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30 septembre 2008

Deprez fête ses dix ans !

Une information qui est passée tout à fait inaperçue, c’est celle dont le MCC a fait part aux journaux.
Enfin une information qui est passée inaperçue parce qu’elle le méritait !
Mais d’abord, qu’est-ce que le MCC ?
On ne sait pas.
Cela aurait pu être le sigle d’un mouvement terroriste ou celui des cocus contents, ou encore les deux, un leader cocu d’un mouvement terroriste !
Renseignement pris, c’est un mouvement d’un citoyen de changement. Il s’agit de Gérard Deprez qui a négocié voilà dix ans au MR ses 25 ou 30 électeurs fidèles contre un siège au parlement européen !
Et ça a marché !
Comme quoi le MR, ne fait pas que des mauvaises affaires avec Fortis !
Il est vrai que dans MR, il y a aussi Mouvement. C’est fou comme les partis immobiles aiment le « mouvement » ! L’immobilité les aura rapprochés et depuis ils ne se quittent plus, forcément puisqu’ils sont tombés dans le mouvement immobile du centre et que depuis, on est sans nouvelle.
Jusqu’à hier, c’était ainsi. Mais l’information nous est parvenue : le président du MCC, Gérard Deprez, était dimanche à Wavre. Donc il se meut !...
Quand je vais à Wavre, je n’en fais pas un communiqué. Lui bien. C’est comme ça. Heureusement qu’il n’y va pas souvent. Il finirait par lasser.
Mais qu’est-ce qu’il fichait à Wavre ?
C’est une ville paisible, mais quand même. Un théâtre, un cinéma, trois cafés, Wavre est un peu Huy, sans Anne-Marie Lizin..
La maman du petit Gérard, Nathalie, avait loué une salle pour fêter son dixième anniversaire !
On le voyait plus vieux sur les photos. Finalement, c’est elle qui a beaucoup vieilli.
L’usure de la politique, c’est quelque chose. On se députe à Bruxelles, on passe par Wavre et tout de suite on prend dix ans qui en paraissent vingt !

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Mais le gamin, président des MCC, n’allait pas passer à Wavre sans laisser un communiquer.
Aussitôt, Gérard envoie un SMS à l’agence Belga « Je ne suis pas venu à Wavre pour ne rien réaliser, mais pour un compromis des Belges » !
Rien de moins, Gérard veut compromettre les Belges à Wavre !
C’est décidé : « Les modérés de Wavre doivent donner le ton ». Lequel ? Mais celui qui fait bouger les choses. Et aussitôt prenant son Fabert n° 10 devant Nathalie en joie, voilà Gérard qui dessine un nouveau paysage institutionnel pour la Belgique sur le papier qui sert de nappe dans l’arrière-salle du restaurant où il fête son anniversaire !
C’est mignon tout plein. On y voit l’église Saint-Jean Baptiste avec des Flamands et des Wallons qui montent gaiement les marches de l’entrée. Ils reviennent de la Saltarelle chanter dans le chœur à l’hyper centre. Ils s’embrassent, parlent en volapuk au Maca tandis que Gérard en chanoine s’avance majestueux habillé des vieux rideaux de Nathalie.
En chaire de vérité, Gérard rappelle qu’il est ministre d’Etat et en tant que tel, il signale que son ami Maingain n’est pas à l’ordre du jour et que s’il y en a un qui doit dire des conneries, c’est lui, Deprez… Il veillera à ce qu’il n’y en ait personne d’autre !
Tout ça sur la nappe de papier du restaurant !
La feuille est aussitôt classée par les monuments et les sites, puis transmise à l’Agence Belga, au titre de la défense du patrimoine.
Les agapes ne sont pas finies. Le gamin monte sur une chaise afin de parler aux invités, tandis que Nathalie évoque avec sa voisine les années difficiles, quand Gérard s’était épris d’une avocate intrigante à qui il avait pourtant accordé sa confiance et qui à la dernière minute, les bagages à la main, refusa de prendre le train du MR.
Déçu, mais fier, Gérard n’est pas là pour revenir sur son ancienne relation. C’est l’homme de l’avenir wavrien.
Lui-même est un homme d’avenir. Ce n’est pas le restaurateur de Wavre qui s’en plaindrait.
Centriste, mais néanmoins moderne, Gérard n’a plus qu’une ambition, c’est de figurer en ordre utile sur la liste européenne pour les élections du mois de juin.
Cette liste-là, il y tient. Il a mis toute son amitié pour Reynders dans la balance. C’est l’Europe ou il fait son parti tout seul… On ne joue pas avec l’avenir de Gérard, même à Wavre !...
Avant de reprendre le train pour Bruxelles, Gérard a encore quelques mots pour arrêter "le capitalisme sans frein, sans morale", des fois que ça irait trop loin et qu’on lui bousille ses indemnités de député européen.
On voit pourquoi, personne n’a parlé du rendez-vous du petit Gérard. De tous les gars de l’hyper centre, il est celui qui a le moins à dire. Est-ce une raison pour fermer sa gueule !...
On se demande pourquoi l’ami Tounet n’était pas à Wavre ! Voilà bien de la désinvolture de la part d’une presse qui a le destin d’un grand homme entre les mains...

29 septembre 2008

Reynders et quelques autres… fortiches !

La voilà qui se rapproche de l’Europe, la mégacrise américaine !
Le dernier discours de Sarkozy, roulant des mécaniques, rassure mal le public. Le trouble que cette crise suscite ne semble pas pouvoir prendre fin facilement. La stagnation de l’économie ne suffisait pas. Il faut faire à présent avec les faillites en cascade aux Etats-Unis.
La crise du crédit accélère la restructuration du système bancaire britannique.
L’Allemagne voit sa croissance stoppée et la France accroît ses déficits, tandis que l’inflation fauche les intérêts des petits épargnants.
FORTIS en Belgique a déjà ruiné quelques milliers de ses actionnaires par la chute du titre. Ceux qui ont les reins solides dans la tourmente, comme la banque Morgan aux USA, vont réaliser de bonnes affaires, tout comme l’organisme financier qui pourra avaler FORTIS à très peu de frais. A moins que les libéraux au pouvoir ne nationalisent la banque ? Reynders plus socialiste que Di Rupo, avec cette nationalisation en perspective, c’est un comble ! Que la Belgique s’apprête à verser l’argent des contribuables dans ce sauvetage, c’est en petit ce que Bush fait en grand.
On n’en est plus à critiquer le caractère dictatorial du plan de sauvetage américain d’Henry Paulson. Il devient urgent qu’il y en ait un, même s’il est immoral d’accorder de l’argent des fonds publics à des gens malhonnêtes qui mettent tout le monde en péril.
Mais, la plupart des citoyens qui n’ont pas de réserves et qui sont inquiets pour leur travail ne sont pas rassurés.

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Heureusement qu’en Belgique, la crise institutionnelle est reportée aux élections de l’année prochaine, d’ici-là, Leterme sera testé sur sa capacité de résistance à l’économie malade afin de préserver le maximum dans les domaines du social, des pensions et de l’emploi.
On n’entend plus guère les socialistes exiger d’ici octobre les améliorations du niveau de vie des petites gens, sinon dans des fourchettes qui en rabattent beaucoup, crise oblige…
Ce ne sera que dans un an ou deux que l’on pourra faire un bilan plus ou moins approximatif sur des mesures de sauvetage qui n’entrent dans aucune des conditions d’un capitalisme classique.
La tendance est de dire qu’il se passe quelque chose qui va tuer l’image que l’on s’en faisait.
Le dépôt des motions pour le futur Congrès du PS français n’en témoignent pas vraiment. De Martine Aubry à Bertrand Delanoë et Ségolène Royal, c’est le brouet dans lequel tous les PS d’Europe touillent pour faire leur soupe. Bien entendu, ces contributions avaient été écrites pour beaucoup avant l’aggravation de la crise.
C’est bien là le drame d’une formation qui compte encore des millions d’électeurs partout en Europe et qui ne parvient pas à se dissocier du système libéral, tout au moins dans sa volonté de réformes.
La semaine qui s’annonce va être déterminante pour le sauvetage des banques US. Le Plan Paulson amendé doit pouvoir être mis en application, c’est ce que demande les candidats à la Maison Blanche qui semblent bien aussi fragiles devant la crise que Bush en instance de départ. C’est le moment qu’ont choisi les partis flamands CD&V et NV-A pour se séparer.
Le belgicain francophone de base respire. A ce point de vue, la crise financière mondiale tombe à point nommé. Les déclarations de Bart De Wever passent quasiment inaperçues. Mais, qu’on ne se méprennent pas sur leur effet dans l’opinion flamande, si l’on veut aussi prendre avec sérieux la motion des jeunes CD&V pour que le parti se retire du gouvernement. Les vieux, tendance Eyskens n’ont pas cédé et ont triomphé avec plus de 70 % des voix ; mais, tout dépendra des élections de 2009.
Si les statistiques donnent toujours le CD&V perdant après le vote de l’année prochaine, cela signifiera qu’une majorité séparatiste en Flandre est en train tout doucement de voir le jour, tant il n’est pas dans les intentions des électeurs flamands de reporter sur le parti libéral, le vote sanction qu’ils feraient.
2008, année noire ? Et si 2009 était pire encore ? Qu’ils soient économistes ou spécialistes en droits constitutionnels, aucun des éminents en relation avec les télés et les radios belges ne se risque à des pronostics. Les arguments qui servent à endormir l’opinion publique, sont plus que jamais de mise.
Reste que le système économique mondial est dans de sales draps. En Europe, c’est la première fois depuis le plan Marshall, pas celui du guignolo de la Région wallonne, mais le vrai de la juste après guerre, qu’une nouvelle catégorie de pauvres voit le jour, celle de salariés qui ne peuvent plus s’acheter le strict nécessaire avec leurs salaires ! Il est vrai qu’avec les intérims, les temps partiels et les salaires planchers, on se demande à quoi ça sert encore d’aller travailler quand il est devenu impossible de nourrir correctement sa famille.

28 septembre 2008

Sören le polisson…

Sören Kierkegaard est ce que l’on peut qualifier d’entre les philosophes celui qui aura été le plus ambigu de tout le XIXme siècle. Selon un langage plus familier, on pourrait compléter « ambigu » par "un drôle de coco".
Voilà bien une licence qui ne cadre pas avec le caractère austère que l’on accorde d’habitude aux écrits philosophiques.
Sa vie est d’abord un défi au bon sens. On ne rompt pas avec une jeune fille pour s’éterniser dans le malheur de n’en avoir point voulu. On comprend que l’éducation de Michael, le père, n’ait pas été en mesure d’équilibrer le fils et qu’il était presque certain que par réaction Sören allait fréquenter les brasseries à l’âge d’homme.
Tour à tour mystique et libertin, un psychologue se poserait aujourd’hui la question de savoir si tout cela n’est pas délibérément fomenté par un écrivain qui n’a jamais écrit que sur lui-même. Alors, ce serait une sorte d’excitation à l’écriture qui le ferait toucher à tour de rôle aux extrêmes, à seule fin d’y trouver la matière de ses écrits.
L’un des pères du surréalisme rejoindrait ainsi quelque part la paranoïa d’un Sartre dans sa relation avec lui-même par le truchement de… Gustave Flaubert, dans « L’Idiot de la Famille » une somme de trois volumes qui comme Flaubert à propos de « Bouvard et Pécuchet » attendra à jamais le mot fin.
C’est par son rapport avec les femmes que Kierkegaard paraît le plus inquiétant.
Dans ce que le philosophe appelle son stade esthétique, « Le journal du « séducteur » est un des plus représentatifs.
C’est une autobiographie.
Johannes qui est censé être l’auteur, Victor Eremita et Constantin Constantius cachent à peine Sören, qui a publié « Ou Bien… Ou Bien » sous le pseudonyme de Victor Eremita et « La Répétition » sous celui de Constantin Constantius.
Fourniret, de sinistre mémoire, s’est peut-être inspiré du Journal. Pour Johannes-Sören, toute jeune fille qu’il croise sur sa route est la source d’une excitation particulière.

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A chaque rencontre, Johannes se montre empressé, beau parleur, fin psychologue.
Si Johannes est galant, la galanterie ne coûte rien. La séduction n’a donc pas de limite et la crainte de Don Juan n’est pas de manquer de femmes, mais de ne plus les désirer. Cependant, une certaine catégorie d’entre elles intéresse particulièrement Johannes-Sören : les très jeunes filles. Elles possèdent en elles l’innocence que le philosophe recherche, la virginité ou, selon lui, « la pruderie absolue ». Il n’accorde aucune attention aux femmes faites, parce qu’elles savent ! Il s’agit donc pour lui d’amener une jeune fille pure et sans tache jusqu’à une émotion sexuelle qui la conduit à cet instant unique que notre séducteur attend patiemment et où elle se donne tout entière. Après, déflorée, elle ne représente plus aucun intérêt !
Le voilà bien, ce philosophe danois, auteur de galipettes.
De là pour un esprit tordu et malade de forcer le destin en tentant d’abuser ses victimes en usant de violence, il n’y a qu’un pas.
Sören ne le franchit pas, heureusement pour la philosophie !
A sa naissance, le marquis de Sade était interné à Charenton, et il n’avait plus qu’un an à vivre.
Mais en s’étendant sur l’absolu désir, dont le caractère fort empêche de le passer au compte des profits et pertes, comme si de rien n’était, Sören a sans doute aiguillé vers le crime l’espèce la plus dangereuse des philosophes, celle qui met l’abstraction philosophique en pratique.
Johannes qui rencontre Cornélia dans la fraîche candeur de ses dix-sept ans serait passible aujourd’hui de la Correctionnelle pour « le mal » qu’il lui a fait.
Le reste aiguise l’appétit du libertin : la petite est bien gardée… sa candeur n’en sera que plus intacte.
Johannes mis en appétit tissera autour de cette proie juvénile les mailles d’un filet qui finiront par étouffer la proie, selon les cénobites ou la hisser au sommet à la fois du bonheur et du malheur, selon le vicomte de Valmont (1)..
Le texte est joliment troussé aussi…
Ils auront beau dire par la suite, nos habiles moralistes, qu’il faut bien dépeindre le vice afin de n’en pas être dupe, que, à force de détails… nous risquons d’y tomber aussi, tant le trouble passager que nous ressentons est inversement proportionnel à l’effet qu’il aurait dû avoir dans l’autre sens.
Sauf que pour l’honnête homme, cela ne reste qu’abstractions.
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1. « Les Liaisons dangereuses » est un roman épistolaire écrit par Pierre Choderlos de Laclos en 1782. Cette œuvre majeure du XVIIIe siècle narre la correspondance perverse de deux membres de la noblesse française du siècle des Lumières, genre de littérature que Sören Kierkegaard a probablement lu et dont il était friand.

27 septembre 2008

Contribution à une Europe heureuse..

C’est une erreur de vouloir à toute force contrarier les individus dans leurs plus extravagantes dispositions d’esprit.
Pourquoi réduire au rôle de forcenés ou pire d’extrémistes abominés, les intégristes qui ont envie de se faire exploser ?
Il existe suffisamment d’îles désertes, de déserts sablonneux pour qu’ils puissent exercer leurs activités en toute sécurité pour les autres !
On les y parachute avec armes et bagages, des vivres pour suffisamment longtemps des fois qu’ils changeraient d’avis, en n’oubliant pas de les munir de fusées éclairantes, si leur idée fixe les abandonnait.
Là, à l’aise sous des cocotiers qui n’ont jamais vu jusqu’où peut aller la folie des hommes, ils pourraient sans crainte d’être surpris, laisser libre cours à leur manie d’éparpillement des corps, puisque ce serait exclusivement les leurs.
A l’aise, ils lacéreraient les drapeaux des divers pays dont ils ne supportent plus la vue, piétineraient en effigie tous les chefs d’Etat qu’ils exècrent. Certains pourraient, en guise d’expiation, s’affubler du turban truffé de bombes à l’effigie de l’humoriste danois qui y voyait en-dessous la figure emblématique de Mahomet.
Sans doute, certains parmi les plus déterminés, exigeraient des décors de marché public, des ambassades ou des hôtels cinq étoiles. Hollywood viendrait à la rescousse afin de munir le projet des vieux décors des studios.
Et si cela n’était pas suffisant à la folie sanguinaire, on pourrait faire appel sur Internet à tous les détraqués du revolver et qui déclarent sur la Toile avoir l’intention de dévaster leur ancienne école et traquer leurs condisciples, pour qu’ils passent à l’acte – à leurs seuls risques et périls – dans cette île expérimentale.
Ils y pourraient faire les carnages qu’ils souhaitent, à moins qu’ils ne soient emportés avant par l’explosion d’une bombe d’un fou d’Allah.
On pourrait étendre cette idée à d’autres activistes moins gravement atteints.
Pourquoi pas une île pour les névroses relevant des suspects de racisme et d’antisémitisme ?
On y serait moins exposé que dans la précédente, certes, mais chaque habitant serait passé au crible et dépouillé par un lavage de cerveau de toute atteinte, injure ou geste tendant à discriminer tout individu. On n’y pourrait plus s’exprimer sans passer devant une Commission chargée de déterminer si en décomposant un mot dit de travers, il n’y aurait pas une injure à caractère raciste dissimulée entre deux syllabes. Les cyclistes n’y pourraient plus parler de la pédale. Les potiers, de four. Les écrivains publics n’y pourraient être taxés de « nègres » sans encourir les foudres de ladite Commission.
Evidemment, l’étoile Jaune Arcturus, dans la Constellation du Bouvier serait effacée à jamais des cartes du ciel.

