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31 octobre 2008

Di Rupo chevetognant (suite)

Deuxième partie de l’analyse du discours que fit le président du PS aux rencontres de Chevetogne en août dernier.
…C’est peut-être la voix qui trahit le plus Elio Di Rupo. Lorsqu’il l’élève, c’est tout le côté féminin de sa personnalité qui surgit. En règle générale, un chef lorsqu’il discoure joue de son organe qu’il sait puissant. Il tonne parfois, comme devait le faire Bossuet du haut de la chaire de Vérité en admonestant Louis XIV. Di Rupo sait que cela ne lui convient pas. Il est vraisemblable que son humeur égale (enfin en public) le ton modéré qu’il emploie viennent probablement de cette faiblesse vocale.
C’est une forme d’intelligence qu’on lui reconnaît : la connaissance de ses moyens et de ses limites. Il est éminemment adaptable, au contraire de Reynders coutumier de petites phrases assassines qui sont moins des mots d’esprit que des maladresses et qui cachent mal le dépit.
On reconnaît d’un discours qu’il est plat, lorsqu’il peut être interchangeable. C’est le cas de celui de Chevetogne. Il aurait pu être prononcé à quelques virgules près à la mutuelle ou au syndicat socialistes et mieux encore, avec très peu de modifications, par Didier Reynders !.... C’est un texte qui peut resservir parce qu’il est indatable, hormis quelques références à des actions précises. En tous cas, c’est le texte par excellence qui n’engage pas. Il est plus facile de dire pour n’avoir pas à faire…
« Les Gouvernements sont là, je le répète, pour résoudre le problème des gens. » Cela va sous le sens. De Guizot à Clémenceau, on ne compte plus les interventions dans lesquelles des variantes de ce type ont été dites avec toujours un murmure d’appréciation dans les salles.
Le président du PS parle de ses collaborateurs au sein des gouvernements en les appelant familièrement par leur prénom : « Sous l’impulsion du PS, avec Rudy, Michel, Jean-Claude, Philippe, Didier, Christian, Marc et Fadila… », enfin dans une autre gerbe d’éloges « …grâce à Laurette, Paul, Marie, Jean-Marc et Julie, un accord a été trouvé,…. ».
Il y a trois exceptions à cette familiarité dans un PS aseptisé.
1. D’abord celle de Paul Magnette : « Au Fédéral, Paul Magnette va inviter tous les niveaux de pouvoirs (sic) à se mobiliser pour amplifier ces politiques autours (resic) d’une alliance pour l’environnement et l’emploi. Bravo ! ».
2. Daerden cité à propos de sport, par l’effet d’une petite pointe de jalousie à laquelle il n’a pas pu résister. Combien est dérisoire de féliciter un rival potentiel sur la création « des centres de sport de haut niveau » dans une conjoncture aussi dramatique !
3. Quant à Jean-Claude Marcourt, personne ne le connaît en-dehors de la Fédération liégeoise.
Alors, pourquoi cette promotion soudaine de Charles Magnette dans le discours de clôture ?
Voilà bien un homme heureux, Charles Magnette, arrivant aux plus hautes fonctions publiques sans passer par l’électeur par une sorte de désignation régalienne de César. N’a-t-on pas dit qu’au départ il n’était pas affilié au PS ? N’y a-t-il pas autre chose que ce petit service rendu à Charleroi de l’homme nettoyant au karcher les écuries de la mairie ? Et s’il y eut attirance, ce fut sans doute pour des qualités d’homme d’état que le public ne perçoit pas.
Di Rupo est un esthète. Il cache ses goûts éclectiques, comme Giscard cachait son goût de la musique classique en jouant de l’accordéon. Il marche aussi au coup de cœur.
En conclusion, parler de la langue de bois des représentants des partis politiques est presque devenu un pléonasme, et pas qu’en Belgique.
Le thème du monde meilleur est récurrent.
Peu d’hommes politiques y échappent.
Il fallait que Di Rupo en parlât. C’est ce qu’il fit « Être socialiste… c’est avoir une idée claire d’un monde meilleur ». Le danger quand on prend de la hauteur avec le monde meilleur, c’est que le public compare ce qu’il pense d’un monde meilleur avec ce que celui qui en parle fait pour y parvenir. Une consultation chez le spécialiste réduite à 5 € 51, la réduction des prix des crèches et la suppression de la radio-redevance sont évidemment dérisoires dans l’espérance que l’on a de prétendre à ce monde meilleur par le truchement du parti socialiste.
Pourtant qui trouverait à redire à la perspective d’un monde meilleur ? Qui serait contre les droits de l’homme, la paix, l’asile pour tous les étrangers qui le souhaitent ? Qui souhaiterait remettre dans la loi la peine de mort, voir le repli derrière ses frontières et avoir la retraite à 80 ans ?
Tout bien considéré, ce discours n’est bon que pour les moutons de panurge, les satisfaits professionnels nombreux au PS par les emplois subalternes qu’il procure, mais obscène à l’observateur du dehors, qui n’ignore pas les compromissions irréversibles du socialisme de participation avec les ambiguïtés d’un monde libéral en désarroi. On a bien vu comme le PS s’est encore fait avoir avec le renflouement des banques sans contrepartie de pouvoir !

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30 octobre 2008

Di Rupo chevetognant…

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Autant l’écrire d’emblée, on peut décortiquer tous les discours de nos hommes politiques de la même manière. C’est donc arbitrairement que j’ai choisi le discours de clôture d’Elio Di Rupo des rencontres d’été 2008 du PS à Chevetogne.
Celui-ci est intéressant pour la date. La crise économique couvait déjà, elle n’était perceptible pour les socialistes que sous des idées générales. Alors pourquoi mettre le feu aux meules de l’été, se sont-ils dit ? Leur chef était bien d’accord, son indignation fut donc à portée limitée.
Le discours fait 14 pages dans le blog du PS et peut être téléchargé en son entier.
L’impression générale est le vide intense dans la succession des mots pourtant judicieusement placés de façon cohérente. L’essentiel n’était pas là, sans doute. C’est Pierre Clastres (La société contre l’Etat aux éditions de Minuit) qui l’écrivait déjà en 1974, c’est-à-dire peu avant que les techniques de la communication ne soient passées de la vente des aspirateurs, aux personnels politiques : « Parler est pour le chef une obligation impérative, la tribu veut l’entendre : un chef silencieux n’est plus un chef. Ce n’est pas d’esthétique qu’il est ici question, mais de politique. La parole du chef n’est pas dite pour être écoutée. Parce que littéralement, le chef ne dit prolixement rien. Son discours consiste, pour l’essentiel, en une célébration, maintes fois répétée, des normes de vie traditionnelles. »
Il n’est pas anodin non plus que ce discours clôture les rencontres. Le dernier mot ne doit-il pas revenir au chef ?
Les premières cinq minutes sont consacrées aux remerciements dont la fonction est de toucher le plus de monde possible. Il y est certes aussi question de la crise, mais de façon à n’alarmer personne et dans des termes qu’avant d’être prononcés chaque participant des « Rencontres » pensait personnellement, comme « Nous sommes au cœur d’une crise intense… due aux aventuriers obsédés par l’argent… les familles ne s’en sortent plus…le bling-bling, l’arrogance… prennent le pas sur les valeurs…
Belle découverte ! comme si l’argent avait été jusque là au service « des valeurs » !
Evidemment le chef rassure tout de suite : « …le PS entend redoubler d’effort… » etc…
Ce qui frappe chez Di Rupo comme chez Reynders, ce sont les syntagmes nombreux que l’on pourrait désigner comme des formulaires ou des lieux communs. Elio Di Rupo n’a pas la voix qui porte. Lors des scansions au cours desquels il martèle les mots, la voix révèle des aigus de fausset. C’est fâcheux, évidemment.
Chez les socialistes le carton du pupitre dissimule quasiment tout le corps de l’orateur ! C’est ainsi qu’on voit à peine Laurette Onkelinx quasiment sous la table. Fabriqué pour lui et sans doute à sa mesure, le pupitre va bien à Elio qui a le geste qui part souvent vers la salle. Ainsi, il donne, au lieu de recevoir. C’est sans doute ce qu’on lui a appris. Bon point, là-dessus.
La prévisibilité du discours est évidemment à la base de toute intervention politique. Citons pour le plaisir : son « bravo » après une longue période au cours de laquelle il énumère les problèmes qui par ce « bravo » accorde un satisfecit au PS, non pas que ce dernier ait trouvé des solutions, mais parce qu’il y pense ! C’est déjà, ça, évidemment.
Le style « formulaire » a comme fonction essentielle de rassurer les gens. Son « Le PS n’a pas peur de mouiller sa chemise » précède un « nous préférerons toujours l’action aux incantations ».
On se croirait au supermarché « Leclerc » en annonce sur Europe 1, quand toute l’astuce de ce commerçant consiste à placer son nom deux ou trois fois en 30 secondes dans sa pub. Ici, c’est « PS » qui remplace « Leclerc » et c’est le chef qui fait la pub lui-même : « le PS se révèle efficace et utile pour les gens ». Leclerc, lui, n’a pas encore osé le dire lui-même, c’est dire si le commerçant à encore des progrès à faire !
Di Rupo au chapitre Solidarité se surpasse.
« Jamais, les socialistes n’accepteront la fatalité de la régression sociale au nom de la compétitivité ». Dans les villages Malgaches, c’est Maurice Bloch qui le rapporte, le langage fonctionne comme un piège qui oblige l’interlocuteur à accepter ce qui est dit et rend toute remise en question impossible. Car, qui accepterait la régression sociale comme cela est proféré par le président Di Rupo ? Même les banquiers n’en veulent pas ! On ne va pas aller voir en-dessous ce qui se passe, puisque les socialistes ne l’accepteront jamais !
Je pense à Pierre Bourdieu (Ce que parler veut dire.) qui nous a quitté trop tôt et qui écrivait : « le pouvoir des mots dépend essentiellement du pouvoir accordé à ceux qui les prononcent ».
Un peu plus loin, Di Rupo refuse « la société casino » selon une expression pêchée dans « Marianne » pour nous faire croire « que la solidarité nous enrichit humainement », le chef laisserait de la sorte supposer à l’auditoire, s’il avait une once de malignité, qu’elle « n’enrichit pas personnellement » ce qui pour des socialistes qui ont choisi la société libérale est contradictoire.
Le discours se termine par un « Ensemble bousculons les conservateurs, combattons les régressistes ! ».
Le chef doit « aménager », puisqu’il est transformateur. Il transforme donc le vocabulaire. « Régressiste » est le mot nouveau du jour.
Il aurait pu parler du caractère régressif de ses contradicteurs, mais non, c’est la trouvaille, comme avant lui Chirac, Ségolène Royal et tant d’autres. C’est le « bouleversifiant » de Toscan du Plantier ! Ainsi le chef se montre apte à bousculer les événements, puisqu’il commence par bousculer les mots.

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La finale est importante. Di Rupo ne l’a pas ratée. Chez ce franc-maçon convaincu, la religion n’est pas loin. « Allons les uns vers les autres », ça ne vous rappelle rien ?
On sort de ce discours avec le désagréable sentiment qu’il a servi uniquement à la manifestation de celui qui l’a mis en œuvre. Il aurait été dit par le dernier des socialistes présent dans la salle, il eût été sifflé. Certains acteurs auraient demandé des explications, suscité des railleries. Ici, il a été suivi d’une salve d’applaudissement !
La magie sociale des mots opère du simple fait que l’orateur ne pouvait pas être un autre que Di Rupo.
C’est aussi simple que cela.

29 octobre 2008

Delanoë, bon à jeter ?

On rigole dans les chaumières depuis que le président Sarkozy veut obtenir de la justice le retrait de la poupées vaudou à son effigie commercialisée par la maison d'édition K&B.
Outre Sarko, Ségolène est épinglée aussi, mais la Maison en a oublié un qui vaut bien les deux autres et même mieux que les deux réunis, c’est Bertrand Delanoë.
Depuis qu’il a juré aux Parisiens de terminer son mandat de maire, il n’en peut plus de mettre les voiles vers autre chose de plus grand. Il veut un jour prochain avoir une poupée vaudou à son effigie en président de la République !
Le chemin passe par différents obstacles. Le premier est le secrétariat du parti socialiste.
Ce n’est pas suffisant la poupée vaudou pour un tel homme. Un parcours de jeu de l’oie serait plus approprié. Les six premières cases figureraient l’entrée en fonction du nouveau premier secrétaire du PS. Ainsi, quel que soit le cas de figure en lançant le dé, il serait certain de faire le premier pas vers l’Elysée. Les six cases suivantes verraient son triomphe dans un Congrès de désignation du candidat socialiste à la présidence, et ainsi de suite. Vous me direz, tout le monde peut lancer le dé et se retrouver président de la république, sauf que l’effigie du maire de Paris figurerait sur le perron de l’Elysée au centre du jeu. On verrait des cases intermédiaires sur lesquelles le dé de Delanoë ne pourrait tomber et qui seraient réservées à un autre dé marqué des six premières lettres de l’alphabet. Par exemple A, Dominique Strauss-Kahn bouge son pantalon ; B, Ségolène Royal fait l’Olympia en première partie d’Anne Roumanof ; C, Lionel Jospin fait de sa maison de l’île de Ré, une maison de retraite pour vieux socialistes ; D, Montebourg épouse les thèses de Hollande, etc. Les lettres ne tomberaient donc jamais sur la case finale de l’Elysée.
Je pense que K&B les éditeurs de la poupée vaudou de Sarko pourraient s’inspirer de cette idée que je leur livre sans l’intention de réclamer des droits d’auteur.
Tout cela à la lecture de la motion Delanoë pour décrocher le poste de premier secrétaire !
En voilà un au moins qui sous des dehors de la plus parfaite modestie est drôlement prétentieux et sûr de lui.
Ce qui le navre actuellement, c’est le livre d’interviews que Geoffrin a réalisé dans lequel il étale son libéralisme socialo-coopératif, son amour des marchés, de la liberté d’entreprendre et le toutim capitalo-bourgeois. En pleine crise économique aujourd’hui, ça tombe plutôt mal. Voilà un social-démocrate honteux ! Qu’il se rassure, il n’est pas le premier…

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Quoi, quoi ! le parti socialiste en panne d’idées, avec un bureau qui bouchonne tant les éléphants qui piétinent rue de Solferino sont nombreux ! Bertrand arrive la bouche en cœur, tout l’opposé du "casse-toi pauv'con" du salon de l'agriculture de son futur prédécesseur.
Il place les gens, s’inquiète de leur confort, assure le vestiaire et le spectacle, verse des bières à l’entracte, puis à la caisse compte les sous récoltés pour alimenter l’autre campagne, celle du soleil d’Austerlitz évidemment, où il serait le seul, en 2012, à chevaucher un cheval blanc, pour aider le successeur du peintre David à ce que les visiteurs du Louvre le reconnaissent, cent ans plus tard… sans se préoccuper le moins du monde de qui sera candidat, évidemment, puisque cela ne pourrait être que Lui ! Au mercato du futur congrès de Reims, Bertrand saura se vendre.
Où sont les autres candidats devant tant d’enthousiasme reconstructeur ? Mais dans les divergences, chers sociaux démocrates.
Par exemple l’Europe ! Hein, si Bertrand la connaît… la crise actuelle montre qu'elle a failli. Il faut absolument réorienter l'Europe dans le sens des services publics, de la justice sociale, mais pas trop pour commencer, foi de réformiste modéré…
Nous sommes tous des libéraux que diable !...
La crise ne va-t-elle pas rendre les « étatistes » plus forts ?
Tous les problèmes ne peuvent être réglés par des formules incantatoires, c’est pour cela que Bertrand dans son intention de réformer commence par les formuler. Ainsi elles sont tellement nombreuses qu’à la fin de son manifeste, il n’a pas encore fini de les répertorier !
Les étatistes ne sont pas de vrais internationalistes socialistes comme Bertrand Delanoë, mais des socialistes qui n’ont pas compris que l’avenir est international ou ne sera pas. Bertrand se fait fort de les convaincre.
On sent que son prosélytisme est ardent. C’est Saint Augustin fondant l’église moderne.
Après lecture, on sait pourquoi les socialistes français en sont arrivés là. Ils se sont spécialisés dans le métier de technicienne de surface. C’est pourquoi, ils ont tant de succès dans les municipalités.
En réalité, si j’étais militant socialiste français, au lieu de trouver une lueur d’espoir dans le galimatias du chef des pharisiens, je prendrais résolument la fuite pour Besancenot.
Mais qu’ont-ils tous, ces partis de la gauche molle d’Europe ?
Qu’ont-ils ces gens qui se sont engagés aux noms de ceux qui n’ont rien et qui souffrent de la crise ? Eux, ils sont là, bien à l’aise, rasés de frais, détendus, relisant les notes de leurs seconds, animés d’une volonté touchante de bien faire, de vrais « marieantoinettistes » à friser leurs rubans dans la petite ferme modèle !...
Moi, je dis, ces gens sont parfaitement déconnectés, ils pratiquent un socialisme mou, parce qu’ils sont nés sous les Trente glorieuses. Il y ont trouvé un futur nickelé sur le moule d’un libéralisme qui était mort de trouille d’un communisme possible. Ils y sont encore…
Ils sont bons à jeter !

28 octobre 2008

Les banques, l’Etat et l’opinion.

Dans la conjoncture, nos mandataires politiques, reconvertis portiers de banque, persistent sur la nécessité de la liberté d’entreprendre. Ils noient le problème des inégalités dans l’eau boueuse et libérale des subprimes et des malversations de Lehmann Brothers.
Le silence des mandataires sur le drame vécu par la population est révélateur de la classe sociale dont ils se réfèrent désormais. Comme l’écrivit Anatole France, « La loi, dans sa magnifique égalité, interdit au riche comme au pauvre de mendier et de coucher sous les ponts ».
La voilà bien la nouvelle classe moyenne !
On a vu, dimanche, Philippe Moureaux taper familièrement sur l’épaule d’Etienne Davignon. Une illusion disparaît. Le sénateur bruxellois était le seul à conserver un reste d’estime à la direction du PS. Ce n’est pas tant le geste familier qui déçoit, mais l’opinion franchement libérale, qu’il retient de la crise.
Alain Minc, champion de l’indéfendable, ne cesse d’affirmer que « les grands systèmes égalitaires sont en effet condamnés ». Il écrit à ce propos : « …(l’économie) ne peut plus suivre les voies classiques de la redistribution et de l’intervention étatique ; elle doit aller de pair avec le mouvement vers davantage de marché et davantage de concurrence. D’où le paradoxe : comment faire du marché un instrument d’égalité ? ».
Quoique Minc ait écrit cela avant le krach boursier (La machine égalitaire, éd. Grasset), le sauvetage des banques par l’intervention de l’Etat est de nature à infirmer et ridiculiser ses propos.
Hélas ! ils sont tenus aussi par nos hommes politiques.
Les banques ont reçu l’argent de la collectivité sans qu’on ait senti chez elles une quelconque volonté de se réformer. Le Gouvernement déjà roulé par les Hollandais pour Fortis, est en passe de l’être par nos organismes financiers. On se croirait revenu au temps où la SABENA fut vendue si mal par Di Rupo et consort à Swiss-Air !...
Décidément, le flair n’est pas le fort du monde politique !
Cependant, à l’inverse des positions socialo-libérales sur ces versements, ne serait-il pas utile de revoir les inégalités socio-économiques actuelles ? Comme, par exemple, en limitant les salaires par le haut de sorte que la différence entre le salaire minimum et le salaire maximum diminue ? Et enfin, ne conviendrait-il pas d’instaurer une taxe sur les plus-values bancaires et les profits boursiers dont le résultat profiterait aux bas salaires ?
Comment nous situons-nous au cœur de la crise dans ce qu’on peut appeler deux courants contradictoires : l’égalité formelle et l’égalité réelle ? Comment nous positionnons-nous entre les « vérités » d’Alain Minc et celles des référents du passé : Rousseau, Babeuf et Marx ?

