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Parallélisme France Belgique.

Le Monde publie le 14 février 1968 un article de Pierre Viansson-Ponté. On est à deux mois et demi de Mai 68 ! Le journaliste écrit un papier devenu célèbre sur l'état de la société française.
Après l’explosion du joli mois de mai, 40 ans plus tard, il semble que la société française et son appendice belge n’aient pas vraiment changé.
Pierre Viansson-Ponté caractérisait la situation d’un mot : l'ennui !
Les Français s'ennuient. Aujourd’hui c’est pire : Français et Belges s’emmerdent !
La guerre du Vietnam les émouvait, mais elle ne les touchait pas vraiment, comme aujourd’hui la guerre en Irak et la « pacification » problématique de l’Afghanistan.
Il y avait un décalage entre les discours et l’opinion. Comme il y a un décalage entre les déclarations d’un Sarkozy et d’un Reynders sur l’état de prospérité des populations, si tant est qu’en Belgique, les libéraux s’en soucient encore ?
Le public a vu avec des yeux ronds, les militaires chapeautés par les deux derniers ministres de la Défense se ranger dans des gros porteurs afin de délivrer le message des démocraties à des populations qui nous perçoivent comme des martiens.
L’impopularité de Bush a gagné nos frontières, si bien que toutes les initiatives internationales prônées par le camp américain paraissent suspectes.
Il n’y a plus que les Libéraux et le bureau du PS confrontés à l’orthodoxie capitaliste, pour avoir une confiance absolue dans l’avenir des relations du pays à l’économie mondiale, selon les définitions de la Bourse et du Financial Times.
P.V.-P. voyait dans ce refus des populations d’adhérer, le sentiment que les affaires dont se saisissent les élus n’étaient pas les nôtres. Comment en vouloir à l’opinion d’être indifférente aux malheurs des autres, quand la priorité serait que l’on s’intéressât aux leurs !
En Belgique le scandale de BHV masque une paupérisation qui gagne des points sur l’ensemble de la population, et qui se fait sentir même en Flandre ! Les drames à des 5000 kilomètres et plus deviennent abstraits !
En France, les promesses de la campagne présidentielle de Sarkozy sur le pouvoir d’achat pèsent lourdement sur la confiance. Ce qui pouvait arriver de pire est survenu : le Président n’est plus crédible !

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La jeunesse s'ennuie, poursuivait l’éditorialiste en février 68. « Les étudiants manifestent, bougent, se battent en Espagne, en Italie, en Belgique, en Algérie, au Japon, en Amérique, en Egypte, en Allemagne, en Pologne même. Ils ont l'impression qu'ils ont des conquêtes à entreprendre, une protestation à faire entendre. »
Être adolescent en 2008, dans l’alternative d‘une vie active aléatoire, pose non seulement tous les problèmes de 68, mais s’y ajoute le doute en un avenir maîtrisé par et pour les gens. Le concept du travail dans une société dont le but premier n’est plus de travailler dans des conditions honorables, mais de faire travailler l’argent par des spéculations qui s’en éloignent, est fortement ressenti par la jeunesse. La culture du travail inculquée aux masses depuis les débuts de l’ère industrielle est sur le point de prendre fin.
Commune aux dernières générations, est née une expectative perplexe faite de l’incompréhension du discours des hommes politiques autour du problème jeune Rien ne change vraiment : il n’y a toujours pas de travail et les universités restent attachées à la perpétuation de l’élitisme bourgeois.
La télévision est là pour détourner l'attention des vrais problèmes.
L’ersatz du bonheur s’y développe de plus belle avec la multiplication des chaînes depuis 68.
P. V.-P. se posait déjà la question : un pouvoir de gauche rendrait-il de la couleur au peuple ?
« La tentation sera sans doute de plus en plus grande, au fil des années, d'essayer, simplement pour voir, comme au poker. L'agitation passée, on risque de retrouver la même atmosphère pesante, stérilisante aussi. On ne construit rien sans enthousiasme. »
Et de conclure :
« Dans une petite France presque réduite à l'hexagone… l'ardeur et l'imagination sont aussi nécessaires que le bien-être et l'expansion. Ce n'est certes pas facile. L'impératif vaut d'ailleurs pour l'opposition autant que pour le pouvoir. S'il n'est pas satisfait, l'anesthésie risque de provoquer la consomption. Et à la limite, cela s'est vu, un pays peut aussi périr d'ennui. »
Et la Belgique donc !!!

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