Pauvreté sur dimanche midi.
Qu’un débat comme celui-ci puisse se faire, c’est reconnaître implicitement le fiasco d’un ordre économique performant dans ses plantureux bénéfices et sa productivité, mais incapable de nourrir et d’équiper les populations convenablement, même celles qui sont encore en activité.
C’est donc plus qu’une reconnaissance de l’existence de la pauvreté, c’est un aveu qu’elle gagne du terrain.
Ce n’est pas demain la veille qu’on trouvera le remède de cette maladie qui consiste à mourir d’un excès de poids quand le voisin meurt de faim.
Quelques remarques s’imposent.
Que ce soit sur RTL ou la RTBF, l’absence de toute critique du système capitaliste, malgré le bilan désastreux, est accablant.. Je persiste à croire qu’une des causes principales de la pauvreté, non seulement en Belgique, mais partout dans le monde, c’est l’exploitation de l’homme par l’homme, dans toute son efficacité rentable, mais aussi dans toute sa dureté et dans sa complète bêtise..
Les propos qui ne conduiraient qu’à comparer les déconvenues et les prospérités économiques locales, sans remettre en question le système, ne servent qu’à culpabiliser les gens d’une Région, comme on a tendance à le faire aujourd’hui en opposant l’économie flamande à l’économie wallonne.
Il est aberrant que l’on avance trente six raisons de cette pauvreté sans jamais aborder la principale. Il faudrait évidemment que les dirigeants politiques et économiques se remettent en cause. C’est la dernière chose qu’ils feraient, bien entendu.
Le choix des intervenants inattendus, à savoir les gens de la rue, quoique la démarche soit louable, n’est pas très judicieux. Ils ne sont pas pris au hasard. Ce sont en général des chômeurs ou des salariés dans le pétrin. Ils nous décrivent leur parcours d’une manière à la fois touchante et maladroite, mais qui détone par rapport aux brillants causeurs professionnels, de sorte qu’on a une vision faussée de leurs témoignages. Il est intéressant de voir l’expression des visages de nos champions de la rhétorique du « tout va bien, mais presque… », au moment de la prise de parole de ces non professionnels. Ils rongent leur frein, se tapissent derrière une expression figée entre le demi sourire et l’attitude de compassion, tandis que le chômeur bredouille, perd pied, si bien que le téléspectateur ne sait plus où il voulait en venir. Le chômeur seul le sait avec ses 650 euros par mois pour vivre, devant les autres qui jouent les étonnés et qui ne sont nullement gênés qu’un électeur puisse avoir un revenu dix fois et plus inférieur au leur..
Les gens qui témoignent sont choisis aussi pour leur fatalisme qui leur fait accepter le système de l’économie libérale comme allant de soi. Ce qui, bien entendu, arrange les télévisions et les intervenants habituels.
Idem pour le « spécialiste » de l’économie chargé de nous faire un cours sur l’inflation, la crise pétrolière, et les prévisions à terme de l’économie. Il est tout à fait incapable d’un discours qui montrerait aux téléspectateurs les dérèglements actuels de l’économie mondiale.
L’économiste de ce dimanche était particulièrement nul et désolant de conformisme.
Quand on n’a rien à dire à ce point là, il vaudrait mieux passer la main.
Sabine Laruelle en première demoiselle de magasin des Classes moyennes a tenu la dragée haute à Anne Delvaux qui est apparue moins sûre d’elle qu’au temps où elle lisait, les nouvelles du jour sur le prompteur de la RTBF.
Un metteur en scène pourrait engager Sabine Laruelle dans un rôle de mégère, comme il y en a tant dans l’œuvre de Shakespeare. La voix porte bien. Elle clôt le bec de tout le monde par l’assurance avec laquelle elle profère des choses invérifiables immédiatement, bref, elle vendrait aussi bien des casseroles le dimanche matin sur la batte qu’elle joue de la prunelle et de la voix pour les petits et moyens commerces. Malheureusement son bagout n’évite pas les faillites.
Par contre, mis à part le conformisme général sur la manière de gérer le capital et le travail, Laurette Onkelinx a dit des choses justes, comme si elle était dans l’opposition !
Nous verrons si elle a eu raison de prédire que les socialistes plieront bagage en octobre au cas où Leterme ne déposerait pas sur le bureau de la Chambre, des propositions de loi pour venir en aide aux plus démunis.