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Dans tout débat sur la crise du capitalisme, le socialisme théorique est toujours perçu comme utopique.
Les efforts de l’Etat pour sauver les banques, qu’est-ce, sinon une forme de socialisme ?
Mal appliquée, certes, puisqu’il s’agit d’un effort collectif sans que la collectivité donatrice reçoive des contreparties. Il va de soi que ce qui devrait être moquée, c’est l’absence d’une compensation négociée, l’Etat a pris sur lui d’augmenter la dette du peuple ! Ce n’est pas rien !
Le crédit permanent que nous allouons aux banques est une forme de crédit revolving (1).
Le débat devrait porter sur des contreparties.
La manière dont les instances de gestion s’organisent pour gérer la crise au mieux des intérêts du plus grand nombre, paraît au contraire dériver vers des intérêts particuliers.
Trop sûre d’elle, la classe politique croit pouvoir être suivie par une majorité d’électeurs.
Le développement de la crise serait bien de nature à faire bouger des majorités.
La politique du tout répressif plaidée par tous les ministres de l’intérieur pourrait se retourner contre le citoyen paisible, si poussé à bout par la montée des inégalités, celui-ci descendait dans la rue à côté des syndicats. Le citoyen paisible s’apercevrait vite, au poids des matraques, combien il a eu tort de céder à ce qu’un pouvoir malicieux et pervers lui souffle depuis 2001.
Le terrorisme international au secours de l’Etat et de l’ordre capitaliste, on aurait tout vu !
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1. Revolving : C’est une forme de crédit consistant à mettre à disposition d’un emprunteur une somme d’argent sur un compte particulier ouvert auprès de l’établissement dispensateur de ce crédit, de façon permanente et avec laquelle il peut financer les achats de son choix.

27 octobre 2008

Mc Cain ou Obama ?

L’Europe est au bord de l’extase. Si Obama se présentait de ce côté-ci de l’Atlantique, il ferait un tabac.
Personne n’a lu ses programmes. J’ai essayé. Rien que du vague, avec une seule promesse : retirer les troupes américaines d’Irak, mais sans délai précis ; par contre, le paquet sur l’Afghanistan ! Qu’est-ce qui changerait de la politique extérieure : rien ! Il y aurait autant de militaires américains en mission à l’étranger !
Ce type n’a qu’un seul programme : celui de séduire l’opinion américaine ! Un peu comme Sarko qui voulait être élu pour relever le pouvoir d’achat des Français…
Du côté social, toujours aussi brumeux, l ‘Obama… sauf qu’on a l’impression que le programme d’Hillary était beaucoup plus affirmé, plus « à gauche », si cette définition a un sens aux USA où le seul mot de socialisme fait une épidémie de boutons dans la population.
Alors, pourquoi on s’est entiché d’Obama en Europe ?
Parce que dans les malheurs économiques que nous traversons, le mythe persistant d’un parti démocrate plus à gauche que le parti Républicain est tellement persistant qu’il est inutile d’aller contre.
Ce qui ne veut pas dire que le parti Républicain ait une meilleure politique que le parti Démocrate et que le sénateur McCain devienne un meilleur président que son rival.
C’est toujours risqué de confier le pouvoir civil à un ancien militaire.
L’Europe a perdu de vue qu’être président des Etats-Unis, c’est surtout l’être pour les seuls Américains.
Il suffit de traîner ses grolles dans quelques grandes villes de ce vaste pays pour être convaincu que les Américains vivent en vase clos sans se préoccuper des autres. Tandis que la crise fauche une grande partie des travailleurs et des classes moyennes, l’autre partie continue comme si de rien n’était à vivre « le rêve américain » qui est fait de ce que nous croyons être des clichés et qui est là-bas quelque chose de très sérieux, de très présent. La maison avec piscine, la grosse bagnole, l’électricité brûlant les ampoules à longueur d’année sans que personne tourne l’interrupteur, le frigo ouvert sur des packs de bière et le climatiseur qui fonctionne été comme hiver.
Alors, les problèmes de pollution, de réchauffement de la planète pour un président des Etats-Unis passent loin derrière une préoccupation majeure : « A qui emprunterons-nous demain pour que nous puissions vivre à crédit comme hier » ?
Et le comble, c’est que ce grand pays qui a poussé si loin le libéralisme qu’il est devenu le premier deal pour vivre individuellement le mieux qu’on peut, est certain d’une chose, c’est qu’il a raison de vivre comme il vit, car personne dans la conjoncture capitaliste mondiale ne peut vivre sans les dépenses qu’il fait et sans l’argent qu’on dépense pour lui !
La crise qui met par terre l’Europe et qui affecte aussi l’Amérique ne pourra être résolue que d’une manière : lorsque l’Amérique aura retrouvé sa pleine prospérité, c’est-à-dire son gaspillage redevenu général. Et mieux encore, cette crise ne se dénouera en Europe que bien après que le citoyen américain de base ait retrouvé la croissance, le gaspillage et le plein emploi !
Cette réalité visible par tous et tue aussi bien qu’elle est sue par tous les économistes européens ne pourrait être bouleversée que par une hypothèse d’école : celle d’appliquer en Europe une nouvelle approche de l’économie mettant à bas le mythe capitaliste.
Quand on voit les prises de position pour contrer la crise des Bourses et de l’économie qui vacille, on est au contraire en plein dans un capitalisme arrogant qui est parvenu à nous faire croire qu’il faut sauver les grandes entreprises de la faillite, quitte à mieux tuer les petites.
Ce capitalisme-là est loin de capituler. Il n’a même pas peur d’afficher ses contradictions.
McCain et Obama sont les enfants de l’Amérique que nous aimons tant et qui nous coûte si cher ! L’un des deux reprendra la suite de Bush Il fera la politique du président précédent, peut-être avec moins de maladresses, ce n’est pas difficile. Il ne sortira pas du dilemme, celui de retrouver la croissance, l’emploi et la prospérité en épuisant la planète.
Et si selon les prévisions, les matières premières viennent à manquer et à surenchérir, comme le pétrole et les minéraux rares, les successeurs de Bush foreront des puits dans leurs réserves naturelles, exploiteront les minerais n’importe où quitte à détruire ce qui reste de « vierge » de cette planète, entreprendront des guerres pour s’approprier des gisements, l’eau et tout ce qui tourne autour des moyens de vivre selon les normes américaines déterminées une fois pour toutes.
Alors, les écolos, les pacifistes, les démocrates, madame Arthur, les socialistes et jusqu’aux libéraux d’Europe pourront toujours réclamer Obama, plutôt que McCain, pour le changement, celui-ci ne viendra pas tant qu’on n’aura pas compris qu’il faut tourner la page du système, c’est-à-dire : tourner le dos à l’Amérique du gaspillage et inventer un nouveau socialisme pour l’Europe.

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26 octobre 2008

Une saison belge en enfer

Où l’on voit clairement que les économistes ne servent à rien qu’à prédire les événements… du passé, c’est dans le piège où ils ont poussé le gouvernement belge avec ceux, d’ailleurs, de l’Europe. Les milliards empruntés pour venir au secours des banques comme Fortis et Dexia seront dépensés en pure perte, ils n’auront contribué qu’à endetter un peu plus le contribuable. Ils n’auront servi qu’à garder l’illusion et l’emploi un ou deux mois de plus…
En effet, à chaque légère remontée des Bourses, le discours de ces messiers dames était triomphant. Ils avaient sauvé les emplois, les économies, le système… A chaque baisse, on temporisait, adoucissait la catastrophe par des propos bénins.
Ils tremblaient de s’être trompés et de nous avoir trompés.
Maintenant, on en est sûr, c’est le cas : ils nous ont bien eus !
Que n’ont-ils écouté les quelques économistes qui ne mugissaient pas avec les veaux, comme Elie Cohen, par exemple, qui est un grand monsieur de l’économie !
Mais, non, il fallait sauver la banque, l’industrie, le capitalisme… qui, en particulier, pour ce dernier, en a pris un sale coup dont il aura du mal à se tirer.
Moralité, comme ces troupes indisciplinées qui tirent leurs cartouches à la vue d’un ennemi qui n’est même pas à portée, nos gros jouisseurs du gouvernement dans la peur de perdre leurs avantages, ont dépensé en pure perte toutes leurs munitions.
Quelques banques, quelques entreprises annexes d’assurance ont été sortie de l’eau avant la déferlante. Elle arrive, rien n’est prêt et les grands « stratèges » qui nous gouvernent n’ont même plus de canot de sauvetage !
Car les bourses continuent à plonger, l’euro est au plus bas (il descendra encore, peut-être en-dessous de la parité avec le dollar !) les hauts-fourneaux s’éteignent, celui qu’on vient à peine de rallumer à Cockerill notamment, le chômage de masse arrive, l’automobile est en quasi faillite et l’OPEP devant l’effondrement du brut va fermer des puits, et les citoyens vont trinquer à la place des deux ou trois banques auxquelles on a alloué bien imprudemment les quelques sous qui auraient servi à maintenir les populations dans un état décent.
Et c’est ce qui s’appelle faire de la politique !
Et la cote de Leterme remonte dans les sondages !
Et les socialistes ne paraissent pas troublés !
Une seule réponse à cette invraisemblable situation : les foules ne sont pas au courant ! Elles ne le seront que lorsqu’il sera trop tard et qu’elles auront la faim au ventre, qu’on aura vendu les quelques biens qu’elles possèdent !...
En attendant, elles vivent dans l’ambiance rassurante des communiqués, des bavardages socialistes et des tribulations libérales. Entre parenthèse, on se demande comment Didier Reynders pourrait raconter sans rougir l’aventure libérale aux enfants de sixième?
Pourquoi ne publie-t-on pas en gros titres et sans barguigner ce que nous dit Elie Cohen ? Parce que l’anesthésie se poursuit et que personne n’ose réveiller les foules endormies.
Pourtant, plus on attend, plus la situation risque d’être explosive.
Vous avez déjà vu la tête de quelqu’un réveillé en plein sommeil pour lui dire qu’il y a le feu dans son matelas ? J’aime autant ne pas être celui qui annonce la nouvelle.
L’équation financière est plus qu’explosive, c’est une arme à fragmentation faite de 36 logiques financières dont toutes sont de nature à trancher de ses shrapnells les chairs des plus malins.
C’est une honte de voir et d’entendre sur nos télévisions nos augures disserter finement de ce qu’ils ne connaissent pas. C’est devenu la grand’messe du dimanche midi sur RTL et RTB. Pire encore que les techniciens, c’est d’assister à la prestation des hommes et des femmes politiques de ce pays ! On se croirait dans un autre monde.

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En réalité, eux le sont. Ils illustrent bien la suite de la fable de La Fontaine « La cigale et la fourmi » ; au lieu de chanter, la cigale a travailler tout l’été pour que la fourmi engrange le produit de son industrie. Maintenant, la fourmi est devenue député ou ministre et la fourmi n’a pas peur de l’hiver. Presque toutes les cigales auront crevé, qu’elle sera toujours en pleine forme prête à se rendre sur les plateaux de télévision, afin de rassurer les malheureuses cigales survivantes sur la suite des programmes.
La rhétorique économique est en train de nous mener à des abîmes, parce que la rhétorique politicienne – sa complice - a peur des mots comme « récession », « chômage de masse », « faillite du système capitaliste », « mondialisation catastrophique », etc.
Disons qu’à la première secousse, nos démocrates par procuration ont usé de notre signature pour vider les comptes.
Maintenant qu’ils sont à l’abri, nous n’avons plus qu’à nous débrouiller. Avec quoi ? Avec rien comme d’habitude.
Pourtant, au nom de la raison d’Etat, il resterait encore quelques belles cartes à jouer, des reprises vite faites par l’intérêt supérieur du peuple.
Il est vrai que les socialistes au pouvoir n’ont plus de couilles ! Le PS est le refuge des eunuques d’une cour avec Elio Di Rupo en maire du palais ; mais il n’est pas Pépin le Bref, c’est Henri III au bilboquet !
Révolution des Roses ?… non, des œillets…

PS. - La banque Fortis va changer de nom, selon le patron de Fortis Banque Belgique, Peter Van de Kerckhove, qui a livré l'information à l'occasion de la journée des actionnaires du quotidien De Tijd. On pourrait lancer un concours « Quel nom pour remplacer Fortis ? ».
Il y en a un de disponible et qui est connu de toute la planète : Lehman Brothers.
Si vous avez d'autres suggestions, écrivez moi.


25 octobre 2008

Rudy Aernoudt, candidat.

Mais, on s’en fout qu’un épicier de plus vende sa camelote politique en Wallonie ! Qu’il soit Flamand ou Valaque, que Rudy Aernoudt vienne vanter les suppositoires du comte Drakul ou la qualité de ses merlans, ce n’est pas lui qui fera baisser le prix de l’élu ! Car, enfin, on perd de vue ce qui est important : faire baisser le prix de la blanquette du Parlement !
La Chambre des Représentants se compose de 212 députés. Avec une moyenne de 75 kilos par député cela fait 15.900 kilos de barbaque.
Première difficulté : faire une moyenne du prix de revient au kilo d’un député.
Il y a des officines de luxe qui le débite au double de chez LDL. Dans les fermes où on l’élève, selon qu’elle est située à gauche de la route ou à droite, les prix varient. Soyons raisonnables, mettons le coût moyen sur pied à 7000,8 € par mois d’élevage, soit l’an 84.009,6, qu’il faut multiplier par 4, puisqu’il faut 4 années pour le rentabiliser sur le marché.
Finalement, chaque spécimen nous coûte 336.038,4 € pour faire une belle pièce qualité législature. Comme le cheptel est de 212 individus, la viande sur pied coûte aux contribuables la somme astronomique de 71.240.140,8 €.
Le prix au kilo est donc 71.240.140,8 : 15.900 = 4.480,512 € !
C’est évidemment beaucoup trop cher ! Puisqu’à côté du faux filet, il y a les bas morceaux et même les déchets qui, paraît-il, sont importants !
La situation sur les étals de Wallonie que découvre monsieur Rudy Aernoudt est inflationniste !
Vous nous coûtez trop chers. Nous ne pouvons plus nous permettre d’engraisser. Quant à la consommation, c’est plus onéreux au détail que les truffes ou le safran. Les salaires du consommateur baissent. Il ne mange plus de la viande qu’une fois par semaine !
Alors, Rudy Aernoudt si vous vous jetez dans l'arène politique, pensez à ce que vous allez nous coûter en plus. Bien sûr vous prendrez la place d’une vieille carne qu’on refuse même à l’abattoir, mais vous venez de loin, les bétaillères sont payées au kilomètre, voyez-vous qu’on nous facture en plus vos déplacements ? Je sais, vous allez me dire que Bacquelaine à Chaudfontaine, mais Monsieur Je-Sais-Tout, ce spécimen là est un crack. Il est partout. Il est le symbole de la qualité suprême du bleu-blanc, alors vous n’allez pas comparer !...
De Deurle près de Gand à Namur, il y a combien de kilomètres ?

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Depuis votre licenciement de l'administration flamande, vous donnez des conférences aux quatre coins du pays et je sais comme vous appréciez les vastes paysages de nos Ardennes.
Et puis, avec quel argent, si ce n’est le nôtre, avez-vous acheté une superbe propriété à Lustin, entre Namur et Dinant, avec vue imprenable sur les enclos de la vallée de la Meuse ?
Cela ne vous baptise pas Wallon pour autant. N’importe quel maquignon vous le dira : depuis la tremblante du mouton, l’origine de la viande doit être certifiée. Or, tout le monde sait que les trafics en Flandre ne garantissent plus la qualité du label.
Qu’est-ce que c’est aussi que cet Olibrius qui critique la paresse de nos champs et la lenteur des artisans de nos petits métiers !
Alors laissez-nous organiser notre clientélisme institutionnalisé à notre guise. Et organisez la vôtre de l’autre côté de la frontière linguistique.
Si vous insistez pour nous présenter le programme économique et social de la Liste Dedecker (LDD), inutile d’insister. Les libéraux échaudés par les subprimes et les frères Lehmann sont en repli stratégique dans nos campagne et ce n’est pas la peine de nous filer la peste quand nous souffrons déjà du choléra.
Mais par contre, si vous avez une formule pour faire baisser le kilo de viande parlementaire, vous pouvez nous en parler.
Une seule question : combien pesez-vous ?
Parce que si vous êtes en-dessous de 75 kilos, c’est inutile d’insister. Si par malheur l’électorat wallon, déjà pas très futé, venait à vous adopter, vous feriez baisser le poids moyen donc augmenter le prix à la caisse… Par contre si vous pouviez convaincre Jean-Luc Dehaene d’abandonner Dexia pour nous…

24 octobre 2008

Les dialogues du machin.

-Comment je le retrouve ?... sur les rotules ! Et pourquoi ? Et alors, c’est pas la première fois que t’es mal…. Tu te fais du tort, Totor…
-….
-Oui, regarde ta pauvre gueule… Tu crois que tu vas faire chialer tout le monde ? Que c’est en marche la révolution des idées ? Que leur déroute est certaine ? Mais mon pauvre vieux, on peut même plus rigoler de ta tristesse. Avant ta tragédie avait ce rien de bouffon qui faisait qu’on se foutait de ta gueule… ça devenait du vaudeville. Les gens adorent ça, même que t’en as qui font le con en professionnel… Toi, on l’a cru. On s’est dit, chouette, un con qui le fait exprès !... Tu parles d’une désillusion quand après un quart d’heure on se rend à l’évidence : c’est pas un con qui le fait exprès, Arthur, c’est un vrai con !...
-…
-Tu te rends compte où t’en es ? T’as vu les bouchons en ville…
-C’est les travaux, les tranchées…
-Je te parle de la circulation de la bagnole. Mais on se fout des banques, on se fout des « sociaux » au gouvernement. Mieux, on les envie ! T’as déjà vu le parcours rien que pour s’asseoir député devant la mangeoire ? C’est le même que pour aller de Saint-Gilles à la place Saint-Lambert… Mais, c’est des gens admirables façon Fortis, Dexia et je t’en passe… de ces carrières « médusantes »… C’est chapeau les artistes. La question, c’est pas « On a qui au gouvernement ? », la question est « T’as quoi comme bagnole ? ».
-…
-…puis on n’a pas tort. On est dans le siècle du tout pour soi. Toi, t’as pas vu venir ! C’est le résultat de ce que t’as pas vu. T’en connais qui descendrait du cocotier quand on est en plein tsunami en bas ? Comment tu le serrais, le tronc, si t’étais à leur place, pour pas tomber dans le courant. Tu vois pas Onkelinx aux caisses de Carrefour !
-T’es pas drôle…
-La drôlerie n’a rien à voir. Quand le Titanic sombre, t’as plus qu’un réflexe, trouver une place dans un canot… Alors, si t’en as une, que t’es planqué, tu fais les bouchons avec les autres au Centre ville… ta place dans le trafic… Tu connais l’histoire du bouc des abattoirs de Chicago ? On le mettait en tête du troupeau direction la découpe. Les moutons, ça suit… Les bêtes se bousculaient pour être derrière le cador. Puis, un éclair, le bouc – est pas fou tout de même - passe par une porte dérobée qu’on ouvre pour lui et tous les autres tombent dans la trappe à charcuterie… Les Melchior, les Elio, les Didiers, tous des boucs de Chicago…

