Les Soviets aux USA !
Ah ! ce qu’on se marre…
On entend des éclats de rire qui sortent du sarcophage transparent de Lénine au Kremlin. On a retrouvé les hooligans de Brejnev. Ils campent à Washington sur la pelouse de la Maison Blanche !
Les Bourses européennes repartent à la hausse avec l’intervention massive des pouvoirs publics aux Etats-Unis dans les pertes gigantesques des banques, assurances et sociétés de prêts !
L’URSS en sa période la plus glorieuse n’aurait jamais osé renflouer les usines malades des plans quinquennaux ! L’Amérique capitaliste, si !...
A Moscou, on aurait fusillé les directeurs…
En Amérique, on les supplie de rester…
La vérité éclate : le libéralisme, c’est du bidon… une façade pour accroître une légalité de voyous !...
On le savait déjà avec une Europe à la dévotion du Marché et qui liquide par le bluff de la libre concurrence des centrales électriques, au chemin de fer, en passant par le gaz et la poste, tout ce qui restant en dehors des rapacités privées avait trait à la sécurité et au confort des habitants.
Non seulement, les prix s’envolent, les services se dégradent, les accidents se multiplient, mais en même temps, les salaires s’effondrent, le mécontentement se généralise et les magouilles s’accélèrent… Et tout ça pour permettre aux gros actionnaires, aux dirigeants nouveaux de s’en mettre plein les poches et de nous éclabousser de leur suffisance de nouveaux riches !...
Elle est belle la libre concurrence, merci pour les citoyens…
D’autant que lorsque ça va mal tourner et connaissant l’appétit démesuré de ceux qui ont la clé du coffre-fort, la suite ne sera pas triste… Au bord de la faillite, à deux doigts des saisies sous contrainte, après que l’action qui valait 100 ne vaut plus que 2, voilà que l’Etat avec nos impôts, nos TVA, nos contributions diverses, notre pillage régulier sous formes d’amendes pour un pas de travers, voilà que l’Etat, dis-je, suivant l’auguste exemple américain, dira aux faillis, aux voleurs, aux actionnaires et aux voyous des directions « vous tracassez pas, les amis, les gogos sont encore assez cossus pour vous renflouer. Combien, vous manque-t-il ? »
Petite mesurette, quand même pour les jongleurs de biftons, le régulateur boursier américain (SEC) a interdit temporairement vendredi, les ventes à découvert sur les valeurs financières, suivant une décision similaire de l’Autorité des Services Financiers (FSA) britannique. C’est un peu comme si un maître d’école des années 36 tapait avec le plat d’une réglette sur les doigts de l’élève Dujardin pour turbulence excessive.
Mais que nos anges du désir capitaliste se rassurent, cette mesurette se terminera en principe le 2 octobre au soir.
Donc, c’est parfait. Tout va bien.
Nous sommes toujours en régime capitaliste sous l’aire stalinienne… pardon bushienne. Le politburo de Wall Street est aux anges, les subprimes ne sont plus qu’un mauvais souvenir. Ils sont remplacés par les gogo-primes sur décision du Kominterm réuni au Congrès sous la statue de Lincolm. C’est une assurance formidable dont les taux sont fixés par les porteurs de valises pour la Suisse eux-mêmes. C’est dire la garantie de sérieux.
La vente à découvert, pratiquée par les fonds spéculatifs, consiste à emprunter une action dont on pense que le prix va baisser et à la revendre, avec l’espoir d’empocher une forte différence au moment où il faudra la racheter pour la rendre.
Vous ne comprenez pas ?
C’est comme si vous repreniez mon vieux frigo pour le revendre au prix du neuf, dans l’espoir lorsque l’acheteur s’en apercevra, qu’il le revende comme une épave, afin que vous puissiez le retaper pour encore en tirer un bon prix…
C’est chouette quand même le capital !
Avant, il avait besoin d’être investi dans un bidule avec grosses machines et personnel suant, pour obtenir un bénéfice. Aujourd’hui, il n’a plus besoin de salopette qui sente le cambouis, d’entreprises dans lesquelles les ingénieurs sont au bord de la dépression nerveuse. Il suffit de s’installer à la Bourse faire des pokers menteurs. On peut miser le paquet, puisque les papiers monnaies ne représentent plus rien qu’une masse quasiment ésotérique de pouvoirs et de plaisirs… et quand on perd sa culotte, c’est le tôlier qui règle la facture.
Ce système serait parfait si nous étions tous autour de la table à prendre du blé ou à en perdre sans conséquence pour les prochaines vacances...
Hélas ! pour nos petites gueules de paumés immatures, nous sommes dans les usines, à bosser ferme les mains dans le cambouis, et nous ne sommes pas prêts d’en sortir.
Après tout, c’est normal.
Avec quoi paieraient-ils sans nous leurs pertes au jeu, nos capitalistes ?