Les fondamentaux de la morale !
Ça fait très longtemps que je me pose une question à laquelle je n’ai toujours pas de réponse.
Comment notre société, ancrée dans le culte de l’argent, a-t-elle pu construire une culture du bien et du mal ?
Les discours de Bush à cet égard sont édifiants ; mais, nos hommes politiques ne sont pas en reste et n’ont rien à lui envier.
Répudié par la philosophie, la morale et la religion, ce concept a pourtant prévalu dans une vie sociale sur laquelle on a adapté une vision du bien et du mal assez étonnante. Que n’a-t-il fallu d’astuces pour exclure les travers humains révélés par l’argent, afin de rendre acceptable et même nécessaire, cette vision là !
Ainsi, a-t-on pu « oublier » une certaine forme de rapine, pour en condamner d’autres, plus facilement reconnaissables.
L’usure est devenue profit, l’escroquerie une affaire d’Etat, la banque un agent promotionnel et l’argent fictif une preuve de dynamisme !
Certains vols ont été légitimés comme étant d’utilité publique, d’autres sévèrement condamnés parce qu’exogènes aux gangs autorisés !
Cependant, cette tare est inscrite au milieu du front de Thémis. Elle est indélébile. Si les Lois sont injustes, c’est parce que l’homme voué au culte de l’argent l’est aussi.
Comment dans une pareille Société condamner les uns et absoudre les autres ?
Si la misère engendre le crime, le reste du Corps social qui engendre la misère l’est aussi, sinon plus criminel encore !
Tous les notables sont coutumiers à cet égard du délit d’initié, sinon de complicité…
Cette association générale de malfaiteurs a quelque chose d’hallucinant.
Des constitutionnalistes diront de façon pratique que si tout le ponde est coupable, personne ne l’est ! Sans le savoir, ils absolvent ainsi les nazis !...
Cette « morale » relie directement Maurice Lippens et tous les acteurs du désastre actuel à Dutroux et Fourniret. Elle nous condamne tous comme étant participationnistes actifs ou passifs de cette grande dérive du XXIme siècle.
Des millions de personnes vivent dans les quartiers populaires auxquels on applique une justice sur mesure ! C’est un formidable réservoir d’énergie et de potentialité offert à la gauche qui ne sait pas en tirer parti. On dirait que la complicité de celle-ci dans la morale fabriquée par l’argent l’a contrainte à défendre l’indéfendable : les riches.
Il est vrai que ce grand corps social négligé, que ce soit des grandes banlieues ou des quartiers pauvres des villes, a dû se garder de la morale officielle si malfaisante pour elle, d’autant que beaucoup de pauvres le sont à défaut d’être riches ; car, là où cela devrait être exclu, le culte de l’argent fait aussi des ravages.
Dans cette période de folie, au fond d’un gouffre ouvert par le profit excessif, la morale s’est réfugiée là où beaucoup ne l’attendaient pas, sur la sole du creuset social !
C’est la seule note d’espoir.
On nous montre un tableau désolant de la jeunesse, celle qui se drogue et court les rues en quête d’un mauvais coup. On oublie la jeunesse révoltée et pourtant studieuse et réfléchie, celle qui vit dans l’anarchie en attendant une formation politique qui la représenterait. Elle n’est pas encore gangrenée par les discours trompeurs. Elle se méfie des partis de gauche et même d’extrême gauche qui barbotent dans l’eau sale du Régime depuis trop longtemps, pour être tout à fait innocents. Un rien la ferait basculer dans des partis vouant ouvertement un culte à l’argent, comme le MR de Reynders. Heureusement, les événements actuels l’en dissuadent.
Qu’offrons-nous à cette jeunesse ?
Une démocratie par délégation qui pèche justement pas le défaut d’association de l’électeur aux décisions importantes ; un pouvoir au service et en partie corrompu par les détenteurs de l’argent qui rend fou ; enfin des règles de conduite communes qui n’ont de morale que le nom.
C’est un héritage peu fameux que nos héritiers refuseront peut-être comme ils en ont le droit.
Reste l’alternative que nous les noyions avec nous au milieu du gué où nous sommes.
Car en plus de notre inaptitude à trouver une conduite en conformité avec une morale faite d’égalité et de justice, nous allons leur laisser une planète en très mauvais état, détruite par la folie du gain.
Puisqu’on ne parle plus que de revenir aux « fondamentaux » de l’économie, que ne songeons-nous plutôt à revenir aux fondamentaux de la morale !