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-C’est désespérant ça…
-Mais non. C’est toi qui l’es Auguste… Alors, pour ce qui est de désespérer l’alentour, t’es de première… Tiens, prends ton ami Tounet ?
-Qu’est-ce qu’il vient foutre là-dedans ?
-…tu crois qu’il est content, Tounet, que tu salisses les gens pour qui il a voté ?... qui se mouille à fond pour eux ! Tu crois que tu ne le traites pas un peu de dégueulasse en traitant ses idoles de parasites foireux ? Hein, qu’est-ce qu’ils t’ont fait les socialistes ? Ça mange dans tous les râteliers ? Et alors, c’est d’aujourd’hui que tu le sais ? Pourquoi tu t’indignes après eux ? Les autres, sont pas plus dégueulasses encore ? Pourquoi tu le dis pas…
-Je pensais que ça allait de soi… Si je me dégonfle, je vais perdre l’estime d’Hermione !
-Les gonzesses n’aiment que les héros. C’est vrai. Pourtant, elles couchent qu’avec les lâches. Les autres, quand ils sont pas morts, ils ont pas le temps !
-C’est quand même que des salauds, Auguste !
-Eh bien ! non… Enfin, ils gênent pas trop ces gens-là… ils attrapent ce qu’ils peuvent pour croûter à midi, comme toi, comme les autres. Personne n’y croit plus ? Et alors, il faut bien qu’on y mette quelqu’un à la tribune. On dirait quoi, à l’Europe, aux USA, dans le monde, si nous on envoyait personne, sous prétexte que tous pourris, que c’est pas la peine ? Hein ! la gueule des autres délégations ? La Belgique est plus représentée… tu vois le genre ?
-On pourrait remplacer…
-Tu vas pas me dire que t’as la combine pour remplacer Frère ? Tu crois quand même pas au grand soir ? T’es pas naïf à ce point !...
- Y a plus qu’à se foutre à l’eau, alors ?
-Mais pas du tout, au contraire, tu leur pisses à la raie, c’est bien, ça te soulage et puis ça les fait descendre un peu du piédestal où ça joue les Trujillo…
-Et leurs gueules à la télévision, à longueur d’année, tu crois que c’est bien ?
-Dis-donc, Alfred, tu serais pas un peu jaloux, vieille crapule ?
-Tu sais combien il y a de pauvres dans le monde ?
-Plus que des riches en tous cas !... Pour une fois qu’on a plus qu’eux ! Non, je te dis, fous leur la paix aux socialistes, c’est pas eux qui changeront le monde, d’accord, mais les autres non plus… On est trop loin dans le système… T’as rien pour revenir en arrière…
-C’est les banquiers qu’ont raison, Raymond ?
-Ce qui rend le pouvoir si agréable et les richesses si désirables, c’est qu’ils tendent à procurer du plaisir. Pourquoi crois-tu que les gens au pouvoir, des socialistes, des vedettes des médias, aux peigne-cul des libéraux, soient si chauds pour le conserver qu’ils ne mouftent pas quand on les engueule, les traite de pourris à longueur d’années comme tu le fais, Lucien ?
-…
-C’est parce qu’ils ont des à-côtés qui les rendent indulgents. C’est dans leur rôle de faire les héroïques, les incompris. Ton opinion, ils s’en tapent, s’en gargarisent… c’est l’opinion de ceux qu’en n’ont pas qui les intéresse… Tout pour le plaisir enfin, les voyages d’agrément, le bonheur côtier sous les palmiers, à loukoumiser les fentes des luronnes qu’ont pas leur âge, mais enfin réveille-toi Hubert !... Le pouvoir, les femmes, l’argent, c’est ça qui les travaille… pas sœur Emmanuelle, qu’a jamais été bandante, même s’ils te disent le contraire.
-…
-Surtout fais des excuses à ceux qu’ont la chance de pouvoir s’en mettre et d’en jouir… fais des excuses à Tounet pour pas qu’il te croie la rage contre les gens qu’il aime… qu’ils sortent des Loges, s’en foutent de ta tronche de trimard, se dépêchent à la distribution des prix, des lots en perspective et des coupons à couper, grâce à papa, à ma tante et à Justine qu’est forte au tennis, et alors ? Eux au moins, on les voit. Ils paient de leur personne, t’assistes au show, c’est dans les journaux quand ça pisse du don Pérignon au mur, mais les milliardaires tu les vois jamais…
-Ils servent à rien !
-Mais, rien sert à rien, pauvre con !...

23 octobre 2008

Ils sont incorrigibles.

Non seulement les banques continuent à se foutre de notre gueule, mais en plus, le gouvernement socialo-libéral nous prend pour des imbéciles.
C’est le Soir qui nous l’apprend via De Standaard et Het Nieuwsblad : « Gilbert Mittler, l’ancien architecte financier de Fortis, a « quitté » le groupe en empochant discrètement quatre millions d’euros, soit beaucoup plus que l’ancien patron du groupe Jean-Paul Votron lui aussi remercié, tout en continuant à assurer une fonction de conseil auprès du successeur de Votron, Herman Verwilst.
Que des petits égoïstes, salauds par métier et sans doute par conviction et vocation, parasitent toujours le travail, on l’admet, rien ne saurait changer l’amoralité des systèmes libéraux ; mais que des mandataires du peuple se prêtent au jeu, alors que des milliers de petits actionnaires ont tout perdu, c’est proprement dégueulasse.
On en apprend tous les jours sur Fortis, mais que cette boutique du fric ait négligé après une purge voulue par les Autorités du pays de nous donner le détail de ces quatre millions d’euros envolés dans la poche d’un des types qui ont joué et perdu l’argent des déposants, c’est tout simplement odieux.
En écrivant l’article précédent sur DSK, je me suis demandé pourquoi j’avais en moi tant de mépris et peut-être même de haine pour les collabos socialistes au système libéral, je crois bien que c’est parce que je pense que ce n’est pas le rôle des défenseurs des petites gens d’accorder leur appui à des canailles ; et qu’ils sont les premiers responsables de l’exploitation toujours aussi vivace de l’homme par l’homme.
Rien n’a changé vraiment depuis Germinal. Sauf que les responsables politiques de gauche sont devenus des bourgeois et qu’ils ne comprennent plus ceux qu’ils sont censés défendre !
Le seul argument qui m’a fait longtemps hésité sur mon attitude était qu’en s’associant au pouvoir libéral, le socialisme pouvait le tempérer. Cela a pu se comprendre durant les 30 Glorieuses. Il fallait pour que perdure cette visison qu’il y eût dans ce calcul une part réelle de résultat, que celui-ci fût constant, même dans les périodes de vaches maigres où la force du parti socialiste aurait été de faire payer les banquiers de la mauvaise gestion de leurs entreprises. Or, il n’en est rien. Au contraire, les socialistes sont embarqués pour le bonheur de leurs dirigeants dans une galère qui fait le malheurs de leurs adhérents.
Alors, là, ça ne va plus du tout.

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Les discours de Di Rupo et Laurette Onkelinx, entre autres, sont inadmissibles !
A-t-on jamais vu un enthousiasme pareil à voler au secours des banques ?
C’est faux de prétendre qu’en sauvant les banques, on sauvera l’emploi. Nous entrons dans un cycle de récession dont personne ne peut prétendre jusqu’où il ira. Et vous verrez où il sera l’emploi d’ici la fin de l’année !
Quand on observe l’évolution du système financier, on constate que rien ne change vraiment, les grosses banques mangent les petites, et les éclopées s’en tirent avec notre argent dont une large partie s’est déjà évaporé sans qu’on sache qui en a profité.
Non, nous ne reverrons jamais la couleur de l’argent que nous abandonnons à ces malfrats. Oui, cet argent que l’on trouve si facilement pour ces pourris, nous aurions pu les employer à soulager d’autres misères bien plus cuisantes, à améliorer nos systèmes d’enseignement et de retraite, faire le maximum pour les programmes de recherche qui sont les atouts de demain, nous aurions pu faire tant de choses que la colère me monte, quand bien même la contrepartie des milliards à fonds perdu seraient « récupérées » in fine comme dirait Milquet, en attendant elle l’est déjà sur les restrictions en matière de chômage, la mauvaise couverture sociale, l’index truqué, les bas salaires et les pensions qui fondent avec le pouvoir d’achat !
Non seulement socialistes et libéraux aident les riches à s’en sortir, mais en plus pour ce faire, ils enfoncent les travailleurs et ce qui est nouveau, une partie des classes moyennes.
Et que nous disent-ils : du blabla pour demeurés, des contes selon lesquels nous récupérerons l’argent de la collectivité, etc.
Je n’ai plus qu’une idée en tête : il faut reformer un parti des travailleurs en-dehors du pouvoir libéral avec tous les déçus du socialisme.
Merde, je m’étonne d’avoir écrit cela. Je me croyais peinard, en-dehors du système, sans parti vraiment, sceptique en agitant ma petite loque noire de l’anarchiste à titre privé.
Pour un peu, je grimperais sur une chaise comme Sartre devant chez Renault, alors qu’ici nous n’avons pas l’ombre d’un Besancenot qui pointe à l’horizon, personne pour clore le bec des petits messieurs du Bois doré qui sache la formule magique pour mettre toute la classe ouvrière et avec elle la fraction de la classe moyenne tombée dans le malheur d’accord sur au moins un point : il ne faut pas que tous ces pourris soient réélus l’année prochaine !

22 octobre 2008

Dominique nique nique…

A propos Dominique Strauss-Kahn n’a pas trop de souci à se faire en France. Des socialistes à l’UMP, tous soutiennent le french-lover.
Ce sont ces hypocrites d’anglo-saxons qui verraient bien un des leurs remplacer DSK en profitant de cette « sharp tussle ».
DSK reviendrait plus triomphant que jamais, faire un tabac en France. Et même, ce ne sont pas quelques anciennes élèves qui se sont ouvertes aux confidences sur les manières frôleuses de DSK, qui changeront l’engouement de la nomenklatura française.
Et quand bien même il aurait favorisé Piroska Nagy, ce serait plutôt une référence pour le public qui croit à la promotion par sympathie et plus si affinité.
Donc, tout baigne. Une carrière bien centriste et bien socialisante s’ouvre à lui.
Quant à savoir la sanction qu’Anne Sinclair lui appliquerait… On se souvient de celle qu'Hillary Rodham Clinton infligea à son Bill chéri : des réunions méthodistes sous la rubrique «Viens à Jésus» et des rendez-vous avec des pasteurs d’une extrême rigueur morale… à moins que DSK goûte aussi le cilice et la discipline ?
Il est vrai que cela se passait dans une société américaine puritaine, dans laquelle Dieu est partout et Strauss-Kahn nulle part.
Transposée à la France, un incrédule de la trempe de DSK n’aurait ni chaud, ni froid, à finir sur le grill éternel, mais par contre si Anne Sinclair le privait de Loge pendant un certain temps, cela le couperait pratiquement de tous ses amis socialistes et mondains.
Christine Lagarde, qu’on ne peut pas soupçonner de désirer DSK, croit que le faune poursuivra jusqu’à son terme, sa carrière au FMI.

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Mais voilà, quand on est un tracassé de la braguette, ce n’est pas un truisme de dire qu’une pulsion chasse l’autre. C’est ce qu’affirme les cafards du Wall Street Journal, à l'origine de la divulgation de la première « erreur ». Le canard scandaleusement pro-américain, a donné mardi 21 octobre des détails sur une deuxième montée d’adrénaline. Selon ses journalistes, le FMI enquêterait actuellement pour savoir si son directeur général a joué un rôle dans la nomination d'une jeune femme de 26 ans, Emilie Byhet, à un poste très convoité au sein du département « recherche » de l'institution.
Mais, comme l’enquête pour Emilie ne fait que commencer, le journal se garde de mettre les deux affaires dans le même cageot. Jusqu’à plus ample informé, Emilie n’est que "political protégée" du Gengis Khan de l’économie.
Ce tendron de 26 ans aurait fait en quelques mois des bonds prodigieux dans la carrière, racontent les gros envieux des services.
La demoiselle préparait son job de loin, puisqu’elle était de toutes les réunions socialistes au temps où le maître campait rue de Solferino. Elle l’applaudissait à tous ses meetings, soutenant bruyamment « the voice ». On la vit certains soirs au bord de l’hystérie.
On sait comme les hommes politiques sont sensibles à l’admiration des personnes de 26 ans.
On accuse aujourd’hui DSK d’avoir attribué à la charmante un poste pour lequel elle n’était pas particulièrement compétente.
Mais voilà que tout s’explique : un proche de Dominique Strauss-Kahn a juré au Wall Street Journal que Mlle Byhet et ses parents étaient amis du couple Strauss-Kahn-Sinclair.
Cela n’a pas arrêté les sceptiques – dont je ne fais pas partie – qui se demandent si DSK ne se tapait pas aussi la mère Byhet ! Pourquoi pas le père, tant qu’on y est ?
C’est la difficulté d’un homme en vue de réfuter pareille ignominie, parce qu’on ne prête qu’aux riches !..
Reste à savoir pourquoi je m’intéresse à ces histoires sordides ? Alors, qu’elles abondent dans tous les milieux et que je reste muet sur la plupart d’entre elles ?
Les gens ordinaires ne montrent pas leurs fesses sur des présentoirs. Ils ne prétendent pas résoudre les problèmes des autres et ne s’immiscent dans les ménages que lorsqu’ils sont concernés.
Ils ne vendent leur savoir-faire qu’au tarif syndical et ne se proposent pas en exemple. En un mot, ils ne font pas commerce du pouvoir.
Aussi, quand on tient sur la place publique un pseudo-vertueux que la malignité des magazines du cul décortique, c’est un plaisir – vulgaire et mauvais, certes – de ne pas le lâcher.
D‘autant qu’il s’agit d’un type qui a vécu jusqu’ici très bien de l’étiquette socialiste, ce qui est encore plus ignominieux, à mon sens, que tirer la couverture à soi sous l’étiquette libérale.
Au moins ces derniers ont le culot de se présenter sous leur vrai jour. Ils sont moins salauds que les autres. Ce sont des ennemis francs. On connaît leurs contours. On ne se sent pas piégés par leurs grimaces…
Ceci dit les fouilles merdes d’Amérique feraient mieux de s’inquiéter des banquiers et des banques.

21 octobre 2008

Tumescence au FMI.

Ils ont l’air sérieux. Ils parlent de nous avec dans la voix l’empressement de bien dire, dans l’œil un pétillement d’intelligence malicieuse.
On leur donne une mission qu’ils considèrent comme l’œuvre majeure de toute leur vie.
On ne rechigne pas à la dépense pour les garder à nous, soit 420 930 $ (nets d'impôt) = 267 400 €, auxquels s'ajoute une allocation de frais de 75 350 $ = 47 800 € (total : 315 200 €).
C’est plus qu’ils avaient toujours espéré, depuis les temps obscurs où ils portaient les serviettes des patrons. Ici, le patron fut Lionel-le-loser, mais Dominique ne le savait pas, au temps où il le servait si bien qu’en récompense, il fut son ministre de l’économie et des finances. Le grand départ s’annonçait bien. La voie était royale.
Ils ont tout fait pour obtenir le poste. Ils ont fait le tour des amis, des partis, des gens qui comptent partout dans le monde.
Ils entrent en fonction… puis plus rien ! On se dit : ils travaillent. C’est normal en temps de crise.
Le spécimen visé n’avait désiré son poste pourtant prestigieux et considérable, qu’en attendant le palier suprême, celui que le meilleur élévateur atteint rarement : la présidence d’une république et pas n’importe laquelle : la française !
Ambition légitime qu’aiment tous les Français modestes pour les personnages qu’ils citent de Henri IV à Arthur.
Enfin une information toute sèche nous tombe sous les yeux. On croit rêver !...
Le 18 octobre 2008, le Wall Street Journal révèle qu'une enquête interne a été ouverte au FMI pour savoir si Dominique Strauss-Kahn a fait preuve de népotisme au sein de l'organisation. Le FMI suspecte dans cette affaire un éventuel abus de pouvoir de DSK en faveur de sa maîtresse, Piroska Nagy, ancienne haut responsable du département Afrique du Fonds.
On s’en fout bien que Strauss-Kahn instrumente une drôlesse, voire une honnête femme, comme celle-ci l’est certainement, même s’il est marié à Anne Sinclair. Des millions d’individus sont dans son cas, mais tout de même, tringler la créature sur une table de travail du FMI ! S’emmêler les pinceaux avec une subordonnée, là où il ramasse 315.200 euros pour quelques tours de passe-passe, une conférence par-ci et des conseils à tout le monde, vraiment la question est posée : Strauss-Kahn est-il intelligent ?
C’est la même question que l’on a posée à Bill Clinton et qui est restée sans réponse.
Le moindre petit contremaître arriviste, le premier sous-chef de bureau venu, l’infime fonctionnaire de deuxième classe, le savent tous : on ne couche pas avec le personnel, ni pendant, ni après les heures de service ! Il y a tant de bons coups dans les déjeuners d’affaire, les clubs de sport en ville, les putes dans les bars bling-bling, on se demande ce qui a pris à Dominique ?
Question d’éthique ? Non. De sécurité !
Il faut se méfier des gens qui paraissent en avoir gros dans le ciboulot, mais qui en ont encore plus gros dans le pantalon. Ce sont des sanguins qui, par moment, ne réfléchissent plus par au-dessus, mais par en-dessous.
En un mot, Dominique Strauss-Kahn vient de rejoindre le club dont le public se méfie le plus, celui des impulsifs. Les strausskhaniens du PS sont en deuil !

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Et encore, on ne sait pas tout. L’enquête diligentée par les limiers du FMI auxquels il a juré une collaboration sans faille n’a pas encore conclut que l’amoureux transi avait poigné dans la caisse pour couvrir sa belle de présents, ni, solution moins risquée, fait sauter à l’impétrante quelques cases du barème des salaires.
Dans le doute, imaginons que le french lover avait oublié que sa Lolita est mariée à Mario Blejer, Argentin jaloux, à cause des guignons que Rabelais appelait les pendeloques du diable.
Aura-t-il une chance de refaire surface ? Parfois les Français pardonnent aux compatriotes qui soutiennent leur réputation auprès des dames.
Il doit faire profil bas et éviter les colloques mondains où il pourrait tomber sur Mario Blejer. Une photographie avec un œil fermé, ça fait mauvais effet !
Une autre manière d’étouffer l’affaire aurait été de se mettre en ménage avec sa Hongroise d’amante, en fréquentant avec elle les cafés typiques à NY où l’on joue des czardas et consommer de la goulasch au paprika . Et puis, le chef de l’Etat français n’est-il pas de souche hongroise ?
Mais Anne Sinclair qui attend son bonhomme de pied ferme a coupé le courant du manège en déclarant sur son blog, que Dominique et elle forment le couple le plus uni de la terre et qu’ils s’aiment comme au premier jour !
Voilà l’homme piégé sur le cheval de bois en attendant que sa foraine d’épouse remette le carrousel en marche !
Heureusement, ce monde enchanté de la très haute administration mondiale a de la soie à revendre et madame Piroska Nagy a tout simplement changé de bureau, l’acajou de celui de NY commençant à lasser… A moins qu’on ne découvre que la nouvelle hautissime fonction de la sémillante ait été le cadeau d’adieu de son chevalier blanc ?
C’est la pauvre Anne Sinclair qui est la plus à plaindre, elle qui avait tout fait pour aider à la carrière de son volage époux. Il lui reste à rejoindre le club très fermé des cocues contentes, dont la présidente est Hillary Clinton que rien n’abattit, sauf peut-être la trahison de Barak Obama, dont, jusqu’à plus ample informé, elle n’a jamais été la maîtresse, aussi sûr que l’enfant de Dati n’est pas de Laporte...

20 octobre 2008

Quelle Belgique Fourons-Nous ?

La Wallonie est la seule terre francophone à être représentée au sommet de la francophonie par un locuteur d’une langue étrangère !
Tous les loustics de Bruges à Gand nous sont passés dessus de Dehaene à Verhofstadt en n’oubliant par Leterme !
Et il y a beaucoup de chances si on reste dans le cadre d’une Belgique fédérale, qu’il en sera toujours de même, la loi du nombre est à notre détriment dans un périmètre donné. Avec Lille, Valencienne, Sedan et Givet, c’était le contraire. Mais, ça ne s’est pas fait comme ça en 1830…
Toujours est-il que nous voilà beaux : minoritaires à côté de 60 millions de francophones largement majoritaires en Europe par rapport à nos pointus à peine six millions !
Il ferait beau voir que l’inverse se produisît chez Lilliput et qu’un José Happart ou un Maingain représentât un jour les ouailles de Verhofstadt ou de Leterme dans un sommet de la néerlandophonie !
En poussant des cris d’orfraie pour la défense de leur parler, les Flamands usent d’une technique vieille comme l’humanité : l’intimidation.
Et pourquoi le font-ils ?
Des langues européennes, le flamand, je ne parle pas du néerlandais, puisque les usagers de cette langue ne font pas une fixation sur elle, est une langue assurément utilisée par un très petit nombre de gens, comme toutes les langues peu répandues, elle est prise en sandwich entre le français et l’allemand, ce qui est des plus préjudiciables à son expansion, voire à son maintien.
En Amazonie, une langue disparaît tous les quinze du mois. Manque de bol, Tano et Aruak à la frontière du Pérou n’ont jamais vu Kris Peeters ou Bart De Wever !... Peut-être que la cohabitation de ces deux-là dans ces confins en éclaireurs, eût été favorable à une transhumance massive de l’engeance…
Les Flamands auront beau « flamandiser » à tout va des expressions anglo-franco-germaniques, leur langue dans l’état actuel des choses restera confinée dans leur région et ne s’internationalisera pas. On ne peut pas, sans se mettre à l’anglais, le français ou l’allemand débuter des études universitaires dans quelque université que ce soit en Flandre.
Si les gens tiennent à parler leur langue, cela se conçoit bien, c’est légitime. Qu’en pouvons-nous si dans le cas flamand, on constate un effritement du beau langage flandrien aux franges de la Flandre ? Lorsque le choix est laissé aux gens, le français est à tout coup gagnant en tant que langue de référence. Voilà pourquoi, les flamands ne veulent plus du recensement linguistique.
D’où la peur qui perce sous l’arrogance de leurs coups de gueule .
Ceux qui ont bâti leur carrière politique sur les revendications flamandes : droit du sol, priorité à la langue, barrière de protection autour de celle-ci, discrédit du français, etc. savent que la seule manière d’enrayer les progrès du français sur leur territoire est de le bannir envers et contre tout.
Dans une Europe qui prêche l’ouverture aux autres, la périphérie bruxelloise peut devenir un nouveau « Sarajevo ». Jusqu’à présent, c’était du vaudeville. Mais, sait-on jamais ?
Et quand bien même cette séparation se ferait sans heurt, que comptent-ils faire pour que l’Europe accepte ce minuscule Etat coupé en deux ?

