Un tennis de pro…
- Blandine Duchemin, vous quittez le tennis à 18 ans ½, pourquoi ?
- J’ai tout fait au tennis, j’ai tout fait, j’ai tout fait, j’étouffais sans m’en rendre compte.
- A l’âge où ma fille joue encore à la poupée, vous étiez à votre meilleur tennis. Comment expliquez-vous le phénomène ?
- A l’âge de 5 ans, je savais tout !
- Vous aviez senti le don venir ?
- Le public m’a adopté tout de suite.
- C’est lui qui vous a porté au plus haut ?
- Sans doute.
- Puis vous avez rencontré l’amour ?
- Oui, j’avais 18 ans quand j’ai rencontré Jean-Alphonse Andenne. Il avait une mine piteuse. Puis, Il m’a promis son tennis. Six mois plus tard, nous nous séparions.
- Le public n’avait pas compris !
- Le public ne comprendra pas, mais je l’aime toujours après ce premier break et il me le rend bien.
- Evidemment… ce pauvre Jean-Alphonse Andenne.
- Je veux parler du public ! Sans lui, je ne serais rien.
- C’est ce qu’on dit. Qu’allez-vous faire aujourd’hui ?
- Je dois ramené du lait et du beurre à la maison…
- Je parle de votre avenir sportif !
- Au plaisir de Monaco, je préfère les mines de Pompéï. Je suis houardiste, voyez-vous.
- Vous vous réinstallez définitivement chez nous ?
- Les gros bœufs du nord ont fait souche dans le midi. Donc j’y reste.
- Avez-vous vu Montecarlo ?
- Non, j’ai vu monter Stéphanie.
- Que va devenir Santos Balacaisse, votre coach ?
- Savez-vous que Santos sort de l’Ecole des mines de Paris ?
- Il pourra donc se reconvertir entre sa femme et ses enfants !
- Personne n’aura à se plaindre de mon départ.
- Sauf nous, de quoi va-t-on remplir les colonnes des journaux ?
- Comme a dit Victor « Ah ! Peuple, te voilà acculé dans l’antre. »
- Sans vos scoops, le lecteur n’aura plus rien à se mettre sous la dent !
- On ne dételle pas à mon âge. Je me reconvertis.
- Par exemple ?
- N’êtes-vous pas en train d’écrire sur moi depuis que j’abandonne le tennis, plus que ce que vous auriez écrit en six mois ?
- Avez-vous des nouvelles de Jean-Alphonse ?
- Son cœur est un violon. Il redoute les femmes qui bordent la mi-route. Il est sans travail, c’est ce qu’il a toujours fait de mieux.
- Vous êtes en attente ?
- Il faut être deux pour bien dîner. J’avais fait la connaissance d’un psy. Quand j’ai vu à la page suivante qu’il était aussi pathe et qu’il en voulait à mes économies, je me suis dite que toutes les baisses ne sont pas faisables.
- Vos contrepets nous manquent déjà. Il y a si peu de joueuses intelligentes sur le circuit.
- Oui. Les sœurs Abrams ne brillent pas par l’esprit. Tante Elie du Chassepot non plus. Anna Avekellçava est bonne à tout, son père aussi. Elle jase sans avoir rien à dire. C’est clair qu’à mon départ, la bande du filet aura perdu sa patronne.
- A 18 ½ ans vous n’êtes pas sans ressource.
- C’est bien fini le sport. J’ai pris un chien pour m’apporter les baballes. Je trouve même ce sport complètement idiot. Comme tous les sports, du reste ! Les conférences de presse étaient parmi les plus insipides que je connaisse, sauf celles du Standard.
- Quoi, vous n’aimez plus le sport ?
- Je ne l’ai jamais vraiment aimé.
- Et alors, pendant toutes ces années ?
- Je me suis emmerdée, comme tous ceux qui font un boulot afin de faire bouillir la marmite. J’avais un don. Mieux foutue, j’aurais peut-être fait pute…
- Evidemment dans ce domaine vous avez réussi beaucoup mieux que n’importe quel besogneux !
- Oui. Et je remercie le public, les journalistes sportifs et les organisateurs des tournois de ne s’en être jamais aperçus.
- Prochain objectif ?
- On me dit que Esso monte et que Mittal a gagné 2 points. Je me demande si Nestlé ne va pas redynamiser en licenciant. Vous voyez les buts dans ma nouvelle vie ne manquent pas.