rentrent. Oui, à condition que les programmes les intéressent. Comme ces programmes ne sont destinés qu’à satisfaire aux besoins de l’industrie, on peut demander à Michel Quévit de suivre des cours de soudure à l’arc et à l’autogène, certainement plus demandés et plus utiles que professeur d’économie.
Philippe Defeyt, économiste attaché à l’Institut pour un développement durable, est un catastrophiste né. Selon lui, si les Flamands nous lâchaient, nous perdrions jusqu’à 9 % de notre pouvoir d’achat et le nombre de pauvres augmenterait d’au moins 50 % ! On ne sait pas d’où cet économiste éminent sort ses chiffres ? Ce qu’on sait, à leur lecture, c’est qu’il traite de menteurs Di Rupo et Rudy Demotte. Où je le rejoins, c’est quand il préconise la suppression des cadeaux fiscaux aux gros et moyens revenus de notre philanthrope Reynders.
Après toutes ces sommités du monde économique, pour la bonne bouche, voici l’opinion de Jean-Louis Colinet, directeur du Théâtre national de Bruxelles et farfelu en chef de l’avenir wallon. Pour lui l’avenir gît dans la façon « massive » de miser sur la culture. Dans un pays et surtout une Wallonie où le déficit culturel est important, cet enfonceur de portes ouvertes doit être drôlement sûr de lui. Tous les créateurs de ce fichu pays savent combien les officiels permanents de la culture se fichent éperdument de promouvoir la création autochtone libre, à commencer par lui, Colinet, pour son manque d’intérêt de ce qui ne touche pas au sien, sa manière unilatérale de promouvoir le théâtre selon ses désirs et ses goûts, son sens à servir l’officiel, et même le conventionnel sous des dehors faussement avant-gardistes !... J’arrête, tant la moutarde me monte au nez…