Mc Cain ou Obama ?
L’Europe est au bord de l’extase. Si Obama se présentait de ce côté-ci de l’Atlantique, il ferait un tabac.
Personne n’a lu ses programmes. J’ai essayé. Rien que du vague, avec une seule promesse : retirer les troupes américaines d’Irak, mais sans délai précis ; par contre, le paquet sur l’Afghanistan ! Qu’est-ce qui changerait de la politique extérieure : rien ! Il y aurait autant de militaires américains en mission à l’étranger !
Ce type n’a qu’un seul programme : celui de séduire l’opinion américaine ! Un peu comme Sarko qui voulait être élu pour relever le pouvoir d’achat des Français…
Du côté social, toujours aussi brumeux, l ‘Obama… sauf qu’on a l’impression que le programme d’Hillary était beaucoup plus affirmé, plus « à gauche », si cette définition a un sens aux USA où le seul mot de socialisme fait une épidémie de boutons dans la population.
Alors, pourquoi on s’est entiché d’Obama en Europe ?
Parce que dans les malheurs économiques que nous traversons, le mythe persistant d’un parti démocrate plus à gauche que le parti Républicain est tellement persistant qu’il est inutile d’aller contre.
Ce qui ne veut pas dire que le parti Républicain ait une meilleure politique que le parti Démocrate et que le sénateur McCain devienne un meilleur président que son rival.
C’est toujours risqué de confier le pouvoir civil à un ancien militaire.
L’Europe a perdu de vue qu’être président des Etats-Unis, c’est surtout l’être pour les seuls Américains.
Il suffit de traîner ses grolles dans quelques grandes villes de ce vaste pays pour être convaincu que les Américains vivent en vase clos sans se préoccuper des autres. Tandis que la crise fauche une grande partie des travailleurs et des classes moyennes, l’autre partie continue comme si de rien n’était à vivre « le rêve américain » qui est fait de ce que nous croyons être des clichés et qui est là-bas quelque chose de très sérieux, de très présent. La maison avec piscine, la grosse bagnole, l’électricité brûlant les ampoules à longueur d’année sans que personne tourne l’interrupteur, le frigo ouvert sur des packs de bière et le climatiseur qui fonctionne été comme hiver.
Alors, les problèmes de pollution, de réchauffement de la planète pour un président des Etats-Unis passent loin derrière une préoccupation majeure : « A qui emprunterons-nous demain pour que nous puissions vivre à crédit comme hier » ?
Et le comble, c’est que ce grand pays qui a poussé si loin le libéralisme qu’il est devenu le premier deal pour vivre individuellement le mieux qu’on peut, est certain d’une chose, c’est qu’il a raison de vivre comme il vit, car personne dans la conjoncture capitaliste mondiale ne peut vivre sans les dépenses qu’il fait et sans l’argent qu’on dépense pour lui !
La crise qui met par terre l’Europe et qui affecte aussi l’Amérique ne pourra être résolue que d’une manière : lorsque l’Amérique aura retrouvé sa pleine prospérité, c’est-à-dire son gaspillage redevenu général. Et mieux encore, cette crise ne se dénouera en Europe que bien après que le citoyen américain de base ait retrouvé la croissance, le gaspillage et le plein emploi !
Cette réalité visible par tous et tue aussi bien qu’elle est sue par tous les économistes européens ne pourrait être bouleversée que par une hypothèse d’école : celle d’appliquer en Europe une nouvelle approche de l’économie mettant à bas le mythe capitaliste.
Quand on voit les prises de position pour contrer la crise des Bourses et de l’économie qui vacille, on est au contraire en plein dans un capitalisme arrogant qui est parvenu à nous faire croire qu’il faut sauver les grandes entreprises de la faillite, quitte à mieux tuer les petites.
Ce capitalisme-là est loin de capituler. Il n’a même pas peur d’afficher ses contradictions.
McCain et Obama sont les enfants de l’Amérique que nous aimons tant et qui nous coûte si cher ! L’un des deux reprendra la suite de Bush Il fera la politique du président précédent, peut-être avec moins de maladresses, ce n’est pas difficile. Il ne sortira pas du dilemme, celui de retrouver la croissance, l’emploi et la prospérité en épuisant la planète.
Et si selon les prévisions, les matières premières viennent à manquer et à surenchérir, comme le pétrole et les minéraux rares, les successeurs de Bush foreront des puits dans leurs réserves naturelles, exploiteront les minerais n’importe où quitte à détruire ce qui reste de « vierge » de cette planète, entreprendront des guerres pour s’approprier des gisements, l’eau et tout ce qui tourne autour des moyens de vivre selon les normes américaines déterminées une fois pour toutes.
Alors, les écolos, les pacifistes, les démocrates, madame Arthur, les socialistes et jusqu’aux libéraux d’Europe pourront toujours réclamer Obama, plutôt que McCain, pour le changement, celui-ci ne viendra pas tant qu’on n’aura pas compris qu’il faut tourner la page du système, c’est-à-dire : tourner le dos à l’Amérique du gaspillage et inventer un nouveau socialisme pour l’Europe.
Commentaires
Faut vraiment être naïf pour penser que si Obama est élu quelque chose va changer.
L'Europe semble oublier que ce sont les Américains qui vont élire un président"uniquement" pour les Etats-Unis, pas un faiseur de miracles qui va faire basculer l'égocentrisme de ce pays.
Et dire que beaucoup pensent que "démocrate" égale "de gauche".
Postée le: raannemari | octobre 27, 2008 04:50 PM