Leterme et la belle époque.
Enfin, on a un gouvernement qui ne gouverne pas !
Voilà bien longtemps que nous n’avions pas été aussi tranquilles !
Certes les problèmes sont toujours là, mais ils sont moins lancinants puisqu’on ne s’en préoccupe pas en Haut lieu !
On fait bien quelques réunions, de-ci, de-là. On y parle de tout, donc de rien.
Les directions sont déjà en vacances, en quelque sorte.
Leterme étant l’éternel absent, ceux qui se plaignent de lui sont des malades mentaux.
Car, même quand il est là, personne ne le remarque.
Y a-t-il une réunion urgente, une affaire d’Etat que nul ne peut rater ? Seul Javaux, dans l’opposition, s’inquiète de l’absence du premier ministre, la majorité ne s’en aperçoit pas !
Intrépide voyageur, Leterme pour un oui, pour un non, débarque en Amérique du Sud, serre des mains en Slovénie, s’inquiète de la situation des antipodes. C’est à peine s’il se souvient qu’il a un conseil des ministres à Bruxelles. C’est pour s’exercer à passer les frontières en prévision des événements frontaliers et linguistiques qui s’amoncellent dans le pays, qu’il fait du saute-mouton.
Il faut savoir ce que l’on veut… Il a raison de poser la question à la face de la Belgique et comme personne n’en sait rien…
On le harcèle rue de la Loi sur des questions qui ne l’intéressent plus depuis qu’il est premier ministre. Comme il doit l’être pour tous, et que cela ne se peut, il a choisi de ne plus l’être pour personne.
Son parti l’a laissé tomber. Les francophones le détestent. Il préfère soigner sa cote de popularité dans les confins, quelque part sur un parallèle qui n’est pas le nôtre. Il se met hors d’atteinte et il espère qu’avec le temps…
Tant de choses peuvent se passer durant son absence qui ne peuvent pas lui être imputées, qu’il a pris goût à la formule !
On aurait dû se méfier, le roi en premier, 800.000 voix de préférence, c’est-à-dire 800.000 Flamands qui lui ont fait confiance, quand on connaît bien les Flamands, ce n’est plus une préférence… c’est un référendum. Or, à part ces 800.000 exaltés, je me demande si les 10 millions restant sont d’accord ?
On lui téléphone, on le supplie de rentrer. Au moins, on s’intéresse à lui. Pour une fois, il sent son importance.
De toute façon, comme la Belgique est devenue ingouvernable, il reviendra pour décider de la date de nouvelles élections. Ainsi, il pourra ne plus en être, dans la dignité. Il partira comme il est venu, sur la pointe des pieds. Et nul n’entendra plus jamais parler de lui. Il ne fera que 800.000 déçus. Quand on voit les exploits des autres premiers, ils en ont déçu bien davantage.
Voilà bien un premier ministre exemplaire !
Le Belgique retrouve l’époque chérie de son existence bourgeoise où les problèmes se réglaient partout, sauf au gouvernement.
Temps admirables, au cours desquels les patrons avaient leurs pauvres et les socialistes leurs protégés, et comme c’étaient les mêmes, ils étaient doublement choyés.
Les dirigeants de gauche comme de droite, en frac et gibus, montaient dans des calèches et saluaient la foule famélique et en loques, qui répondait à leurs saluts le cœur gonflé d’espoir.
Les dirigeants ne pouvaient que s’entendre, puisque socialiste comme libéraux étaient issus de la même classe sociale ! On daubait sur les Cathos, responsables de tout, les libéraux offraient des mallettes en cuir aux écoliers de gauche et les socialistes ouvraient des magasins de grande diffusion aux prix plus élevés que ceux des grands magasins privés. Comme c’était pour la bonne cause, ça marchait aussi…
L’école catholique avait une mauvaise réputation. Elle a formé des élèves jusqu’en 39 pour l’Ordre nouveau et la lutte contre le communisme.
A présent, elle a la réputation d’être meilleure que l’Officielle. C’est normal, elle ne forme plus que les troupe standards dont la mondialisation a besoin. Au moins, les futurs délinquants qu’elle forme, le seront en col blanc.
Leterme est un nostalgique de cette époque bénie.
Il aspire à nous voir à nouveau en loques et affamés, mais heureux. Il s’est demandé longtemps pourquoi nous ne respirons plus la joie et la bonne humeur. Il a trouvé. Nous manquons d’images qui font rêver, parce que nous travaillons trop peu. Notre désoeuvrement est la cause de tout !
Il étudie les moyens de nous rendre nos loques et nos appétits non satisfaits, grâce à un petit salaire.
D’ici à ce qu’il nous gratifie de son image en frac et gibus…