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C’est pourquoi la Flandre cherche à partager les responsabilités de sorte que la Wallonie soit impliquée aussi dans cette séparation. Or, comme il n’en est rien, la Wallonie en cas de coup de force flamand, resterait la seule dépositaire du label belge. Ce qui placerait la Flandre dans la situation d’un Etat postulant une adhésion à l’Europe !
Situation originale, peut-être, mais difficile pour elle, certainement !
La Flandre n’est triomphante que dans le système belge, situation dont elle profite largement.
Les Francophones sont conduits par leurs unitaristes qui font dans leurs frocs dès que la Flandre hausse le ton !
Dans les négociations à venir et que l’on a presque oubliées à cause de l’actualité de la crise financière mondiale, les Francophones sont le dos au mur, non pas qu’ils montrent plus de courage qu’hier, mais parce qu’ils sont sous la pression du petit million de Belges qu’indisposent les prétentions flamandes.
Ici, il n’est plus question de flatter l’ego flamand par quelques banales concessions, comme le poste de premier ministre ou leur surreprésentation à Bruxelles, mais d’imposer à un gouvernement régional le droit d’une majorité de Francophones de certaines Communes périphériques d’être administrées dans leur langue.

19 octobre 2008

Le drame d’un petit porteur.

- En quoi vivez-vous la tragédie du petit porteur ?
- Elle me touche dans mon travail de tous les jours, donc elle assombrit ma vie.
- Vous êtes petit porteur depuis longtemps ?
- Je petitransporte depuis mes 18 ans.
- C’est une vocation ?
- Non. Mais je devais gagner ma vie. Alors, je me suis lancé.
- Vous avez spéculé ?
- Comme tout le monde. Je me suis dit qu’en me spécialisant dans le petit, je ferais des affaires.
- Les débuts ont été difficile ?
- Oui. J’étais nouveau dans la spécialité. Il y avait déjà une forte concurrence.
- Leurs actions étaient plus performantes que les vôtres ?
- Vous savez quand on a quelques firmes qui vous ont déjà rapporté, et puis quand on est bien introduit…
- Vous vous êtes mal défendu à la Bourse ?
- Je surveille la bourse du mieux que je peux. Mais quand vous devez rendre de la monnaie, changer des billets… Les voleurs sont partout.
- Vous avez perdu au change ?
- Il m’est arrivé d’échanger du turc contre deux euros… C’est courant dans les grandes surfaces.
- Vous avez perdu beaucoup ?
- A peu près tout ! mon dernier client m’a achevé.
- Lequel ?
- Ethias. J’avais tous les jours des échanges à faire. Je partais le matin de bon cœur. Je savais que j’allais au moins faire ma journée de petit porteur. L’après-midi, c’était du bonus.
- Le krach boursier, là aussi ?
- Je ne sais pas si c’est le krach boursier pour eux, mais pour moi c’est la dégringolade.
- Expliquez-vous ?
- J’ai perdu 95 % de mon chiffre d’affaire. Ils ne me convoquent plus que pour des papiers sans importance, des assurances à livrer…
- Vous avez aussi un portefeuille d’assurances ?
- Comment voulez-vous ? Sans assurance vous risquez des pénalités.
- C’est ce que je pense aussi.
- Alors, comment imaginer qu’ils seraient touchés dans ce secteur d’activités ?
- Lehmann Brothers ?
- C’est qui ,
- Une banque qui a fait faillite.
- Ah bon ! Je pensais à un petit porteur comme moi.
- De quoi parlez-vous dans l’Association des petits porteurs ,
- Il y a une association des petits porteurs ?
- Vous ne le saviez pas ?

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- Nous, on suit l’actualité comme tout le monde. Je n’ai jamais été syndiqué. Ce n’est pas parce qu’on est un petit porteur qu’on n’est pas instruit. En ce moment, on ne parle que de Dominique Strauss-Kahn qui pendant que nous souffrons mène la belle vie avec sa maîtresse au FMI.
- Et ça vous choque ?
- Ce n’est pas demain qu’Ethias et Fortis chez lesquels j’avais mes entrées penseront à moi.
- Non, évidemment.
- Il va bien falloir que je trouve autre chose pour gagner ma vie. Je n’ai pas les moyens de prendre ma retraite à Knokke-le-Zout !
- Quoi par exemple ?
- C’est dans les perspectives. Quand j’aurai remis mon triporteur à neuf, j’ai envie d’un couvercle en métal brillant, pas trop lourd, il faut penser que c’est moi qui pédale, je vais étudier la restauration. On a toujours besoin de faire des petites livraisons. Le triporteur pour livrer les pizzas, c’est l’idéal.

18 octobre 2008

Un manifeste exceptionnel publié dans Marianne

SUPPLÉMENT DE LA CHRONIQUE DU 18 OCTOBRE CI_DESSOUS.
Daniel Cohn-Bendit, Eva Joly, José Bové, Jean-Paul Besset, Cécile Duflot, Antoine Waechter, Yannick Jadot, François Alfonsi et Pascal Durand, viennent de se mettre d’accord sur un manifeste commun pour les élections européennes.
C’est la première fois que je publie un document politique in extenso, tant je considère l’événement considérable. Malheureusement, pour nous Belges il s’agit d’un texte destiné à l’opinion française.
Il serait intéressant de savoir si les Ecolos de Belgique adhèrent à ce qui suit :

« L'histoire est en suspens, car la déraison s'est emparée du monde.
Comme en témoignent brutalement les dérèglements des mécanismes financiers, la croissance de la famine, l'aggravation des inégalités ou l'emballement du bouleversement climatique, l'humanité s'est mise en situation de perdre la maîtrise de son destin. Nous sommes parvenus à ce moment clé où tout peut basculer, jusqu'à l'irréversible, ou, au contraire, favoriser un sursaut pour construire une nouvelle donne dont l'Europe deviendrait le creuset.
Soit la trajectoire d'effondrement dans laquelle s'inscrit la mondialisation du tout-marché et de la prédation aveugle se prolonge, et l'on verra la conjonction des crises – écologique, énergétique, alimentaire, financière, économique, sociale, identitaire – précipiter la planète dans une régression sans précédent ; soit les sociétés humaines se ressaisissent, refusant la spirale de l'excès, des fractures sociales et du découplage avec la nature, et alors surgiront les forces porteuses des réformes nécessaires pour échapper au chaos et tracer l'horizon d'une nouvelle espérance.
Il est urgent de se rassembler pour y concourir. Ni demain, ni peut-être. Maintenant et résolument !
Ne rien faire ouvrirait la porte à des politiques autoritaires pour gérer les pénuries ou les conséquences des migrations d'origine climatique. Agir, c'est éviter la barbarie pour choisir la civilisation.
Nous n'avons plus le temps. Tous les indicateurs sont au rouge. Notre modèle de développement est pulvérisé par les faits ! Aveuglé par l'idéologie de la croissance sans limites, dopé par le laisser-faire du libéralisme, le système productiviste fonce tout droit vers la catastrophe, tel un bateau ivre. Partout l'insécurité sociale grandit. Le progrès perd son sens au profit d'une montée de l'insignifiance et d'une destruction du vivant. L'humanité avance vers son désert.
[…] Une autre politique est possible : celle de la responsabilité. Le devoir d'équité universelle, l'attachement au vivant sous toutes ses formes, la nécessité de réduire l'empreinte écologique sur les ressources et les équilibres naturels commandent de changer d'ère. Il faut entrer sans plus tarder dans un nouveau monde, celui d'une profonde mutation écologique et sociale de civilisation. Celle-ci s'appuiera sur les valeurs de sobriété, de mesure et de modération, de partage, de solidarité et de démocratie, a contrario des aliénations marchandes et des violences économiques qui contaminent les écosystèmes, déstructurent les sociétés, écrasent les diversités culturelles et broient les individus dans la compétition du toujours plus et les frustrations permanentes.
D'abord, il faut rompre ! Rompre, c'est s'en prendre enfin aux racines […]. Agir sur les structures de nos sociétés et travailler en même temps à une insurrection des consciences, voilà les deux défis à relever pour éviter une désagrégation tous azimuts et, au final, la défaite de l'homme.
L'urgence commande donc de réunir les conditions collectives pour que la trajectoire humaine s'engage sur une autre voie. Autre projet de société, autre modèle de civilisation… le chemin passe par la refondation progressive et pacifique de nos manières d'être et de vivre, ensemble et individuellement.
b[[…] Nous n'affichons ni lendemains qui chantent ni programmes miracles.]b Nous affirmons seulement un autre choix : celui d'une nouvelle régulation, fondée sur l'impératif écologique et social, dont la déclinaison devra être établie démocratiquement dans chaque domaine impliquant la communauté humaine. Notre démarche consiste à opposer pied à pied des alternatives aux logiques destructrices et spéculatives, à trier entre ce qui est possible et ce qui ne l'est plus, à rassembler les énergies pour que la société s'engage dans une transition vers un monde qui, à défaut d'être parfait, restera viable pour tous et se montrera plus juste au plus grand nombre.
L'enjeu est tel et son urgence si prégnante que nous ne pouvons plus consentir à la tradition des jeux de rôle auxquels la représentation politique se complaît, avec ses rabâchages traditionnels qui pétrifient le futur et ses crispations claniques qui dévalorisent les consciences. Quels que soient leurs référentiels idéologiques, les partis politiques dominants bégaient devant les défis du nouveau siècle, refusant l'obstacle du grand tournant nécessaire. Ils restent liés à un type de développement insoutenable, fondé sur le mythe d'une progression exponentielle des richesses et, au final, sur le diktat absurde de la croissance pour la croissance. Chacun à leur façon, ils persévèrent dans la reproduction de mécanismes de plus en plus aliénants qui consacrent la domination de l'avoir sur l'être et de l'économique sur le politique.
Vivre avec son siècle consiste aujourd'hui à prendre conscience que l'âge du gaspillage et de l'inconséquence est terminé, que l'autorégulation du marché est un mirage, que la réalité est désormais surdéterminée par la crise écologique et l'approfondissement des inégalités sociales.
[…]
C'est pourquoi il s'agit de développer un nouvel espace politique au sein duquel ceux et celles qui se rassemblent dans leur diversité traceront la perspective d'un nouveau projet de société. Celui-ci n'est pas hors d'atteinte. Il repose sur l'aspiration grandissante des populations à vivre autrement que dans l'accumulation, le factice ou les dettes et sur la montée de l'exigence citoyenne pour une répartition équitable des richesses et un juste échange entre les peuples.
Ce modèle alternatif n'est inscrit dans aucun dogme ni bréviaire, même s'il est attaché aux meilleures traditions humanistes, en particulier l'opposition radicale au racisme, à l'antisémitisme, au sexisme et à toute forme d'ostracisme et de domination. Il se construira pas à pas, à partir des besoins de bientôt 7 milliards d'individus, de l'intérêt collectif des peuples de la Terre, de la protection des biens communs et de l'extension des services publics, du partage des ressources et du respect des équilibres du vivant. Il se fondera sur les valeurs de justice sociale et de solidarité planétaire, de sobriété et de conscience des limites, de droits humains et de dialogue démocratique. Il orientera progressivement les activités vers une réduction de l'empreinte écologique, impliquant de nouvelles façons de consommer, de produire, de se déplacer, de travailler, d'échanger, d'innover, d'habiter les villes et les territoires et de faire ensemble société. Il encadrera rigoureusement les mécanismes du marché et leurs prolongements financiers. Il stimulera la recherche scientifique et la créativité industrielle selon une perspective compatible avec les besoins réels et les limites de la biosphère.
A nouveau projet de société, nouvelle régulation économique et sociale. Il s'agit de penser l'organisation de la société selon le principe de durabilité, intégrant à la fois l'impératif écologique et celui de la justice sociale : durabilité des ressources et des équilibres naturels, durabilité, dans leur diversité culturelle, des systèmes économiques de demain, des contrats sociaux et des modes de vie. Autrement dit, il s'agit d'engager des réformes incompatibles avec l'hégémonie productiviste et consumériste qui précipite les dégâts écologiques et sociaux à coups de dérégulation, de financiarisation, de marchandisation et
d'uniformisation.
Un nouvel espace politique porteur d'une nouvelle politique de régulation ne peut se concevoir d'emblée qu'à l'échelon européen puisque l'Europe est notre famille, et sans frontières puisque le monde est notre village.
[…]
L'Union européenne, malgré les aléas de sa construction et des pratiques trop souvent technocratiques, a bâti un espace de paix et de coopération entre les 27 Etats et les 83 peuples qui la composent. Elle a su s'interposer comme une force de conciliation dans les conflits. C'est un formidable acquis, une histoire positive, à rebours des visions archaïques ou souverainistes qui imprègnent encore ce continent qui était celui des guerres. Des cultures différentes démontrent qu'elles peuvent vivre ensemble et s'enrichir mutuellement dans un monde déchiré par la violence multipolaire et les replis nationalistes et communautaristes.
Plus que jamais, nous avons besoin d'Europe. Mais l'Union européenne n'apparaît plus comme une entité capable de réguler les équilibres mondiaux selon des critères de justice sociale et d'environnement. Ses dérives libérales tendent à l'assimiler à un simple épiphénomène d'une globalisation chaotique, voire même à un accélérateur de celle-ci. D'autant plus que les peuples boudent l'Europe parce qu'ils ne se reconnaissent pas dans ses institutions sans visage. Comment s'en étonner, dès lors qu'on leur parle surtout de compétitivité et de concurrence, comme si le leurs cœurs. Ils attendent légitimement un projet qui les fédère et leur ouvre l'horizon.
Le moment est venu pour que les Européens s'emparent et s'identifient à la perspective politique d'une Europe solidaire et durable. En installant la mutation écologique et sociale comme colonne vertébrale de la communauté de destin des peuples européens, nous avons l'occasion de vivre mieux. A nous tous de la saisir ! »

Daniel Cohn-Bendit, Eva Joly, José Bové, Jean-Paul Besset, Cécile Duflot, Antoine Waechter, Yannick Jadot, François Alfonsi, Pascal Durand

Voir le site internet www.europeecologie.eumarché

Le progrès bondissant !

Ne plus se bouger le cul dans les boulots assis est devenu la règle, dans une organisation stricte du travail où discuter le coup avec des collègues dans le bureau à côté constitue une infraction au règlement interne.
Cette manie qu’ont les promoteurs et les fabricants d’interdire tout geste inutile, dans le cadre du temps que les assujettis leur consacrent, réduit le travailleur à l’état d’infirme, podagre,ou pire, cul de jatte !
Dans un avenir prochain d’extrême efficacité, on pourrait n’embaucher que des femmes tronc pour l’emploi de caissière.
Bien entendu, de l’idolâtre de l’économie libérale telle qu’elle est, au réfractaire obligé de se plier à l’usage capitaliste par la nécessité de manger comme tout le monde, les parties ankylosées des deux genres de besogneux pratiquant l’immobilité surveillée doivent avoir la compensation d’une gymnastique appropriée.
L’effet jogging est le nom plaisant donné par les médiologues à un phénomène grave et déroutant, par trop sous-estimé : l’effet rétrograde du progrès technique.
Car le progrès a son revers. Il n’est à l’état pur que pour le financier, puisque pour que tous puissent bénéficier du progrès, il faut évidemment qu’un travail supplémentaire compense son accès. L’homme moderne s’aliènent en même temps qu’il « progresse » ! L’activité qu’il déploie est sa monnaie d’échange.
Moins les citadins marchent de la journée, plus ils courent le soir. Cette récupération des membres inertes par l’exercice « de loisir » est d’autant bien vue des patrons qu’elle se passe en-dehors des heures de bureau et est de nature à rendre la forme.
Le mot de Régis Debray est parfaitement actuel : « la déstabilisation technologique suscite une restabilisation culturelle. A chaque « bond en avant » dans l’outillage correspond un « bond en arrière » dans les mentalités."
En somme courir après journée devrait être considéré comme des heures supplémentaires !
Cette manie d’arpenter les rues de son quartier en survêtement ou en short ne serait donc pas l’irrépressible besoin d’une hygiène volontaire, soupape à une énergie débordante, mais le pendant compensatoire d’un bond en arrière, dépense soudain nécessaire d’une énergie que l’on a accumulée dangereusement.
De là à penser que de bond en bond, le bond en arrière est quasiment général, d’autant que l’économie moderne veut instaurer le travail du dimanche pour tous, donc veut encore accroître l’immobilisation d’une Nation au service de l’industrie... il n’y a qu’un bond.
Serait-ce que bondir entre deux stations assises prolongées s’appelât progrès ?
N’est-ce pas plutôt une nouvelle et insultante plaisanterie d’une conspiration qui englobe les industriels et les personnalités politiques qui se sont assigné le droit de nous circonvenir par leurs propagande consumériste ?

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Toute civilisation qui respecte ses « civilisés » ne devrait-elle pas travailler à libérer le travailleur de ses aliénations ? La réussite selon une visions humaniste ne serait-elle pas une réduction du temps de travail dans le but d’allonger le temps libre ?
Par exemple, quand Reynders prône la liberté, Il rétrécit le sens du mot aux relations commerciales. Ne conviendrait-il pas aussi de chercher les moyens d’étendre cette liberté aux hommes ?

17 octobre 2008

Une Sûreté peu sûre !

Depuis l’arrestation du Belgo-Marocain Abdelkader Belliraj dans son pays d’origine, on doit se poser beaucoup de questions au sujet de la Justice en Belgique et de son bras armé le plus secret : la Sûreté de l’Etat.
Ou le Maroc a des enquêteurs exceptionnellement doués, ou… singulièrement musclés, quand on voit avec quelle facilité ils ont obtenu les aveux complets d’Abdelkader au sujet de préventions qui lui avaient valu un non lieu en Belgique.
Six meurtres, une « mission » de recrutement et d’activités terroristes d’Al-Qaïda, ce n’est pas rien. Et peut-être est-il passé à travers tout en Belgique, parce qu’il avait été recruté par la Sûreté de l’Etat ! On se croirait dans le feuilleton d’une république bananière !...
Le plus grave, enfin c’est ce que révèle la presse flamande, l’individu tentait de recruter en Belgique des spécialistes pour la confection d'armes chimiques et biologiques.
Puisque l’individu est en aveu, cela mériterait quand même d’être confirmé, étant entendu que tous ces faits se sont passés en grande partie en Belgique et que les six cadavres ne sont pas tous des anonymes, ni restés dans le placard.
Les citoyens seraient aussi en droit de se demander ce que la Sûreté de l’Etat a comme parts de responsabilité dans l’inabouti de ces crimes impunis et dans la clémence, sinon l’aveuglement, de la justice, et enfin, qu’est-ce un service tout à fait spécial dans l’organisation des polices et quels sont ses rapports avec le Ministère de l’intérieur ?
Toutes question importantes et qui traitent de l’organisation de la chose publique et des libertés du citoyen.
Est-ce fréquent et naturel qu’un service de police recrute des criminels ? A moins que les fonctionnaires de la Sûreté de l’Etat ne soient pas considérés comme des policiers, mais comme des militaires ou ni l’un ni l’autre, mais alors qui pourrait une fois pour toutes les assigner à un des rouages de l’Etat et pour quelles missions ?

