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On a tranché le lard à la Villette !

Si ça ne s’arrange pas au parti socialiste belge (on ronfle trop dans la chambrée), le grand frère français ne va pas mieux, mais dans le sens contraire. Trop de gamins turbulents ont réveillé le père (Hollande) et la mère (Royal) dans une bataille de polochons.
C’est que dans le rituel familial, tous les 14 juin, depuis 1905, on festoie en honneur aux mutins du cuirassé Potemkine. Comme le cuirassier rebelle, le PS s’est rendu depuis longtemps faute de combustible, mais dans la joie et la bonne humeur.
C’est l’occasion sur l’esplanade du Centre des Congrès de la Villette de retrouver les cousins de province, qui – comme à chaque fois – viennent à peu près tous de Paris où ils louent qui des chambres de bonne, qui habite l’hôtel de ville, ou se prélasse place des Vosges. C’est dire l’éclectisme et la variété.
Les enfants de la gauche vont au Conseil national du parti comme on va au théâtre. Le tournoi d’éloquence y est fort célébré. Puis après qu’aucun des secrets de famille n’y soit révélé, comme il est de tradition, on déroule le tapis symbolique aux nouveaux statuts et aux déclarations de principe dans un décorum qu’adorent les enfants.
Les enfants s’ébattent en toute liberté et courent de gauche à droite, ce qui est plus fréquent dans cette famille-là, que de courir de droite à gauche.
C’est encore une autre tradition, on vient de gauche avec la ferme intention de n’y retourner jamais. D’où le triomphe fait par l’enfant de l’hôtel de ville au libéralisme.
Revers de la médaille, le droit de s’asseoir n’est pas donné à tout le monde, surtout dans les premiers rangs. On chuchote que certaines places ont été payées fort cher. Les places sont réservées et marquées d’une croix à la craie à même le sol. Les enfants sont sages et bien élevés. Ils se savent épiés par leurs parents. C’est tout juste s’ils lèvent les yeux au ciel, quand, par exemple Lang entend parler Ségolène. Martine s’assied à côté de Delanoë, tandis que leur ancienne copine Royal est loin derrière, parmi les journalistes, à une tribune quand même, prestige oblige.
Parfois, on joue aux gendarmes et aux voleurs. Les hollandais contre les ségolistes. Les delanoïens s’entendent avec les jospiniens pour un chat perché. C’est pour faire savoir que Vincent Peillon « en est ».
Les emmanuellistes sont les moins nombreux, mais ils font tant de bruit qu’on les imagine plus nombreux qu’ils ne le sont en réalité.
Il y aurait bien moyen à trouver un consensus sur une politique, puisque c’est celle que pratique tout parti confondu dans une économie de marché, mais à cause du nombre important de caractériels, les psychologues hésitent.
C’est l’avenir de la famille qui en dépend.
On a vu d’autres fratries voler en éclats pour moins que ça.
L’aporie vient de là. Les hollandais sont pour l’ordalie. Mais dans le jugement de dieu, il y a dieu et il est incompatible avec le culte d’une personnalité laïque et si possible franc-maçonne.
Ségolène l’orphique joue distraitement de la prunelle à la tribune. Il lui semble que depuis que l’on s’amuse à chat perché, sa position paraît inexpugnable.
Elle s’intéresse à Martine qui a beaucoup grossi et qui peine à se jucher sur un strapontin pour qu’elle ne soit pas prise.
Quelqu’un a donné des cubes aux enfants du premier rang. Un fabiusien a renversé une pyramide. Martine et Bertrand s’efforcent à sa reconstruction.
Quelqu’un parle de l’Irlande et de l’affront à l’Europe.
Les enfants sont incrédules. Il est impossible que les Irlandais perturbent les cours d’école.
Jack refuse une pareille alternative. Il dit de toute sa peau tannée par les embruns de son institut de beauté, qu’il est persuadé que l’Europe passera outre la volonté d’un petit peuple au non du grand peuple européen qui, tout en n’ayant pas été consulté, approuve l’initiative prise par ses mandataires. Il espère beaucoup de la présidence française.
Tous les enfants sont de cet avis.

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Les insuffisances scolaires apparaissent le mieux dans les cours d’école. C’est là que l’on observe les cancres retrouver l’allant qu’ils n’ont pas devant l’opinion de leurs professeurs.
Dans une course éperdue vers un Élysée de préau, Jack laisse échapper de sa mallette une note d’un professeur : « peut mieux faire ». On ne saurait mieux dire.

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