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Bien entendu les aveugles seraient des non-voyants et les sourds des malentendants. Chaque fumeur se devrait de faire une confession complète publique de son crime, après être redescendu du sommet d’un cocotier, seul espace permis pour ce genre d’activité.
Mais, par contre, les couples ayant fait l’amour se verrait offrir une assistance gratuite de psychologues spécialisés dans le traumatisme post coïtal. Enfin des accompagnateurs conseils aideraient les personnes se rendant dans des bureaux de vote fictifs, mais nécessaires afin de réapprendre la démocratie.
Tous les soirs, il y aurait un bal sans alcool, néanmoins avec un contrôle alcootest à la sortie, animé par des gendarmes à des fins éducatives. Les contraventions des conducteurs imprudents étant presque la seule ressource de l’île, il serait particulièrement grave de ne pas ralentir devant des panneaux de limitation de vitesse, ou de franchir des lignes blanches, malgré une circulation nulle, puisqu’il n’y aurait aucun véhicule à moteur. On apprendrait par cette manière à obéir à toutes les règles, même les plus absurdes.
Les soirs calmes, on viendrait sur la plage admirer les feux et les explosions des intégristes installés sur l’autre île, en espérant que la pyrotechnie d’Al-Qaida diversifiât ses colorations.
Ainsi, pour le grand bien-être de l’Europe, on serait débarrassés d’un seul coup des artificiers malencontreux et des imbéciles heureux.
Il ne resterait plus qu’à se défaire des banquiers, ce qui, devant la crise actuelle, ne paraît pas impossible.

26 septembre 2008

La charité aux banques US

Les voilà dans une merde rare, nos brillantissimes libéraux avec la crise sans précédent sur les bras !
Dans sa dernière allocution, le président Bush a l’air d’un banquier aux abois qui ne sait plus où se fourrer devant les créanciers.
Elle est belle l’Amérique pure et dure, celle qui ne transige pas avec la liberté de vivre à crédit en faisant payer les autres.
Afin de mouiller tout le monde, Dobeliou a invité McCain et Obama à la Maison Blanche pour la grande collecte de fonds qui doit être approuvée par le Congrès.
Ainsi, s’il y a unanimité, pendant la courte période au cours de laquelle on mettra entre parenthèse le libéralisme avancé, on oubliera d’autant plus vite la soviétisation nécessaire.
C’est beau, c’est grand, c’est généreux le flou que bush préconise ; mais, cela suffira-t-il ?
Ne vaudrait-il pas mieux déclencher un conflit majeur afin de galvaniser l’industrie mourante et relancer la banque asphyxiée par ses propres errances ?
Dans les deux cas, c’est le peuple qui trinque. Le premier cas de figure fait appel à la générosité du pauvre, dans le second, on lui demande son sang. C’est au choix.
Heureusement qu’on est à un mois des élections. Ça fait réfléchir Bush et les deux candidats, entre compères. Démocrates et Républicains sont ses complices potentiels. On verra peut-être ça chez nous entre socialistes et libéraux si la crise nous retombe dessus.
A part Paulson au Trésor, la Maison Blanche fait ses paquets, s’inquiète de la situation dans le privé pour un emploi.
Mais, le président sur le départ n’a pas pu s’empêcher de gloser sur son enthousiasme intact de la libre entreprise. Il en veut presque au peuple Américain qu’il va ponctionner !
Ses états d’âme de ranchers texan peuplent ses nuits sans sommeil. Il croit toujours « qu’on devrait laisser les entreprises qui prennent de mauvaises décisions s’éteindre. »
On peut remarquer la terminologie : « mauvaises » veut dire « maladroites » dans son esprit. Il ne lui viendrait nullement à l’esprit que « mauvaises » signifiât « malhonnêtes ». Encore moins, que la cause principale est le système lui-même, fondé sur l’instinct d’appropriation des biens d’autrui.
Evidemment Bush et ses conseillers n’ont pas cette sensibilité là.
Alors, puisque les Etats-Unis naviguent par gros temps dans des circonstances anormales, la soviétisation momentanée de l’économie est nécessaire.
Le collectif aura donc la première place, le temps de signer l’article de Loi proposée par le secrétaire au Trésor Henry Paulson. Mais les drapeaux seront en berne et les textes historiques expliquant aux petits écoliers américains les raisons de la guerre froide ne seront pas modifiés.
Reste que les économistes qui seront chargés d’expliquer ça en fonction de l’économie libérale, indépendamment du couplet de la patrie en danger, avec des trémolos dans la voix et sur la tête, le calot des anciens combattants de la Corée au Vietnam et bientôt de l’Irak à l’Afghanistan, vont passablement suer de grosses gouttes dans l’effort de convaincre.
En effet, comment peut-on justifier que les plus grosses banques recevront de l’oxygène et que les petites imploseront ?

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Or, ce sont les banquiers importants qui ont entraîné les petits dans la spirale diabolique. Ce sont eux les voyous de la finance qu’on ne cesse de dénoncer depuis le début de la crise, avec leurs salaires, les parachutes dorés et les notes de frais.
Et ils vont tout garder ! Emploi, honneur, salaire grâce aux subventions !
Vu sous cet angle, en effet, le système libéral est unique en son genre. Leonid Brejnev n’y avait pas pensé… Déjà que ce régime libéral avait repris à son compte l’idée des goulags avec celui ouvert à Guantanamo et qu’on a si difficile à fermer.
On comprend pourquoi Reynders perd des clients et son compère Di Rupo fait bouffe !
Bush s’empêtre dans les raisonnements du genre que d’autres catastrophes plus graves encore pourraient en cascade mettre par terre l’économie américaine.
Mais s’il dit préférer qu’entre deux maux, il faut choisir le moindre, en socialisant les pertes et en privatisant les bénéfices, il n’est ni dans un régime libéral, ni dans un régime socialiste. Il est tout simplement dans un régime arbitraire qui prend des décisions en fonction des événements et au profit des notables.

25 septembre 2008

Léonard Zélig II

-Monsieur Slip vous êtes cité parmi les vingt plus grosse fortunes au monde. Votre réussite est due à quoi ?
-C’est grâce à Féodorov Ropzov.
-C’est qui ce monsieur ?
-Un marchand de diplômes de Piter (1). Tout vient d’une de ses erreurs. Je lui avais acheté pour 100 roubles un diplôme de Harvard, et cet abruti avait compris Howard.
-Et en quoi cette confusion vous a-t-elle été favorable ?
-Cela m’a permis d’entrer chez Mortis bank. Sinon, avec Harvard, j’étais bon pour un gros machin et j’aurais dû attendre 20 ans pour devenir chef de service.
-Alors que là…
-Au cœur de la magouille tout de suite. C’est le vicomte Cro-Magnon qui le dit sur ses affiches : « il faut prendre tout avec humour ».
-Vous les avez séduits ?
-Les frères Mortis, sont pareils au Cro-Magnon de l’affiche. Si vous croyez qu’avec une gueule comme le vicomte, on peut faire de l’humour… Les Mortis ont l’avantage du nombre.
-Avant d’entrer plus avant dans votre réussite, pourquoi vous êtes-vous octroyé un diplôme de chirurgien-économiste ?
-Justement parce que cela n’existe pas et que j’avais le souvenir du salaud qui a opéré ma mère, qu’il a ratée du reste, et qui était entouré d’une petite cour d’étudiantes. Il fallait voir comme il recevait les gens, comment on s’aplatissait devant sa superbe. Je m’étais fabriqué une tronche de premier de la classe sur son modèle. Les frères Mortis ne sortaient plus de chez les avocats. Ils ont compris tout de suite que je pouvais en imposer à la meute.
-Et économiste ?
-Fallait bien qu’à Washington au Howard, j’aie appris les rudiments de la banque pour entrer chez Mortis.
-Comment êtes-vous devenu l’actionnaire principal ?
-Les Mortis voyageaient régulièrement sur les Caïmans. Ils partaient les valises pleines de biftons des clients qu’ils escroquaient. Ils étaient en cheville avec un tas de personnes – je ne vais pas donner des noms, puisque certains m’ont connu adjoint socialiste au maire de leur ville. Mon sang n’a fait qu’un tour. J’ai balancé une lettre anonyme aux autorités. J’ai eu du bol, celui qui a pris l’affaire n’était pas arrosé par les frères.
-On les a incarcérés ?
-Non. Ils ont réussi à rejoindre leur planque. Ils m’ont télégraphié des instructions des îles Caïman. Ils étaient tricards. Impossible de rentrer, les flics au train… Comme j’étais au gouvernail pour un bout de temps, au bout de six mois, la banque Mortis devenait la Slip-Mortis bank.
-Bank à cause de votre parcours américain ?
-Of course. J’ai été conseillé chez les Républicains.
-C’était parfaitement légal ?
-On ne peut plus limpide…
-Ce n’était qu’un début ?
-J’ai revendu pour me lancer dans la titrisation, les hypothèques foireuses, les intérêts à haut rendement. Toujours comme l’autre sur l’affiche, le vicomte Cro-Magnon, avec sourire et bonne humeur.
-Vous l'avez écrit dans votre livre "On n'attache pas son chien avec des saucissses"...
-Entre-temps Féodorov Ropzov mariait sa fille à un pétrolier ami de Poutine. J’étais invité à Piter, plein aux as, pas tant que le gendre. On a signé un contrat, j’ai pris un nom d’emprunt Viscount du Pont. J’ai quitté la titrisation. Une folle me poursuivait avec un révolver sous prétexte que son mari s’était suicidé à cause de moi… des drames inutiles…
-Et à présent ?
-Je traite d’Etat à Etat. Un magazine people fait courir le bruit que je suis le fils naturel de Benoît XVI quand il était artilleur dans la Wehrmacht. C’est classe. J’arrose bien quelques hauts personnages, mais je double mon patrimoine cette année. On va fêter ça avec Vladimir prochainement.
-Que pensez-vous de la crise ?
-Il y a encore moyen de s’en mettre de côté, ça devient plus difficile, les relations belges sont les plus coûteuses. Le vicomte à raison les cocus manquent d’humour. Voyez-vous qu’ils viennent à trop réglementer les marchés !

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-Vous seriez en difficulté ?
-Non. Pas du tout. Je peux travailler avec Chavez quand je veux. J’ai le billet d’avion…
-Mais la pauvreté, qu’en faites-vous ?
-Moi ? Je la déplore, comme tout le monde. Mais si nous n’avions pas des pauvres, où serait l’intérêt d’être riche ? Je vous le demande ?
-Vous ne redoutez pas un jour que cela se termine mal ?
-Tout est possible, quoique les clients sont convaincus que les banquiers sont des pourris mais que le système est propre. Or, s’ils sont pourris, c’est parce que le système l’est davantage. Et puis, mis sur la paille, je pourrais toujours faire chirurgien.
-Mais vous ne l’êtes pas !
-Vous croyez que celui qui a raté ma mère l’était ?
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1. Saint-Pétersbourg.

24 septembre 2008

Vous avez dit « capitalisme » ?

Le système libéral a touché le fond ce vendredi 19 septembre. Le Trésor américain n'a pas réussi à redonner la confiance aux investisseurs. Wall Street a reperdu l'intégralité des gains de vendredi, entraînant dans son naufrage les places financières d'Asie, de Hongkong et d'Europe.
Il est tout à fait clair que sur un plan philosophique on ne peut pas remettre le destin de tous les hommes dans les mains de quelques financiers habiles qui font et défont les fortunes. Croire que la liberté d’entreprendre poursuivra ses méfaits indéfiniment sans des règles mondiales est pure folie.
Bill Gates dans son garage a mis au point Microsoft qui a révolutionné le monde de la bureautique. Depuis, il a perfectionné son système et d’autres lui ont emboîté le pas avec diverses fortunes. Le progrès est sans fin. La recherche ne s’arrête pas. Parfois la nouveauté est excellente et apporte des facilités et des gains de temps, parfois elle est inutile, onéreuse, quand elle ne sert pas des intérêts obscurs et néfastes.
Le monde de la finance, c’est la même chose. Sauf qu’il s’agit d’argent et de fictions bancaires. Les imaginations se déchaînent dans le but d’accroître les profits. Tout est bon pour faire des rendements à deux chiffres. Si on laisse faire après le désastre des subprimes et même si la titrisation devient interdite, d’autres spéculateurs, d’autres spécialistes de l’économie trouveront le moyen de contourner les lois locales et internationales qui limitent les spéculations financières. Des astucieux mettront au point d’autres combines pour se jouer des réglementations existantes.
Il y a dans l’être humain une volonté de domination sur autrui qui débouche en cas de réussite sur un parasitisme presque certain. Le système capitaliste a vécu deux siècles sur les noirceurs de l’âme humaine, exploitant ce qu’il y a de plus mauvais en nous. C’est pour ça qu’il a résisté jusqu’à présent aux systèmes concurrents. Le dieu pognon a triomphé de tout.
Le spectacle du monde mis en coupe réglée est désolant.
Le dieu pognon a augmenté la misère, ravivé les dissensions, promu des guerres, inventé des exploitations plus pernicieuses les unes que les autres, détruit l’environnement, appauvri la planète, ce qui n’a pas empêché les famines, les génocides.
Elever la cupidité au rang de levier de croissance, c’est lui faire trop d’honneur.
Et pour cause, le dieu pognon ne dit pas la morale, il n’appelle qu’à la jouissance dans des bonheurs frelatés, artificiels. Il n’est pas vertueux !

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L’homme serait-il à court d’imagination au point d’être incapable de stopper la machine ?
Pourtant les ressorts du système capitaliste sont bien visibles. Ils se tendent et se déroulent devant nos yeux dans un seul cadre. Ils nous disent : « Tout le monde doit bosser pour vivre misérablement. Le seul moyen d’échapper à cette malédiction, c’est d’exploiter les autres. » Ceci posé, il convenait à la malignité du système de faire dire le contraire à ses hommes de main : les politiques, les petits patrons qui travaillent douze heures par jour, et tous les imbéciles qui n’ont pas deux sous devant eux pour vivre et qui haïssent tout ce qui pourrait de près comme de loin ressembler à du collectivisme. Cette noria d’hommes « épris de liberté », frémit au mot de libéralisme. Elle entraîne les gogos à bosser en usine sans moufter.
Mister Paulson, l’initiateur du plan de redressement américain qui consiste à racheter aux banques leurs actifs "toxiques", n’a pas convaincu vraiment le monde de la finance.
Loin de se demander qui va payer et comment ne pas spolier ceux qui financent cette opération, collective, les financiers s’inquiète du prix auquel seront rachetés leurs titres ? Quelles seront les banques bénéficiaires ? Et qu’adviendra-t-il de celles qui ne seront pas sauvées ? Enfin, qui opérera les choix ?
Le déficit à combler est estimé entre 1 500 milliards et 2 000 milliards de dollars, soit plus du double de l’estimation Paulson.
Enfin, cadeau des Etats-Unis à l’Europe, ce plan n'empêchera pas la récession chez nous.
Il est question d’une panne mondiale, une de ces crises qui, à côté, celle de 29 serait de la gnognotte ! Quoique nos économistes racontent des craques aux gens par crainte de l’affolement général.
Hewlett Packard annonce 20 000 suppressions d’emplois. Cette entreprise ouvre le bal des cocus. General Motors, un des plus beaux fleurons de l’industrie américaine, celui dont les camions et les chars ont contribué à la victoire de la deuxième guerre mondiale, ne va pas bien. Ses finances sont à la toile. Cerise sur le gâteau pour ce géant malade, la spéculation a repris sur le pétrole. Les ventes de voiture sont en chute libre aux USA.
On se demande ce qui arriverait aujourd’hui si l’URSS n’avait pas battu de l’aile au siècle dernier ? Dans la concurrence farouche des systèmes, aurait-elle évité d’attraper notre vérole ? Le libéralisme n’a plus de concurrents et nous ne le saurons jamais.
De la faute d’une gauche qui s’est rangée derrière les libéraux, personne n’a dans ses intentions de dénoncer le contrat malhonnête qui unit les gens qui travaillent à ceux qui les exploitent. Cette exploitation se fait de façon tellement subtile aujourd’hui, que les exploiteurs n’ont plus besoin d’être au cul des contremaîtres pour faire cracher le morceau aux pauvres bougres.
Ils se contentent de gérer le monde sur leurs ordinateurs, dans leurs hôtels particuliers !

23 septembre 2008

Un parti fusionnel ?

S’engager dans la voie de la suspicion n’est pas dénué parfois de remord à cause des outrances, des engagements excessifs, un penchant pour l’exagération et pire, les ressentiments que l’on maîtrise mal (c’est ça ou l’ulcère) dont le lecteur pourrait se plaindre. Parfois, un vieil ami signe Tounet en-dessous de ses griefs. Il condamne mon manque d’éthique, qu’il faut prendre ici comme un manque de sérieux. Il paraît que je prends un malin plaisir à confondre le métier de journaliste avec celui de marchand de quatre saisons ! Comme si j’avais du dédain pour les vendeurs de légumes !
Autant il est stupide d’adhérer par irréflexion à un parti, à la suite d’un entraînement naturel ou une tradition familiale, autant celui qui ne s’engage à rien laisse à d’autres le soin de le faire à sa place. Il a le sentiment qu’on l’incorpore d’office dans le parti du plus grand nombre qui fait l’essentiel des démocraties d’aujourd’hui.
Pour qu’un même dénominateur de rassemblement s’étende à tous dans ce parti du plus grand nombre, faut-il que ce soit en termes vagues que Monsieur Consensus ait rédigé son programme. Et pour cause, il faut que ce programme parti de rien arrive à peine à quelque chose. Quelque chose qui ne heurte pas l’un ou l’autre, dans une neutralité de couleur et d’expression. Les aspérités sont redoutées dans ce programme, comme dans la vie. Un univers plane sans surprise et sans brutalité, il semble correspondre à l’aspiration générale. Là, la ligne parallèle devient asymptote par l’effet de la géométrie nouvelle !
Comment se déterminer à un choix, si tous les partis se dépensent sans compter pour atteindre la perfection de la platitude ?
On a vite dit qu’il n’est plus possible de s’intéresser à la politique, que c’est une affaire de professionnels, généralement d’avocats. Quand on a quelques idées originales et que l’on n’aime pas du tout la gestion du pays de ceux qui sont au pouvoir, ne pas s’exprimer devient une sorte de démission : le renoncement à ce que l’on est.
J’entends bien que celui qui ne pense pas et qui n’est rien est parfaitement à sa place dans le parti du plus grand nombre.
A-t-on déjà posé la question aux membres de ce parti ?
Aucun n’y conviendrait. C’est qu’on vit par l’esprit dans un monde actif imaginaire parallèle au monde où il ne se passe rien. Si bien que l’on se satisfait de son état, puisque le corps est en repos et que c’est seulement par l’esprit que l’on se meut.
Alors, ne dites jamais qu’adhérer au parti dans lequel tout le monde adhère ne sert à rien. Personne ne vous croira. Au mieux vous passerez pour un sophiste. Au pire pour un sceptique invétéré.
On pourrait objecter que le parti du plus grand nombre n’existe pas, puisqu’il engloberait tous les partis et que c’est impossible. Certes, c’est un idéal que tous ont en commun, comme la démocratie. Est-ce que quelqu’un de raisonnable peut se croire en démocratie ? Pourtant, on fait comme si on y était.
C’est comme la perfection. Tout le monde y tend. Seul Alain Delon y est parvenu.
Peut-être bien, mais l’objectif est bien évidemment le même pour l’ensemble des partis. Aussi combattent-ils sous des bannières différentes dans l’espoir d’être le parti unique du plus grand nombre.


