Amis sportifs, bonsoir…
Cette histoire des jeux olympiques devient d’un ridicule achevé.
Déjà les cérémonies qui tiennent en haleine des millions de téléspectateurs ont toujours été d’une grande sottise. L’homme aime s’entourer de symboles qui, lorsqu’on les approfondit, ne montrent qu’une sorte de théâtralité pour spectateurs acculturés. C’est sans doute au paléolithique que s’est développé le culte de la flamme éternelle. Là, pour faire du feu sans allumette, ce n’était pas facile, d’où l’importance de maintenir une flamme prête à l’emploi. Ça nous est resté dans les gênes. C’est comme la flamme éternelle du soldat inconnu. Paul Léautaud dans son journal littéraire nous en fait une relation comique, avec un certain Bussy, cabotin des variétés parisiennes qui en avait dégagé le principe, comme au théâtre.
Voilà la flamme menacée, non pas que le vent l’éteigne, vous pensez, on a pris des précautions, mais par les athlètes qui ne veulent pas servir de relais pour son destinataire, la Chine.
Quand des vieux messieurs, sans doute copieusement arrosés par le gouvernement chinois, ont opté pour Pékin, ville olympique, ils savaient bien dans quel guêpier ils se fourraient. Ils ont fait un calcul qui s’est avéré exact : il y a tellement d’intérêts financiers autour des jeux, qu’aucun pays au monde ne les boycottera.
Et c’est exactement ce qui se passe.
Les grands défenseurs de la démocratie en tête, tout le monde s’apprête à faire la fête du sport. Mais comme il faut quand même marquer le coup, il y aura, ça et là quelques petites remarques sur les droits de l’homme, quelques chipoteries sur le Tibet, et tout se passera à merveille.
La démarche collective qui promouvait la liberté s’incline devant l’impératif commercial qui commande à faire du sport à Pékin une grande fête.
Ce qui est moins compréhensible est cette volonté chinoise d’inscrire les jeux 2008 chez eux, alors qu’ils n’ignorent pas qu’à force de massacrer les populations, de déplacer les gens contre leur avis, de multiplier les condamnations à mort et de censurer à peu près tout, ils allaient devoir essuyer les réflexions désagréables et les pudeurs du monde occidental.
Et puis, voilà l’affaire du Tibet, ce peuple asservi par une Chine expansionniste, qui vient s’ajouter au musée des crimes d’Etat habituels !
Les dirigeants chinois ne sont pas masochistes. Ils ont estimé avec raison que le monde capitaliste est bien trop lâche pour hésiter entre une bonne affaire et un point de morale.
A ce point de vue, ils ont vu juste.
Reste le mauvais moment à passer actuel.
Amnesty International aura beau avertir que la répression à l'encontre des défenseurs des droits de l'homme s'était aggravée en Chine à l'approche des Jeux olympiques, qu’est-ce que le parti unique chinois s’en fout…
Tout opposant, tout détracteur est déclaré voyou, criminel et compagnie par les dirigeants du parti unique ; tous bien persuadés qu’ils représentent vraiment les Chinois qu’ils ne consultent jamais tant ils sont sûrs d’agir au mieux des intérêts de la nation !
On croyait que la proximité des jeux allait réfréner les ardeurs de la police chinoise. C’est le contraire qui se produit. Sans doute ayant mal calculé la passivité des opposants, les dirigeants s’effraient. Il est de plus en plus clair que l'essentiel de la vague actuelle de répression se produit non pas malgré les Jeux, mais à cause des Jeux", résume Amnesty.
Merci, les sportifs !...
Avant les jeux, on en est déjà à faire le bilan du nombre de morts au Tibet et ailleurs.
C’est Alain PEYREFITTE qui a écrit « quand la chine s’éveillera, le monde tremblera ». Que les aficionados des jeux se rassurent. On tremble. L’Occident a trouvé son maître. Nous voilà beaux à servir un milliard et des poussières d’hommes ! Le tremblement dont parlait Alain atteint les puissances mondiales. On a pourtant essayé de la disloquer comme jadis l'union soviétique. A présent c’est elle qui possède une large part de la finance américaine, s’implante en Europe, devient le partenaire principal de l’Afrique.
Par delà les jeux, on n’a plus qu’une faible chance ; que les Chinois eux-mêmes commencent à trouver mauvais que toute cette puissance s’effectue sur leurs dos sans qu’ils voient jamais le bleu de la liberté et le rose de l’aisance, si l’on excepte la classe politique et les mandarins du capitalisme qui font office de gardes-chiourme.
Le CIO pisse dans son froc, c’est-à-dire qu’il clame sa neutralité sportive. Rogge est l’arbitre qui plane au-dessus de la mêlée, son rôle n'est pas de faire la promotion des droits de l'homme.
Ce qui n’empêche pas ce grand homme de promouvoir le sport pour les qualités humaines qu’il développe, le fair-play, la générosité dans l’effort et la morale contre la triche.
Puisque nos dirigeants veulent les jeux, malgré tout, qu’ils cessent de nous importuner de leurs doléances contre les petits Etats comme Cuba et la Corée du Nord, qu’ils arrêtent de nous bassiner sur les méfaits des dictatures d’Amérique du Sud, qu’ils rengainent leurs couplets à l’encontre des républiques islamiques ou des Etats du Golfe.
Qu’ils se présentent tels qu’ils sont, des grandes gueules qu’on achète comme on veut par une poignée de dollars. Et qu’on n’en parle plus.
Et boycottons les jeux sur nos antennes radios et télévisions…
A propos de censure, lire l’excellent article ci-dessous :
http://naindien.com/spip.php?article382