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Une Sûreté peu sûre !

Depuis l’arrestation du Belgo-Marocain Abdelkader Belliraj dans son pays d’origine, on doit se poser beaucoup de questions au sujet de la Justice en Belgique et de son bras armé le plus secret : la Sûreté de l’Etat.
Ou le Maroc a des enquêteurs exceptionnellement doués, ou… singulièrement musclés, quand on voit avec quelle facilité ils ont obtenu les aveux complets d’Abdelkader au sujet de préventions qui lui avaient valu un non lieu en Belgique.
Six meurtres, une « mission » de recrutement et d’activités terroristes d’Al-Qaïda, ce n’est pas rien. Et peut-être est-il passé à travers tout en Belgique, parce qu’il avait été recruté par la Sûreté de l’Etat ! On se croirait dans le feuilleton d’une république bananière !...
Le plus grave, enfin c’est ce que révèle la presse flamande, l’individu tentait de recruter en Belgique des spécialistes pour la confection d'armes chimiques et biologiques.
Puisque l’individu est en aveu, cela mériterait quand même d’être confirmé, étant entendu que tous ces faits se sont passés en grande partie en Belgique et que les six cadavres ne sont pas tous des anonymes, ni restés dans le placard.
Les citoyens seraient aussi en droit de se demander ce que la Sûreté de l’Etat a comme parts de responsabilité dans l’inabouti de ces crimes impunis et dans la clémence, sinon l’aveuglement, de la justice, et enfin, qu’est-ce un service tout à fait spécial dans l’organisation des polices et quels sont ses rapports avec le Ministère de l’intérieur ?
Toutes question importantes et qui traitent de l’organisation de la chose publique et des libertés du citoyen.
Est-ce fréquent et naturel qu’un service de police recrute des criminels ? A moins que les fonctionnaires de la Sûreté de l’Etat ne soient pas considérés comme des policiers, mais comme des militaires ou ni l’un ni l’autre, mais alors qui pourrait une fois pour toutes les assigner à un des rouages de l’Etat et pour quelles missions ?

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Enfin, qu’est-ce que Abdelkader Belliraj a bien pu leur communiquer d’utiles pour notre sécurité ? Cet homme jouait-il un double jeu et nous a-t-il permis de déjouer des actes terroristes qui en seraient restés ainsi aux projets ? C’est assez surréaliste que celui qui est chargé de commettre des attentats soit en même temps le dénonciateur de ces attentats. Quand on voit la quantité impressionnante d’armes saisies dans le coup de filet de la police marocaine, on pourrait penser qu’il a tout simplement bluffé nos chaussettes à clous et qu’en réalité il aiguillait la Sûreté de l’Etat sur des pistes bidons, de sorte qu’il avait les mains libres pour tranquillement préparer ses forfaits.
Le malheur, c’est qu’en Belgique la démocratie s’arrête à la porte des organisations de police et qu’il est très difficile de percer à jour les bavures et les manquements à la Loi, bref de veiller à l’éthique générale qui devrait faire l’objet surtout dans le cadre des polices d’une surveillance particulière des citoyens. Or, nous n’avons aucun moyen de nous rassurer. Et encore moins en faisant confiance à la Justice quand on voit avec quelle facilité elle entérine dans les procès la version policière. Et ce n’est qu’à de très rares exceptions et parce qu’il n’y a pas moyen d’écarter les soupçons que, de temps à autre, le personnel de police est remis en question, voire sanctionné.
Que dire quand cette police est « secrète » et que tant d’actes, qui y sont journellement commis en fonction des enquêtes, soient à tout jamais « secrets d’Etat ».
Jadis, cette Sûreté fourrait son nez dans les syndicats et certains partis qu’elle estimait « hostiles » – et sans doute a-t-elle toujours le pouvoir d’infiltrer et contrôler ces « mouvements et associations » dans ses attributions ? Quelles sont les limites à ne pas dépasser dans son travail d’enquête et a-t-elle le droit d’enquêter sur ce que bon lui semble ?
Ce qui est grave dans son cas, c’est qu’elle échappe même au contrôle du Ministère de l’Intérieur et on peut se demander de qui elle relève, sinon d’elle-même, puisqu’elle n’a pas besoin de la requête d’un juge d’instruction pour débuter une enquête !
On pourrait se demander ce qu’il arriverait si un ou des personnages influents de ce Service voyaient des complots partout ? On se demande même si dans certaines périodes heureuses de notre histoire, pas aujourd’hui hélas !, des individus peu scrupuleux n’ont pas imaginé des dangers intérieurs pour la sécurité du Royaume au point de monter des dossiers imaginaires sur des joueurs de pétanque ou des socialistes dont le seul tort était de connaître tous les couplets de l’Internationale ?
Une récente dépêche donne froid dans le dos : « Abou Qaswara, connu également sous le nom d’Abou Sara, était le responsable d’Al-Qaïda pour le nord de l’Irak », nous informe l’armée américaine qui vient de l’abattre dans le Nord Afghanistan, et de préciser qu’il était de nationalité marocaine et avait des liens de longue date avec le fondateur d’Al-Qaïda en Irak, Abou Moussab al-Zarqaoui, tué en juin 2006, tous plus ou moins copains et en relation avec le Belgo-Marocain Abdelkader Belliraj.
Recruté à la Sûreté de l’Etat un individu pareil, relève de l’inconscience…
On se demande si dans les projets confédéraux qui finiront bien par régler les rapports entre Flamands et Wallons, on ne devrait pas dissoudre purement et simplement des services dont la part occulte échappe à toute surveillance.

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