T’es branché, Coco ?
Mais que voilà l’idée bonne !
Avant, on avait le système pileux absolument obscène, la lèvre dure sans collagène, la carrure trop balaise, l’œil peu velouté. Les mâles n’auront plus l’air de descendre d’une locomotive à charbon quand ils se rendront en ville, grâce aux soins du corps. Il leur manquait un accessoire dans leurs petites menottes manucurées. Le miracle s’accomplit, mes loulous…
Catherine Loiret, à la recherche permanente des "must have", lance les "it-bags" pour hommes d’affaires, et du monde.
C’était affligeant de voir sur le front de mer les touristes à la quinzaine serrant frileusement leur pognon dans de petites mallettes à courroie autour du cou.
Sur la gidouille retenu par un large ceinturon noir, c’était pire.
Fini d’arborer la sacoche pour homme, compromis entre un étui à révolver et un porte-carte-scout. L’ « it-bags » aura la même fonction, mais avec un « design » qui fera du vacancier un homme sexy.
Ah ! on va se l’arracher
On voit déjà au Parlement nos députés branchés comparer leur « it-bags » aux sacoches Hermès des dames.
Pas un défilé sans que les précieux accessoires ne soient, eux aussi, sur le podium, volant parfois la vedette aux vêtements.
Le phénomène, jusqu'à présent réservé à la clientèle féminine, s'étend désormais aux deux sexes.
Comme tout accessoire en peau, celui-ci va valoir celle des fesses.
On est ravi pour choupette. L’accessoire, un peu de Botox pour les faux plis de la tronche et voilà l’homme moderne bien loin de l’affreux sagouin cavernicole qu’il était à moins de cent mille ans.
L’ennui pour Catherine Loiret, ça fait bien un siècle que l’ouvrier part au turbin avec son frichti et le thermos, le tout dans un sac – cuir ou toile – que certains portent en bandoulière. Les mannequins propagateurs d’idées nouvelles auraient-ils été supplantés par l’engeance laborieuse voilà plus d’un siècle ?
L’it-bags ne serait pas l’innovante occasion des Steevie à talonnettes et tête à claque de s’aller montrer dans les endroits branchés, la nouveauté à l’aisselle !
Mais quelle est donc cette horreur !
Quand on expose à Dubaï, on ne sort pas du bateau-lavoir. Il faudra bien que miss Loiret se renseigne. Le balluchon est la marque des transhumances antiques. Evidemment si les Grecs de Périclès n’ont pas fait breveter !...
Après tout, cette ancienneté du laborieux sur l’objet n’est pas très gênant, puisque les mondes du dessus et du dessous vivent en parallèle sans jamais se rencontrer.
A part aux myrtilles, le destin des hommes est asymptote.
-T’as vu, Mimile, Jean-François m’a frôlé !...
Vous les voyez pas se fendre de 295 euros, alors que le faux-cuir n’en vaut pas dix !
Catherine, faubourg Saint-Honoré, fait comme si… Il y a préemption.
Sobre, costaud et tout terrain, le free size est l’auxiliaire parfait du shopping pour les magasins spécialisés de l’homme moderne. Les sacs en papier de soie, avec les grands noms du luxe bien en vue, avaient la propriété – à part d’être peu pratiques - d’épater le plouc, mais aussi de tisonner ses sarcasmes. Surtout si l’esthète embarrassé de ses sachets de frivolités sortait d’un salon de coiffure, la talonnette dorée claquant sur l’asphalte et cet air déjà vu de vieilles gonzesses qui paierait un Brésilien du bois pour se faire une pipe, s’il n’avait rendez-vous place des Vosges chez Jack Lang, pour s’enthousiasmer des propos de Comte-Sponville sur la tolérance.
Et puis l’autre, l’arsouille à la gamelle, son infâme balluchon n’est pas à confondre ! Il n’a pas la hauteur qui se règle par des boutons de manchette. Où mettrait-il le journal du jour, l’enfoiré, s’il lui arrivait parfois de lire ? Tandis que Michou le glisse dans le bas du sac dans une encoche prévue à cet effet ! Enfin, le balourd n’a jamais un départ en week-end improvisé. Par contre Jean-Lou est souvent entre deux TGV. Pas de problème, puisque le sac peut s'agrandir et se transformer en 48 heures.
Catherine Loiret le confirme : "C'est ça, pour moi, le vrai luxe. Ne pas avoir à nous adapter à nos accessoires, mais les faire plier à nos exigences."
D’ici à ce que la bêche et le marteau se plient aux exigences de l’ouvrier agricole, il faudrait pour cela que Catherine se lève de bonne heure afin de gagner les champs pour une inspiration champêtre d’une nouvelle marque déposée.
Commentaires
Quel beau sac, Richard3. Mon accessoire se plie à mes exigences mais il est tellement lourd que même Lou ne veut pas le porter. Pourtant, ça lui irait bien, un beau grand sac besace Mandfield soldé à Maestricht en vrai cuir pour mon anniversaire ce 21 juillet. Mes exigences me perdront. Bravo pour ton "Etude" Dorebul
Postée le: dorebul | août 4, 2008 10:34 AM