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Pour y arriver, ils essaient de gommer leurs différences. Des progrès ont été faits. C’est ainsi que déjà il est difficile de distinguer la gauche de la droite. Des mimétismes s’objectivent entre socialisme et libéralisme. Seuls les notions de haut et bas subsistent. Il est très difficile de confondre les situations sociales en une seule couche de ripolin. Si le Président de Fortis peut dormir sur ses deux oreilles parce qu’il est évident que le krach ne l’atteindra pas, on ne peut pas dire la même chose de l’épargnant qu’il aura séduit.
Les partis en sont conscients. A des degrés divers, ils essaient de convaincre ceux qui hésitent d’adhérer au parti du plus grand nombre en usant d’une persuasion basée sur la fatalité qui gouverne le monde. Ils minimisent les différences, surtout celles qui semblent inévitables.
A des gens qui adhèrent d’enthousiasme au parti du plus grand nombre, il est bon que par un jeu de miroir, tous aient une vision réductrice de ces différences.
Le Centre gauche s’y emploie en insistant sur le caractère social de son futur parti du plus grand nombre. Il l’explique par la comparaison des tailles humaines. Les petits auront droit à des talonnettes, les grands à des sandales. Le centre droit propose des tours de tailles identiques, les gros n’auront qu’une chemise sur le corps, les maigres auront des habits rembourrés.
Mais on voit bien que les démarches se ressemblent.
Comment se déterminer si c’est pour adhérer à un bonnet blanc, quand l’autre est un blanc bonnet ?
Je ne sais pas.
Dans cette alternative, un hésitant n’en est pas moins homme. Il poursuit ses réflexions, éventuellement ses sarcasmes, ses exagérations et peut-être exprimera-t-il comme par le passé ses appréhensions et son animosité de-ci, de-là ?
Je suis dans le cas.
Comme l’histoire semble se précipiter, voici venir le temps du choix.
Si vous avez une idée, c’est le moment...

22 septembre 2008

Special Purpose Company

On a de la peine à imaginer les événements financiers qui ont conduit au crack (1) boursier tant les avis autorisés, enfin ceux qui sont accessibles au grand public, vont dans le sens d’un avatar fortuit qui ne devrait plus se reproduire dû à la trop grande confiance des sociétés de prêts dans la capacité de remboursement des emprunteurs.
On avance parfois des termes bancaires comme la titrisation, mais baste ! pour ce que le grand public en retient.
Quelques cocus du système se lamentent, personne ne les plaint vraiment, surtout pas les banques qui ont joué avec la crédulité des petits porteurs pour des placements hasardeux à leur insu.
C’est ce qu’ont pensé les téléspectateurs en visionnant les émissions de télé de ce midi consacrées à la crise.
Comme d’habitude, les interlocuteurs sur le plateau n’étaient pas à la hauteur.
Par contre, on se réveillera bien un jour cafardeux à la suite de la stagnation qui pointe et le nombre accru de chômeurs. Les monte-en-l’air de la finance se seront fait la malle et nous serons accueillis par des jeunes cadres, universitaires et propres sur eux, qui parleront de la fatalité.
Cette unanime façon de voir la crise est suffisamment suspecte pour ne pas croire à un angélisme général, mais à une sorte d’accord tacite afin de taire le pire.
La faute constatée, le remède de cheval, à savoir l’intervention de la Banque fédérale américaine pour le rachat des canards boiteux, passe pour une action héroïque dont l’effet se fait déjà sentir.
Il est curieux que personne n’ait relevé le caractère insolite de ce remède dans le cadre d’une stricte observation des règles de la liberté des opérations financières en système capitaliste. C’est même cette faculté qu’on magnifie en économie pour expliquer les phénomènes de dynamisme et de volonté d’entreprendre, moyennant quelques règles.
Il n’y a guère, les USA faisaient la leçon aux avionneurs d’Air Bus Industrie au sujet des aides directes et indirectes que les Etats contributeurs à cette entreprise continuaient de lui octroyer. C’est à l’aide d’arguments similaires que les USA, après avoir accrédité AIR Bus pour un marché important de l’Armée de l’Air, avaient fini par céder aux arguments de Boeing.
Si les règles du marché ne sont pas respectées, il va de soi que nous sortons du libéralisme conventionnel et que nous débouchons sur un inédit qui modifie la donne.
A partir du moment où les gains financiers, les salaires des grands décideurs et l’administration interne des banques et des organismes de gestion des capitaux quittent la stricte observation des procédures de ce qui est le moteur de la compétitivité pour être en cas de pertes importantes secourus des contribuables, nous ne sommes plus dans un système capitaliste classique, mais dans quelque chose de nouveau qui n’a rien de libéral.
Comme le système socialiste est évidemment autre chose, il est permis de se demander si cette nouveauté ne va pas produire une troisième voie, autoritaire, qui consisterait à mettre les contribuables d’un Etat au service des banques dans certaines grandes occasions.
Cette troisième voie est active dans certains Etats non-démocratiques. Elle l’est à présent « dans la plus prestigieuse démocratie au monde.

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Le flou dans lequel nous allons baigner jusqu’à plus ample clarification est suffisamment inquiétant pour revenir sur la philosophie de l’Europe économique qui consiste à dénationaliser des entreprises comme les chemins de fer, la poste et les fournisseurs de gaz et d’électricité.
En effet, on ne voit plus au nom de quel principe, et surtout pas celui de l’efficacité, cette politique devrait être poursuivie.
Indépendamment de la crise, on sait ce qu’il en est de la concurrence en Europe « dénationalisée ».
Déjà ce concept ne tient pas la route en temps normal, qu’est-ce qu’il signifie encore après le mauvais exemple des Etats-Unis ?
Il va falloir que tôt ou tard les politiques qui s’étaient lavé les mains des responsabilités économiques, expliquent pourquoi les USA dépensent des milliards de dollars pour sauver ceux qui ont failli et nos gouvernements ont-ils l’intention de procéder en Europe de la même manière, au cas où ?
Et avant d’applaudir à toute initiative, il serait peut-être intéressant de tirer les leçons d’un système qui, que nous le voulions ou non, ne concerne plus seulement les banques et leurs clients, mais tous les citoyens dont la contribution est essentielle.
Tous les Américains sont devenus actionnaires sans le savoir !
Je regrette, pour ma part, que les débats en Belgique et notamment à la RTBF et à RTL n’aient pas clarifié le sujet, mais, au contraire, ont réussi à l’embrouiller.
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1. J’avais jusqu’alors hésité d’écrire le mot, préférant celui de crash qui rendait mieux compte d’un choc frontal entre les banques et l’insolvabilité des prêteurs. C’est Attali qui a eu raison de mes scrupules en employant « crack » pour désigner la situation actuelle.

21 septembre 2008

La grande parade.

La Belgique c’est un peu les subprimes de la politique.
Le roi n’est pas nu, il est à poil.
Au cirque les numéros de clowns se font souvent à trois : le clown blanc, l’auguste, et un comparse qui place les pétards, jette les seaux d’eau et se fait engueuler des deux autres.
C’est exactement le numéro des trois médiateurs : Donnea, Lambertz, Langendries, sauf qu’ils se sont fait assaisonner par tout le monde, à l’exception des journalistes respectueux comme les putes de J.-P. Sartre.
Mais qu’est-ce qu’on est drôle, avec nos trapézistes qui succèdent aux clowns !
Di Rupo en collant blanc et qui se balance avant le saut périlleux, tandis que Reynders sur l’autre trapèze s’apprête à le recevoir (à la place du gymnaste montois, je me méfierais) c’est franchement du déjà vu. Reste Milquet, en tutu rose, faux nichons et fesses en carton, c’est elle qui attend dans le filet de protection les deux saltimbanques.
On n’a même plus envie de commenter sérieusement l’événement.
Un seul désir : que la séance prenne fin et qu’on rembourse les gens, tant c’est mauvais, mal joué, sans âme et lourd comme dix Belges qui mangent des moules chez Léon.
A travers le collant plissé de Di Rupo, on voit son caleçon…
Mais, le plus mauvais de tous, celui qu’on attendait, puis qu’on n’attend plus, c‘est Leterme en personne. En monsieur Loyal, il est pitoyable.
La troupe espérait rehausser le spectacle de la participation de la N-VA quitte à ce que celle-ci récolte les sifflets du fiasco du Chinois qui fait tourner les assiettes au bout d’un bâton et qui finit par casser tout un service.
C’est loupé. La N-VA annonce qu'elle rejette le rapport des trois clowns et qu’elle ne participera pas au dialogue.
Le rideau restera baissé et les patriotes qui se réjouissaient n’ont plus qu’à ressortir les drapeaux assortis d’un crêpe noir. C’est un peu comme l’amant qui monte derrière la gueuze et qui a le sien en berne.
Franchement, si au lieu de discuter pour rien, on réfléchissait à une séparation propre et sans arrière pensée ?
Si enfin, on se rendait à l’évidence que les francophones n’ont plus rien à voir avec les pointus d’en face ?
N’est-ce pas plus raisonnable ?
Va-t-on longtemps encore animer des soirées d’un spectacle qui nous ridiculise dans toute l’Europe ?
Puisqu’au Fédéral, c’est archi fichu, laissons Bruxelles à l’Europe et rentrons chacun chez soi, afin de réfléchir à ce qui est « à toi et à moi » avec, en cas de litige, une commission européenne devant notaire, composée de n’importe qui, sauf des frères ennemis.
Et s’il n’y a plus que Di Rupo comme bouffon du roi, installons la dynastie à Mons et faisons de l’Aigle du Borinage le maire du palais.
Assez de drames programmés. Les pièces de Shakespeare se jouent au théâtre du Parc, et pas ailleurs.
La crise mondiale du fric est là, certains hésitent à parler de crash. Depuis que les Soviets se sont installés à la Maison Blanche, ça va mieux. Nous, on est à la crise de régime qui ne veut pas dire son nom, un crash d’un autre genre, avec douze mois de déficit consécutifs. Comme nous n’avons pas le culot des financiers, nous n’installerons pas les Soviets au Palais de Bruxelles. Mais sans solution radicale, on patauge. C’est pour nos incompréhensibles une nouvelle Bataille des éperons d’or. Les Flamands attendent qu’il pleuve des mots assassins pour nous massacrer, tandis que nous piétinons sur nos chevaux de traits ardennais à attendre un signal, celui de notre massacre ou celui du repli sur Maubeuge et Sedan.
Nos trapézistes de tout à l’heure font à présent un numéro équestre, dans les petits cirques, c’est comme ça, il faut occuper tous les emplois. Ça les arrange, puisqu’ils n’aiment pas partager... Ils hésitent entre imiter Zingaro ou le cavalier Lafleur du 3me lancier. Personne ne veut crier taïaut. Milquet en amazone a peur de montrer ses cuisses. La troupe, lasse d’attendre les chefs, s’en est allée faire paître ses bêtes à Libramont où les artistes du dimanche tentent de nous distraire de l’indicible, de leurs laborieuses oeuvrettes.
Ce qui manque, c’est un responsable. Un de ces bons boucs émissaires qui en prendrait plein la gueule face à l’opinion. Quelqu’un qui assumerait tout, qui dirait « c’est vrai, je suis un mauvais Belge. Je veux la fin de la Belgique. Faisons des élections anticipées et vive la République ! ». Personne pour le rôle, évidemment. C’est ce qui fait rire tellement Javaux un œil sur les statistiques.

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Sauf des élections pour le séparatisme, on ne voit pas ce qui changerait à la détermination flamande d’en finir avec BHV et la décortication jusqu’à l’arête du fédéralisme à la belge… du moment qu’ils nous supportent encore.
Secrètement, nos gagmen s’en trouveraient soulagés. A part les Bruxellois qui feraient la tête, les Wallons rentreraient chez eux comme s’il ne s’était rien passé. Les beaux discours de Di Rupo pour un socialisme moderne et un bel enthousiasme de Reynders pour un capitalisme renfloué, nos compères seraient débarrassés de Bruxelles et des couloirs de la honte. Michel et Didier auraient des mots avec Maingain. C’est tout.
Pas de quoi rendre la jeunesse à Antoinette !
Un qui a compris, c’est Leterme. Il est à l’étranger en représentation. De quoi ? Mais d’un machin qui porte encore le nom d’un générique « made in Belgium » pour vendre de la poudre aux yeux.
Poutine est loin d’être un con. La visite de Leterme le détend. Vladimir a trouvé un nouveau Popov !
Tout le monde demande des éclaircissements à tout le monde.
Leterme n’est pas là. C’est heureux. Il aurait demandé d’autres éclaircissements et c’est déjà assez difficile sans lui.
C’est madame Houard qui doit être dans ses petits souliers.
Elle remplit les canettes de fil de sa Singer pour avoir assez de coton pour coudre les derniers drapeaux. A tout hasard, elle s’inquiète des prix des bobines de bleu, blanc, rouge…

20 septembre 2008

Les Soviets aux USA !

Ah ! ce qu’on se marre…
On entend des éclats de rire qui sortent du sarcophage transparent de Lénine au Kremlin. On a retrouvé les hooligans de Brejnev. Ils campent à Washington sur la pelouse de la Maison Blanche !
Les Bourses européennes repartent à la hausse avec l’intervention massive des pouvoirs publics aux Etats-Unis dans les pertes gigantesques des banques, assurances et sociétés de prêts !
L’URSS en sa période la plus glorieuse n’aurait jamais osé renflouer les usines malades des plans quinquennaux ! L’Amérique capitaliste, si !...
A Moscou, on aurait fusillé les directeurs…
En Amérique, on les supplie de rester…
La vérité éclate : le libéralisme, c’est du bidon… une façade pour accroître une légalité de voyous !...
On le savait déjà avec une Europe à la dévotion du Marché et qui liquide par le bluff de la libre concurrence des centrales électriques, au chemin de fer, en passant par le gaz et la poste, tout ce qui restant en dehors des rapacités privées avait trait à la sécurité et au confort des habitants.
Non seulement, les prix s’envolent, les services se dégradent, les accidents se multiplient, mais en même temps, les salaires s’effondrent, le mécontentement se généralise et les magouilles s’accélèrent… Et tout ça pour permettre aux gros actionnaires, aux dirigeants nouveaux de s’en mettre plein les poches et de nous éclabousser de leur suffisance de nouveaux riches !...
Elle est belle la libre concurrence, merci pour les citoyens…
D’autant que lorsque ça va mal tourner et connaissant l’appétit démesuré de ceux qui ont la clé du coffre-fort, la suite ne sera pas triste… Au bord de la faillite, à deux doigts des saisies sous contrainte, après que l’action qui valait 100 ne vaut plus que 2, voilà que l’Etat avec nos impôts, nos TVA, nos contributions diverses, notre pillage régulier sous formes d’amendes pour un pas de travers, voilà que l’Etat, dis-je, suivant l’auguste exemple américain, dira aux faillis, aux voleurs, aux actionnaires et aux voyous des directions « vous tracassez pas, les amis, les gogos sont encore assez cossus pour vous renflouer. Combien, vous manque-t-il ? »
Petite mesurette, quand même pour les jongleurs de biftons, le régulateur boursier américain (SEC) a interdit temporairement vendredi, les ventes à découvert sur les valeurs financières, suivant une décision similaire de l’Autorité des Services Financiers (FSA) britannique. C’est un peu comme si un maître d’école des années 36 tapait avec le plat d’une réglette sur les doigts de l’élève Dujardin pour turbulence excessive.
Mais que nos anges du désir capitaliste se rassurent, cette mesurette se terminera en principe le 2 octobre au soir.

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Donc, c’est parfait. Tout va bien.
Nous sommes toujours en régime capitaliste sous l’aire stalinienne… pardon bushienne. Le politburo de Wall Street est aux anges, les subprimes ne sont plus qu’un mauvais souvenir. Ils sont remplacés par les gogo-primes sur décision du Kominterm réuni au Congrès sous la statue de Lincolm. C’est une assurance formidable dont les taux sont fixés par les porteurs de valises pour la Suisse eux-mêmes. C’est dire la garantie de sérieux.
La vente à découvert, pratiquée par les fonds spéculatifs, consiste à emprunter une action dont on pense que le prix va baisser et à la revendre, avec l’espoir d’empocher une forte différence au moment où il faudra la racheter pour la rendre.
Vous ne comprenez pas ?
C’est comme si vous repreniez mon vieux frigo pour le revendre au prix du neuf, dans l’espoir lorsque l’acheteur s’en apercevra, qu’il le revende comme une épave, afin que vous puissiez le retaper pour encore en tirer un bon prix…
C’est chouette quand même le capital !
Avant, il avait besoin d’être investi dans un bidule avec grosses machines et personnel suant, pour obtenir un bénéfice. Aujourd’hui, il n’a plus besoin de salopette qui sente le cambouis, d’entreprises dans lesquelles les ingénieurs sont au bord de la dépression nerveuse. Il suffit de s’installer à la Bourse faire des pokers menteurs. On peut miser le paquet, puisque les papiers monnaies ne représentent plus rien qu’une masse quasiment ésotérique de pouvoirs et de plaisirs… et quand on perd sa culotte, c’est le tôlier qui règle la facture.
Ce système serait parfait si nous étions tous autour de la table à prendre du blé ou à en perdre sans conséquence pour les prochaines vacances...
Hélas ! pour nos petites gueules de paumés immatures, nous sommes dans les usines, à bosser ferme les mains dans le cambouis, et nous ne sommes pas prêts d’en sortir.
Après tout, c’est normal.
Avec quoi paieraient-ils sans nous leurs pertes au jeu, nos capitalistes ?


