Les chevau-légers du roi.
La dernière apparition du Trio François-Xavier de Donnea, Raymond Langendries et Karl-Heinz Lambertz est un vrai chef-d’œuvre d’opportunité et en même temps d’une telle insignifiance, qu’on en reste saisi dans un pays pourtant surréaliste…
Insignifiance puisqu’ils n’ont aucune proposition, aucune piste, rien de ce pourquoi « officiellement » ils avaient été rassemblés par le roi ; mais indispensables, puisque ce petit chef-d’œuvre de parler pour ne rien dire met en boîte les nationalistes flamingants qui, d’ultimatum repoussé, en dernier ultimatum avant la rupture, sont en en train de dépasser le mur du son de la connerie.
Les médiateurs ont bel et bien accouché d’une souris. Mais c’est une souris blanche qui tourne dans son tonneau à la grande joie des enfants et des Francophones, alors que les Flamands s’en étranglent à force qu’on veuille la leur faire avaler !
Voilà le bel échafaudage séparatiste de la N-VA un moment accroché à la façade du CD&V qui ne sert plus à rien, sauf si Bart De Wever monte par les échelles et menace Marianne Thyssen, présidente des démocrates chrétiens flamands, de se jeter dans le vide.
Chiche ?
Que voilà de la fine diplomatie à la Talleyrand !...
Les lois de l’inertie au secours de l’Etat.
Sauf, si l’opinion flamande lassée de ses mandataires et de l’Etat belge ne sombre dans l’obsession du Vlaams Belang, à savoir la création séance tenante d’un Etat flamand, une nation nouvelle endogame, dont le désir tourne à l’idée fixe
On le saura l’année prochaine, ou même avant – s’il y a un pilote dans l’avion au Parlement flamand.
Sinon, aux élections de 2009, il s’agira de trouver un truc pour monter un autre vaudeville.
En attendant le dialogue communautaire grâce ou à cause de nos trois héros est remis à la saint Glinglin.
Le cartel flamand, parti du Premier ministre, n’a rien compris. Il énumère toujours ses sept exigences préalables. le Trio s’en tape. Les sept exigences deviendront au train actuel, les sept plaies d’Egypte fin d’année. En attendant, ce serait plutôt Blanche-neige (la Nation flamande) et les sept nains : les joyeux lurons du CD&V-N-VA attendant l’hypostase de Leterme.
Les Hommes du roi ne sont d’accord que sur le point 5 : Le dialogue démarre sur un agenda ouvert. Pour l’agenda ouvert, le Trio est de première force. Ils l’ont ouvert devant le peuple. Ils sont disponibles. Il suffit de proposer des dates. Comme tout le monde propose la sienne, une Commission pour comparer les agendas sera nécessaire. On voit la difficulté. C’est Albert qui se marre… quant à démarrer…
Et puis, les JO de Pékin vont capter l’attention. C’est déjà parti avec les méchants Chinois qui ne veulent pas d’Internet et des journalistes occidentaux qui fourrent leur nez dans tout.
Avant l’ouverture, on en est aux regrets de s’être fourré dans un Pékin pollué de façon indicible.
C’est bon pour le moral des royalistes.
Vous pensez, les embarras d’agenda, à côté de la censure d’Internet par la Chine!
Et si un journaliste trop curieux ramassait un bon coup de matraque sur la tronche ?
Et si nous avions une médaille ou l’autre, à cause d’un « grand pays » qui doperait ses athlètes, par exemple ?
Et si ma tante en avait…
Cela en ferait des colonnes et des colonnes entre les sept péchés capitaux et nous !
C'est le premier acquis souligné par les trois « sages » : tous les interlocuteurs sont prêts à s'asseoir à la table pour faire aboutir une réforme de l'Etat approfondie. Reste à trouver la forme de la table ?
Et franchement, peut-on faire autrement que le Trio d’enfer ?
A-t-on jamais vu négocier quand une partie n’a rien à négocier et que l’autre à un cahier de revendications rempli et qui exige de n’en oublier aucune ?
C’est à peu près comme dans le wagon fatal où furent négociés les deux armistices, celui de 18 et celui de 40. Une partie n’avait qu’à signer sans lire le protocole. Le coup suivant, c’était l’autre…
En plein solipsisme, les négociateurs noueront des contacts discrets au mois d’août. Ils cherchent un quatrième pour la partie de carte.
Depuis qu’il a été désigné par le roi, François-Xavier de Donnea renaît à la vie. Il s’éteignait, cet homme-là. Le voilà adoubé et apte à passer dans l’Histoire. Il rêve d’une refonte des manuels. Avant et après le passage de François-Xavier sur les traces de la Belgique éternelle.
A quand le mariage avec madame Houard à Sainte Gudule ?
Quant aux deux autres, ils finiront barons. A moins que cela ne soit déjà fait ?
Commentaires
Saisissant, c'est exactement le terme qui convient. D'ailleurs rien que leur portrait est révélateur. Et voilà que nous sommes des immigrants en Flandre.
Quand je pense que j'habitais un village qui appartenait au Limbourg, que mon père, garde-champêtre, allait se faire faire son costume à Hasselt sans
parler le flamand et que tout était très bien, cela laisse rêveur. Dorebul
Postée le: dorebul | août 2, 2008 08:13 AM