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Enfin, qu’est-ce que Abdelkader Belliraj a bien pu leur communiquer d’utiles pour notre sécurité ? Cet homme jouait-il un double jeu et nous a-t-il permis de déjouer des actes terroristes qui en seraient restés ainsi aux projets ? C’est assez surréaliste que celui qui est chargé de commettre des attentats soit en même temps le dénonciateur de ces attentats. Quand on voit la quantité impressionnante d’armes saisies dans le coup de filet de la police marocaine, on pourrait penser qu’il a tout simplement bluffé nos chaussettes à clous et qu’en réalité il aiguillait la Sûreté de l’Etat sur des pistes bidons, de sorte qu’il avait les mains libres pour tranquillement préparer ses forfaits.
Le malheur, c’est qu’en Belgique la démocratie s’arrête à la porte des organisations de police et qu’il est très difficile de percer à jour les bavures et les manquements à la Loi, bref de veiller à l’éthique générale qui devrait faire l’objet surtout dans le cadre des polices d’une surveillance particulière des citoyens. Or, nous n’avons aucun moyen de nous rassurer. Et encore moins en faisant confiance à la Justice quand on voit avec quelle facilité elle entérine dans les procès la version policière. Et ce n’est qu’à de très rares exceptions et parce qu’il n’y a pas moyen d’écarter les soupçons que, de temps à autre, le personnel de police est remis en question, voire sanctionné.
Que dire quand cette police est « secrète » et que tant d’actes, qui y sont journellement commis en fonction des enquêtes, soient à tout jamais « secrets d’Etat ».
Jadis, cette Sûreté fourrait son nez dans les syndicats et certains partis qu’elle estimait « hostiles » – et sans doute a-t-elle toujours le pouvoir d’infiltrer et contrôler ces « mouvements et associations » dans ses attributions ? Quelles sont les limites à ne pas dépasser dans son travail d’enquête et a-t-elle le droit d’enquêter sur ce que bon lui semble ?
Ce qui est grave dans son cas, c’est qu’elle échappe même au contrôle du Ministère de l’Intérieur et on peut se demander de qui elle relève, sinon d’elle-même, puisqu’elle n’a pas besoin de la requête d’un juge d’instruction pour débuter une enquête !
On pourrait se demander ce qu’il arriverait si un ou des personnages influents de ce Service voyaient des complots partout ? On se demande même si dans certaines périodes heureuses de notre histoire, pas aujourd’hui hélas !, des individus peu scrupuleux n’ont pas imaginé des dangers intérieurs pour la sécurité du Royaume au point de monter des dossiers imaginaires sur des joueurs de pétanque ou des socialistes dont le seul tort était de connaître tous les couplets de l’Internationale ?
Une récente dépêche donne froid dans le dos : « Abou Qaswara, connu également sous le nom d’Abou Sara, était le responsable d’Al-Qaïda pour le nord de l’Irak », nous informe l’armée américaine qui vient de l’abattre dans le Nord Afghanistan, et de préciser qu’il était de nationalité marocaine et avait des liens de longue date avec le fondateur d’Al-Qaïda en Irak, Abou Moussab al-Zarqaoui, tué en juin 2006, tous plus ou moins copains et en relation avec le Belgo-Marocain Abdelkader Belliraj.
Recruté à la Sûreté de l’Etat un individu pareil, relève de l’inconscience…
On se demande si dans les projets confédéraux qui finiront bien par régler les rapports entre Flamands et Wallons, on ne devrait pas dissoudre purement et simplement des services dont la part occulte échappe à toute surveillance.

16 octobre 2008

Qui remplacera Bush ?

Le 4 novembre, jour J de l’élection présidentielle américaine, nous assisterons à la finale d’une compétition dont le déroulement montre à la fois les techniques de communication poussées à l’extrême, en même temps que l’impossibilité d’un choix réel du peuple américain qui ne peut voter que pour McCain ou Obama.
Il est tout à fait étonnant que ce soit les organisations politiques elles-mêmes qui se chargent de faire le ménage – donc en-dehors de toute légalité du fédéral – pour ne jamais présenter que deux candidats !
L’image de ces deux hommes est tellement lissée, qu’en réalité, depuis le début de la campagne, plus personne ne les connaît vraiment. La propagande a brouillé les pistes.
Résultat, les Américains vont devoir départager deux candidats dont ils ne connaissent rien, et surtout pas leurs réelles motivations !
Cette réduction du pouvoir populaire n’est pas encore suffisante. Les correspondants européens aux USA ne parlent que des religions pratiquement infiltrées dans tous les milieux et les deux partis, au point que tous les candidats doivent, s’ils veulent avoir une chance d’être élus, à un moment ou un autre de leur campagne, proclamer leur foi en dieu, donnant ainsi une image encore plus trouble des Américains, déjà classés « bons enfants, un peu débiles », les voilà en plus chapeautés par un esprit religieux sans précédent, quasiment intégriste.
Laïcs s’abstenir !
S’il est difficile de dissocier foi et opinion politique dans ce pays dit des libertés, on peut dire que la liberté de conscience se trouve dans de bien curieuses mains.
Aussi, je ne crois pas aux discours officiels et je pense que les Américains valent mieux que cela. Quand j’entends des propagandistes d’Obama hurler dans des micros que leur candidat a été désigné par dieu et que celui-ci opine du bonnet, avant que les pasteurs évangélistes ne tombent en transe pour dire la même chose de McCain, je tourne le bouton de ma radio.
Il paraît que cette désignation mystique est pratiquement générale et particulièrement dans les Communautés Noires !

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Le phénomène religieux n’est pas récent. C’est Carter qui a introduit la dimension de la foi dans la vie politique américaine en 1976. Sans doute pour faire oublier que sous des allures d’intégriste, il était avant tout marchand et producteur de cacahuètes.
Il n’en demeure pas moins que depuis, la foi religieuse proclamée avec extase est encore la meilleure recette pour accéder au pouvoir suprême.
Si nous devions situer l’âge mental moyen de l’électeur en fonction des discours simplistes, des slogans sans lendemain et des programmes des partis, tous au plus aguichants, je crois qu’en Belgique notre cote serait plus basse encore que la cote américaine.
Alors faisons la part des choses.
Idem sur l’impression que l’on a en Europe du soutien unanime de la Nation américaine à propos d’Israël.
Certes les lobbies juifs y sont puissants ; mais, ce qui fait le poids décisif dans l’opinion, c’est l’Eglise évangéliste américaine. Celle-ci a persuadé ses ouailles que le retour des Juifs en Palestine annonce la bataille finale entre le bien et le mal à Armageddon (de l'hébreu: מגידו, « colline de Megiddo », un petit mont en Israël, avec le retour du Christ sur la terre, à l’issue de la bataille qui – n’en doutons pas – verrait le bien triompher du mal !
Pour en revenir à nos deux duellistes, investis tous deux de la parole divine, cela va être quelque chose pour les départager ! Pourtant, depuis la crise financière, les sondages indiquent une poussée des intentions de vote pour Obama.
Ce qu’on n’a pas incorporé dans les intentions de vote, c’est le vieux racisme des Blancs. On ne sait pas s’il jouera au profit de Mcain et dans quelle proportion, sans oublier, l’engouement des Noirs pour un des leurs, l’un et l’autre courants impulsifs et irrationnels.
Ce qui est certain, c’est que Bush ne transmettra pas une Amérique intacte et triomphante à ses successeurs.
Celle-ci a beaucoup perdu de sa superbe. On ne peut indéfiniment vivre à crédit sans finir par indisposer les prêteurs. Elle n’est plus le leader du monde économique. L’Europe et l’Asie sont autant de géants concurrents dans ce qui fut le pré carré US.
Il n’y a plus qu’un domaine où elle reste incontestablement au-dessus du lot, c’est le domaine militaire. Et elle peut y faire encore beaucoup de dégâts.

15 octobre 2008

Une Femme d’un autre siècle.

On n’apparaît souvent aux autres que par un côté saillant, une circonstance de sa vie, un engagement. C’était un secret qui ne le sera plus lorsqu’il sera à portée de tout le monde de le découvrir : j’ai commencé ma vie de lecteur par un véritable engouement pour les livres de… la comtesse de Ségur. J’avais alors entre dix et douze ans.
Ceci n’est pas un grand scoop et cela n’engage que moi.
Encore aujourd’hui il m’arrive de penser à la Comtesse, et ce bien avant qu’elle ait atteint l’âge respectable, pour l’époque, de cinquante huit ans, quand il lui prit la fantaisie d’écrire pour le plaisir de ses petites filles et le mien, l’œuvre que l’on sait.
Sophaletta, c’est ainsi qu’on appelait Sophie Rostopchine, avait la santé d’une paysanne russe. Elle était le bouffon de la famille en mimant les historiettes qu’elle inventait…
Les laquais de Voronovo comparaient la limpidité de son rire à celle des clochettes de Valdaï qui, en Russie accompagnent les courses des troïkas dans la neige.
Stop !... C’était dans un milieu à l’abri de la disette, et les laquais ne comparaient vraisemblablement le rire de l’enfant aux clochettes des troïkas, que dans la mesure où il ne faisait pas bon de dire le contraire.
Cependant, si être né dans la soie dispense de penser aux autres, l’œuvre future de la comtesse de Ségur qui allait naître de la petite Sophie Rostopchine peut se regarder comme une douce histoire de rapports non conflictuels entre les maîtres et les valets, entre les gens de pouvoir et les paysans de la France de 1850, encore tellement rurale que les villes, hormis celles de Paris, étaient au milieu de la campagne. La banlieue n’existait pas.

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Mises à part les grandes détresses, qui laissent la victime sur le pavé dans les conflits de personnes pour le pouvoir et l’argent, les heurts du XIXme siècle n’ont jamais eu l’âpreté qui caractérise ceux d’aujourd’hui, sauf dans le dernier tiers du siècle de la Comtesse, coïncidant justement avec les débuts anarchiques de l’ère industrielle, la prolifération des banques et des entreprises de crédit, dont le krach récent est la dernière manifestation.
J’entends bien que l’époque était d’une grande misère ; mais les rapports entre les gens n’avaient pas l’indécence qu’ils ont pris depuis que la lutte vitale pour la survie est passée de la lutte pour le confort, ce qui est encore légitime, puis pour le superflu, ce qui l’est moins, laissant tomber au passage les notions de justice et de fraternité entre les hommes.
Sophie a écrit la plupart de ses contes au château des Nouettes, près de L'Aigle dans l’Orne, à l’orée du bocage de la vallée de la Risle, dans un monde paysan suffisamment prospère pour que chacun vive à sa place et trouve l’environnement à son gré et le travail à sa main.
Sous certains aspects, il y a plus qu’une rupture avec les modèles de la littérature enfantine de l’époque qu’il n’y paraît. C’est l’histoire du monde paysan qui s’achève.
Sophie était une personne lettrée, parlant plusieurs langues et comme presque toutes les femmes d’alors souffrait de la condition féminine sans encore oser se l’avouer. Elle est la contemporaine de Harriet Beecher Stowe. Et elle a certainement lu « Uncle Tom's Cabin » (la case de l’oncle Tom) dans sa version originale. Les personnages principaux, tous Noirs, de Miss Beecher Stowe fuient un monde qui leur est hostile. Après une transhumance qui les emporte jusqu’au Canada, ils retournent en Afrique pour vivre avec les autres Noirs.
Dans les livres de la Comtesse, on sent une grande humanité pour les fermiers, les paysans en général et tout le petit monde des champs qu’elle rencontrait tous les jours. Elle a sans doute fait des comparaisons entre les conditions de vie des paysans de l’Aigle et les Noirs des plantations, tout en évoquant la question de l’émigration forcée ou volontaire aux Amériques, elle qui était née Russe, d’origine Mongole.
Le vouvoiement des parents, le rôle des domestiques, et les traitements médicaux tels que l’usage de sangsues, des saignées, des cataplasmes « saupoudrés de camphre » nous plonge dans un monde disparu qui n’était pas sans charme, ni art de vivre.
Le respect dû aux aînés, la politesse des rapports entre fermiers, et cette espèce de bonhomie et de loyauté qui régnait dans les problèmes de fermage, les dépôts chez les notaires et les spéculation sur le prix du foin, pourraient passer pour une sorte d’angélisme d’un système qui n’était pas encore obnubilé par le capitalisme, malgré les descriptions peu flatteuses que firent Balzac et Flaubert de la bourgeoisie de province.
Mais c’était celui de la Comtesse qui en témoigne. Quant à l’éducation, ce qu’il en reste se trouve dans les cours de psychologie à l’usage des parents et des enseignants pour dénoncer les célèbres fessées de Madame Mac Miche à son turbulent neveu, Charles. Cependant que l’on redécouvre timidement sans l’oser pouvoir dire la valeur éducative de ce genre d’éducation.
Faut-il rappeler que la Comtesse n’était pas née bourgeoise, mais noble. Elle était surtout née FEMME, ce qui, par rapport au Comte, son viveur et scandaleux époux qui réussit le tour de force de lui faire sept enfants tout en n’étant pratiquement jamais là, fait toute la différence.
Aussi, pourrait-on conclure que la situation générale un siècle plus tard, aurait pu être meilleure grâce à l’émancipation des femmes, si la question de l’argent et des pouvoirs qu’il génère n’avait pas tout gâché !

14 octobre 2008

C’est déjà fini ?…


Le ministre des finances britannique s’appelle Darling ! Vraiment, ça ne s’invente pas…
Grand rassemblement des hauts personnages européens à l’Elysée ce week-end. Sarkozy était partout, prenant la taille de Merkel, s’arrêtant pour les photographes. Il n’a pas supporté que Reynders s’échappe pour faire le beau dans la cour pour les caméras. Ce n’est pas Fillon qui aurait osé
Tout ne beigne pas encore que déjà Dominique Strauss-Kahn à NY parle de l’après crise !
C’est à peine si la Bourse repart à la hausse, que l’on croit sortir du trou.
Cependant rien n’est moins sûr. Si la Bourse repart au petit trot, c’est toujours la récession et une catastrophe sociale par une augmentation du chômage et de la pauvreté générale.
Leterme et Reynders sont enthousiastes à l’idée qu’ils font croire que ce sont eux qui ont « inventé » de sauver les banques par des fonds d’Etat. Reynders surtout, voudrait qu’on le compare à Keynes, à la rigueur à Galbraith ! Il rêve déjà du Nobel de l’économie !
Pendant ce temps, à Bruxelles, le gouvernement rame pour le budget. On se demande pourquoi c’est si difficile de le clôturer, alors qu’on patauge dans les milliards d’euros. Renseignements pris, il s’agit de milliards fictifs qui sont là pour rendre confiance au banque. Reynders pense qu’on n’aura pas à les dépenser, mais malgré tout, ils pourraient rapporter de l’argent aux contribuables. C’est à croire que Reynders s’est lancé dans des subprimes pour le compte de l’Etat.
Sur le temps que l’on rassure les banquiers, Joëlle Milquet serre la vis aux chômeurs. Drôle de pays !... Il faut dire que ce sont les Flamands qui poussent au programme de réinsertion du travailleur en panne de travail. Ce serait une bonne chose, s’il y avait des emplois à proposer. Hélas ! il n’y a que des sanctions.
Rien ne les arrête, quand il s’agit de la rigueur, surtout sur les salaires qui ne dépassent pas mille euros ! Pour les autres, on verra plus tard.
C’est clair, plus la crise est profonde, moins on supporte sa conséquence, le chômage. Certains banquiers ont trouvé les responsables du krach : les pauvres d’Amérique qui n’ont pas remboursé leurs hypothèques ! Ici, c’est le chômeur qui dérange…
Il ne faut pas crier victoire trop vite dans les radios périphériques. On pourrait déchanter.
La situation est loin d’être normalisée.

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C’est l’histoire d’une amoureuse qui se fait tatouer le nom de son amant : Jeff. Comme les sentiments dans ce cas d’espèce sont souvent momentanés, elle se retrouve seule trois semaines plus tard, avec désormais le prénom encombrant sur le bras.
Faire l’amour à une femme qui s’est fait tatouer « Jeff », quand on s’appelle Oscar, ce n’est pas facile.
C’est pourquoi, si vous vous appelez Jeff…
C’est ce qui arrive au système. Après avoir hurlé l’amour de la banque, de Bacquelaine et des banquiers, jusqu’à s’être fait tatouer au-dessus de son cul, « à l’économie mondiale pour la vie » se déculotter pour l’amour de l’argent public, c’est difficile. Voyez dans quel état nous avons mis ce pauvre Lippens ? Et les autres, je ne vous dis pas. Il y en a même deux qui ont oublié leurs parachutes dorés en gagnant la sortie. C’est dire la distraction… Quant au Davignon de l’affiche, dans quel merdier il a mis l’annonceur, on n’a pas idée ! C’est un coup de pub qui restera dans les annales !
Personne ne sait quand la crise s’arrêtera. Surtout que les économistes ne nous gonflent pas avec leurs statistiques. Ce n’est pas parce que les Bourses repartent que le krach est KO. Quand on parle d’effets collatéraux, c’est du travail et des travailleurs dont il est question.
Les petits porteurs respirent. Ils peuvent à nouveau articuler « Leehman Brothers » sans commencer une rage de dents.
Les licenciements et la misère des trottoirs, c’est à l’acte suivant…
Pourtant, un jour ou l’autre, il faudra bien reparler des autres sujets qui fâchent : à commencer les relations entre Wallons et Flamands et ce fameux pot belge qu’est Bruxelles, sans perdre de vue les précieuses et les ridicules de notre Comédie bourgeoise qui à force de se dire démocrates croient qu’elles le sont.
L’inconvénient de la tenue d’un blog, c’est qu’on est seul pour tout. Alors, on ne sait pas s’il faut cesser de parler d’économie, quand on en est soi-même saturé. Et puis, on a la tête tellement farcie de chiffres et de stratégie économique, qu’il est difficile de changer de cap et d’écrire « glamour ».
Ainsi le congrès PS à Namur de ce dimanche, les explosions de colère feintes de Di Rupo, l’étonnement de Onkelinx à voir cette société se déliter, c’était le boulevard du Temple et le comique Deburau ! C’est quand même inouï, mais, c’est la leur de société ! Ils y ont contribué et ils y contribuent encore. Si c’est pour en revenir avec les gros mots et les serments, c’est un peu tard. Ils n’avaient pas besoin d’y porter leur petite pierre… On ne leur demandait pas tant de zèle. Surtout au vu des résultats, qui sont aussi les leurs. N’ont-ils pas été grassement payés, comme les libéraux pour nous conduire à l’impasse de l’avenir ?
Evidemment, au PS tout fini par des chansons…
A les voir sur la scène entonner le couplet final, on se serait cru à une revue du Trocadéro !
Enfin, pour ce qui est du vaudeville, attendez-vous que les réunions de la dernière chance reprennent et que Maingain et De Wever aillent y peaufiner leurs répliques.



13 octobre 2008

Bacquelaine raconte la politique aux enfants.