19 septembre 2008

Les Frères Karamazov étaient belges !

…dans le roman ils sont trois, mettons-y Jean-Michel Javaux, le cadet, avec Dimitri Rupo et Reynders pour faire le compte. Nous sommes en plein Dostoïevski ! En scène les trois frères et Katerina Ivanovna Verkhovtseva Milquet, fiancée de l’aîné, Dmitri… Ils se souviennent des générations passées… en toile de fond le décor de la place Saint-Paul et ceux qui eurent à leur heure, le petit foulard jaune au coq rouge, autour du cou !
-Et si on reparlait du communautaire ? ricana Reynders, le puîné.
-Encore ! soupira la fiancée de Dimitri.
L’aîné des Karamazov sentit sur ses joues quelques larmes courir…
A quoi bon l’entraîner vers ces scènes passées…
Certains sont morts, de mort naturelle bien entendu… Lambion, Gillon, Genot, Yerna, Renard, d’autres vivent encore. Quelques-uns ont même fait de belles carrières politiques dans les partis de pouvoir. Il y en a même qui résistent au temps, qui portent beau et écrivent parfois dans les journaux, sans jamais parler d’une Wallonie indépendante.
Bien sûr, ils sont rentrés chez leur mère nourricière, le PS de la place Sainte-Véronique et d’ailleurs. Ils ont condamné en son temps le Mouvement Populaire Wallon et brûlé l’effigie de Renard sur la place publique. Ils compensèrent leur écart de langage par des prises de positions différentes de celles qu’ils avaient à l’époque glorieuse, pour se faire oublier des popes du socialisme orthodoxe et surtout du Métropolite Cools André…
Ils se tirèrent d’affaire grâce aussi à l’indifférence générale.
Cependant, héros morts ou lâches en fuite, ils avaient tous un point commun : ils voulaient se débarrasser de la pesanteur flamande et, pour certains, de l’Etat belge.
Aujourd’hui voilà les successeurs qui négocient la composition de la délégation francophone aux négociations qui vont s’ouvrir avec les Flamands, pour le pénultième « round » du dialogue communautaire.
A scruter les visages, nul doute que le petit foulard jaune frappé du coq rouge, doit dormir au secret dans un carton, dans le bas d’une armoire.
Di Rupo et Reynders marquent le pas : parmi la délégation adverse Bert Anciaux (Vlaamse Progressieven) et Geert Bourgeois (N-VA) sont les représentants de formations qui veulent l’indépendance de la Flandre.
Et voilà Reynders et Di Rupo en transe !

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A ces indépendantistes, ils veulent opposer Maingain et Picqué, comme si l’opinion de ces gens-là n’auraient pas été prise en compte au cas où les Flamands n’avaient pas été « gentils » !
On sait que le CD&V ne va pas bien, que leurs représentants sont des manipulateurs manipulés entraînés par la N-VA qui leur a semblé préférable au Vlaams Belang.
Alors, en balourds, ne croyant pas la fin de la Belgique possible, ils associent aux négociations ultimes des séparatistes convaincus, croyant que ces « pousse-aux-crimes » vont perdre la face par l’échec de leur revendication, lorsque des accords signés prévoiront un Etat confédéral qui restera fédéral par la force d’inertie et les pesanteurs belges.
Ce qu’ils ne savent pas, c’est que les petits partis flamands n’attendent que ça pour crier au loup et à la trahison. Et qu’aucun accord ne se fera avec leur aval, s’il n’y a pas réellement un début de séparatisme.
Comme il n’y a plus de petit foulard jaune frappé du coq rouge de l’autre côté et que les pantouflards francophones sont aux manettes, tout en bombant le torse et le chant des Wallons au bord des lèvres, nos Gentils Organisateurs ne sont plus à proprement parlé des interlocuteurs. Le débat est bel et bien entre Flamands et Flamands.
On va assister, sans l’oser pouvoir dire, au deuxième enterrement du Mouvement Populaire Wallon. Le premier a enterré les Fourons. Le deuxième va faire de la Wallonie, l’arrière pays d’une Flandre qui y parquera ses sous-développés.
A condition que pour ce scénario minimaliste le CD&V sorte vainqueur de la confrontation interne.
Les chefs de partis francophones devraient se réunir à Harre, près de Manhay, afin d’y déposer une bougie à la petite église dédiée à Saint Antoine.
Si ce sont les Flamands pointus qui l’emportent, il restera à nos médusés de plonger au fond des armoires pour y retrouver la relique et la mettre autour du cou, comme le firent jadis Genot, Lambion, Renard, Yerna.
Ils passeront pour des opportunistes, certes, mais les masses sont oublieuses. Ils le savent bien, qui sont au pouvoir depuis si longtemps qu’on se demande s’ils ne sont pas nés ministres, députés ou sénateurs depuis le ventre de leur mère, des Melchior, de père en fils !

18 septembre 2008

Un scandale presque inaperçu.

Les industriels ne sont pas des citoyens comme les autres.
Certains au nom de la réalité économique peuvent pratiquement tout se permettre.
Justement ces temps-ci Arcelor-Mittal va réorganiser ses entreprises qui emploient plus de 320.000 personnes.
Vous pensez si on croise les doigts pour que le vent de la rentabilité ne souffle pas trop sur l’ex-Cockerill.
On se souvient du passage de l’Indien langoureux et comme on a déployé les tapis, la façon d’Arcelor de se donner à lui et l’enthousiasme des actionnaires à céder leurs actions avec au passage une jolie plus-value.
Le maître est donc venu présenter son sacra. Il a regardé de son œil d’aigle les tas de ferrailles que la patience des hommes ont accumulés depuis près de 150 ans. Rassurer les foules lui fut facile. Il avait jaugé la masse et converti en sterling l’un dans l’autre la sueur humaine et le lingot de fonte. Cela lui faisait un joli matelas. Aussi fut-il tendre et chaleureux. On ne toucherait pas à l’industrie du fer en Belgique.
Quelques mois plus tard, la direction établissait un programme de fermeture, heureusement neutralisé par un brusque besoin mondial, si bien qu’on rouvrait un haut-fourneau et qu’on gelait certaines autres fermetures.
Les travailleurs dans tout cela ne pesaient pas lourds. Engagés, désengagés, c’est un jeu d’écriture pour l’empereur de l’acier, un désastre pour les familles.
Les gouvernements disent toujours amen en ces temps de basse conjoncture.
Avec le nouveau scandale qu’on tente d’étouffer, ce sont les populations qui écopent aussi de par l’infinie gratitude de leurs représentants à la société Arcelor-Mittal.
Le journal La Voix du nord explique à ses lecteurs français que « la société Arcelor-Dunkerque pourrait être impliquée dans un vaste réseau de trafic de déchets toxiques. Selon le quotidien, la justice pense avoir repéré un circuit d’écoulement de millions de tonnes de déchets toxiques impliquant l'usine sidérurgique, trois autres sociétés et un douanier. »
Et pour où ces choses délicates partaient-elles ?
Pour la Belgique, pardi !
« Arcelor serait suspectée d'avoir dissimulé aux autorités une partie de ses résidus industriels classés dangereux pendant plus de dix ans et s'être enrichi au détriment de l'État. Une information judiciaire a été ouverte pour corruption, concussion, faux et usages de faux documents administratifs, exportation non déclarée pour élimination dans l'Union européenne de déchets nuisibles. » (L’Union européenne, c’est nous !)
« Les douaniers auraient avoué au procureur de la République qu'une enquête sur un trafic de déchets toxiques dormait dans un tiroir depuis trois ans, Ils auraient également annoncé que ce circuit de « blanchiment » - des dizaines de millions de tonnes - a coulé des jours heureux pendant près de dix ans. L'affaire suscite aussi des interrogations légitimes sur l'opacité des circuits du recyclage des déchets industriels. »

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On se souvient de la difficulté de retirer une livre sterling du porte-monnaie de l’Indien langoureux quand il fallut acheter de la pollution supplémentaire du ciel belge pour la réouverture du haut-fourneau n° 9.
Et dire que pendant dix ans, Arcelor écoula en douce ces pollutions du territoire français vers une destination inconnue en Belgique !
C’est ça la notoriété. Un quidam ordinaire pour une affaire pareille serait d’abord enchaîné un jour au radiateur d’un commissariat de police, envoyé sans lacet ni cravate à un juge d’instruction qui l’aurait expédié en préventive dans une prison sordide et en sortant du bureau du magistrat, il se serait fait prendre en photo avec une barbe de trois jours pour illustrer un article indigné.
Au lieu de quoi, le tapis rouge est toujours prévu pour une prochaine visite d’un manitou d’Arcelor-Mittal au cas où il déciderait de voir de près la distraction de ses éboueurs.
Et si la vindicte publique venait à percer le mur protecteur des médias et des politiques, il y a toujours mille et une façons dilatoires d’échapper à la prison et aux fortes amendes par la procédure et de bons avocats.
Ce que le quidam au trou, avec le pro deo et l’aide d’un stagiaire ne peut pas faire. Ce qui se traduit en langage du barreau par « prendre le maximum. »


17 septembre 2008

Le PS en porte-à-faux.

C’est sous la présidence de Léo Collard (1959-1971) que le PS en finit avec le principe de la lutte des classes. Les présidents et vice-présidents suivant : Jos Van Eynde, Leburton et André Cools confirmèrent la transformation en parti social démocrate. Ce qu’il est aujourd’hui.
J’entends bien qu’au moment où le travailleur a pu s’acheter une voiture et devenir propriétaire de son logement, même si c’était à crédit, que le PS aurait eu du mal à garder le cap pur et dur.
L’espoir d’un Etat socialiste s’est effondré avec la tragédie de l’URSS.
Depuis, frileusement, les socialistes se sont détournés ne serait-ce que de l’espoir d’humaniser le système dans lequel nous sommes.
Abandonnant le principe des minorités agissantes, il fallut que le parti naviguât au plus serré avec une opinion dont il épousait les désirs, tout en ayant l’air de la guider…
Exercice difficile qui se termine bien malgré lui dans le crash financier et l’essoufflement de l’économie. Se redresserait-il demain ce système, que l’épuisement des ressources minérales, la pollution et la hausse des températures due à la ruée du profit dans le n’importe quoi industriel, n’en seront pas moins les conséquences de son appauvrissement.
Or, la « combine » capital – travail n’était acceptée que parce que chaque partie s’y retrouvait, même si le capital y gagnait beaucoup plus que le travail.
Les travailleurs, qui sont pour l’essentiel dans l’élévation du niveau de vie, n’en ont pas été récompensés. Maintenant que sonne l’heure des comptes, ils vont payer la facture des banquiers et des financiers. Arena vient d’avancer le mot : austérité.
Comment va-t-elle s’y prendre pour nous dorer la pilule ? Quelle déception supplémentaire sera-ce ?
Comment faire au PS pour coller à nouveau à la grogne qui s’installe et rejoindre ce qui se murmure des insatisfactions qui montent ?
Une partie de la solution passe par la critique de la social-démocratie et l’élaboration d’une riposte populaire.
Quoique cela a toujours été périlleux à un parti de reconnaître ses fautes, surtout qu’en l’occurrence ce furent aussi celles de ses électeurs, c’est peut-être le moment de pofiter d’un capitalisme vacillant.
On pourrait imaginer que les partis de gauche réfléchissent non pas à la manière de sauver le système, mais à celle de s’en débarrasser !
L’opportunité est à saisir.
Les gens du peuple paient déjà un lourd tribut à la mondialisation. Va-t-on sous prétexte qu’ils ont partie liée au veau d’or vacillant, leur demander des sacrifices nouveaux ? Les partis de gauche auront-ils le front d’acquiescer à la demande libérale ?
Devant la violence économique, quand prendront-ils conscience que ce n’est pas aux partis de gauche à gérer la crise, de sorte que la droite libérale s’en sorte et s’en attribue le mérite !
Di Rupo a persévéré dans la manœuvre des présidents précédents qui amenèrent le PS au partage du pouvoir, pour accroître selon eux, grâce à sa participation, le bien-être des populations.
On voit bien que cette politique n’a pas amené la social-démocratie à cogérer l’Etat. La responsabilité économique lui échappe presque complètement, sauf quand il s’agira de renflouer les canards boiteux comme aux Etats-Unis.
Quid des protections sociales, des chômeurs, des malades et des retraités ?

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Partout en Europe cette politique collaborationniste a conduit les partis socialistes à une perte d’influence. Ils ne sont plus nécessaires dans les gouvernements. Ils servent juste à compléter l’effectif pour faire nombre dans une démocratie, qui pour les citoyens a de moins en moins de signification.
Rompus, même dupés, à une co-gestion du pouvoir, ce sera un déchirement de quitter une situation confortable pour les aléas d’une radicalité dont Di Rupo n’a pas la stature.
En France, le PS a trop de chefs. En Belgique, le seul qui reste ne convient pas !
C’était bien plus facile de se défaire du principe de la lutte des classes, que d’avouer qu’on s’était trompé !
Pourtant, c’est la seule issue possible. Et même si le PS gagne les élections et que le MR les perd, à terme le dilemme restera le même et on ne fera que transposer le problème sans le résoudre.

16 septembre 2008

Une nouvelle métamorphose…

…des cloportes.

Nos libéraux perdent des électeurs, les patrons ne sont plus écoutés que par Sabine Laruelle qui opine du corps et de l’esprit toutes les fois que l’un d’entre eux prêche pour une réduction des charges sur les salaires, les socialistes mal embarqués rament tant bien que mal dans la galère de l’économie globale.
Pourtant les discours restent « orthodoxes ». Ils y croient encore, même les Ecolos...
Aussi toute nouvelle de la crise mondiale de l’économie, certains économistes allant jusqu’à penser que c’est un crash pire que 1929, est rejetée avec une telle détermination que cela en devient pathétique.
C’est tout juste si Marie Arena, entre deux essayages, lance le branle de la danse de l’austérité, ce mot qui, il y a quinze jours encore, était interdit d’antenne !
« 1, 2, 3, vous sortez des lois, 4, 5, 6, vous sentez la crise, 7, 8, 9, vous l’avez dans l’œuf … »
Déjà la nationalisation des sociétés de refinancement immobilier américaines « Fannie Mae » et « Freddie Mac » aux USA avait fait frémir les idolâtres de la vigueur américaine pour la défense du libéralisme à la Nozick. Désespérés devant cette capitulation idéologique, les politiciens républicains préfèrent contourner la situation en évitant de prononcer le mot « nationalisation ». Pourtant, c’en est bien une. Jean-François Kahn en avait même tiré un argument sur le mélange gauche, droite, pour adhérer au Modem. Comme si ce cher Jean-François ignorait que depuis longtemps il n’y a plus ni gauche, ni droite, mais des gens du dessus et des gens du dessous…
La prise sous contrôle du gouvernement américain des deux géants du crédit hypothécaire « Fannie Mae » et « Freddie Mac » qui fournissent plus de la moitié de toutes les hypothèques des USA - est le signe de la fin du marché libre et des tentatives d’appliquer le néolibéralisme pur et dur, mais aussi, et cela on en en parle moins, du signe évident de la récession et d’une crise ouverte des économies occidentales.
De la récession à la crise puis au krach boursier, il n’y a qu’un pas. On y va tout droit.
La preuve : Lehman Brothers a annoncé, dans un communiqué, qu'elle allait se déclarer en faillite «afin de protéger ses actifs et de maximiser sa valeur». La banque d'affaires américaine a précisé que cette déclaration de faillite avait été autorisée par son directoire et sera déposée auprès de la Cour des faillites des Etats-Unis pour le district sud de New York.
Pour tout dire, on ne sait plus dans quel système on est !
Tout se fait de manière empirique. Dans le sauve-qui-peut général, chacun pense à remplir ses poches de bank-notes avant de déguerpir. Aussi dans les organismes financiers souvent mal gérés, plus par les danseuses maîtresse des patrons que par les patrons eux-mêmes, souffle le vent du désastre inévitable.

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Le public est très mal informé de ce qui se passe actuellement sur les marchés financiers. Le mot d’ordre est général : il ne faut pas affoler les foules. Quand il ne sera plus possible de cacher ce qui se passe sur la scène derrière le rideau tiré, on sera dans un tel trou que le lendemain ce ne sera pas pire, et pendant que le public commencera à désespérer, les promoteurs et les décideurs relèveront déjà la tête. C’est une théorie acceptée par les gouvernements aussi, bien obligés de suivre les milieux financiers auxquels ils ont tout concédé, jusqu’à leur autorité qu’il détenait du vote démocratique.
Ce calcul n’est pas sot, il empêche les foules de réfléchir à l’absurdité d’un système qui n’engendre que misère et désordre. Arena parle d’austérité, soit, cela n’empêche pas les égoïsmes de fonctionner à plein dans une économie malade. Les dépenses inconsidérées de nos représentants ne sont pas réduites comme il se devrait, les gouvernements des Régions et du fédéral vivent toujours sur un grand pied dans un foisonnement de postes pour une organisation qu’un grand vizir de la Porte eût admirée. Mais nos élus ne sont pas des eunuques, ils ont de grands besoins et ils ne se gênent pas, comme tous ceux qui le peuvent. Avant les grandes catastrophes annoncées, les élites sabrent le champagne, c’est connu.
Quand il faudra aussi sabrer dans les bas salaires, quand les faillites feront de petits déserts locaux des zonings, quand, enfin, l’Euro reviendra à parité avec le dollar et que remplir le réservoir de la voiture sera un luxe que les petites gens ne pourront plus se payer, même les propriétaires ne pourront plus louer à des locataires, parce que ceux-ci ne pourront plus payer leur loyer. C’est-à-dire que seront touchés les capitalistes les moins vulnérables, ceux qui vivent de la rente de l’immobilier et des placements stables. Alors, ces grigous et ces vieux épargnants de la bourgeoisie auront aussi chaud aux fesses que les autres et tout pourra arriver… Les cloportes sortiront des placards…
Le tout est de savoir qui, après la tempête, relèvera les morts, pour quel genre de société ? A force de n’en avoir jamais imaginé une autre, Libéraux et Socialistes, toujours solidaires, relèveront les ruines pour reconstruire un monde à l’identique.
Sauf si nous leur bottons le cul.

