Si on érotisait les ronds-points ?
C’est fait, le gang des ronds-points sortant de sa spécialisation au Conseil communal de Liège a voté la fermeture des 51 salons des ruelles de l'Agneau et Champion, dans le quartier Cathédrale.
On peut se demander ce qui a poussé les socialistes emmenés par Willy Demeyer, en père Dupanloup, à l’assaut de ses pauvres filles ?
Y aurait-il une attente des bétonneurs, maintenant que le blockhaus en annexe du palais de justice est presque terminé ?
On se demande ?
Il a suffi d’amender le règlement de 2005 pour mettre à la porte de chez elles, à partir du 1er avril 2009, entre 100 et 150 travailleuses du sexe.
Belle victoire en vérité, qui ne résout rien de la prostitution liégeoise. Le désordre « dépasse l’entendement » dit Demeyer. Evidemment, s’il parle du sien…
Cet amalgame de la pauvreté qui gagne la rue et la prostitution, entre dans les propos socialiste de la confusion des genres. Ils devraient être plutôt sensibles aux petites gens, qu’aux commerçants des classes moyennes.
C’est ainsi, et c’est inutile d’insister.
Pendant ce temps, la paupérisation et la ghettoïsation des quartiers vont bon train.
La prostitution touche une population de femmes fragilisée par la vie et au destin fait de malchance et de tragédie.
Du chapelier « Jean », aux commerces de draps, droguerie, papiers peints et de tabac qui de 1900 aux années 60 faisaient la prospérité du quartier « Cathédrale-Léopold », les prostituées ne gênaient que les pisse-vinaigre et les tracassés de la branlette… les apprentis curés de l’évêché.
Il y avait des rues dans lesquelles on ne passait pas avec les enfants. C’est tout.
Les grandes artères n’étaient en rien devenues des succursales de l’amour tarifé.
Pourrait-on expliquer pourquoi le quartier de la Batte, « nettoyé » des salons depuis la construction du hideux building de la Cité administrative, a poursuivi sa plongée dans le marasme économique, de la rue Neuvice, aux rues du Pont et de la Boucherie, poussant jusqu’à la rue Féronstrée, dont on ne compte plus les faillites ?
Le champ d’activité d’une Ville qui s’appauvrit se replie sur l’hyper centre. Et qu’y vend-on majoritairement ? Des fringues et de la godasse, pardi.
Quant à vider les trottoirs des toxicos et des paumés, Demeyer devra se lever tôt pour se renseigner sur place, dans un tour de ville qu’il semble plus mal connaître, qu’un tour de foire.
Ce n’est pas en délogeant les toxicos de leurs habitudes qu’il va décourager la toxicomanie. La déménager ailleurs, c’est transporter le problème dans un autre quartier. C’est tout.
Si c’est cela régler le problème, la police peut affréter un car tous les matins pour déplacer les gens. La tournée ne se bornera pas à la rue Cathédrale, le pied de la rue Saint-Gilles, les Guillemins et certains coins de la rue Saint-Léonard, bref un peu partout, la société liégeoise s’y dissout par le bas.
Bénédicte Heinrichs d’Ecolo et son groupe ont voter contre le règlement. Elle pense que c'est la prostitution de trottoir et non de salons qui pose problème dans le quartier. Ce sont les projets immobiliers privés de réhabilitation de ce quartier qui ont poussé la Ville à agir, disent les Ecolos.
C’est sans doute vrai, chercher où il y a moyen de se faire du pognon et vous trouverez un politicien pas loin. La prostitution de trottoir se retrouvera augmentée des dames des salons. Pour certaines d’entre elles, il n’y aura pas d’autre choix.
J’ai été abordé comme tout le monde rue Cathédrale par une occasionnelle, pas vulgaire et pas mal jolie. J’en étais très flatté. Nous avons dit quelques mots sur le trottoir, très poliment. Nous nous sommes quittés en bons termes. Comme elle paraissait gênée, je lui ai filé un peu de blé sans qu’elle me le demande et sans « consommer » comme disent vulgairement les flics. Elle n’a gêné personne et elle m’aura laissé le souvenir d’une personne charmante. Un bon souvenir, en somme…
Que les cafards de la Cité me pardonnent, mais où est le mal ?
Les socialistes ont promis l’étude d’un « Eros center », comme si la concentration en un seul endroit de la prostitution n’allait pas faire des alentours, un haut lieu des plaisirs à la sauvette ?
Ah ! les socialistes étaient plus rigolos quand ils s’attaquaient aux curés et à la religion. Depuis qu’ils sont devenus les défenseurs des classes moyennes, on ne les reconnaît plus.
D’ici à ce qu’ils aillent « tirer un coup » à la sauvette, ils ont encore jusqu’au 1er avril 2009.
Après, il faudra bien qu’ils lèvent la mignonne sur le trottoir rue Cathédrale. Si c’est « la mienne » je leur demande, pour une fois, d’être extrêmement polis et corrects. Ils pourraient lui refiler un jeton de présence du Conseil, par exemple, avant de se livrer à des propositions « malhonnêtes ».