On avait perdu la clé de 12 sur le plateau de RTL ce dimanche midi. Heureusement le plombier de service, Daniel Bacquelaine, chef de groupe MR à la Chambre et membre de la Commission de l'Intérieur, était là. On reste saisi de sa définition du libéralisme, fort différent, peut-être même « étranger » au capitalisme !
L’étonnant médecin-bourgmestre de Chaudfontaine (on se demande avec toutes ses casquettes comment il a le temps d’écumer les Maisons de retraite de l’entité où on ne jure que par lui), est indépassable en culot, dans sa déclaration selon laquelle le public confond capitalisme et libéralisme.
Il faut bien dire que les électeurs de Bacquelaine sont des cons. C’est peut-être de ceux-là qu’il parle ?
A en juger par ses propos d’il y a à peine quelques mois, c’est tout récemment que la raison lui est apparue. Il a changé d’avis, de sorte qu’il est totalement en désaccord avec le Bacquelaine de l’été. Aujourd’hui il distingue nettement le libéralisme du capitalisme.
Il est vrai que c’est assez dur pour cet homme si distingué qu’il se confond avec n’importe quel curiste, de séparer du profit un libéralisme historique, heureusement pondéré par un mouvement réformateur compréhensif.
Et le public ignorant lui en tiendrait rigueur ?
Mais enfin, vous savez comme sont les gens, si envieux des réussites !
Cette manière d’être à l’ancienne des universitaires, qui sont payés au prorata du respect et de l’autorité qu’ils génèrent, semblent avec la députation que leur offre le peuple, la juste récompense de leurs nombreux mérites.
Ce type qu’on a vu ce midi est à un sacré niveau de suffisance. Il n’était pas le seul, évidemment, il avait de la concurrence ! Durand, Cerehxe, Lizin, ce n’est pas rien, encore que ce soit cette dernière qui ait montré le plus d’humanité…
On savait les avocats prétentieux, ils ne vont pourtant pas toucher en renfort les carabins et les notaires !
Comme si le libéralisme et le capitalisme avaient des définitions incompatibles et comme si, en réalité, l’un ne procédait pas de l’autre !...
Bien dégradé depuis Alexis de Tocqueville et ses exigences éthiques, le libéralisme aujourd’hui n’est-il pas d’accorder un maximum de libertés aux dominants, pour qu'ils développent leur domination sur les dominés ?
N’est-ce pas le principe même du capitalisme ?
Daniel Bacquelaine ne peut pas être contre une réalité qui, en ces temps de grandes inquiétudes, bouleverse toute la Nation.
Disons-le tout net : la politique pour Daniel Bacquelaine suivant le mot de Paul Valéry « consiste dans la volonté de conquête et de conservation du pouvoir ; elle exige par conséquent une action de contrainte ou d’illusion sur les esprits… L’esprit politique finit toujours par falsifier ».
Je trouve que la politique falsifie beaucoup, ces temps-ci.
Monsieur le député-bourgmestre de Chaudfontaine en conviendra, sans doute ?
Dans la fosse à purin où le libéralisme-capitalisme nous a plongé, il est quand même légitime de condamner sa faillite !

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La politique de Messieurs du MR est à présent de nous faire croire qu’ils retournent aux sources. Adam Smith a bon dos, depuis qu’être libertarien n’est plus présentable.
Sans oser le démontrer, le sémillant député Bacquelaine est persuadé que tout va s’arranger pour les riches et qu’il va pouvoir revenir à ses théories selon lesquelles l'amélioration du monde et sa stabilité dépendent du maintien de l'hégémonie américaine. Toute puissance concurrente est dès lors considérée comme une menace pour la stabilité mondiale, comme la Chine et l’Inde, et peut-être même l’Europe, quoique en disent les gens du MR, dont le but est de maintenir et développer l'hégémonie des États Unis d'Amérique dans le monde.
Tout cela parce qu’il leur semble que l’Amérique est encore le pays le plus représentatif du libéralisme et du capitalisme.
Cependant, il suffit d’interroger ceux qui en reviennent et qui suivent l’actualité de l’élection de la présidence, pour comprendre qu’il se passe des événements dans les rues aux Etats-Unis, qui n’ont plus grand chose à voir avec les convictions de Monsieur Bacquelaine sur la liberté d’entreprendre.
On se demande si dès lors, le député-bourgmestre n’a pas raison : le capitalisme n’aurait plus rien à voir avec le libéralisme. Bacquelaine ferait-il un pari contre lui-même ?
C’est un drame cornélien.
Et même si dorénavant ces concepts vivaient brouillés et séparés, qui aurait-il de changer, puisqu’ils ont la merde comme dénominateur commun.

12 octobre 2008

Où sont les bons Belges ?

Oui, les bons Belges ! Que deviennent-ils dans la tourmente ?
On n’en parle plus !
A croire, qu’ils ne mettaient leur opinion à la fenêtre que pour remplir l’actu maigrichonne de la querelle linguistique.
Après Paulson, ils ont vite perdu l’espoir qu’un cameraman patriote d’RTL filmât leur façade arborant la fameuse loque tricolore.
La crise du pognon a refait l’union par le trou du bas de laine. La faillite de Lehman Brothers au secours de la Belgique ? Pour une fois, les Américains servent à quelque chose …
On ne s’engueule plus trop, bord à bord, comme devaient faire les marins de la Royale qui mouillaient dans un port neutre à côté de l’Union Jack !
C’est que chez les bons Belges, on ne rigole pas avec l’argent.
Ici, il s’agit d’un combat contre la pauvreté, pas la pauvreté des autres, ça, ils s’en foutent, mais la leur. C’est du sérieux. La réputation est à défendre. Ce n’est pas rien d’acheter un piano – celui de famille ayant rendu l’âme - et d’inscrire sa fille au bal des débutantes.
On croyait que le séparatisme était populaire en Flandre. Erreur. La bonne bourgeoisie donne toujours le « la », mais elle n’a plus le moral. Elle déserte les séances de mise en forme flamingantes. Le peuple flamand attend qu’on lui distribue son rôle. Les chantres ne sont plus aux rendez-vous du CD&V, mais devant les écrans des taux de la Bourse…
Bart de Wever et de Decker ont peut-être commis l’imprudence de faire confiance à Ethias ? Du côté francophone, c’est pareil. Se faire des bons salaires au service des gens ne suffit pas, il faut encore un sens du placement.
Qu’est-ce que les excités du Vlaams Belang dirait, s’ils apprenaient que Dewinter s’est fait lessiver par les subprimes ? Et à Mons, si le Conseil communal lisait dans les journaux que Di Rupo a perdu un million sur l’action Fortis ? Lui qui fut du Conseil de surveillance et le roi des jetons de présence, on pourrait lui demander ce qu’il y foutait ? Les gens sont si méchants !
On s’aperçoit que même les étoffes des drapeaux des bons Belges n’étaient pas identiques.
Ce n’est pas madame Houard qui coupe ses oriflammes dans du cachemire ! Les riches non plus, certes, mais eux on les reconnaît par l’ourlet au cordonnet trois fils !
Les façades aussi recélaient leur propre inégalité. Même si le bon Belge s’égarait dans les quartiers où les maisons se ressemblent toutes, en principe, la hampe se fichait et se fiche encore au-dessus des belles entrées. On ne dira jamais assez la noblesse d’un immeuble qui se mesure à la hauteur de sa porte de façade. Les plus touchés par la banque qui vacille, ce sont les habitants des maisons dont la porte d’entrée rejoint le premier étage dans la courbure de son fronton de pierre. La poignée de bronze sur le battant ouvrant de la porte dit bien son maître.
Là, le drame est permanent.
Plus c’est cossu, plus la perte risque d’être sévère.

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Reynders a beau réconforter les foyers chics, la bourgeoisie n’a plus confiance, depuis que Lippens s’est couché sur son lit de douleur à ressasser ses pertes. Le banquier déchu aurait fermé sa porte à l’affichiste Davignon. Il pense que, puisque les banques ne prêtent plus, Davignon non plus ! Il n’a pas tort.
Il ne s’agit pas comme chez les pauvres de quelques ronds patiemment disputés au fisc et qui ont fini dans les hypothétiques titres américains. Il est question de l’économie de deux ou trois générations de BCBG, avec, au moins, un grand père illustre.
Les journalistes ne s’y sont pas trompés. Eux reconnaissent le bon Belge qui l’est plus qu’un autre. Les gens comme il faut ont toujours les chaussures cirées. Ils ont un trousseau de clés impressionnant dans leur pantalon doublé soie. Ils connaissent l’histoire de la famille et peuvent citer jusqu’aux petits cousins. C’est à ces petits détails que l’on reconnaît le bon Belge bien supérieur au patriote par oui-dire, en ce qu’ils sont propriétaire de leur immeuble ou de leur appart.
Le retraité y pullule. D’armée ou de Robe, ces bons Belges sont l’épine dorsale de la Belgique et s’il arrivait malheur à leur argent, c’en serait fini de l’Etat belge, pire que si le Vlaams Belang saccageait Bruxelles et intimait au roi de chanter le Vlaams Leeuw au théâtre des Galeries.
A la limite, ils veulent bien à des fins patriotes laisser leur BMW au garage, ne la sortir que pour les grandes occasions et rouler en Smart le reste du temps, à condition que cela se sache et qu’on en fasse un article dans la Libre.
Ce qui les inquiète, c’est leurs combines pour transmettre à l’avenir les immeubles qu’ils ont passés à la génération suivante par dessous la table des notaires, les patrimoines aux îles Caïman, et les lingots conservés dans les coffres depuis la crise de 29.
Ils redoutent qu’il faille établir des inventaires après faillite de leur homme de confiance.
Ils se souviennent d’un grand oncle enrichi pendant la guerre 40-45 et qui faisait du porte à porte pour proposer des biftons à ceux qui n’avaient pas le quota qu’avait plafonné Paul Gutt, le ministre des finances de l’après guerre. Par contre, ils vantaient à chaque fête de famille le flair de leur grand-père qui dès 43 avait converti ses rapports commerciaux « avec une puissance étrangère » en bons lingots d’or.
C’est un monde qui s’écroule. Une joie de vivre qui meurt.
Rien qu’à passer dans les beaux quartiers, on voit bien la vieillesse nidoreuse à la courbure des dos ! Dans cinq, six ans, tout aura disparu. Les juniors ne sont pas mal non plus. Mais rouleront-ils en Mercedes et BMW jusqu’au bout ?
Alors que ceux-ci, avant le drame dont ils ne se relèveront pas, guillerets vieillards en chemise Arrow, cravate de club et veste en tweed multi usage, toujours en partance, pour un golf ou pour rendre visite à Constance dans sa maison de campagne, c’était du bon Belge !

11 octobre 2008

Les fondamentaux de la morale !

Ça fait très longtemps que je me pose une question à laquelle je n’ai toujours pas de réponse.
Comment notre société, ancrée dans le culte de l’argent, a-t-elle pu construire une culture du bien et du mal ?
Les discours de Bush à cet égard sont édifiants ; mais, nos hommes politiques ne sont pas en reste et n’ont rien à lui envier.
Répudié par la philosophie, la morale et la religion, ce concept a pourtant prévalu dans une vie sociale sur laquelle on a adapté une vision du bien et du mal assez étonnante. Que n’a-t-il fallu d’astuces pour exclure les travers humains révélés par l’argent, afin de rendre acceptable et même nécessaire, cette vision là !
Ainsi, a-t-on pu « oublier » une certaine forme de rapine, pour en condamner d’autres, plus facilement reconnaissables.
L’usure est devenue profit, l’escroquerie une affaire d’Etat, la banque un agent promotionnel et l’argent fictif une preuve de dynamisme !
Certains vols ont été légitimés comme étant d’utilité publique, d’autres sévèrement condamnés parce qu’exogènes aux gangs autorisés !
Cependant, cette tare est inscrite au milieu du front de Thémis. Elle est indélébile. Si les Lois sont injustes, c’est parce que l’homme voué au culte de l’argent l’est aussi.
Comment dans une pareille Société condamner les uns et absoudre les autres ?
Si la misère engendre le crime, le reste du Corps social qui engendre la misère l’est aussi, sinon plus criminel encore !
Tous les notables sont coutumiers à cet égard du délit d’initié, sinon de complicité…
Cette association générale de malfaiteurs a quelque chose d’hallucinant.
Des constitutionnalistes diront de façon pratique que si tout le ponde est coupable, personne ne l’est ! Sans le savoir, ils absolvent ainsi les nazis !...
Cette « morale » relie directement Maurice Lippens et tous les acteurs du désastre actuel à Dutroux et Fourniret. Elle nous condamne tous comme étant participationnistes actifs ou passifs de cette grande dérive du XXIme siècle.

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Des millions de personnes vivent dans les quartiers populaires auxquels on applique une justice sur mesure ! C’est un formidable réservoir d’énergie et de potentialité offert à la gauche qui ne sait pas en tirer parti. On dirait que la complicité de celle-ci dans la morale fabriquée par l’argent l’a contrainte à défendre l’indéfendable : les riches.
Il est vrai que ce grand corps social négligé, que ce soit des grandes banlieues ou des quartiers pauvres des villes, a dû se garder de la morale officielle si malfaisante pour elle, d’autant que beaucoup de pauvres le sont à défaut d’être riches ; car, là où cela devrait être exclu, le culte de l’argent fait aussi des ravages.
Dans cette période de folie, au fond d’un gouffre ouvert par le profit excessif, la morale s’est réfugiée là où beaucoup ne l’attendaient pas, sur la sole du creuset social !
C’est la seule note d’espoir.
On nous montre un tableau désolant de la jeunesse, celle qui se drogue et court les rues en quête d’un mauvais coup. On oublie la jeunesse révoltée et pourtant studieuse et réfléchie, celle qui vit dans l’anarchie en attendant une formation politique qui la représenterait. Elle n’est pas encore gangrenée par les discours trompeurs. Elle se méfie des partis de gauche et même d’extrême gauche qui barbotent dans l’eau sale du Régime depuis trop longtemps, pour être tout à fait innocents. Un rien la ferait basculer dans des partis vouant ouvertement un culte à l’argent, comme le MR de Reynders. Heureusement, les événements actuels l’en dissuadent.
Qu’offrons-nous à cette jeunesse ?
Une démocratie par délégation qui pèche justement pas le défaut d’association de l’électeur aux décisions importantes ; un pouvoir au service et en partie corrompu par les détenteurs de l’argent qui rend fou ; enfin des règles de conduite communes qui n’ont de morale que le nom.
C’est un héritage peu fameux que nos héritiers refuseront peut-être comme ils en ont le droit.
Reste l’alternative que nous les noyions avec nous au milieu du gué où nous sommes.
Car en plus de notre inaptitude à trouver une conduite en conformité avec une morale faite d’égalité et de justice, nous allons leur laisser une planète en très mauvais état, détruite par la folie du gain.
Puisqu’on ne parle plus que de revenir aux « fondamentaux » de l’économie, que ne songeons-nous plutôt à revenir aux fondamentaux de la morale !

10 octobre 2008

La politique des médiocres.

Encore une grande première dans la dérive du continent Fric, les Etats belge, français et luxembourgeois apportent en plus de notre pognon déjà versé dans Dexia, ce tonneau des Danaïdes, une garantie illimitée jusqu’au 31 octobre 2009, pour lui permettre d’emprunter sur les marchés.
Si Dehaene ne sait pas y faire avec ça, on se demande si c’est lui ou les Etats souscripteurs qui ne valent plus rien. Peut-être les deux, qui sait ?
Ici, c’est net : la fracture est certaine entre le capitalisme et une nouvelle forme dirigiste de gouvernance. On est entré dans une dictature molle qui pourrait devenir une dictature dure si malgré tout la crise perdurait ou si la foule montrait quelque impatience, vite réprimée, comme on s’en doute..
Dehaene n’est pas venu chez Dexia pour sa compétence, mais pour l’image de redresseur de situations délicates qu’il a donnée par le passé.
Franchement, c’est peu de choses comparées à la panique qui s’éternise autour des coffres-forts dans cette civilisation du profit à outrance.
Et Dehaene malgré sa réputation pourrait retourner à Vilvoorde faire son jardin, encore faut-il lui faire confiance pour négocier sa sortie dans l’utilisation du parachute doré, même si c’est le dernier.
On a bien vu que les déclarations des capitaines-éclaireurs du patronat en formation de repli et les ministres chargés de la contre-offensive, étaient particulièrement sévères pour les pauvres types qui sont descendus dans la rue lundi pour exprimer leur désarroi.
« Ce n’était pas le moment de faire grève », ont dit en chœur ces malotrus de la banqueroute.
Comme si on leur demandait quelque chose, comme la permission de protester quand le capital détrousse le travailleur au coin d’un bois de comptoir bancaire.
Oui, la connivence des deux pôles de pouvoir est éclatante et ne suscite plus aucun doute.
C’est une situation politique explosive, malgré les déclarations jésuitiques de Di Rupo selon lesquelles il ne pouvait pas faire autrement en pensant aux pauvres types qu’on allait vider en premier des guichet de Fortis et Dexia.

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L’emploi a bon dos. C’est l’arme des lâches qui menace les travailleurs. Il n’a jamais été si désastreux de travailler que dans les conditions actuelles. Le travail n’a jamais été si mal rémunéré par rapport à l’argent fictif. Les plans ergonomiques pour faire suer les salopettes n’ont jamais été aussi draconiens. Les chaînes de montage sont devenues des enfers. Le travail intérimaire et le chômage larvé n’ont jamais été aussi souvent employés afin de réduire les coûts d’un côté et augmenter les profits de l’autre. Les mesures anti-chômeurs rabotent le nombre d’ayants droit, augmentant d’autant la précarité… et ces fientes veulent encore nous faire payer leurs factures ?
Non. C’est trop. Il faudra bien que ça change.
Le drapeau noir flotte sur la marmite. Il est temps que l’on se secoue !...
Mais les relais sont difficiles et entachés d’infamie entre ceux qui souffrent et les autres qui paraissent être de l’autre côté d’une frontière imaginaire entre le désespoir et l’espérance. Ceux qui espèrent vivent encore au chaud à côté du chauffage central de l’Etat et des professions libérales. Les propriétaires s’en tirent encore aussi, quoique leur fonds de commerce immobilier souffre un peu. Le monde politique s’est complètement détaché de son corps électoral le plus sensible à la crise. C’est comme si les citoyens n’existaient plus.
L’exposition de la situation par le placide et rougeaud Melchior Wathelet a quelque chose d’indécent. Reynders, c’est Hennebeau, le patron de la mine du Voreux, de Germinal du grand Zola ! Laurette Onkelinx, c’est la Roseline Bachelot de poche. Elle arrive sourire en tête nous asséner avec conviction tout ce que tout le monde sait déjà. Puis repart, comme elle est venue. C’est tellement plat ce qu’elle dit qu’on a le temps de trouver quelques rides supplémentaires sous son maquillage, sans se préoccuper du reste. Elio, ce roi du rire, n’en parlons plus. Sa nullité, sa peur d’agir, sont proportionnelles à ses diplômes extrêmement nombreux, paraît-il. On pourrait presque croire avec lui à une autre loi que celle de Peter, à savoir que plus on paraît intelligent, plus on a la frousse de faire, ce qui est une autre façon de décrire l’incompétence. Enfin, madame Milquet, quand elle n’a rien à dire, sombre dans la version latine. Son latin d’athénée lui revient avec son leitmotiv auguste « in fine ». Quand elle en sera au « sic transit » elle aura fait le tour et pourra cultiver ses oranges du côté de Nice.
Mais, sommes-nous mal servis !
On voit bien que ces personnages qui se disent grand démocrates, bons patriotes, amoureux des gens, ne sont en réalité que des médiocres qui ne savent que faire dans les moments les plus graves où justement on aurait réellement besoin de stratèges hors mesures, capables de déterminer une politique de justice et d’égalité ; alors qu’au contraire, nous sommes dans les mains de bonimenteurs incapables de nous faire espérer et nous conduire vers autre chose que ce capitalisme honteux.
L’argent les a tous dépravés !

9 octobre 2008

Bienvenue chez les psy !...