15 septembre 2008

Du président, du pape, et des saints d’esprit.

Le débat sur le rôle de l’Etat entre religion et laïcité a repris depuis la venue du pape à Paris et les discours qui ont été prononcés.
Sarkozy n’est pas le président neutre et l’arbitre que l’on aurait souhaité en ce domaine. Il aime faire figurer Dieu dans les discours officiels. Il abonde dans un éloge des religions qui en devient indécent dans la bouche d’une président d’une république laïque.
Le militantisme des croyants toutes croyances religieuses confondues relève la tête.
« Ripostes », le magazine de la 5, a, une fois de plus, opposé deux catégories bien distinctes de penseurs : les théologiens et les philosophes. Cela n’aurait que la conséquence d’un affrontement intéressant pour le téléspectateur averti, si les théologiens ne s’intitulaient également philosophes.
On en serait resté à la « dispute » comme on l’entendait en rhétorique, si n’entrait à présent la notion de « laïcité positive » avec l’avènement de l’actuel président, ce qui revient à déduire que la laïcité avant son élection était « négative ».
Puisqu’il en est ainsi, la situation des théologiens par rapport à la philosophie n’est ni positive, ni négative. Elle relève simplement de l’imposture !
Un théologien est tenu au respect d’un dogme. Il démontre exactement ce qu’il croyait avant toute démonstration. Effet du cheminement d’une pensée ? Non. Chez lui l’hypothèse n’est jamais incertaine. Elle tient à sa foi et à rien d’autre. L’élaboration philosophique d’une conviction appuyée sur la foi, appartient à l’histoire des religions et pas à la philosophie.
Dire le contraire, c’est oublier ce qu’est un homme possédé par la foi et servant une religion. Pour cet homme, la foi réside en des récits souvent extraordinaires rapportés comme un film de science fiction, qu’il traduit en faits surnaturels. Ils sont indémontrables et incompréhensibles pour un être doué de raison et qui n’aurait pas l’oreille à la parole divine. Ils ne peuvent être crédités d’un quelconque intérêt philosophique. La conciliation de ces chimères avec un courant de la philosophie ou de la science, est impossible, sauf dans une discussion sur les mythes !.
La tentative d’un Teilhard de Chardin de rapprocher le dogme chrétien et le transformisme n’a aucun rapport avec la biologie, mais relève de la diffusion d’un concept biologique en milieu religieux.

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Depuis le Moyen-âge, l’église catholique a toujours procédé par amalgame du dogme et son adaptation à une philosophie pour aboutir à l’approbation ou la condamnation.
Abélard fut condamné, saint Thomas approuvé et ainsi de suite jusqu’au XXme siècle avec la tentative d’un groupe de chrétiens attachés au bergsonisme condamné par le Vatican.
Mais derrière ces leurres, la figure d’un Roger Bacon transparaît qui découvre enfin le but à atteindre des théologiens « la seule science qui commande aux autres, c’est la théologie », le but étant de retrouver la source de la science intégrale dans le message de Dieu.
Fallait-il intégrer Aristote dans le mythe religieux ? Les docteurs de l’église y parvinrent quand ils eurent définitivement fait de la philosophie d’Aristote un acte de foi, tout en rejetant l’homme, né avant Jésus-Christ donc exclu de la nouvelle harmonie entre le ciel et la terre.
La philosophie n’est pas la somme de tous les courants de pensée d’une civilisation, elle n’en est qu’une partie, le reste étant occupé par la théologie et les sciences ; mais la première ne fait pas partie de la seconde. Elle en est bien supérieure, puisqu’elle peut sans faillir à son rôle discuter de l’existence de dieu ! Quant aux sciences, elle n’en peut déduire que ce qui relève de la morale et à son application dans les découvertes scientifiques.
La laïcité publique est d’un usage encore plus clairement défini que la philosophie. Elle n'est pas une doctrine. L’Etat n'a pas à distribuer les rôles de la croyance et de l'incroyance., C'est cette neutralité qui assure la liberté de croire et de ne pas croire.
Les rapports avec les religions sont particuliers, puisqu’on n’est pas laïque comme on est catholique, musulman, bouddhiste, etc. On peut même être à la fois laïque et catholique, laïque et musulman.
La laïcité, le libre examen, la philosophie ont pour but de faire coexister les libertés avec les religions. On sait bien que les plus difficiles à convaincre dans la laïcité, ce sont les religions et parmi elles les éléments intégristes qu’elles contrôlent ou qu’elles ne contrôlent pas, mais qu’elles instrumentent et pas toujours en faveur d’une cohabitation des libertés.

14 septembre 2008

Jean-François Kahn au Modem.

En politique et en journalisme, on aura tout vu : les retournements de veste, les changements de cap, les invectives, les contrevérités et jusqu’au contraire de ce que l’on affirmait la veille. Il y a même eu des rédacteurs en chef en contradiction avec la politique du journal. C’est le cas, ces temps-ci de Philippe Val, directeur de la publication et de la rédaction du journal Charlie Hebdo.
C’est dire si plus rien n’étonne.
Pourtant la nouvelle a quand même fait sensation : Jean-François Kahn, 70 ans, passe du journalisme à la politique. Il a choisi de rejoindre le Modem et François Bayrou.
Il convoiterait une députation européenne.
Il s’en explique dans Marianne : « J'ai définitivement tourné la page du journalisme. Mais je veux continuer à défendre les idées que, depuis trente-cinq ans, j'ai essayé de développer dans mes articles, mes livres et, tout simplement, la vie. Je ne passe à rien, je continue autrement.
Nous sommes confrontés à un chambardement comparable à la révolution industrielle du début du XIXe siècle qui, certes, ne rature pas les notions de droite ou de gauche, mais modifie complètement les critères de leur énonciation. Regardez : aux Etats-Unis on nationalise deux grandes banques et ça fait grimper la Bourse. Le néolibéralisme parvient à ses plus spectaculaires résultats sous une dictature communiste. Jamais on n'a autant exacerbé les inégalités et les exclusions que ne l'a fait la gauche britannique de Tony Blair. Alors la gauche et la droite… Il faut tout recomposer. Si on peut y aider… »
La manière de « continuer autrement » de J.-F. Kahn est tout à fait singulière, puisqu’il choisit un parti centriste qui n’aura la chance de s’exprimer que si l’électorat de l’UMP s’effrite et se disperse.
Si par hasard, une telle chose survenait, cela ne modifierait pas grand-chose à la pensée de droite.
Les socialistes ? Certes le PS va mal. Il y a trop de chefs pour une base flottante qui se perd dans les courants. Peut-être bien que Bayrou et Kahn ont leur meilleure chance dans cette partie de l’échiquier, mais ce serait plutôt dans une association avec, par exemple Ségolène Royal qui, lorsqu’elle sentit la présidence de la République lui échapper, proposa une association avec Bayrou.
Les prévisions pour une réelle participation du Modem à la vie parlementaire française et européenne paraissent se limiter à peu de choses. Il n’empêche pas le chef de l’Etat et l’UMP de dormir. Néanmoins, le Modem est quand même l’objet d’une grande méfiance et d’une surveillance constante. Ce n’est pas pour déplaire à notre ex-journaliste. Cependant, il y a peu d’espoir que l’arrivée de Kahn au parti change grand-chose à sa confidentialité. La députation à l’Europe n’est pas acquise.
Comme on le voit Kahn n’est sorti du bois que pour y rentrer.

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Seulement, il y rentrera avec une étiquette. Ce qui va empêcher les milieux ouverts aux affaires politiques et qui avaient souvent recours à sa verve, son impulsivité médiatique et son intelligence, de le recevoir encore à la radio et à la télévision sous une étiquette indépendante.
Jean-François Kahn a-t-il bien mesuré cela ? Pourra-t-il se plier aux exigences d’une coterie, il est vrai confidentielle, qui exige une certaine discipline de groupe, pour laquelle, on le sait, J.-F. n’a jamais été doué.
Briguer une députation à l’Europe est aussi un signe d’essoufflement. Certains y terminent leur carrière. J.-F. K. voudrait y commencer la sienne, à l’âge où passer la main devient plus raisonnable que de persévérer.
Que pourrait-il faire à l’Europe ?
On sait comme l’Europe est à la fois le pactole et la sinécure.
Bien des parlementaires qui ont passé par là vous le diront.
Qu’à 70 ans, Kahn ait le désir de se reposer, de souffler un peu, c’est bien humain.
Quant à servir d’exemple pour la jeunesse, prêcher une révolution centriste avec Bayrou, alors qu’ils pourraient à eux deux difficilement réunir une table de bridge, ce n’est pas de la forfanterie, c’est de l’inconscience.
Reste l’ami, le battant, celui qui avait une pensée éclairante au bon moment, enfin celui qui faisait réfléchir et qui faisait dire « …mais, il a raison ! », celui-là va nous manquer.
Bonne retraite à Bruxelles quand même, cher Jean-François, enfin peut-être sera-ce l’occasion d’un dernier livre sur Bayrou ou sur l’Europe, histoire de finir en beauté ?

13 septembre 2008

Si on érotisait les ronds-points ?

C’est fait, le gang des ronds-points sortant de sa spécialisation au Conseil communal de Liège a voté la fermeture des 51 salons des ruelles de l'Agneau et Champion, dans le quartier Cathédrale.
On peut se demander ce qui a poussé les socialistes emmenés par Willy Demeyer, en père Dupanloup, à l’assaut de ses pauvres filles ?
Y aurait-il une attente des bétonneurs, maintenant que le blockhaus en annexe du palais de justice est presque terminé ?
On se demande ?
Il a suffi d’amender le règlement de 2005 pour mettre à la porte de chez elles, à partir du 1er avril 2009, entre 100 et 150 travailleuses du sexe.
Belle victoire en vérité, qui ne résout rien de la prostitution liégeoise. Le désordre « dépasse l’entendement » dit Demeyer. Evidemment, s’il parle du sien…
Cet amalgame de la pauvreté qui gagne la rue et la prostitution, entre dans les propos socialiste de la confusion des genres. Ils devraient être plutôt sensibles aux petites gens, qu’aux commerçants des classes moyennes.
C’est ainsi, et c’est inutile d’insister.
Pendant ce temps, la paupérisation et la ghettoïsation des quartiers vont bon train.
La prostitution touche une population de femmes fragilisée par la vie et au destin fait de malchance et de tragédie.
Du chapelier « Jean », aux commerces de draps, droguerie, papiers peints et de tabac qui de 1900 aux années 60 faisaient la prospérité du quartier « Cathédrale-Léopold », les prostituées ne gênaient que les pisse-vinaigre et les tracassés de la branlette… les apprentis curés de l’évêché.
Il y avait des rues dans lesquelles on ne passait pas avec les enfants. C’est tout.
Les grandes artères n’étaient en rien devenues des succursales de l’amour tarifé.
Pourrait-on expliquer pourquoi le quartier de la Batte, « nettoyé » des salons depuis la construction du hideux building de la Cité administrative, a poursuivi sa plongée dans le marasme économique, de la rue Neuvice, aux rues du Pont et de la Boucherie, poussant jusqu’à la rue Féronstrée, dont on ne compte plus les faillites ?
Le champ d’activité d’une Ville qui s’appauvrit se replie sur l’hyper centre. Et qu’y vend-on majoritairement ? Des fringues et de la godasse, pardi.
Quant à vider les trottoirs des toxicos et des paumés, Demeyer devra se lever tôt pour se renseigner sur place, dans un tour de ville qu’il semble plus mal connaître, qu’un tour de foire.
Ce n’est pas en délogeant les toxicos de leurs habitudes qu’il va décourager la toxicomanie. La déménager ailleurs, c’est transporter le problème dans un autre quartier. C’est tout.
Si c’est cela régler le problème, la police peut affréter un car tous les matins pour déplacer les gens. La tournée ne se bornera pas à la rue Cathédrale, le pied de la rue Saint-Gilles, les Guillemins et certains coins de la rue Saint-Léonard, bref un peu partout, la société liégeoise s’y dissout par le bas.

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Bénédicte Heinrichs d’Ecolo et son groupe ont voter contre le règlement. Elle pense que c'est la prostitution de trottoir et non de salons qui pose problème dans le quartier. Ce sont les projets immobiliers privés de réhabilitation de ce quartier qui ont poussé la Ville à agir, disent les Ecolos.
C’est sans doute vrai, chercher où il y a moyen de se faire du pognon et vous trouverez un politicien pas loin. La prostitution de trottoir se retrouvera augmentée des dames des salons. Pour certaines d’entre elles, il n’y aura pas d’autre choix.
J’ai été abordé comme tout le monde rue Cathédrale par une occasionnelle, pas vulgaire et pas mal jolie. J’en étais très flatté. Nous avons dit quelques mots sur le trottoir, très poliment. Nous nous sommes quittés en bons termes. Comme elle paraissait gênée, je lui ai filé un peu de blé sans qu’elle me le demande et sans « consommer » comme disent vulgairement les flics. Elle n’a gêné personne et elle m’aura laissé le souvenir d’une personne charmante. Un bon souvenir, en somme…
Que les cafards de la Cité me pardonnent, mais où est le mal ?
Les socialistes ont promis l’étude d’un « Eros center », comme si la concentration en un seul endroit de la prostitution n’allait pas faire des alentours, un haut lieu des plaisirs à la sauvette ?
Ah ! les socialistes étaient plus rigolos quand ils s’attaquaient aux curés et à la religion. Depuis qu’ils sont devenus les défenseurs des classes moyennes, on ne les reconnaît plus.
D’ici à ce qu’ils aillent « tirer un coup » à la sauvette, ils ont encore jusqu’au 1er avril 2009.
Après, il faudra bien qu’ils lèvent la mignonne sur le trottoir rue Cathédrale. Si c’est « la mienne » je leur demande, pour une fois, d’être extrêmement polis et corrects. Ils pourraient lui refiler un jeton de présence du Conseil, par exemple, avant de se livrer à des propositions « malhonnêtes ».

12 septembre 2008

Des délits et des hommes…

-Nous allons imaginer que Monsieur Bergeret est à nouveau parmi nous.
-Madame Bergeret n’est pas là pour vous dire le contraire et Anatole non plus. Mais, c’est comme vous voulez. Ainsi font les enfants « On dit que… ».
-Monsieur Bergeret, que pensez-vous de la justice ?
-Jadis, le coupable n’était puni que s’il était pris sur le fait. S’il réussissait à disparaître, il avait toutes les chances d’échapper à son châtiment. Mais jadis, comme aujourd’hui, le crime est un acte qui exige une réponse. L’absence de l’auteur ne doit pas laisser la communauté sur l’impression d’un crime impuni, d’où la nécessité du bouc émissaire.
-Oui, le sang réclame le sang.
-Le côté pratique du bouc émissaire, c’est l’aspect économique de la chose. La police a toujours sous la main quelques individus qui l’indisposent. Il est plus expéditif et moins onéreux de trouver une victime à immoler qu’un coupable à punir.
-Ces pratiques barbares n’ont plus cours aujourd’hui ?
-Détrompez-vous, mon cher Jérôme. Cette conception de l’efficacité du pouvoir judiciaire est toujours très répandue dans nos Sociétés de Droit ! Elle s’est enracinée de telle sorte que notre époque est coutumière d’envoyer pendant de longues années en prison des gens condamnés sur des indices contestables, parfois même sur des préjugés sociaux ou racistes !
-L’efficacité de la police s’est améliorée. La manière de conduire une enquête, les moyens scientifiques dont elle dispose, permettent de nos jours de ne pas remplir les prisons d’innocents !
-La tradition est là qui empêche de faire sortir un suspect de prison, une fois qu’il y est entré. Comme, ce serait désavouer un procureur, un juge et finalement l’ensemble de la justice d’obtenir un acquittement et une réparation à la lumière des faits ou sous la pression publique, ce qui est rare. (1)
-Mais cela arrive !
-Oui, et c’est un progrès. Jadis, après les deux questions, autant valait que l’on vous pende tout de suite afin d’abréger vos souffrances. Malheureusement, si les brodequins et les poires d’angoisse ont déserté les commissariats, l’esprit tortionnaire n’est pas mort.
-La torture a perdu sa légalité. Elle est donc proscrite et celui qui la pratique encore est poursuivi !
-Certes. N’étant plus codifiée ses instruments ont disparu. Reste que l’improvisation réserve à tout objet contondant ou tranchant un pouvoir similaire.
-Nous sommes pourtant dans un Etat de Droit !
-Pour l’exercice de ce droit, il faut être deux, celui qui exerce l’autorité parce qu’il la représente et celui qui réclame le bénéfice de ce droit. L’arbitraire est monnaie courante. Elle fait partie des compensations que la police s’octroie quand elle se voit méprisée, insultée ou agressée.

