Barak dans “ Show Boat"
Après sa tournée européenne et le triomphe reçu à Berlin, Obama, candidat à la Maison Blanche, semble avoir reçu en Europe un tel accueil, qu’on ne serait pas surpris qu’une majorité d’enthousiastes ne l’est que par une méconnaissance de la situation américaine. La confusion qui existe sur notre continent de la gauche et la droite aux USA brouille les cartes. Non, les Démocrates américains ne sont pas l’équivalent des socialistes d’Europe, comme les libéraux du MR n’ont rien à voir avec les Républicains.
Les deux partis qui se partagent le pouvoir sont bel et bien les deux ailes d’un même mouvement conservateur, nationaliste et libéral.
Le candidat républicain John McCain souffre en Europe d’appartenir au même parti que le président Bush, dont les huit années de présidence sont jugées catastrophiques et pas seulement du seul point de vue européen, mais aussi par bon nombre d’observateurs américains de la politique interne et externe.
L’Obamania s’explique un peu de la sorte. Au parti démocrate entre le sénateur et Hillary Clinton, le ticket s’est joué sur presque rien. On aura beau expliquer qu’un Noir à la candidature de la présidence, c’est quelque chose d’inouï, personne ne peut décemment contester qu’une femme candidate l’était bien davantage, plus encore qu’un choix où jouerait la couleur de la peau.
Ce qui est universel, c’est la frivolité de l’électeur qui se détermine sans bien se rendre compte du programme que leur candidat développera s’il était élu.
A part quelques prises de position annoncées à grands fracas et notamment sur la guerre en Irak, Barak Obama n’a pas autant que Clinton structuré son plan d’action, tout y est dans le vague, et parfois, de façon confuse et contradictoire.
Mais il est jeune, convaincant et Noir, ce qui est tout à fait conforme au désir people de changement. Le public américain confond la fonction présidentielle avec l’avant-première d’un film de Hollywood où la vedette suscite un mouvement de foule à la sortie du film.
Washington n’est pas Sunset boulevard.
L’Europe vit le phénomène à chaque nouvelle élection où apparaissent des hommes d’Etat jugés sur la faculté de leur staff de propagande à satisfaire à la popularité d’une personnalité se conduisant comme une star. L’exemple français est assez éclairant avec l’élection de Sarkozy, gagnée sur le talent de comédien et d’orateur de l’homme, secondé par d’adroits faire valoir.
Pour l’heure Obama a dépensé des sommes colossales qui ont aidé à cette popularité qui n’a rien puisé dans les faits et des actions du passé du sénateur pour triompher sur le charisme, plus retenu, de sa rivale malheureuse, mais sur des affabulations d’un destin inventé et d’un passé souvent travesti pour les besoins de la cause..
Certes, Obama projette une vision bien meilleure de celle que Bush lèguera au mois de janvier 2009 à la postérité. Mais cette vision subjective, puisqu’elle n’est concrétisée par aucun pouvoir, n’est qu’en devenir.
En fait de transformation espérée, si Obama était élu, il faudrait pour cela qu’il puise dans le programme d’Hillary Clinton qui concerne principalement l’élaboration d’une sécurité sociale et quelques règles de conduite qui soulageraient au moins 20 % de la population qui vit actuellement sous le seuil ou la limite de la pauvreté.
C’est aussi par les modifications de l’optique de la géopolitique que les Européens projettent l’espérance d’une nouvelle Amérique possible si Obama était élu.
En effet, l’Europe est pacifiée et si elle ne menace plus personne, personne vraiment ne la menace. Le discours d’Obama est rassurant puisqu’il va dans ce sens et cherche à recourir à la paix par la négociation.
Bush pourrait lui rendre un dernier service en allant bombarder les six mille centrifugeuses qui travaillent à la bombe atomique en Iran, avant qu’Obama ne soit élu, s’il l’est, à Washington. Car, il se pourrait que l’Europe déchante d’un coup, exactement comme les Français ont déchanté d’un coup quand Sarkozy s’est embarqué sur le yacht du milliardaire Bolloré, juste après son élection. Il suffirait que le nouveau président réagisse en Iran, comme Bush l’a fait en Irak. Sauf que l’Irak s’est avéré ne jamais avoir eu la possibilité de créer une l’arme atomique, ce qui n’est pas le cas de l’Iran.
Il ne faut pas oublier combien l’immense ville de New York , dont la population avec la périphérie est estimée à 21 903 623 habitants, est restée fort européenne avec un fort taux de démocrates, du reste Clinton y est sénatrice. Et que cette ville influence les Européens sur ce qui se passe aux USA. En Europe, on croit toujours que les Républicains sont seulement établis dans les Etats du Sud et que les démocrates occupent les Etats du Nord. Nous nous jouons un remake de la guerre de sécession. Ce qui n’a pas manqué de se traduire par des allusions dédaigneuses sur les Texans du président, lui-même vu en santiags et stetson sur une barrière de son ranch.
Alors, comment voulez-vous que Obama ne bénéficie pas de l’auréole des martyrs de la cause noire ? On se demande pourquoi il n’a pas encore mixé « Ol’Man River », morceau de bravoure d’un noir à la voix chaude et profonde : Paul Robeson.
Le public aurait adoré !