Il y a un tel décalage entre ce que nos bons apôtres nous balancent et la réalité qu’on en reste confondu.
Ils osent ! Au point d’avoir l’impression que tout ce qu’ils disent pourrait être mis sur bristol ou sur le carnet du jour au Figaro.
Parallèlement, il faudrait créer d’urgence une cellule psychologique pour les brokers, traders, et golden boys. Il paraît que ça se fait déjà à Londres.
Les victimes collatérales de la crise financière se rencontrent par millions ; mais, c’est dans les milieux bancaires qu’on allonge les brancards dans les couloirs de la psychologie, en attendant la consultation.
C’est comme ça. Les privilégiés restent privilégiés. Il y a comme une chaîne de solidarité des « lodens verts » et chaussures Weston. Même naufragés les gens du dessus, c’est autre chose !
Il ferait beau voir qu’un système, qui aggrave la misère de milliards d’hommes, ne fût pas capable de reconnaître les siens, afin d’en sauver quelques-uns.
Les gens jeunes, enthousiasmés du système, n’en étaient pas tous, bien entendu. Mais les classes dirigeantes ont toujours eu un faible pour leurs imitateurs. Ne serait-ce que parce que ceux qui les imitent font à leurs yeux preuves de bon goût.
Les thuriféraires étaient récompensés par de bons salaires et ils vivaient le téléphone à l’oreille, disputant les prix, vibrant aux ordres achetant et vendant leurs monnaies de singes dans l’espoir d’augmenter leurs bonus, ces bons points de l’activité boursière.
Rattrapés par l’économie réelle, les golden boys – ces gardiens du temple - se font vider du virtuel. Le béton remplace la moquette, l’atterrissage est effrayant…
La race des vainqueurs amputée de ses vaincus, il était nécessaire d’ouvrir pour ces derniers un relais qui ne fût pas la soupe populaire ! C’est ainsi que de Fortis à Dexia, sans parler des éclopés d’Amérique et d’Europe, nos faiseurs d’argent sont entrés dans le domaine de la psychologie thérapeutique.
A la découverte de la tristesse des jours, les marris (avec deux « r ») trompés, tombent dans la réalité du chômage. Eux, qui n’avaient que mépris pour les vaincus de la vie (ils n’étaient pas loin de les considérer comme des fainéants), frottent le tissus de leur costume « Givenchy Gentleman » aux étoffes grossières des hardes de seconde main. L’élégance discrète des Burberrys en prend un sacré coup !
Mais, c’est surtout la foi en l’avenir du système qui sombre dans l’athéisme économique. J’augure qu’Olivier Besancenot pourrait ajouter d’étranges recrues à sa liste de mécontents.
Le marché qui leur avait tout donné, qu'ils avaient tant idolâtré, voilà qu’il les abandonne alors qu’ils sont en pleine négociation pour un nouvel appartement à Uccle, l’avenue Louise étant devenue infréquentable.

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Ils se rendent compte qu’on leur a menti, à eux aussi, un comble, alors qu’ils défendaient la forteresse, pourfendaient les défaitistes et les socialistes (pas ceux du PS, les vrais).
Ils voient aujourd’hui qu’il n'y a pas plus moutonnier qu'un marché, fabriqué d’imitation et de panurgisme !
En usant des techniques de diffusion de la parole et de l’image afin d’anesthésier les foules, leurs maîtres, patrons entre autres des médias, ont ainsi abusé de la pensée unique qui leur sert, quand tout le monde crie « Vive l’emprunt », mais qui prend des allures de catastrophe quand « Remboursez ! » remplace le cri primal.
« Vendons, vendons » hurlent les boursicoteurs, quoique on leur dise d’attendre, effrayés par l’ampleur du plan des Etats pour le sauvetage des banques. Il vaut mieux liquider en perdant 50 % que demain en perdre 80%, voire tout…
Et voilà nos pauvres traders en consultation chez les psy.
Ils peuvent le faire. Les cabinets leur sont encore accessibles. Peut-être que demain, c’est même se rendre chez le dentiste qui sera au-dessus de leurs moyens !
Alors, brèche-dents, ils sauront ce qu’est le malheur d’être pauvre.
S’y habituer, c’est plus dur qu’être né dedans. Le pauvre est mieux équipé pour tenir le coup dans les moments difficiles.
En souhaitant aux déçus de la bonne société une intégration rapide chez Lidl et Oxfam-Solidarité, un petit détail de consolation pourrait leur faire plaisir : un bon costume n’a pas d’âge, quatre boutonnière aux manches, une ou deux fentes dans le dos, le prince de Galles ne se démode pas.
Et bienvenue chez les psy !...

8 octobre 2008

Dehaene réassureur d’Etat.

De mémoire de citoyen, on n’a jamais vu autant de ramdam autour de l’idée que l’on se fait des institutions bancaires et du chiasme des mots « récession » et « confiance », ce qui donne : « Dehaene inspire la confiance dans une récession inspirant Dehaene à rétablir la confiance ». C’est bien. C’est vaudevillesque. Ça empêche Armand De Decker et Bart De Wever d’exister.
Tout ça pour arriver à la conclusion de la rue, à savoir que les hommes providentiels sont des baudruches grotesques que la défiance générale dégonfle.
Le lecteur moyen, lisant les journaux, se convainc de plusieurs choses. La première est la différence de langage entre nos élites et la Bourse. Plus les premiers clament que ça va, plus la Bourse finit à la baisse. Ce qui veut dire que l’opinion ne voit plus que les faits. La Bourse dépasse ainsi par son réalisme les propos de nos bouffons et, qu’on l’aime ou pas, elle reflète le malaise général, conséquence des subprimes et des mauvaises gestions des banques.
Deuxièmement, on a compris qu’un mouvement massif de retrait fait sombrer n’importe quelle banque, pour la raison simple que toutes prêtent de l’argent qu’elles n’ont pas.
Troisièmement : puisqu’elle n’a pas les moyens qu’elle nous suggère qu’elle a, pourquoi les Etats empruntent-ils, alors que ce sont eux qui font marcher la planche à billets et que la banque ne fait marcher que des jeux d’écriture ?
Et ainsi de suite…
Les petits actionnaires paient les pots cassés, avec eux les travailleurs atteints dans leurs rémunérations. Il est vrai que le destin des petits actionnaires est d’être cocus.
La nouvelle qui les concerne est amusante. La preuve que ce Régime perd la tête, après avoir renfloué des banques, voilà que Leterme et Reynders annoncent qu’ils vont « aider » les actionnaires cocus. La voilà bien la nouvelle société sans risque ! Comme c’est le destin des petits actionnaires de l’être, ils vont avoir fort à faire ; car, sans remonter à Law, ni au Canal de Panama, encore moins aux emprunts russes, les sinistres commencent aux petits épargnants qui ont cru au tunnel sous la Manche. Il n’y a pas de raison que cela débute avec Dexia et le démineur Dehaene qui va y exercer la seule science qu’il connaisse : celle de la communication.
Les Américains qui vivent très bien à crédit ont eu le nez fin d’attirer les capitaux chinois et japonais, bien plus qu’européens. Voilà les Jaunes à la tête de la dette américaine. Ils ont chez eux des tonnes de papier qui reposent sur elle ! Ils réaliseraient aujourd’hui leur portefeuille qu’ils prendraient la plus belle raclée financière de leur vie ! Ils se condamneraient à finir leur existence à coudre des chemises à 50 cents ! Ils sont obligés de soutenir l’économie de leur emprunteur, c’est-à-dire financer les 700 milliards de dollars de Paulson, s’ils veulent un jour rentrer, en partie, dans leurs fonds !
Jusqu’ici, ça va, l’économie chinoise n’est pas en récession, sauf qu’elle risque d’être entraînée dans la spirale de méfiance. Si cela arrivait. On en aurait pour dix années de récession… la révolution presque…

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Récession, le mot qui fait peur ! Pourquoi ? Parce que la récession détruit la confiance, donc les banques. C’est un rêve écolo sans fondement que de penser qu’en régime capitaliste on puisse faire en sorte qu’il y ait une croissance zéro. Socialement, elle est indéfendable, puisque les pauvres n’ont que la croissance comme unique espoir de progresser, quand les autres progressent beaucoup. Il n’est pas réaliste d’établir une croissance nulle équitable, cela signifierait que la récession ne toucherait que les riches.
Le capitalisme ira jusqu’au bout de sa logique, comme les gens iront jusqu’au bout de leur bêtise.
Quand la terre sera exsangue, la pollution extrême, seuls les éléments naturels arrêteront le capitalisme. Ce ne sera pas la fin de l’humanité, ce sera le retour à l’âge des cavernes.
Les foules actuelles s’abreuvent trop des discours officiels, des TF1, A2, RTL et RTBF, toutes informations bidons, pour un public crédule et simpliste. Dans les décisions prises au nom d’une Démocratie par délégation, on y sent surtout le pouvoir des délégués à n’agir qu’à leur guise et suivant des intérêts particuliers, en l’occurrence les banques. Ce pouvoir arbitraire et antidémocratique se fonde sur le martèlement des mots, comme « confiance », « banque saine », « personne ne sera lésé ». Ils usent de leur prestige comme d’une contagion. Ils séduisent par leur talent à vulgariser les choses à leur manière de façon à ce qu’elles soient comprises comme ils le souhaitent par les médiocres.
Si les foules choisissent si rarement un des leurs sans la marque d’un cursus universitaire adapté à la religion du conformisme libéral, c’est que le citoyen issu de leurs rangs n’a pour eux aucun prestige.
Si personne ne trouve à redire que Dehaene nous représente à une banque pour laquelle nous allons par notre travail rembourser les milliards perdus, c’est qu’il incarne « le bon sens » belge, dans la façon d’étaler une graisse rassurante et flamande en émettant des raisonnements que tout le monde attend, plus que par son aptitude à modifier quoi que ce soit dans le système capitaliste.

7 octobre 2008

Nouvelles des paroisses

-Monsieur l'abbé Zénon Liclôt vous êtes un prêtre vivant avec une femme depuis vingt ans, pourquoi sortir du bois aujourd’hui ?
-Mon évêque qui est le père de ma femme fermait les yeux. Il est aujourd’hui retraité. Le nouveau, Monseigneur P. Machère est gay. Il ne comprend pas la situation de nous autres prêtres dévorés par les démons de la chair.
-Que vous reproche-t-il ?
-Il nous reproche de vouloir légaliser notre union.
-Quoi, vous allez vous mariés ?
-Nous avons demandé à Gustave Champignolle, le maire du village, de nous marier civilement. Ça n’a pas plu à Monseigneur P. Machère.
-Pourquoi vouloir convoler ?
-Sœur Dominique est enceinte !
-Sœur Dominique ?
-Oui, ma femme est religieuse au couvent de Moncuq qui est de l’autre côté de la vallée. Son père, l’ancien évêque, l’avait détachée à ma cure pour la mettre hors d’atteinte de l’ALDM.
-L’ALDM ?
-Oui, l’Association Lesbien de Moncuq dont la mère supérieure est présidente. Alors, vous comprenez, la chair est faible… nous avons résisté, mais l’amour était le plus fort.
-Vos paroissiens que disent-ils ?
-Nous étions bien intégrés dans le village. Ils ne comprennent pas l’acharnement de Monseigneur P. Machère… Nous formions un petit couple sans histoire…
-Comment cela s’est-il passé ?
-C’est le maire communiste de Moncuq qui apprenant ma liaison avec Dominique m’avait donné un bon truc pour faire accepter notre situation aux paroissiens.
-Ah ! vous pouvez nous en dire plus ?
-Il y a vingt ans Dominique était encore toute jeunette, et comme elle était religieuse, elle a pris la direction de la troupe scoute de la paroisse.
-Je ne vois pas le rapport !
-Dans le Béarn, il y a une tradition. Toutes les cheftaines deviennent naturellement les maîtresses de nos aumôniers. Je l’étais puisque seul à gérer l’église de Mondésir.
-Et monseigneur P. Machère, comment a-t-il échappé à la règle ?
-Dans son bourg, le chef de la patrouille des castors était un homme…
-Quand vous serez marié, comment allez-vous exercer votre sacerdoce ?
-Je ne pourrai plus dire la messe. De toute manière je ne la disais plus qu’une fois sur deux.
-Vous aviez déjà un remplaçant à mi-temps ?
-Oui. C’est Dominique qui la disait.
-Une femme prêtre !
-Et alors ? C’est son père qui l’avait ordonnée en secret.
-Et les paroissiens ?
-Ils étaient bien contents. Avant, je devais desservir sept églises dans six communes. Je faisais cent à deux cents kilomètres tous les dimanches. Un dimanche sur deux, c’était Dominique.
-Toute la Région le savait !
-Parfaitement. Mais cette période de travail intense se termine. Dominique va avoir un enfant et c’est son avenir qui compte.
-Il sera prêtre ?
-S’il le souhaite pourquoi pas. Je veillerai que la cheftaine de sa paroisse soit présentable.
-En attendant qu’allez-vous faire ?
-Les paroissiens font de la résistance. Monseigneur P. Machère n’est pas le bienvenu, ni ici, ni à Moncuq où les villageois souhaitent changer l’ALDM en ALDM.
-Mais c’est la même chose !
-Non. L’Association Lesbien de Moncuq deviendrait l’Amour Libre de Moncuq.
-C’est différent.
-Tout à fait.

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-Si vous ne pouvez pas élever votre enfant dans la cure de Mondésir, vous avez peut-être la possibilité de réintégrer le couvent de Moncuq avec votre petite famille ?
-La mère supérieure, sœur Bénédicte, ne serait pas contre à condition que Dominique… enfin, vous comprenez… un partage honteux afin que tout rentre dans l’ordre…
-Vous avez reçu votre notification d’expulsion de la cure de Mondésir par Monseigneur P. Machère ?
-Nous partons demain.
-Vous savez où aller ?
-Les gens du village afin de protester, vont ouvrir un temple protestant en face …
-C’est logique.
-Ils m’ont demandé de devenir leur pasteur.
-Vous allez accepter ?
-A condition d’avoir un véhicule à disposition.
-Pourquoi ?
-Dominique a repris un sex-shop à Bayonne.

6 octobre 2008

Sauvons les banques !...

Mais, qui a imaginé que l’appât du gain pouvait vampiriser la vie sociale au seul bénéfice des prestidigitateurs ?
Comment a-t-on pu penser que cette fiction allait être le dénominateur commun de tous les biens ? Quel est le philosophe qui le premier a dit que la morale était compatible avec l’argent, et que ce dernier était le meilleur défenseur de la démocratie ?
Ceux-là sont des grands vicieux qui ont une piètre idée de l’humanité.
Depuis, on fait de l’argent par tous les moyens, et contrairement à ce que dit Jacques Marseille, cette pratique n’est pas aussi vieille que l’homme.
Sans en faire l’historique, c’est même assez récemment que l’on est parvenu à vendre du vent pour gagner beaucoup.
Les banques avaient réussi jusqu’à rendre riches les manipulateurs d’illusion, et pauvres ceux qui produisent les biens. Voilà à présent que ce sont les pauvres qui garantissent les banques des manipulateurs !
Entre les maîtres et les cocus, une grande diversité de scélérats intermédiaires ne sait trop que penser.
La banque a montré la voie. Elle fait des émules. Des écarts se creusent. Les appétits grandissent.
Le Président de la société Eads, convaincu d’avoir mal fait son job, part avec une enveloppe de 8,5 millions d’euros. Chez Dexia et Fortis, ils n’ont pas osé ouvrir leurs parachutes. Ils étaient trop exposés aux spots de l’actualité. Un peu comme en justice, on n’ose pas libérer Michèle Martin à cause de l’opinion publique. Les politiques jurent qu’ils vont faire des lois…
Le travail manuel si pénible et si difficile, exige souvent plus de capacité et de pratique que l’on ne pense. Parmi nos illustres, il en est peu qui sauraient ficher un clou dans un mur sans se taper sur les doigts. Et ce travail manuel ne nourrit même plus son homme !
Le Président Sarkozy aurait dit texto à l’Elysée : « Je fais ça pendant cinq ans et, ensuite, je pars faire du fric, comme Clinton à 150.000 euros la conférence. »
Les parlementaires se votent eux-mêmes des rallonges, sans que personne puisse les arrêter dans leur appétit de l’argent public.
Les dirigeants des banques et des holdings le font aussi. Personne ne freine leur appétit.
Même les philosophes vendent leur sagesse dans des magazines et à des réunions lucratives. On en a vu un vanter l’extrême gauche et partir avec six mois de salaire d’un saisonnier agricole pour deux heures d’estrade ! Notez, à droite, c’est pire. Alors que la plupart n’ont même pas l’excuse d’être nés pauvres !

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Qu’est-ce qu’un con, aujourd’hui ? C’est quelqu’un qui fait honnêtement un petit métier, qui ne sait pas se vendre sur le marché des êtres humains que sont les Bourses du travail. Il n’est pas joueur de foot, ni chanteur de variétoche. Il n’est ni avocat, ni vicomte, ni quoi que ce soit d’apte aux thunes, même s’il est un écrivain en puissance, un artiste fabuleux, un technicien hors pair.
Cet homme-là est un con.
La différence ?... dans le bifton : argent noir, maffia des poubelles, banquiers ou traders, même combat, politiciens et dessous de tables, professions dites libérales, tournée générale et pièges à cons.
L’engeance des banques et la faune qui s’est dégagée de l’humus à coups de talonnettes, voilà ce qui reste vaille que vaille d’un peuple, d’une démocratie… une espèce de raclure sociale que le populo trimballe comme une maladie honteuse. Il ne sait pas qu’il est atteint, parasité, dévoré de l’intérieur. Il vit avec sans le savoir, comme jadis on trimballait une syphilis qui mettait cinq ans à faire des chancres…
L’Ecclésiaste n’a plus la cote et son « qui aime l’argent n’est jamais rassasié d’argent » fait rigoler les pères de l’Eglise.
Dans les bas-fonds des grandes villes, des premières gâchettes vous débarrasseront de qui vous voulez pour 2 ou 3 mille euros, parfois moins… André Cools en a fait les frais.
La sphère marchande est partout, à commencer dans le marketing politique. J’aime assez Ségolène Royal pour son cran ; mais quand je la vois relookée sur la scène du zénith vendre de la solidarité en parcourant l’espace à la manière de Guy Bedos au temps du show, je me dis que c’est dommage de devoir en arriver là. Vous me direz, on vend bien son cul à Hollywood pour faire une silhouette dans un feuilleton… D’ici à ce qu’elle vende le sien un jour… il paraît que c’est arrivé dans l’équipe à Sarko, une militante UMP, le Canard Enchaîné en a touché un mot à ses lecteurs.
L’éthique, personne ne sait plus ce que c’est.
Comment la malédiction antique de l’argent s’est-elle soudainement dégonflée au point que plus personne, même à gauche, n’ose afficher son mépris pour ce qui est devenu la règle d’or, l’étalon miraculeux, la chaude-pisse des connaisseurs : celle dont on se vante ?
Karl Marx qualifie l’argent d’outil d’aliénation universel. On a eu l’opium du peuple consacré à la religion. Le bougre avait trouvé pire. Il faut dire qu’à Londres l’ami Karl comptait en sterling. L’Eglise n’assujettissait plus assez les individus. Il fallait à ceux-ci le désir, plutôt que la foi. Soyons malheureux, puisque le désir a pour principe de n’être jamais assouvi.
J’en suis encore à me demander comment les libéraux sont parvenus à nous faire croire que l’argent était vertueux ?
Comment peut-on se taper un travail aliénant sur une chaîne de montage ou à la caisse d’un grand magasin sans traiter de salaud celui qui regarde les pantins s’agiter depuis sa tour de verre ?
On a ironisé sur les goulags. Fallait pas. On a gagné le gros lot. Et le tout sans gardien ! On s’enferme des 8, 10 heures par jour. On est menacés, traités de fainéants. C’est nous qui rabattons le couvercle de notre cercueil provisoire, à 1000 euros le mois. Puis on nous dit que notre devoir est de sauver les banques !... Le plus curieux, on le fait d’enthousiasme…
Franchement on est trop cons.

5 octobre 2008

Réunion pour rien à l’Elysée.

