La politique des médiocres.
Encore une grande première dans la dérive du continent Fric, les Etats belge, français et luxembourgeois apportent en plus de notre pognon déjà versé dans Dexia, ce tonneau des Danaïdes, une garantie illimitée jusqu’au 31 octobre 2009, pour lui permettre d’emprunter sur les marchés.
Si Dehaene ne sait pas y faire avec ça, on se demande si c’est lui ou les Etats souscripteurs qui ne valent plus rien. Peut-être les deux, qui sait ?
Ici, c’est net : la fracture est certaine entre le capitalisme et une nouvelle forme dirigiste de gouvernance. On est entré dans une dictature molle qui pourrait devenir une dictature dure si malgré tout la crise perdurait ou si la foule montrait quelque impatience, vite réprimée, comme on s’en doute..
Dehaene n’est pas venu chez Dexia pour sa compétence, mais pour l’image de redresseur de situations délicates qu’il a donnée par le passé.
Franchement, c’est peu de choses comparées à la panique qui s’éternise autour des coffres-forts dans cette civilisation du profit à outrance.
Et Dehaene malgré sa réputation pourrait retourner à Vilvoorde faire son jardin, encore faut-il lui faire confiance pour négocier sa sortie dans l’utilisation du parachute doré, même si c’est le dernier.
On a bien vu que les déclarations des capitaines-éclaireurs du patronat en formation de repli et les ministres chargés de la contre-offensive, étaient particulièrement sévères pour les pauvres types qui sont descendus dans la rue lundi pour exprimer leur désarroi.
« Ce n’était pas le moment de faire grève », ont dit en chœur ces malotrus de la banqueroute.
Comme si on leur demandait quelque chose, comme la permission de protester quand le capital détrousse le travailleur au coin d’un bois de comptoir bancaire.
Oui, la connivence des deux pôles de pouvoir est éclatante et ne suscite plus aucun doute.
C’est une situation politique explosive, malgré les déclarations jésuitiques de Di Rupo selon lesquelles il ne pouvait pas faire autrement en pensant aux pauvres types qu’on allait vider en premier des guichet de Fortis et Dexia.
L’emploi a bon dos. C’est l’arme des lâches qui menace les travailleurs. Il n’a jamais été si désastreux de travailler que dans les conditions actuelles. Le travail n’a jamais été si mal rémunéré par rapport à l’argent fictif. Les plans ergonomiques pour faire suer les salopettes n’ont jamais été aussi draconiens. Les chaînes de montage sont devenues des enfers. Le travail intérimaire et le chômage larvé n’ont jamais été aussi souvent employés afin de réduire les coûts d’un côté et augmenter les profits de l’autre. Les mesures anti-chômeurs rabotent le nombre d’ayants droit, augmentant d’autant la précarité… et ces fientes veulent encore nous faire payer leurs factures ?
Non. C’est trop. Il faudra bien que ça change.
Le drapeau noir flotte sur la marmite. Il est temps que l’on se secoue !...
Mais les relais sont difficiles et entachés d’infamie entre ceux qui souffrent et les autres qui paraissent être de l’autre côté d’une frontière imaginaire entre le désespoir et l’espérance. Ceux qui espèrent vivent encore au chaud à côté du chauffage central de l’Etat et des professions libérales. Les propriétaires s’en tirent encore aussi, quoique leur fonds de commerce immobilier souffre un peu. Le monde politique s’est complètement détaché de son corps électoral le plus sensible à la crise. C’est comme si les citoyens n’existaient plus.
L’exposition de la situation par le placide et rougeaud Melchior Wathelet a quelque chose d’indécent. Reynders, c’est Hennebeau, le patron de la mine du Voreux, de Germinal du grand Zola ! Laurette Onkelinx, c’est la Roseline Bachelot de poche. Elle arrive sourire en tête nous asséner avec conviction tout ce que tout le monde sait déjà. Puis repart, comme elle est venue. C’est tellement plat ce qu’elle dit qu’on a le temps de trouver quelques rides supplémentaires sous son maquillage, sans se préoccuper du reste. Elio, ce roi du rire, n’en parlons plus. Sa nullité, sa peur d’agir, sont proportionnelles à ses diplômes extrêmement nombreux, paraît-il. On pourrait presque croire avec lui à une autre loi que celle de Peter, à savoir que plus on paraît intelligent, plus on a la frousse de faire, ce qui est une autre façon de décrire l’incompétence. Enfin, madame Milquet, quand elle n’a rien à dire, sombre dans la version latine. Son latin d’athénée lui revient avec son leitmotiv auguste « in fine ». Quand elle en sera au « sic transit » elle aura fait le tour et pourra cultiver ses oranges du côté de Nice.
Mais, sommes-nous mal servis !
On voit bien que ces personnages qui se disent grand démocrates, bons patriotes, amoureux des gens, ne sont en réalité que des médiocres qui ne savent que faire dans les moments les plus graves où justement on aurait réellement besoin de stratèges hors mesures, capables de déterminer une politique de justice et d’égalité ; alors qu’au contraire, nous sommes dans les mains de bonimenteurs incapables de nous faire espérer et nous conduire vers autre chose que ce capitalisme honteux.
L’argent les a tous dépravés !
Commentaires
Bravo, mais cela ne nous empêchera pas de retrouver tous ces incapables réélus en 2009. On parie ?
Faut dire aussi qu'on ne nous offre guère d'autres choix, encore heureux si une majorité ne se laisse pas berner par les promesses des démagogues ou de l'extrême droite.
Postée le: raannemari | octobre 11, 2008 02:53 PM