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Occam rase gratis. (1)

Voilà plus d’un an que l’économie mondiale vacille suite au flop américain. Nos informations sur la crise mondiale sont évidemment teintées d’optimisme à seule fin de ne pas énerver la ménagère de plus de 50 ans et les petits porteurs. On dirait que ce sont nos bonimenteurs de la bonne parole qui ont choisi d’employer l’Occam’s razor pour simplifier à l’extrême ce qu’ils ont à nous bonnir dans les étranges lucarnes et les papiers « bien informés ».
Mieux que tout le monde, la Belgique a besoin de réconfort du côté du portefeuille, afin d’aborder les cuisantes défaites institutionnelles qui s’annoncent avec le regard du boursier qui a fait un coup et qui se fout du reste.
Alors, les spécialistes se déchaînent. Fortis et Dexia ramassent des déculottées ! Ce n’est pas grave, entendez par là que ces banques ont les reins solides et qu’elles ne prendront la pâtée que limitée à leur seule clientèle, clients fervents et enthousiastes, gogos de toujours et fanatiques du système libéral à la vie, à la mort. Enfin, c’est un éminent économiste qui le dit, un certain Edwin De Boeck qui prétend mordicus, même assis dans le canot de sauvetage alors que le beau navire est en passe de sombrer, que les actionnaires qui rament à côté de lui ont tous les atouts pour se faire du blé, plus que ceux qui bossent les mains dans le cambouis afin de tenter un redémarrage.
C’est vous dire le fin « razor » De Boeck !
Alors, partons en vacances gaiement !
N’avons-nous pas tout pour être heureux ?
Les actions européennes ont perdu en moyenne 15 % sur un mois. Dexia a laissé filer 24 % sur la période, chez Fortis, c’est pas mal non plus, la cavalerie de l’inflation sonne la charge, la pomme de terre plafonne à deux euros, l’essence n’en parlons pas, le pays (quel pays ?) se joue au poker menteur et de Boeck est content !
Il faut dire que lui et nous sommes parés avant d’être travestis en clochards. Lui, a sans doute mis ses billes ailleurs que chez nos éclopés de la finance et nous, nous n’en avons pas. Mieux, nos dettes diminuent au prorata du pourcentage d’inflation, c’est dire le soulagement…
Il reste un problème : celui de la mission d’informer honnêtement les gens. Certes, il ne date pas d’hier. Mais cette manie qu’ont les médias de prendre le menu peuple pour un imbécile collectif a quelque chose d’exaspérant.
Ceci constaté, que pouvons-nous y faire ?
Regretter le départ de PPDA ? On y serait presque tant la génération montante a un appétit à basculer les derniers scrupules pour nous gaver de bonheur après avoir fait « razor » comme De Boeck d’une réalité qui nous échappe tant ils mettent de la persévérance à nous la masquer.
Ils ne vont tout de même pas enlever de nos yeux éblouis la vitre teintée par laquelle, grâce à leurs bons offices, nous voyons le bonheur partout !
Par exemple, l’histoire à dormir debout de la concurrence qui selon nos économistes allaient réguler les marchés donc réguler les prix ! Vaste foutaise pour les réunions libérales.
Les supermarchés sont comme les banques. On promet, on promet… au début quand on passe à la caisse, en effet, c’est mieux. Puis le temps passe, et ce qui était gratuit (voir les services à la clientèle des banques, comment on est pigeonné) prend subitement des allures de jeu de massacre.

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Les supermarchés se partagent les zones d’influence, s’arrangent pour devenir propriétaires en sous-main des usines de conditionnement, intermédiaires indispensables entre eux et les producteurs. Vous connaissez la suite, combien coûte un litre de lait à la ferme et à combien ils nous le vendent au supermarché le moins cher d’Europe.
Occam, ce jésuite impénitent, simplifiait à tour de bras une économie naissante qui déjà avait la fâcheuse tendance à faire porter tout le poids du monde sur les épaules les plus misérables. Edwin De Boeck, c’est pire, il assiste au dépeçage de la bête humaine et il trouve des raisons d’espérer !
On voit bien que ce n’est pas lui qui est dans les viandes qu’on met au frigo.
Cher Edwin, il paraît qu’on fait un trip sur les Bermudes cette année. Que n’allez-vous dans le triangle ! Il paraît qu’il y a des méduses de vingt mètres qui vous suce un nageur imprudent comme un caméléon gobe une mouche. C’est amusant comme parfois d’autres monstres, marins cette fois, font « razor » comme personne !
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1. Principe selon lequel les hypothèses devraient être aussi peu nombreuses que possible, du nom de son inventeur William Occam.

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