Contribution à une Europe heureuse..
C’est une erreur de vouloir à toute force contrarier les individus dans leurs plus extravagantes dispositions d’esprit.
Pourquoi réduire au rôle de forcenés ou pire d’extrémistes abominés, les intégristes qui ont envie de se faire exploser ?
Il existe suffisamment d’îles désertes, de déserts sablonneux pour qu’ils puissent exercer leurs activités en toute sécurité pour les autres !
On les y parachute avec armes et bagages, des vivres pour suffisamment longtemps des fois qu’ils changeraient d’avis, en n’oubliant pas de les munir de fusées éclairantes, si leur idée fixe les abandonnait.
Là, à l’aise sous des cocotiers qui n’ont jamais vu jusqu’où peut aller la folie des hommes, ils pourraient sans crainte d’être surpris, laisser libre cours à leur manie d’éparpillement des corps, puisque ce serait exclusivement les leurs.
A l’aise, ils lacéreraient les drapeaux des divers pays dont ils ne supportent plus la vue, piétineraient en effigie tous les chefs d’Etat qu’ils exècrent. Certains pourraient, en guise d’expiation, s’affubler du turban truffé de bombes à l’effigie de l’humoriste danois qui y voyait en-dessous la figure emblématique de Mahomet.
Sans doute, certains parmi les plus déterminés, exigeraient des décors de marché public, des ambassades ou des hôtels cinq étoiles. Hollywood viendrait à la rescousse afin de munir le projet des vieux décors des studios.
Et si cela n’était pas suffisant à la folie sanguinaire, on pourrait faire appel sur Internet à tous les détraqués du revolver et qui déclarent sur la Toile avoir l’intention de dévaster leur ancienne école et traquer leurs condisciples, pour qu’ils passent à l’acte – à leurs seuls risques et périls – dans cette île expérimentale.
Ils y pourraient faire les carnages qu’ils souhaitent, à moins qu’ils ne soient emportés avant par l’explosion d’une bombe d’un fou d’Allah.
On pourrait étendre cette idée à d’autres activistes moins gravement atteints.
Pourquoi pas une île pour les névroses relevant des suspects de racisme et d’antisémitisme ?
On y serait moins exposé que dans la précédente, certes, mais chaque habitant serait passé au crible et dépouillé par un lavage de cerveau de toute atteinte, injure ou geste tendant à discriminer tout individu. On n’y pourrait plus s’exprimer sans passer devant une Commission chargée de déterminer si en décomposant un mot dit de travers, il n’y aurait pas une injure à caractère raciste dissimulée entre deux syllabes. Les cyclistes n’y pourraient plus parler de la pédale. Les potiers, de four. Les écrivains publics n’y pourraient être taxés de « nègres » sans encourir les foudres de ladite Commission.
Evidemment, l’étoile Jaune Arcturus, dans la Constellation du Bouvier serait effacée à jamais des cartes du ciel.
Bien entendu les aveugles seraient des non-voyants et les sourds des malentendants. Chaque fumeur se devrait de faire une confession complète publique de son crime, après être redescendu du sommet d’un cocotier, seul espace permis pour ce genre d’activité.
Mais, par contre, les couples ayant fait l’amour se verrait offrir une assistance gratuite de psychologues spécialisés dans le traumatisme post coïtal. Enfin des accompagnateurs conseils aideraient les personnes se rendant dans des bureaux de vote fictifs, mais nécessaires afin de réapprendre la démocratie.
Tous les soirs, il y aurait un bal sans alcool, néanmoins avec un contrôle alcootest à la sortie, animé par des gendarmes à des fins éducatives. Les contraventions des conducteurs imprudents étant presque la seule ressource de l’île, il serait particulièrement grave de ne pas ralentir devant des panneaux de limitation de vitesse, ou de franchir des lignes blanches, malgré une circulation nulle, puisqu’il n’y aurait aucun véhicule à moteur. On apprendrait par cette manière à obéir à toutes les règles, même les plus absurdes.
Les soirs calmes, on viendrait sur la plage admirer les feux et les explosions des intégristes installés sur l’autre île, en espérant que la pyrotechnie d’Al-Qaida diversifiât ses colorations.
Ainsi, pour le grand bien-être de l’Europe, on serait débarrassés d’un seul coup des artificiers malencontreux et des imbéciles heureux.
Il ne resterait plus qu’à se défaire des banquiers, ce qui, devant la crise actuelle, ne paraît pas impossible.