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-Une institution ne peut pas enlever tout pouvoir au métier de policier ! On a vu le résultat avec les enseignants !
-Une institution ne doit pas proscrire les choix. Elle doit seulement éviter les choix abusifs. Les délits ne sont pas les pièces d’un puzzle qui s’assemblent parfaitement pour reconstituer une image conventionnelle que le constitutionnel à codifiée dans le livre de la Loi. Les peines ne sont jamais en rapport avec les faits sanctionnés de façon précise. Le pouvoir de modifier la sanction revient au juge
-C’est un pouvoir régalien !
-Exactement, que le pouvoir politique – en principe – ne peut changer, puisqu’il y a séparation des compétences entre le législateur et le personnel de justice.
-Pourquoi « en principe » ?
-Les amitiés se nouent et se dénouent. Les magistrats, les hommes d’affaires et les parlementaires sont souvent issus des mêmes milieux. Ils se connaissent, vont dans des clubs et ont une vie privée passablement fondées sur la même identité de classe et de moyens. Ce n’est évidemment pas pour cela qu’ils sont tous corrompus. Au contraire. Il y a des « caractères » qui résistent à tout. Mais, l’influence du milieu fait que sans le savoir, ils ont les uns et les autres des points communs. Ils défendent les mêmes valeurs.
-Justice de classe ?
-Parfois à leur corps défendant, mais c’est le plus souvent le cas. A cela, ajoutons la remarque de Renan « Il n’y a pire injustice que celle qui consiste à traiter également des choses inégales. ».
-Même injuste, la justice empêche la montée des barbaries.
-Reste à savoir de l’Etat ou de la rue, quelle est la pire des barbaries ?
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1. « …à accumuler d’un côté la puissance et le bonheur et de l’autre la faiblesse et la misère. Il y a entre l’état de société et l’état de nature, cette différence que le sauvage ne nuit à autrui que dans la mesure où il en peut tirer profit, tandis que l’homme social est souvent poussé par de mauvaises lois à faire du tort aux autres sans avantage pour lui. La plupart des lois ne représentent d’ailleurs que des privilèges et ne sont qu’un tribut imposé à tous, en faveur d’un petit nombre… C’est pourquoi tant de gens regardent la nation comme une machine compliquée dont les plus adroits et les plus puissants font mouvoir les rouages… Ces lois qu’imposent l’avidité des puissants et que subissent les faibles… » Cesare Beccaria, 1738-1794 ‘des délits et des peines’ in Champs Flammarion, 1979.

11 septembre 2008

Cigarette, whisky et p’tite pépée…

…Non, ce n’est pas Eddie Constantine qui chante…
…c’est Tartufe !
Le monde disparaîtra-t-il le 10 septembre ?
C’est la première fois qu’en se réveillant le 11, on a la preuve du contraire sans avoir autre chose à faire qu’à s’étirer, sortir de sous la couette et regarder d’un air outragé le ciel gris, en soulevant le rideau de cretonne qui nous cache de la rue.
Par contre, c’est réellement surpris que j’apprends que la Belgique à huit ministres de la santé… à l’occasion des mesures proposées par le Conseil supérieur de promotion de la Santé pour lutter contre la consommation abusive d’alcool ! (Journal Le Soir)
On se demande si le possible trou noir du CERN attendu le 10 ne pourrait pas nous engloutir quatre ou cinq de ces ministres-là, afin d’embrouiller d’avantage les calculs de Rudy Aernoudt et soulager notre facture citoyenne.
A moins que le Conseil supérieur n’ait conservé du trou du CERN que le qualificatif « noir » ?
Car ce qu’ils ont pondu ne pouvait l’être qu’en état d’ivresse !
Encore une fois les statistiques ont dérangé la tête de ces messieurs du Conseil. Si les proportions de l’alcoolisme des adolescents varient d’une Région à l’autre, au moins deux paramètres ne sont pas pris en compte par les statisticiens. Les grandes cités aux faubourgs « ghettoïsés » sont plus nombreuses dans certaines régions de Belgique, de France et d’ailleurs, qu’au Luxembourg ou en Suisse. Le second tient à l’état psychologique des Régions déprimées par le chômage massif.
Il y aurait une comparaison à faire entre des populations disciplinées prêtes à bouffer de la merde si les Autorités le leur demandaient et les autres plus sensibles à la situation découlant du système économique désastreux de l’ordre mondial et qui se désespèrent de devoir la bouffer, cette merde adorée par les premiers. C’est le cas ces temps-ci des Flamands et des Wallons en train de divorcer pour incompatibilité de sensibilité, plutôt que d’autre chose.
Le Conseil légèrement beurré avait perdu justement cette sensibilité-là, au point même d’avoir oublié les grands distributeurs d’alcool dans les recommandations pour rendre la jeunesse plus saine et moins dépendante.
Quand on entend parler Charles Pasqua, on croirait entendre une réclame de Ricard !
En fait de dépendance, est-ce qu’on va un peu lâcher les gens ?
Evidemment, huit ministres de la santé, il faut bien les occuper. Mais ce n’est pas une raison pour revenir aux joyeux temps de la prohibition comme l’ont vécu les Etats-Unis dans les années 20 !
Si cette sollicitude à l’égard de la jeunesse était réelle, elle commencerait par donner des raisons d’espérer, au lieu de creuser des abîmes, entre les différentes classes sociales de cette foutue pétaudière capitaliste.

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Mais, qu’est-ce qu’il en a à foutre, le jeune de sa santé, quand elle ne sert que pour être dispos à des corvées qui ne le concernent en rien ?
Arriver à la loque humaine un peu plus tôt que prévu, procure au moins l’illusion du bonheur fugace, à défaut d’une jouissance plus durable. Ce ne sont pas les types qui ont attrapé au travail le cancer de l’amiante qui diront le contraire.
Qu’est-ce que c’est ce cirque où tous les conseils qu’on donne sont uniquement destinés à faire bosser les gens, avec prière d’avoir l’air d’apprécier ?
Plus de clopes, plus d’alcool, plus quoi encore ? Il faudra bien un jour qu’ils interdisent de baiser en semaine pour arriver frais sur le chantier !
C’est pour notre santé qu’ils sont si prévenants ?
Vous y croyez-vous aux gens qui vous disent que c’est pour votre bien qu’on vous enlève la bibine de la bouche, puis qui vous poussent un billet de 1.000 euros dans les mains pour 150 heures de boulot ?
Après ça, ils nous font le coup du Plan national ! Ils ne sont forts que pour ça, les Huit : les plans !
Ce n’est quand même pas en s’envoyant l’étude de vingt plans par jour que Michel Daerden se pointe la gueule allumée aux sorties des Conseils ?
L’époque n’a jamais été aussi âpre, dure et sans pitié pour les petites gens, à défaut d’améliorer le sort des plus misérables dans le concret, voilà que nos bonimenteurs se lancent dans des lois sur l’intime, notre bonheur privé les intéresse !
On n’a pas besoin de huit ministres de la Santé pour nous le dire. Un, c’est assez. Que les sept s’occupent ailleurs. Cobayes dans les campagnes préventives fumant quatre paquets par jour, buvant trois litres de gnole, puis au bout de quelques temps, des publicistes exposeraient leurs bronches, leurs poumons et leurs foies sur des placards publicitaires ?
Voilà qui serait utile !
Ils sont bons à tout pour ramasser leur blé, sauf à montrer l’exemple. Là, faut plus compter… Salaire, grosses bagnoles, alcool, pépées, certes – mais attention - sans attirer le regard des envieux.
Est-ce qu’on leur dit de se calmer ?
Ils nous enverraient nous faire foutre. Ils auraient raison.

10 septembre 2008

Un nationaliste d’un nouveau genre.

Rudy Aernoudt, ex-secrétaire général de l’administration flamande, ancien chef de cabinet du ministres wallon Kubla, auteur, compositeur, économiste, interprète, me court sur le haricot.
Depuis que Rudy a été licencié par le gouvernement flamand, il est partout, parle de tout, avance des chiffres, donne des conférences aux tables des meilleurs restaurants, tombe dans les bras des Flamands de l’opposition, pour nous servir des propos d’une grande banalité dans leur orthodoxie belgo-mondialo-libérale.
Des farfelus ont été jusqu’à distribuer une circulaire afin de le plébisciter pour l’emploi de premier ministre !
Cette popularité n’aurait rien d’offusquant, si Rudy n’était pas un bourgeois pur sucre qui n’a pas digéré son licenciement de la haute administration et qui crache dans la soupe.
Encore faut-il cracher juste et à bon escient.
Or les chiffres qu’il avance dans ses ouvrages sont aussi contestables que ceux des séparatistes qu’il conteste. Comment peut-il calculer le coût d’une scission de l’Etat qui, si elle était effective, se ferait sur des accords négociés du patrimoine commun ? Il y aurait obligatoirement des propriétés en indivis, des gestions communes et des transferts discutables, ne serait-ce que dans la répartition du patrimoine immobilier et muséal, comme des entreprises industrielles communes ou particulières, disséminées sur tout le territoire, sans tenir compte de la frontière linguistique.
Sur la simple question de la relation des échanges, la science économique n’est nulle part. Quand Poincaré cite la « forme » des équations comme exemple (équations de Lagrange, équations différentielles), il ne s’arrête pas qu’à l’existence d’objets réels qui soutiennent solidairement les mêmes relations que les symboles mathématiques ; mais, les objets en quelque sorte réengendrés par le jeu des relations qu’expriment les équations. Comment dès lors figés une estimation sur un jeu de relations en mouvement ?

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La résolution d’un problème économique est de la même nature qu’une estimation météorologique, les cors au pied de Rudy Aernoudt ne peuvent prédire ni la pluie, ni les conséquences financières des parties, dans une rupture de la Belgique.
D’après ce haut fonctionnaire défenestré par l’administration flamande, la facture annuelle pour la Belgique s’élèverait à 7,2 milliards d’euros. La Flandre perdrait 1,25 milliard, Bruxelles 1,06 et la Wallonie 4,89 milliards. Rudy a dû jouir quand il a aligné ces chiffres, surtout quand il a attribué la grosse différence de la perte aux Wallons causée par la fermeture du robinet des « généreux » transferts flamands. Mais pas trop à la mouillette quand même, car le but de Willy est de retaper une Belgique fédérale, voire, confédérale, mais une Belgique tout de même, avec son drapeau, son roi, ses frites, ses moules, ses frontières symboliques internes et le petit avantage d’être majoritairement flamand dans un Etat qui doit mieux apprendre la leçon d’un « Wooncode », à l’usage de tous, y compris de la famille royale.
L’engouement des gens pour les porteurs de titres ronflants, les carrières fulgurantes, les occupations des chaires universitaires, etc… est universel. Ce n’est donc pas qu’un attrape-nigauds à la belge. On me dirait que Rudy enseigne à Tombouctou et à Detroit, entre les cours qu’il donne à Leuven, ça ne m’étonnerait pas outre mesure. Par contre, ça fait rêver les masses.
Ce type est donc nécessairement supérieurement intelligent !
Un Pic de la Mirandole issu des quartiers pauvres et qui, preuves à l’appui, extrairait des calculs de Rudy tout le côté farfelu et d’économiquement conformiste, qu’on ne le croirait pas. Il se ferait jeter de partout !
Les économistes ont bien été créé par notre société productiviste et de consommation pour n’émettre que des avis favorables à la croissance. La récession n’est que divagation pour ces diplômés de Wall Street.
Parlons-en des 1.400 euros par an que perdrait le wallon contre 200 euros pour un Flamand. On prend la somme globale que l’on divise par le nombre d’habitants, et on aboutit à la réponse d’Aernoudt.
En réalité, cela ne correspond à rien. Sinon à démontrer que les économistes qui répartissent sur chaque citoyen une somme déterminée sont en train de nous démontrer qu’un système égalitaire est en train de régler le problème d’un système capitalisme. On attend toujours qu’il nous fasse un cours sur les clés de répartition, sinon on croira dans les universités que Rudy est devenu marxiste.
C’est bel et bien, sous des dehors économiques, un discours politique qu’est en train de nous passer Monsieur Aernoudt. C’est un discours belge, dans toute son acception. Il nous dit, si les wallons veulent que les flamands ne les quittent pas, il faut qu’ils se rangent à l’évidence que les Flamands de par leur industrie et leur nombre ont droit à des égards supplémentaires, qu’ils ne feront plus longtemps la charité aux Wallons si ceux-ci ne parviennent pas à convaincre les Bruxellois que la scission de l’Arrondissement est nécessaire, comme sont nécessaires les scissions de la Santé, du Travail, des pensions, etc, etc….
Et si l’on considère seulement l’association sous cet angle, oui la force prime le droit et les Wallons ont tort. Pour qu’ils aient raison en restant dignes, il faudra bien qu’ils ne se satisfassent pas des mirobolants calculs de Rudy, nationaliste flamand d’un nouveau genre..

9 septembre 2008

L’angélisme exterminateur…

Une polémique vient de naître en France suite à un nouveau fichier de la population complétant la panoplie de ceux qui existaient déjà. EDVIGE – c’est son nom - est l’acronyme d’Exploitation documentaire et valorisation de l’information générale.
Le gouvernement veut rassembler les données des citoyens lambdas afin de constituer une banque de données qui servira à la police, à la gendarmerie et au RG afin de mieux contrôler les citoyens susceptibles de créer des désordres ou de mener des actions délictueuses.
En France, il existait avant EDVIGE, le STIC (plus de 20 millions de personnes fichées) créé illégalement en 1995 par Charles Pasqua, et légalisé en 2001 par Daniel Vaillant. Le JUDEX, qui est son équivalent au sein de la gendarmerie nationale, lui aussi créé de façon illégale.
Et enfin CRISTINA, le dossier secret à l’usage du contre-espionnage et de quelques hauts fonctionnaires et ministres qui y ont accès, et que les citoyens n’ont pas à consulter.
Et en Belgique ?
On a droit aussi aux regards soupçonneux des Autorités. Les responsables qui se font élire sur un programme de fermeté craignent que, de la violence urbaine à l’action terroriste, ils ne soient les victimes électorales d’une contre-performance, le jour d’un grand affrontement avec la jeunesse ou lors d’un attentat que la police n’aurait pas prévenu.
Justement, le courant est favorable à la flicardisation du royaume.
Le pouvoir a besoin de savoir ce que font les gens, le fichage des syndicalistes et des militants politiques étant déjà le fruit d’une vieille organisation, il manquait les citoyens ordinaires, ceux qui sont sans casier judiciaire et sans activité associative, en vertu du grand soupçon. Comme Knock qui trouvait en chaque homme bien portant, un malade qui sommeille, le pouvoir est persuadé qu’un honnête homme est un délinquant qui s’ignore.
Au nom de l’angélisme exterminateur, le citoyen moyen tient un discours sur sa sécurisation à peu près identique à celui des Autorités. Personne ne voit parmi ces gens au-dessus de tout soupçon, que les libertés dont ils font volontiers le sacrifice pourraient bien un jour leur manquer terriblement, s’il advenait qu’un régime musclé remplaçât la démocratie déjà chancelante, confisquant les derniers droits qui restent à monsieur Tout-le-monde.
Le chef de l’UMP et président de la République française et avec lui toute la droite sont les représentants d’une catégorie de citoyens dont l’histoire s’assimile au contrôle des masses, de l’Ancien Régime, à l’actuelle République, en passant par l’Empire de Badinguet.
Pour ces gens-là, EDVIGE est absolument nécessaire.
Contrairement aux masochistes qui adorent être en fiche « puisqu’ils n’ont rien fait », la presse française et certains militants de gauche se posent des questions quant aux renseignements qui seront collectés. Sous la dénomination "état de la personne" le fonctionnaire ou le militaire aura à choisir parmi les options suivantes : "homosexuel", "transexuel", "handicapé", "sans domicile fixe", "personne se livrant à la prostitution", "travesti", "relation habituelle avec personne prostituée", "personne atteinte de troubles psychologiques", "usager de stupéfiants", "permanent syndical".

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Pour calmer les esprits Michèle Alliot-Marie déclare qu'elle va réfléchir "quelques semaines". Mais elle précise que les renseignements sont les mêmes que ceux du logiciel actuel !
Et voilà le réel problème ! Créé en 1995 de façon complètement illégale le STIC possède déjà ce genre d'information depuis 13 années, tout comme les fichiers des RG, et le JUDEX, créé dans les années 80 !... Un tiers de la population figure dans ce titanesque fichier ! L'utilisation du STIC ou du JUDEX est entrée dans les mœurs de la Police et de la place Beauvau, qui ne voyaient donc rien de nouveau dans la mise à jour de son logiciel. Mais cette information du ministère de l’Intérieur porte à la connaissance de la population des agissements qu'elle ne soupçonnait pas. Des bavures, des histoires de flics malhonnêtes et des autorités jusqu’au sommet de l’Etat prennent un relief inattendu, quoique Mitterrand s’était illustré dans le genre.
La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) est plutôt un organisme chargé de fourrer son nez dans INTERNET, mais surtout pas dans les décrets et arrêtés de la République.
Ce n'est pas la CNIL qui s'opposera sérieusement à ce projet.
Ce qui est inquiétant pour la Belgique, déjà en pointe dans le traité Schengen, c’est l’exemple de la France flicarde et aimant se souvenir de Fouché, le premier à avoir établi des fiches sur les citoyens.
Les Flamands paraissent plus favorables que les Wallons à jouer les anges exterminateurs, par le sens qu’ils donnent à l’Etat, leur discipline toute germanique et par cette volonté de faire bloc contre « l’envahisseur » francophone qui les forme à l’obéissance militaire.
Grâce à eux et notre lâcheté habituelle, notre futur fichier sera sans doute encore plus performant que celui de la France. Peut-être existe-t-il déjà, sans que l’on ait cru nécessaire de nous en faire part ?
C’est comme le referendum sur l’Europe, un fichier national de tous les citoyens est peut-être actif, sans que l’on ait cru nécessaire de nous demander notre avis.
Si on jumelait Spa et Vichy, rien que pour le symbole ?

8 septembre 2008

Pauvreté sur dimanche midi.

