Septembre à moins 15.
Cette année, tout le monde aura traîné les pieds en appréhendant la rentrée.
Bien que l’on parle encore des bouchons sur les routes et que les voitures qui s’arrêtent sur les aires de repos soient visiblement en transit de pays où il pleut moins, il y a comme une atmosphère de résignation qui y règne.
Les personnels politiques sont inquiets.
Les recommandations du trio royal sur les réformes de l’Etat ne donneront pas pour autant la direction de la sortie du tunnel.
On ne voit pas comment Leterme et son gouvernement pourront s’en sortir.
Les gens se font à l’idée d’un désastre. Les journaux qui n’augurent rien de bon des intentions de Leterme se rabattent sur les jeux de Pékin et la guéguerre en Géorgie.
Le grand public semble être tenu à l’écart.
Parfois un sondage rappelle que l’érosion du fédéral fait se replier les Communautés sur elles-mêmes, donc sur l’éventualité d’une séparation.
On en parle plus qu’avant à mots de moins en moins couverts.
L’interaction entre ceux qui dirigent et ceux qui sont dirigés est pratiquement nulle.
C’est que toute la politique tend à traiter les hommes comme des sujets et non comme des citoyens.
Même l’intention de laisser la bride sur le cou indique suffisamment que s’il y a une relation entre le cheval et le cavalier, c’est toujours le cavalier qui dispose de la volonté de l’autre.
Offrir quelques parts de pouvoir finit quand même par imposer des « avantages » dont il n’est pas impossible qu’ils se transforment en inconvénient.
Les Francophones de la périphérie commencent à en mesurer les limites avant de subir les aspects restrictifs d’une liberté dorénavant mesurée.
Lorsqu’une Nation spécialise certaines de ses élites à sa direction, c’est à chaque montée des compétences, un peu de la démocratie qui disparaît dans ses constructions.
L’esprit adapté à s’occuper des hommes ne peut que les réduire à des êtres de figuration dans ses spéculations. Il n’en retiendra que les propriétés nécessaires afin de poursuivre ses programmes. Ils y seront les acteurs lisant un texte sous l’ordre d’un metteur en scène.
On oriente ainsi l’acteur à jouer une pièce dans laquelle il n’est maître que de son jeu.
Les Lois contre les « abus » chômage, tabac, armes, racisme, sont des indications précises du metteur en scène de la vie courante où l’acteur ne peut donner un avis ; même si, au départ, elles lui ont été présentées de telle sorte qu’il y était favorable.
La difficulté de faire une société humaine pour que l’ensemble de celle-ci se reconnaisse maîtresse de son destin, résulte bien de l’impossibilité d’associer le peuple au pouvoir.
J’ignore la part de l’artiste dans les prestations des Reynders, Di Rupo, Javaux et autre Milquet, il faut convenir qu’elle est identique à celui qui expose ses œuvres à l’attention du public.
L’artiste prépare les visiteurs aux « audaces » de son savoir faire. Et comment pourrait-il éviter qu’il ne travaille en amont le « matériel » humain qui se presse à son exposition ?
Les penchants du populaire doivent être épurés des scories des regrets et des « c’est mieux ailleurs ». Il convient que la spontanéité soit séduite par l’artiste à l’aide de formules capables d’être comprises par tous et qui répondent aux éventuelles objections.
Les sentiments du public « éduqué » doivent se transformer en ajouts pour les « maîtres » qui deviennent les maîtres de la mode, du savoir vivre et finalement du savoir être.
Jusqu’à aujourd’hui, il convenait de penser que les exigences flamandes étaient excessives et qu’à celles-là nous opposerions les nôtres, afin de les contrebattre et d’assurer les Flamands que nous avions aussi des demandes et que nous y tenions.
Le maestro de Mons en avait établi une liste qui semblait avoir le consensus des autres ténors.
Nous verrons bien la force du vent et d’où il soufflera à la rentrée.
Dans quelque direction que l’on aille, l’esprit politique s’opposera aux citoyens, auxquels il conteste le droit de chacun à la liberté.
Jusqu’où ira-t-il ?
Parfois certaines démocraties glissent à pas lents sans que l’on ne s’en aperçoive, vers une forme de dictature.
La reprise des pourparlers communautaires en septembre poussée par l’état d’urgence pourrait nous révéler bientôt un visage de la démocratie que les gens revenus de vacances ou des hallucinations cathodiques des diffusions olympiques ne connaissent pas.
Et ce ne serait pas une heureuse surprise.