Une question vient à l’esprit de ceux qui ont toujours à cœur le bien du plus grand nombre (les autres sachant se défendre eux-mêmes) : dans une Europe où les couacs financiers se multiplient, doit-on poursuivre la politique de privatisation des grands services de l’Etat à sa population, à savoir : la poste, les chemins de fer, les distributeurs du gaz et de l’électricité ?
Le libéralisme dès qu’il brasse des milliards et englobe des milliers de personnes a prouvé que c’était son côté pervers qui finissait par l’emporter. C’était fatal et couru par avance qu’une crise comme celle que nous vivons surviendrait tôt ou tard.
L’égoïsme n’est qu’un moteur de petite cylindrée. Lorsqu’il monte en puissance, il s’étouffe. C’est vérifiable aussi dans le monde politique. Ceux qui tapent dans la caisse, les concussionnaires et les prévaricateurs sont au sommet des hiérarchies, responsables d’administration, bourgmestres députés et sénateurs.
On n’entend plus ces temps-ci les grandes gueules du libéralisme brailler leurs slogans.
Mais, que sont devenus les voyageurs de commerce de la « dérégulation », les intégristes du laisser-faire ?
Ils sont rentrés dans le rang, attendant que l’orage passe et surtout que leurs homologues à l’Europe poursuivent sous cape le dépeçage des grands services d’Etat de la Communauté en autant d’industries privées.
Devant les plaintes nombreuses des utilisateurs au sujet de qui est déjà passé dans le privé, va-t-on poursuivre la démolition ?
Les postiers sont inquiets du sort réservé à la Poste et nous avec eux. Leurs arguments sont forts. Ils touchent à l’équité de la distribution et à la réception des colis et lettres partout dans le pays. On sait bien que le Privé ne pourra pas tenir ses engagements et pour l’y aider, nos massacreurs en chef cassent déjà les réseaux de distribution afin d’aider les futurs repreneurs, peut-être s’attendent-ils à être recasés par ceux qui achèteront des morceaux de l’entreprise ?
Allons-nous rester les bras ballants, alors que nous sommes en pleine démonstration de la duplicité capitaliste quand il s’agit de choisir entre les intérêts de quelques-uns et ceux de la collectivité ?
C’est un paradoxe aussi de croire que le Privé va se contenter d’un petit bénéfice « altruiste » pour les services qu’il rend, alors que nous avons devant nos yeux la démonstration du contraire à l’échelle mondiale !
On a vu les prix de l’énergie décrocher : mazout, gaz et électricité, les organismes de contrôle y ont montré leur incompétence. Il faut dire aussi que les prix affichés sont au bout d’une chaîne complexe. Et plus elle est complexe, plus des petits malins s’en mettent plein les poches. On ne voit pas bien où le consommateur gagne au petit jeu de la dénationalisation ?
Si certains en appellent à de nouvelles règles, encore faudrait-il savoir lesquelles et qu’en sera-t-il du programme en cours de l’Europe ?
L’argument souvent employé par le privé concerne l’esprit fonctionnaire. L’avidité conviendrait-elle mieux ?
Aujourd’hui que sont réclamées des interventions publiques et que l’on peut considérer que les garanties exigées des banques assistées ressemblent à des nationalisations, il faudrait quand même que l’Europe éclaircisse sa position.
Barroso, le président dogmatique de la Commission européenne, est-il toujours le grand prêtre de la concurrence ? Qu’en sera-t-il des règles actuelles sur les participations publiques et les fusions acquisitions ?
Ce type est impayable et il a réponse à tout. On pouvait croire qu’il allait rabattre de sa superbe. On se trompait. Barroso rebondit : « Vous avez vu comme les règles de concurrence n'ont pas été un obstacle à des mesures d'urgence ? Les règles que nous avons en Europe nous permettent d'avoir la flexibilité nécessaire. »
Il arrive à faire d’une défaite du capitalisme, une victoire de sa souplesse !

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Ces gens des Commissions européennes ont été choisis pour leur orthodoxie capitaliste. Ils ne représentent pas les citoyens dans leur diversité.
A l’image d’Antoine Seillière, patron des patrons européens, ces grands commis de l’Europe nous chapeautent en fonction des incurables d’un capitalisme de privilèges. Ils n’en démordront pas. L’économie s’effondrerait-elle complètement, entraînant des millions de gens dans la misère, qu’ils auraient encore des arguments pour démontrer que c’est parce que nous manquons d’esprit d’entreprise !
Ils sont partis de certaines banques à la sauvette par la petite porte, ils sont toujours dans les avant-scènes de la notoriété à parler en notre nom.
Peut-être attendent-ils que nous devenions violents pour lâcher les chiens ?

4 octobre 2008

Le prix des places.

-Alors, qu’est-ce qu’ils ont fait ?
-Tu n’es pas au courant ?
-Non.
-Ils ont gagné !
-Ça ira pour lundi ?
-Tu parles ! On fera grève avec un meilleur moral.
-Sinon ?
-On aurait fait la gueule. L’ambiance n’aurait pas été pareille.
-T’es content ? C’était un bon match ?
-Ouais. On était avec des supporters de Saint-Nicolas. On a pété un peu la gueule aux Anglais.. mais, pas méchant, tu vois… On a rigolé avec eux sur la foire.
-T’es rentré tard ?
-Comme d’habitude quand c’est en nocturne. On r’vient pas avant 1 heure.
-T’étais comment ?
-J’avais quelques cannettes au compteur et j’avais plus de voix…
-Et à la réunion ?
-Pareil, quoi.
-Ils t’ont expliqué ?
-Qu’est-ce que tu veux qu’on explique ?
-Pourquoi vous la faites.
-Le pouvoir d’achat.
-Et Rose, elle était avec toi ?
-Elle y va jamais.
-Tiens, je croyais qu’elle y allait avec toi et Josiane ?
-Je parle pas du match, je parle de la réunion. Elle y va jamais.
-Elle travaille pas ?
-Si, mais ça l’intéresse pas.
-Pourquoi ?
-Comme ça…
-Et toi ?
-Moi pareil.

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-Pourquoi t’y vas ?
-Parce qu’on se retrouve après et qu’on discute du match.
-Rose, elle en discute pas ?
-Jamais. Les femmes, elles suivent les hommes. Mais elles comprennent rien.
-Pourquoi elles y vont ?
-Pour qu’on boive pas trop…
-C’est tous des supporters à la réunion ?
-A peu près. Le plus enragé c’est Victor, celui du syndicat.
-…est supporter aussi ?
-Oui. Sans quoi beaucoup n’iraient pas !
-Toi, par exemple, tu serais pas motivé ?
-Moi, j’y vais pas quand c’est l’été.
-L’été ! Ils font jamais grève ?
-Si ils faisaient, y aurait personne.
-T’as une explication ?
-C’est fermer à Sclessin. Qu’est-ce qu’on se dirait avec Victor ?
-Ah ! vous y allez pour…
-Je te l’ai dit, on compare les tactiques, les 4, 2, 4 de Michel. C’est resté pareil, avec c’lui-ci…
-Ça fait que 10 !
-L’onzième c’est le libéro. C’est lui qui fait gagner.
-Quand ça joue pas, si je comprends bien, Victor ?
-…peut se brosser. Pour ce qu’il a à dire…
-Pourtant, il devrait…
-Pourquoi ?
-Tu lis pas les journaux, la crise, les banques, tout qui foire, la merde dans laquelle on est…
-Ah bon…
-Tu fais quoi, toi, lundi ?
-Grève que je te dis.
-Et tu sais pas pourquoi ?
-Fais pas chier. Je suis pas con. C’est pour les salaires. Victor nous a montré un tableau sur le prix des places des matchs.
-Alors…
-Les tribunes où je vais, plus 200 %, je te dis !... en moins de 10 ans ! C’est ça qui va plus dans ce fichu pays, nom de dieu !... le sport n’est plus démocratique…

3 octobre 2008

Etienne, Etienne, tiens-le bien !

Il le tenait bien, pourtant, Etienne Davignon, sur l’affiche géante des grands axes routiers de Wallonie et de Bruxelles ! Elle aurait pu rester un mois… elle a mystérieusement disparu ! Surtout que l’on ne vienne pas me dire que c’est à cause de la déconfiture de son ami Lippens dans la banqueroute de FORTIS !
S’il vous plaît délivrez-moi ensuite de la présence de Davignon Etienne dans les journaux télévisés, les émissions politiques et financières !
Ce grand ami de Lippens, cet éminence grise du capitalisme ordinaire serait-il possible que l’on m’en épargnât la vue ?
Je sais, il en existe bien d’autres, gens de bons conseils quand la soupe est bonne, mais qui persistent à nous dire qu’elle est excellente lorsqu’elle devient toxique !
Le métier d’économiste serait-il en train d’arriver à des sommets, comme le métier de météorologue dont les instruments font état d’un grand soleil, alors qu’en dehors il pleut ?
Passons sur les modestes tâcherons que les médias emploient. Ils sont payés comme le gagman est payé pour faire rire entre les numéros. Mais lui, le grand manitou, le sage décrété comme un augure au destin exceptionnel, le vicomte en un mot, exposant sa face de vieillard rusé sur des affiches colossales aujourd’hui disparues, c’était trop !
L’indécence a des limites.
Que la presse l’encense, le roi le baptise vicomte, les affaires le hissent sur le pavois de la fortune, qu’on le décrète ministre d’Etat ou de mon cul, je m’en fous. Sa vue m’est devenue insupportable.
Un profil qui aurait l’apparence de celui du marquis de Sade selon certains auteurs dramatiques mais oncques ne vit le visage du divin marquis dans ses derniers jours à Charenton. Mais c’est ainsi que ses détracteurs et ses thuriféraires le supposaient, image faite des disgrâces d’une vieillesse que Wilde donnait au portrait de Dorian Grey.
Le vicomte est devenu, au contraire du marquis, l’Aladin à la lampe merveilleuse. On croit qu’il va en sortir un malin génie. On l’invite. Il fume sa pipe. Les incultes qui le reçoivent y voient un signe de sagesse. Le vicomte bougonne, prend son air caustique, mâchouille quelques mots, la Belgique est en extase, Reynders est ému aux larmes, Di Rupo a le nœud papillon qui fait le moulinet.
Il s’en va sans que la pythie qui est en lui ait délivré son secret. Et pour cause, il n’en a pas !
Ce type est complètement bidon. Fabriqué, parce qu’il faut bien fabriquer nos grands hommes de l’unique moule qui plaise à la fois au Palais et rue de la Loi.
Si ça se trouve, la crise aurait très bien pu avoir lieu hier ou avant hier, quand Davignon était aux affaires. Peut-être en sera-t-il demain, pour d’autres « réussites » ?
Mais, on doit rendre justice au vicomte. S’il a bien une qualité, c’est son flair ! Il a l’instinct de l’éléphant qui quitte une brousse avant qu’elle ne s’embrase. Il a une baguette de coudrier attachée à ses semelles qui lui fait éviter les marécages, surtout ceux qu’il a fréquentés !
Cet homme, son seul génie est là.
Pour les affaires foireuses, les embrasements suspects, les engouements malheureux, il n’a pas son pareil pour les conseiller. Quand le canard boiteux se noie, il déclare sérieux qu’il l’avait prédit.
Quand nos radios, nos télés, nos journaux commenceront-ils à comprendre que le public en a assez de Davignon, que plus personne n’y croit, n’y a jamais crû ?
Quand va-t-on enfin nous montrer des hommes fins, intelligents, ayant une vue objective des événements par rapport aux épouvantails que l’on interpose entre nous et la vérité, la chose sensée ?
Aujourd’hui, il n’y a plus que les économistes qui croient en eux-mêmes et Davignon.

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Etienne, Étienne, chante Guesh Patti :
Oh ! Tiens-le bien
Baisers salés salis
Tombés le long du lit de l'inédit
Il aime à la folie
Au ralenti je soulève les interdits
Oh !
Étienne, Étienne
Oh ! tiens-le bien
Affolé affolant
Il glisse comme un gant
Pas de limite au goût de l'after beat
Reste allongé je vais te rallumer
Aïe
Étienne.

2 octobre 2008

La Banque et l'Etat

Comment aurait réagi Montaigne à la crise ?
La question est gratuite. On aura beau s’étendre sur ce qu’auraient été les réactions du philosophe devant la crise, aucune affirmation ne serait légitime.
Cependant, on peut se rafraîchir la mémoire sur ce qu’il était.
Michel de Montaigne dans ses Essais a reproduit le portrait de l’Homme à travers l’évolution de ce qu’il pensait de lui-même.
Proche d’Erasme et l’Eloge de la Folie, lointain cousin d’Epicure et des Sceptiques, le philosophe était tout le contraire du citoyen d’aujourd’hui atterré par une crise financière.
La crise lui serait apparue distante du travail des Hommes, dans une fiction financière sans rapport. Il l’aurait trouvée bouffonne.
Law, qui ne vint qu’au XVIIIme siècle avec les idées libérales, aurait conforté son mépris pour des richesses de papier dont une bougie peut venir à bout.
Ce n’est pourtant pas faire du passéisme en évoquant Montaigne, quand, après avoir lu les Essais, on se prend à songer à l’immuabilité des travers, des vices et des vertus de l’humain. Comme La Bruyère dans ses Caractères, quelques dizaines d’années plus tard, retraça la vie méprisable de ces barons de l’argent qui fuient les dégâts qu’ils commettent en emportant la caisse.
Les hommes politiques qui tentent de calmer le jeu, des papiers qui s’échangent et des monnaies fictives qui s’entassent ou s’évaporent, Montaigne les eût trouvés grotesques, surtout lorsque les politiciens disent que c’est la raison qui les ont poussés à refinancer les banques, sur le temps que les patrons inciviques déploient leurs parachutes dorés pour des descentes stratégiques dans les parcs de leurs châteaux…
Depuis les débuts de son œuvre, jusqu’à la fin, Montaigne n’a pour la raison que du dédain.
Il lui préfère « fantaisie », la voyant jeu de l’esprit de seconde main, instrument peu fiable qui ne permet d’accéder à aucune connaissance.
« J’appelle toujours raison cette apparence de discours que chacun forge en soy ; cette raison, de la condition de laquelle il y en peut avoir cent contraires autour d’un mesme subject, c’est un instrument de plomb et de cire, allongeable, ployable et accommodable à tous biais et à toutes mesures. »
Comment sommes-nous arriver à préférer les chiffres alignés sur des ordinateurs que des robots manipulent, au vrai travail des hommes ?
Comment peut-on croire le ministre Reynders qui s’engage à rembourser les emprunts avec le travail de millions d’hommes pour refinancer des banques desquelles seule la confiance aurait disparu, quand leurs robots boursiers se sont mis à bégayer ?
« Et il est vrai qu’il n’y a rien de si absurde qui n’ait été un jour soutenu avec le plus grand sérieux ! »
Cher Montaigne, tu parles d’or, quand tu entres dans le balancement de la pensée qui oscille entre le sens caché de l’univers qui t’intimide et les limites de la nature humaine.
Kant dans la « Critique de la raison pure » emploie une métaphore plaisante à propos des sceptiques « une sorte de nomades qui ont horreur de toute exploitation permanente du sol ». Montaigne, s’il fuit la constance, ce n’est pas par légèreté. Son scepticisme est une sagesse qui dévore le monde des yeux, non pour le détruire, mais pour le comprendre.
Or, la crise qui nous affecte et dont on parle tant, n’est pas compréhensible à travers le discours officiel.
Elle n’est perceptible que par la souffrance qu’elle génère parmi les innocents.
C’est proprement inouï que cette crise finira par profiter à ceux qui l’ont provoquée, plutôt qu’elle aurait dû être la preuve d’une forme d’assassinat des pauvres !
En d’autres temps, on l’eût exhibée comme argument de culpabilité afin que les autorités suspendissent les coupables au bout d’une corde !

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On sait le conservatisme pointilleux de Montaigne (1), mais on ignore jusqu’où, en l’occurrence, il eût poussé l’amour de la vérité. La critique du langage, l’ambiguïté des mots feront que l’on s’abstienne des actes définitifs. Pourtant, il croit à certaines nécessités : « En toute police, il y a des offices nécessaires, non seulement abjects, mais encore vicieux : les vices y trouvent leur rang et s’employant à la conservation de notre santé… le bien public requiert qu’on trahisse et qu’on mente et qu’on massacre. » On se croirait chez Machiavel.
Et si voler au secours des banques en préservant les banquiers était aussi un crime ? Que dis-je, un crime… le même crime, dans un complot des riches contre les pauvres, dont le personnel d’Etat ferait partie ?
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1. Chaban-Delmas écrivit un livre sur Montaigne, sans doute parce que le philosophe fut comme lui maire de Bordeaux. Cet ouvrage n’est pas une référence, dans le genre, il y eut mieux.

1 octobre 2008

Faisons payer nos ours !

On peut prévoir la catastrophe et quand elle arrive en être surpris quand même.
On sait que le capitalisme joue sur les parties honteuses de l’intelligence humaine. D’évidence, le capital déconnecté du travail creuse sa tombe avec ses dents ; mais, on ne savait pas que la confiance était à ce point l’unique ressort.
Dans les grandes villes, à part les milieux financiers et les épargnants, ce qui ne constitue pas, loin s’en faut, la majorité, le grand public ne paraît pas avoir pris l’exacte mesure du drame, non pas du drame des banques, mais du drame de son avenir !
Dans les cafés, à l’arrêt des bus, dans les files aux caisses des magasins, personne n’évoque de près ou de loin, l’effondrement du système.
C’est hallucinant l’inconscience dans laquelle les médias ont fini par plonger les citoyens de ce pays ! Même les partis politiques ne parlent que du sauvetage de ce qui peut l’être ! Le mot d’ordre est de ne pas effrayer les gens par des propos réalistes.
Cette crise énorme est en même temps une formidable duperie. Les milieux informés ont peur des gens. Il devient impératif de leur mentir !
On veut bien que le sieur Philip Dierckx qui a repris le panier percé des mains de Maurice Lippens déclare que Fortis a commis des erreurs. Il n’empêche que notre argent va couler à flot dans ses coffres-forts miteux ! Car, c’est bien de notre argent qu’il s’agit, contrairement à ceux qui disent que cela n’aura aucun impact sur nos finances. Reynders n’a-t-il pas dit qu’il allait emprunter? La dette publique, qui paie ? Toujours le même : le contribuable.
Et comme on ne sait pas comment la crise va tourner, c’est peut-être à perte !...
Car le remue ménage continue. Cela va devenir une chance pour les banques qui sont tombées les premières, de sorte qu’elles auront reçu nos milliards. Et celles qui vont fermer leurs guichets bientôt ? Qui pourra les renflouer, quand nous serons bel et bien sur la paille à cause de ces dépensières immorales ?
De toute manière, que nous rattrapions nos sous dans six mois ou dans un an, c’est quand même nous qui allons mettre le plus de notre poche de tout le BENELUX, 4,7 milliards, les Hollandais 4 et le Luxembourg 2. Après Fortis, c’est Dexia qui a besoin de nos milliards. Et on les trouve de la même manière, par l’emprunt !
Et si on faisait payer aussi ceux qui commettent des erreurs ?
Un artisan, un petit patron et un salarié quand ils ne paient pas leurs factures, les traites, les impôts, ce sont les menaces, l’huissier… et ce monsieur Lippens, manager de l’année 1994, me coûte de l’argent, coûte de l’argent à l’Etat, et risque de mettre à la rue des milliers de gens, et ce type retournerait dans sa gentilhommière vivre heureux, le reste de son âge, avec le plantureux salaire qu’on lui a toujours versé et qui récompense sa mauvaise gestion…

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Qu’est-ce qu’on attend pour le mettre sur la paille, ce banquier sorti d’affaire ? Ce type doit bien avoir dans des banques plus sûres que la sienne quelques belles liasses d’euros ?
Il est vrai que les riches ne paient jamais. Ils s’arrangent pour faire payer les autres.
Ce soir une explication de Rudi Thomas de la FEB sur le krach aux States n’est pas à négliger. Selon lui, les banques ont prêté de l’argent aux pauvres, et ils n’ont pas su rembourser. Les voilà bien les responsables du drame américain : les pauvres !
On me dirait que le comte s’est tiré avec un de ces parachutes dorés comme on en voit peu, que cela ne m’étonnerait pas outre mesure.
Tout ça, c’est de notre faute aussi.
Nous sommes trop respectueux. Nous buvons leurs paroles !
L’autre jour, j’ai failli faire un accident en passant sous une affiche géante de Davignon ! Voilà un type qui ne parle plus que par sentences, même si ce ne sont que des conneries pleines de forfanteries, parole, il se prend pour La Rochefoucauld !
Franchement, ils ont quels talismans pour se la péter dans les circonstances actuelles ?
Qu’est-ce qui les autorise à nous prendre pour des imbéciles finis, sinon que nous sommes toujours à l’ordre, le petit doigt sut la couture du pantalon en toutes circonstances.
Ils apparaissent ; ils ne nous remercient même pas. Ils empochent. Même en déconfiture, on les proclame à jamais sauveurs de la Nation.
Si ça se trouve, la banque renflouée, ils partiront à Knock le Zout faire rapport à Lippens.
Et l’autre andouille, l’augure de Mons, qui estime que nous devons faire notre devoir, sauver le beau bateau capitaliste qui prend eau !
De toute façon, ce n’est pas lui qui écope !
Enfin, sans faire de catastrophisme, et si le Congrès américain venait à rejeter la dernière mouture du plan de sauvetage de Paulson ? Quid de nos généreuses donations aux banques belges ?