Qu’un débat comme celui-ci puisse se faire, c’est reconnaître implicitement le fiasco d’un ordre économique performant dans ses plantureux bénéfices et sa productivité, mais incapable de nourrir et d’équiper les populations convenablement, même celles qui sont encore en activité.
C’est donc plus qu’une reconnaissance de l’existence de la pauvreté, c’est un aveu qu’elle gagne du terrain.
Ce n’est pas demain la veille qu’on trouvera le remède de cette maladie qui consiste à mourir d’un excès de poids quand le voisin meurt de faim.
Quelques remarques s’imposent.
Que ce soit sur RTL ou la RTBF, l’absence de toute critique du système capitaliste, malgré le bilan désastreux, est accablant.. Je persiste à croire qu’une des causes principales de la pauvreté, non seulement en Belgique, mais partout dans le monde, c’est l’exploitation de l’homme par l’homme, dans toute son efficacité rentable, mais aussi dans toute sa dureté et dans sa complète bêtise..
Les propos qui ne conduiraient qu’à comparer les déconvenues et les prospérités économiques locales, sans remettre en question le système, ne servent qu’à culpabiliser les gens d’une Région, comme on a tendance à le faire aujourd’hui en opposant l’économie flamande à l’économie wallonne.
Il est aberrant que l’on avance trente six raisons de cette pauvreté sans jamais aborder la principale. Il faudrait évidemment que les dirigeants politiques et économiques se remettent en cause. C’est la dernière chose qu’ils feraient, bien entendu.
Le choix des intervenants inattendus, à savoir les gens de la rue, quoique la démarche soit louable, n’est pas très judicieux. Ils ne sont pas pris au hasard. Ce sont en général des chômeurs ou des salariés dans le pétrin. Ils nous décrivent leur parcours d’une manière à la fois touchante et maladroite, mais qui détone par rapport aux brillants causeurs professionnels, de sorte qu’on a une vision faussée de leurs témoignages. Il est intéressant de voir l’expression des visages de nos champions de la rhétorique du « tout va bien, mais presque… », au moment de la prise de parole de ces non professionnels. Ils rongent leur frein, se tapissent derrière une expression figée entre le demi sourire et l’attitude de compassion, tandis que le chômeur bredouille, perd pied, si bien que le téléspectateur ne sait plus où il voulait en venir. Le chômeur seul le sait avec ses 650 euros par mois pour vivre, devant les autres qui jouent les étonnés et qui ne sont nullement gênés qu’un électeur puisse avoir un revenu dix fois et plus inférieur au leur..
Les gens qui témoignent sont choisis aussi pour leur fatalisme qui leur fait accepter le système de l’économie libérale comme allant de soi. Ce qui, bien entendu, arrange les télévisions et les intervenants habituels.
Idem pour le « spécialiste » de l’économie chargé de nous faire un cours sur l’inflation, la crise pétrolière, et les prévisions à terme de l’économie. Il est tout à fait incapable d’un discours qui montrerait aux téléspectateurs les dérèglements actuels de l’économie mondiale.
L’économiste de ce dimanche était particulièrement nul et désolant de conformisme.
Quand on n’a rien à dire à ce point là, il vaudrait mieux passer la main.
Sabine Laruelle en première demoiselle de magasin des Classes moyennes a tenu la dragée haute à Anne Delvaux qui est apparue moins sûre d’elle qu’au temps où elle lisait, les nouvelles du jour sur le prompteur de la RTBF.

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Un metteur en scène pourrait engager Sabine Laruelle dans un rôle de mégère, comme il y en a tant dans l’œuvre de Shakespeare. La voix porte bien. Elle clôt le bec de tout le monde par l’assurance avec laquelle elle profère des choses invérifiables immédiatement, bref, elle vendrait aussi bien des casseroles le dimanche matin sur la batte qu’elle joue de la prunelle et de la voix pour les petits et moyens commerces. Malheureusement son bagout n’évite pas les faillites.
Par contre, mis à part le conformisme général sur la manière de gérer le capital et le travail, Laurette Onkelinx a dit des choses justes, comme si elle était dans l’opposition !
Nous verrons si elle a eu raison de prédire que les socialistes plieront bagage en octobre au cas où Leterme ne déposerait pas sur le bureau de la Chambre, des propositions de loi pour venir en aide aux plus démunis.

7 septembre 2008

Willy Demeyer : la fermeture !

62 ans après la fermeture en France des maisons closes par la très contestée et sulfureuse Marthe Richard, le PS local qui s’était borné jusque là à satisfaire son vice des ronds-points, frappe les malheureuses en maison, ou plutôt en rez-de-chaussée sous prétexte que cette activité hautement humanitaire gêne les commerçants !
Le chef de la brigade rose soulèvera la question lundi au Conseil communal. Il proposera de cacher ce sein qu’il ne saurait plus voir, mais pour le mettre où ?
Repoussées sans ménagement sur le trottoir, alors que les prostituées paient des taxes et aident à financer les ronds-points comme les autres citoyens, où voulez-vous qu’elles aillent sinon dans les bras des julots infâmes au rendez-vous des hôtels à la plomberie douteuse ?
Comme s’il n’y avait pas autre chose à faire dans une ville qui se dégrade non pas à cause des dames, mais de la misère qui y règne ?
Il suffit de monter Sainte-Marguerite – Pardonne-moi mon Dieu ! - pour se demander où sont passés les commerces ? Alors que ce quartier, avec la disparition de la rue de Bruxelles (un autre haut lieu rayé de la carte), est depuis 50 ans sans galanterie de proximité ! On est atterré des ravages de la paupérisation accélérée de ce qui fut une des artères les plus prospères de Liège.
La bande des Ronds-points et l’opposition se réconcilieront sur le dos de ces malheureuses, comme il se doit.
Cette alliance permettra-t-elle un renouveau des mœurs ?
On en doute.
On n’ira plus en maisons, certes. Les socialistes doivent savoir que lorsqu’il y a une demande, il y a une offre, eux qui font commerce depuis longtemps. De semi-clandestin, le biseness deviendra clandestin. Les Pères-la-pudeur y auront gagné quoi ?
Les bordels fermés, le quartier de la Batte ressemblera au quartier Sainte-Marguerite. Le dimanche après-midi l’agriculteur du Limbourg ira dépenser ses bénéfices à Maëstricht. C’est tout.
Si on demandait aux commerçants bressoutois d’accueillir les prostituées et leur concéder un nouveau nid d’amour, rue Foidart ou rue Churchill, l’association en faillite se frotterait les mains et accepterait d’enthousiasme.
La proximité du cimetière de Robermont, autre haut lieu du délabrement de la périphérie, serait propice à redonner du tonus à une population déprimée.

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Le veuf pourrait entrer directement en contact avec une « cellule de crise » originale. Ce qui fait tendance à une époque qui compense le soutien financier de plus en plus rare aux populations dans le besoin, par un soutien moral largement dispensé. Les parents et amis retrouveraient des couleurs et la joie de vivre. Le psychologue, verrait entre la mort et l’amour, comme un pont sur le Styx pour les joyeux retours, contredisant l’adage que c’est plus dur pour ceux qui restent.
Et enfin, nos élus passeraient pour moins cons qu’en votant le chômage technique de 150 gagneuses.
Une fois votée, la loi communale nouvelle mettra nos chaussettes à clous sur les dents. Ces dames, délogées, squatteront les trottoirs comme les démarcheurs des compagnies de téléphone et les mancheux.
Les flics, outre les occasionnelles, auront à traquer les délogées. Il y aura des règlements de compte pour le contrôle des territoires. Les agents des foires et marchés devront millimètrer les trottoirs… Peut-être faudra-t-il doubler les effectifs ?
Est-ce que nos flics n’ont pas autre chose à faire ?
A propos de ces socialistes dévoués aux commerces liégeois en difficulté, on pourrait appliquer cette réflexion de Cioran : « J’ai toujours pensé que Diogène avait subi dans sa jeunesse quelques déconvenues amoureuses : on ne s’engage pas dans la voie du ricanement sans le concours d’une maladie vénérienne ou d’une boniche intraitable ».
Mon cher Willy, mes chers échevins et conseillers communaux, ce n’est pas votre cas, j’espère ?
Ah ! il aurait mieux valu réfréner les ardeurs locatives des propriétaires de ces maisons que l’on va clore, en limitant les loyers sous menace d’une plainte pour proxénétisme !
Et pourquoi pas une reprise en main de la Ville afin d’étudier la rénovation des rues de l’amour, pour qu’elles retrouvent les chalands qu’elles méritent ?
Alphonse (Boudard) si tu m’entends où tu es, tu peux revenir pour leur dire que lundi ils vont faire une connerie ! Par la même occasion, tu leur offriras ton livre « La fermeture », des fois qu’ils ne l’aient pas lu ? C’est fort possible, après tout, quand on voit l’état de la culture à Liège !

6 septembre 2008

Le dimanche de la pédale.

Non. Ce n’est pas un concert gay.
Dimanche, la Flandre cycliste a l’intention de mettre le bordel à la périphérie bruxelloise dans son Gordel annuel. Les joyeux pédaleurs – qui ne font pas de la politique, mais du plein air ! – arboreront sur des t-shirt « Splits BHV nu ! », ce qui, on le voit n’a rien de provocateur vis-à-vis des francophones.
Le gouvernement flamand a même dépêché la « Task force Vlaamse Rand », ce groupe est dans le genre Marine US une sorte d’unité d’élite, pour cadencer les pédaliers par des chemins champêtres…
Au moment où les Francophones se demandent quelle sera la nature de l’Etat de demain, ils ont la réponse. Elle tient en un mot « buiten » de Bruxelles, des environs de la Place Royale aux confins limitrophes de la Wallonie en forêt de Soignes.
On croyait le Gordel chargé de ceinturer par le sport une capitale endimanchée, en réalité c’est une corde de pendu qu’on lui attache au coup, la Task force étant chargée de serrer le nœud.
D’après une note de nos agréables partenaires, les Flamands ont l’intention de développer la périphérie flamande par des logements exclusivement réservés aux Flamands, ainsi que des réseaux de train, tram, bus aux horaires et aux destinations établis sur les seuls critères des besoins de la population néerlandophone.
Une partie de ces projets porte le nom de « Diabolo », cousin du yoyo. Le premier jette en l’air, le second fait monter et descendre. On s’y voit déjà, les flamands aux baguettes, les Bruxellois à l’objet projeté, autant dire expulsés.

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Si c’est pour répondre par des lâchetés continuelles aux agressions flamingantes que nous nous sommes solidarisés avec les francophones de la capitale, autant valait les laisser tomber et regarder ce que la Wallonie pourra faire sans nos tumultueux voisins. Ce qui ne saurait tarder.
Les flèches qui nous gouvernent ne l’ont pas voulu. D’accord. Mais alors qu’est-ce qu’on fait ?
Nous sommes allés pleurer à l’Europe qui nous a dit comprendre notre douleur, et à la limite, si nous avions insisté, elle aurait condamné nos calamiteux voisins. Et après ?... Il ne se serait rien passé !
BHV n’est pas le Kosovo où la minorité albanaise après deux siècles d’émigration est majoritaire et se débarrasse des Serbes devenus minoritaires.
On voit comme le terrain est miné et où un mot de travers, une intention mal comprise pourrait dégénérer et faire croire à l’injure raciste.
Gordel ou pas, il n’y a pas 36 solutions. On reste un Etat avec le Nord, la majorité fait ce qu’elle veut et nous accorde quelques petites faveurs si nous sommes bien sages au Sud. Il me semble que c’est ce qui va se passer après les élections de 2009.
Ou nous claquons la porte.
Nous laissons se débrouiller les Bruxellois qui ne sont que locataires du sol avec les propriétaires et nous demandons humblement à Sarkozy s’il veut bien de nous.
Pour en revenir aux rois de la pédale et à leurs Marines, ce sont les pionniers du « Rand », cette politique du tout pour moi (entendez le flamand) et rien pour les autres (entendez les Francophones). Ainsi "Vlabinvest" (structure de prêt pour le "Rand") va bénéficier d'un financement de 25 millions d'euros. Une petite pincée sera pour les pionniers du Wooncode (les titulaires d'une habitation sociale doivent se montrer disposés à apprendre le néerlandais).
Certains, parmi les joyeux de la pédale de ce dimanche, viendront pour choisir leur futur terrain à bâtir avec leur petite famille, un peu comme Israël pousse les nouveaux arrivants à monter des colonies en terre palestinienne.
Comment cette expédition va-t-elle se terminer ?
En eau de boudin, comme d’habitude.
Sinon que pour le détail, l’eau et la peau seront pour les fransquillons.
Devenus trop intelligents, trop productifs, trop travailleurs, trop obéissants – mais c’est pour la bonne cause – les Flamands nous montrent le chemin du trop. Nous sommes déjà trop couillons, c’est toujours quelque chose. Ce n’est qu’un début. Pour être trop de tout le reste, il faudra bien que nous nous mettions à apprendre le flamand !
Et pour cela : Er moest hard gewerkt worden, ce dont nous avons perdu l’habitude.
Tiens, une petite pédalée au Gordel, ça ne nous ferait pas de tort.

5 septembre 2008

Le PS en panne d’idées.

Comme on souhaiterait avoir un PS en Belgique, au sein duquel aurait lieu des débats même vifs sur des visions différentes des grands problèmes de notre temps !
Di Rupo avait eu l’intuition de cela en imaginant des réunions de la base sans les sections. Il avait même chargé un universitaire frais émoulu de l’opération.
Mais qu’est-il devenu ?
A-t-il jeté l’éponge par défaut d’intérêt ? Parce que les gens n’ont plus rien à dire qui n’ait été dit ?
On ne sait pas.
Reste que les occasions de se démarquer d’Elio sont devenues rares dans ce parti.
Cela suscite pas mal de réflexions.
Sans remonter à Jules Destrée, au temps d’André Cools, ce n’était pas si limpide. On va finir par regretter cette époque où pourtant déjà l’idéologie sombrait dans l’unanimité et le capitalisme pur et simple.
L’ambiguïté d’aujourd’hui tient dans le soin de la propagande à dresser un portrait clean et sans anicroche, lisse désormais, des quelques leaders qui tiennent le devant de la rampe. On suppose que si un avis divergeant se faisait entendre, l’opinion croirait les quelques grands leaders personnellement touchés. Ce ne serait pas l’idée avancée – bonne ou mauvaise – qu’il faudrait considérer, mais uniquement le grand leader qui aurait dû l’avoir, bonne et rejetée, si elle avait été mauvaise.
L’unité des partis et la face unie qu’ils montrent en public et à la télévision ne représentent pas la réalité. Cependant, pourquoi diffusent-ils cette image dans la presse et à la télévision ?
Pourquoi les tendances opposées n'arrivent-elles plus à se faire entendre comme autrefois ? Ce serait bien dommageable s’il n’y avait plus que le président et quelques personnes de confiance capables de penser !
Il y a sans doute plusieurs raisons. J’en vois deux évidentes.
La première tient à ce qu’il convient de faire suivant les écoles de communication et les agences de marketings.
Un parti, comme un homme politique, se lance comme un paquet de lessive.
Il y a des hommes formés pour ça. Les personnes en vue vont à leur école, s’imprègnent des règles, découvertes et pratiquées depuis longtemps par Ségala et consort.
Le sourire est constant lors d’interviews, même si les réponses sont fausses, il faut les asséner avec aplomb. Le public, enfin le gros de celui-ci, ne peut pas s’en rendre compte immédiatement. L’effet de cet aplomb est garanti.
Enfin, deuxièmement, les partis n'ont plus de doctrine, a fortiori le PS qui tranchait jadis sur tous les autres et semblait être le seul à rompre avec cette société.
Il n’y a plus de visions différentes du socialisme. Tous sont socialistes de la même manière. Cette uniformité plaît sans doute assez dans un société chloroformée, mais n’est pas capable de réveiller les masses.

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En France, Olivier Besancenot sera-t-il capable de faire revenir le PS sur ses erreurs ?
Nous n’avons même pas cette chance en Belgique. Ce n’est pas le parti de Javaux, Ecolo, qui pourrait jouer ce rôle. Il est bien trop imbriqué déjà dans les pouvoirs, trop attaché dans le conventionnel aux militants qui ne se distinguent pas des autres par des revendications sociales fortes.
C’est peu dire que la Belgique entre en récession dans des conditions pires que ses voisins et partenaires de l’Europe. Car, nous avons une autre crise, l’Institutionnelle, qui paralyse tragiquement le gouvernement Leterme et qui se superpose à l’autre, conjoncturelle.
Ne pas se savoir gouvernés dans une période comme celle-ci devrait multiplier les idées du PS !
C’est le contraire qui a lieu.
Les discours sont creux et les attentes pas plus impatiemment attendues que d’habitude.
A la faveur des errances du flamingantisme, les socialistes auraient beau jeu de pousser à une rupture entre un libéralisme fascisant à la flamande et un socialisme qui pourrait reprendre des couleurs en allant à l’écoute des gens.
Peut-être même entraînerait-on un socialisme flamand en léthargie aussi ?
Les opinions publiques ne s'y trompent pas : l'impopularité du CD&V et de Leterme ne profitent pas au PS. Selon une logique européenne, les gauches abandonnent même le pouvoir aux droites.
On en viendrait à espérer des luttes d’ambition personnelle au PS, comme en France. On voit bien que Van Cauwenberghe, pourtant montré du doigt par la direction du PS, n’a plus la stature pour rebondir. Il a perdu la possibilité de revenir en se laissant tailler des croupières par les médias souhaitant déforcer le PS de Charleroi. Peut-être par là a-t-il montré que les reproches étaient fondés ? De même à Liège, l’ambition reste locale. Lorsqu’on voit la passivité avec laquelle on suit Di Rupo qui désigne depuis Mons, qui entre au gouvernement à la Fédération de Liège, on a compris que là aussi, la révolution ne sera pas pour demain.


4 septembre 2008

Woman-hater

- Voilà Myriam, avec son chapeau de travers. L’est-il vraiment ? C’est une chose en feutre et paille tressée. C’est un « authentique » d’époque 1936. Il est peut-être de travers par souci d’une esthétique qui n’apparaît pas forcément au genre de béotien qu’elle a devant elle.
C’est une femme-femme qui n’a besoin des hommes qu’accessoirement, pour les voyages question de transporter les valises. Chaque difficulté la voit commencer par une réflexion générale sur le sort des femmes. Elle adopte aussitôt le nous de majesté plutôt que de modestie « Nous les femmes ». « Nous les femmes, nous avons un tel retard sur vous les hommes que… ». Ce qu’elle pourra dire, par la suite, sera une réparation des injustices des hommes à son égard, qui ne pourra aboutir que par une ultime injustice, mais « juste » puisqu’elle le sera aux noms des femmes !
Myriam souffre physiquement de tout ce que souffre son esprit. Cette souffrance morale descend dans ses membres et à chaque pas, elle doit prendre sur elle afin de rester debout. « Nous les femmes, souffrons à cause du passé où vous nous avez humiliées et déshonorées. »
Pour qu’elle paraisse gaie, enjouée et de bonne humeur, elle fait des efforts que nous ne remarquons pas, évidemment.
Elle doit mentir afin de ne pas exaspérer les hommes d’une souffrance collective qu’elle partage avec toutes celles qui ont pris à leur compte la cause féminine. La dissimulation est devenue une seconde nature, par la force des choses. Tout mensonge proféré est absout d’avance. C’est comme si cela allait de soi de mentir aux gens du sexe opposé, comme un accusé peut mentir devant ses juges sans faillir au Code de l’honneur. Par revanche, elle justifie l’injustifiable.
L’ennemi public N° 1 est toujours celui qu’elle préfère.
C’est une question d’amour propre, il faut que le numéro 1 paie pour tous les autres, non pas ceux qui l’on fait souffrir, y en a-t-il eu un ? mais ceux qui ont souffert le martyr à partir du moment où – selon ses propres termes – ils sont « arrivés à leur fin ».
Se donner, n’est pas rien ! Pour le reste, ils n’ont qu’à se débrouiller seuls, avec les moyens du bord. Le moyen d’être performant dans de telles conditions ? Et c’est pourtant nécessaire s’ils ne veulent pas que cette insuffisance fasse les gorgées chaudes d’une demi douzaine d’amies, qui sont plus encore, mais qui se relaient pour donner l’impression constante de la demi douzaine.
A la réponse à toutes ces questions, il faut qu’elle ajoute après un temps d’arrêt qui pourrait signifier qu’elle réfléchit : « J’ai toujours fait le contraire de ce que tu me conseillais, et je m’en suis toujours bien sortie… Je me demande ce qui me serait arrivé si je t’avais suivi ! ».
Sa passion, celle qui sera toujours insatisfaite car rien ne pourra jamais calmer son désir, c’est le voyage. Mais pas n’importe lequel, celui qu’elle fait deux fois l’an, mais en mieux. C’est-à-dire plus lointain à chaque fois. Si bien qu’à moins de 3.000 kilomètres, elle a l’impression de n’aller nulle part.

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Les numéros 1 qui l’ont conduite partout dans le monde n’y connaissaient rien. Elle a rompu avec un téméraire parce qu’il lui proposait la cathédrale de Chartres ! Le temps est à l’exotisme, aux feuilletons hollywoodiens, aux documentaires d’une planisphère particulière : celle des antipodes.
Aussi le désir du voyage « à faire » lui revient régulièrement à l’esprit sous la forme d’une indignation. Pourquoi, oui, pourquoi, est-elle toujours avec des Numéros 1 qui ne lui font jamais découvrir que leur pauvre anatomie ?
Par exemple, son Italien ! On peut dire qu’il a souffert de sa calvitie. S’est-elle moquée de lui en le surnommant « le mont Pelé » si bien que ses amies ne l’appelaient plus jamais Amadeo. Elles avaient fini par oublier son prénom !
Quel est celui qui résisterait à la perspective des nuits d’amour à l’hôtel de la plage, les promenades en mer, les tête-à-tête de tous les instants, les découvertes des musées la main dans la main, les petits achats de souvenirs, une fusion incomparable en quelque sorte annonçant le mariage. Surtout s’il est le leader depuis trois semaines seulement !
Le malheureux tombe alors de haut : l’après-midi sur la plage à bronzer, c’est-à-dire sans personne autour d’elle à faire de l’ombre, la soirée dans un restaurant où les bronzées se défient du regard pendant les heures d’un repas interminable. Quant aux musées, la chose culturelle énerve Myriam au plus haut point. Et faire les salles d’exposition au pas de course les jours de soleil voilé, en jetant un regard vers le ciel à chaque passage devant une fenêtre, est une épreuve redoutable, qu’elle inflige à tous !.
Certains Numéro 1 finissent par souhaiter que les rayons percent le couvert rapidement, auquel cas la visite est écourtée et le départ pour la plage avancé.
Et encore si elle prenait un bain de mer comme tout le monde !
Elle a entendu dire par une amie, donc c’est la vérité même, que le sel marin fait des auréoles sur le bronzage, ce qui est préjudiciable au défi permanent que lui lance les autres bronzeuses.
La moindre raillerie sur ces vacances particulières, la met hors d’elle et c’est souvent au retour, la fin de la relation.
Le motif de la rupture est identique à chaque fois : « Tu es trop égoïste, tu m’empêches de respirer ». Et le macho résigné s’en va, parfois sous le coup de la tristesse au souvenir de quelques bons moments, - car Myriam est bien faite et d’un abord charmant – parfois, aussi, il se sent envahi d’une joie intérieure… le sentiment de l’avoir échappé belle.

3 septembre 2008

La Machiavel tendance…

On a compris. La politique consiste à accompagner les événements, les tendances majoritaires et les systèmes économiques. Quand l’homme de pouvoir colle bien à la réalité, il observe de quel côté navigue le plus grand nombre. Le repérage accompli, il estime comment vont les mœurs et suppute si les tendances sont durables.
Il n’est pas là pour montrer la voie à suivre, ni développer des plans d’ensemble. Il attend le départ de la colonne pour courir à la tête du cortège. C’est un suiveur du premier rang !
Sa fenêtre est d’abord ouverte sur le quartier où il vit.
L’observation s’étend à la ville, puis au pays, et enfin au monde.
Et ce qu’il fait pour surfer sur la vague locale, il l’applique au monde entier.
Dans sa dimension mondiale, la tendance devient courant.
Le courant pousse une déferlante impossible à maîtriser.
Donc il se laisse porter.
Le politiciens qui réussit est un Sancho Panza et pas un Don Quichotte.
Si le régime est purement libéral, il est libéral. Si la tendance est fasciste, il le devient.
Il y a des ferments nationalistes en Flandre. L’Haut-lieu est à l’écoute. Pas encore de brassards, jeux de drapeaux de la jeunesse en culotte courte battant des tambours, mais qui sait ?...
Seuls quelques fous, idéalistes ou aventuriers perturbent le jeu de bielles. Ils ont trouvé la botte de Nevers qui touche à tous coups. Le public répond à leur appel. Les politiciens suivent. Parfois un seul illuminé suffit à entraîner les foules. Elles commencent par dire qu’elles n’ont rien à se reprocher, comme on l’entend souvent ces temps-ci, pour se retrouver en tôle comme de vulgaires immigrés.
Par le passé, cela s’est vu, le climat délétère est propice aux dictatures sanglantes. Il est vrai qu’en l’occurrence, le politicien n’a pas le choix. Il adhère, sinon, il doit entrer en résistance. Ça n’est pas son fort.
C’est ici que les historiens nous prennent pour des imbéciles.
Ils réécrivent l’histoire à leur manière en suivant le chemin de quelques grandes figures qui ont dit « non » et se sont opposés à la dictature.
De 1933 à 1940, il y avait bien 80 millions de nazis en Allemagne, très peu de résistants et parmi eux, une poignée d’anciens dirigeants politiques.
L’oppression qui suivit n’émut personne. Il fallut attendre la débâcle pour que les Allemands se rendent compte, forcément, la tendance s’était inversée. L’acte de bravoure de la SS devenait un génocide.

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Ceci n’accable pas les Allemands qui sont un grand peuple. Cela démontre que l’esprit fonctionnaire est général et qu’un grand peuple peut être un peuple veule.
Aujourd’hui, localement, les différents pouvoirs politiques cherchent à coller au peloton en Belgique. Les Flamands ne pensent plus du tout comme les Wallons. On s’est efforcé de masquer par des artifices ce constat. On n’y parvient plus.
Nous assistons à la scission en deux courants du personnel politique. Dame, chacun obéissant à la loi des tendances, opère sa reconversion. Les politiciens flamands se font nationalistes, demain ils se feront flamingants, s’il le faut. Les politiciens wallons sont les plus perplexes. Ils misent toujours sur le loyalisme vis-à-vis d’une Belgique unie et d’autre part, ils se demandent si sous les coups de boutoir flamands, la population wallonne ne va pas évoluer vers une sorte de volonté d’indépendance. Le tout est d’apprécier jusqu’où un citoyen wallon peut aller dans la peur d’un avenir sans ses partenaires de 1830.
Cela se change en cauchemar pour les Di Rupo, Milquet et Javaux. Reynders lui dort mieux, il a choisi de collaborer avec le camp d’en face. Trahir ne l’empêche pas de dormir.
Heureusement que la politique n’est pas toujours à la frange de deux hypothèses contradictoires.
Par contre, où le pouvoir est plus tranquille, c’est bien sûr dans le système économique qui est devenu mondial. Vous ne verrez jamais personne critiquer quoi que ce soit. On ne parle jamais que d’adaptation ! Parce que c’est ce que croit la masse. Le calcul serait à refaire si cette masse commençait à perdre confiance et se délitait dans la croyance que le système économique mondial est déterminant et le seul possible.
Ce n’est pas demain la veille.
Les systèmes meurent, comme les civilisations.
Ne vous tracassez pas. Le jour où celui-ci donnera des signes d’essoufflement et que ces signes se traduiront dans les masses par un mouvement de protestation et de scepticisme, alors nos hommes de gauche, après avoir freiné des quatre fers pour éviter ce changement – dame, ils vivent très bien dans la mondialisation économique – retrouveront leurs anciennes marques. En Belgique cela se traduirait pas trois choses. On déterrerait le principe de la lutte des classes. C’est facile, il suffirait de changer quelques dates et quelques virgules dans les discours anciens. On reviendrait au sifflet des meetings passés ponctuant de son « tuut-tuut-tuut » des slogans comme « plus un sou au curé » et - last but not least – la refondation des écoles en une seule.
Ils auront l’air de nous avoir conduits. Ils chanteront sur tous les toits que leur intuition ne les a pas trompés. Nous les croirons et nous repartirons vers de nouvelles désillusions…

2 septembre 2008

Ah ! on est forts…

Il y aurait trois millions de pauvres en Belgique !
Si les champions de la statistique ne sont pas à un zéro près dans certains cas, à vue de nez cette estimation semble correspondre à la réalité.
Ce chiffre effarant démontre avant tout l’échec d’un système économique qui dépossède le travail de ses fruits pour les donner au capital.
Il est accablant aussi pour les partis au pouvoir qui sont plus ou moins attachés à la notion de bien-être général, avec un zéro pointé pour le parti socialiste.
Cet échec est aussi celui d’un gouvernement dont les ténors affirment tous les jours que l’absolue priorité est économique ; alors qu’ils se déchirent sur le communautaire et que la réalité prouve le contraire.
C’est à tel point que l’on sait aujourd’hui que les mesures annoncées qui concernent notamment les salaires, les pensions et les allocataires sociaux et qui devraient faire partie d’une loi cadre articulée autour d’arrêtés, sont en réalité tributaires des futurs accords communautaires et que rien n’est encore fait.
Les augmentations de 2 % prévues le sont automatiquement suivant les mécanismes d’adaptation au coût de la vie.
Autrement dit, rien ne sera fait dans le domaine social tant que l’on n’aura pas avancé dans le communautaire.
De longtemps, on a vu un pays aussi mal géré par autant d’incompétents, des partis englués dans autant de problèmes communautaires affirmer le contraire et un premier ministre aussi mauvais.
Cette accumulation d’inconvénients est unique dans notre histoire.
Ses conséquences seront à long terme et seront longtemps notre fardeau.
Pour les trois millions de pauvres, le calvaire ne fait que commencer.
On ne joue pas impunément avec les nerfs des gens comme l’a fait Leterme avec ses démissions en cascade, un CD&V en pleine contradiction avec un NV-A fasciste et républicain à la manière du National Socialisme d’Adolphe.
Les trois « sages » d’Albert II ne pourront rien contre la catastrophe ambulante de ce parti et de son leader. Et encore, on n’a pas tout vu, parce que question de surenchère, n’oublions pas qu’il y a le Vlaams Belang prêt à prendre la relève pour en ajouter une couche et qui attend son heure, qui pourrait bien être les élections de 2009.
Tous s’en défendent, pourtant tous ont les yeux braqués sur les élections de l’année prochaine. Cela paralyse tout, tant la perspective d’un faux pas glace les sangs !
Cette attente est pourtant mortelle.

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Après le premier mensonge de la priorité au social, voici le deuxième : celui de l’urgence.
Ils le disent tous : il faut agir dans le domaine social au plus vite. Et tandis qu’ils disent cela, ils se surveillent et annulent toute initiative en prévision de ces fichues élections de 2009.
C’est une république bananière soutient Isabelle Philipon (Le Vif-L’Express).
Elle n’a pas tort. Tous les débats sont faussés par cette échéance.
C’est à se demander si les responsables des partis ne sont pas devenus fous.
Le CD&V-NV-A n’espèrent pas aller aux élections les mains vides sur le communautaire !
S’ils y vont, les partis séparatistes auront partie gagnée et à ce que je sache, les partis wallons ne sont pas séparatistes avec un Elio plus patriote que le roi et une Milquet qui ne jure que par le sentiment de belgitude. Le cas Reynders est à dissocier, tant ce dernier joue toujours de la prunelle pour un arrangement à l’amiable avec des gens qui ne le sont pas.
Des partis francophones, c’est encore le parti socialiste qui est le plus mal placé. Non seulement, le communautaire plus on tarde, plus il va faire mal, et en plus, la situation économique dont il devrait par sa présence au gouvernement ralentir les effets néfastes sur les petites gens s’est dégradée au point qu’on se demande ce que le PS fait encore dans cette pétaudière.
Si ce n’est jouer le double jeu, comme il en a l’habitude depuis qu’il a intégré le libéralisme.
Voilà une rentrée qui s’annonce mal, avec, encore une fois un Yves Leterme qui passe son temps à entrer chez le roi pour présenter sa démission et à entrer en clinique pour des réglages dont on ne sait s’ils sont de santé ou pour rendre visite à un personnel hospitalier qui commence à le connaître.
Pas que madame Houard qui devrait se faire du mouron, c’est toute la Belgique avec en tête de gondole, les trois millions de gens qui ont déjà jeté l’éponge.

1 septembre 2008

Dieu : le retour !

Après le retour du « tout moral » on est en plein dans celui de Dieu.
C’est l’époque qui veut ça. Il devient si délicat de parler de certaines choses que l’on a fait des lois pour ne pas que ça se voie qu’on en parle quand même.
C’est tout l’homme. L’hypocrisie, dieu apprécie.
Mais dieu, pardon, on peut en parler ! Non seulement on peut : on doit !
Jamais aucune loi n’interdirait à Dieu de commercer avec les hommes.
Il est partout et dans tout. En ce moment, il sort à peine d’un stade de Pékin.
Place à la fantasmagorie ! On ne peut pas égaliser le sol en hélicoptère à béton, raboter les clous qui dépassent sans laisser un petit quelque chose d’immatériel et d’insensé au fond des gens.
D’abord, nous avons eu droit au réarmement théologique par le chantage au génocide.
Le rappel du Dieu vengeur par ses zélotes nous saisissant les tripes, nous avons souhaité et obtenu une police pour incroyants. Puis, ce que nous n’avions pas souhaité est arrivé, les concurrents de Yahvé ont réclamé une place à leur tour.
Allah est surtout grand par le bruyant de son prophète.
Donner dans le mystique allait faire oublier l’orage prochain au peuple et éviter la critique des institutions économiques.
Temple, église, minaret, synagogue, locaux pour le tantrisme, le bouddhisme, les adeptes des Derniers et des Premiers jours, des Tables de la Loi, Moon light serenade et scientologie de la révélation : Jéhovah, Allah et Bouddha ont de quoi se loger.
C’est le grand charivari de leurs opéras. Les soupirs des anges concurrencent les imprécations des gourous, les vocalises des moines, des imans et des muezzins.
Les serviteurs du Grand Révélateur comptabilisent les oboles et les dons des fidèles pour la consécration suprême du Temple : celui de Wall street.

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Dans la confusion, des derniers hésitants s’interrogent : puisqu’il y a tant de dieux et qui paraissent incompatibles, comment reconnaître l’Unique ?
Et s’il n’y en avait point, finalement ?
Sinon, celui qui ressemblerait le plus à Voltaire, qui serait doux, tolérant, aimable, et un rien frondeur ?
A force de trop vouloir l’égalité du monde dans ce qu’il a de plus médiocre, en serait-on arrivé à ce que Dieu le soit aussi ? Un Dieu qui respecterait les hiérarchies humaines, qui serait de gauche, mais approuverait une politique de droite, bref un dieu socialiste ! Un dieu, enfin, qui reviendrait de La Rochelle avec les bobos de la rue de Solferino ?
Ou un Dieu tellement inaccessible, qu’à force, on soupçonnerait qu’il n’existe pas ?
L’athéisme considéré comme un anathème !
Certains fols ont cru que le seul culte possible était celui des hommes.
On s’est rendu à l’évidence que dans cette conjecture, les riches allaient devoir casquer.
Voilà du coup l’athéisme devenu l’horreur absolue de Ben Laden à Dobeliou Bush.
Pour que des intérêts aussi divergents s’allient, faut-il que l’athéisme soit considéré comme le fléaux de la parfaite aporie !
Les bookmakers des parlements n’y pensent pas. Il suffirait de dresser des Temples à l’athéisme, comme des francs-maçons s’y essayèrent sans grand succès, pour mettre les adhérents de tout système à égalité
Un vrai cours de morale à côté des cours de religion serait un beau début.
Pourquoi pas un dieu de synthèse, un dieu qui aurait son temple et qui accepterait, comme tous les autres, les modestes contributions citoyennes qui font les grandes rivières à seule fin de reverser le tout dans un fonds de la solidarité humaine ?
Puisque les foules sont sensibles au décor et aux costumes, il suffirait d’un grand prêtre habillé de rideaux, la barbe est superflue, et qui viendrait nous raconter des sornettes, sauf que ce serait pour la bonne cause en réparation aux victimes des kalachnikovs des dieux forts !