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30 novembre 2008

He’s a queer customer.

Le monde change.
Déjà sous Ramsès, on voyait plus le Nil comme avant.
Aujourd’hui, on louche sur le pognon comme une fin en soi. La fin du pognon, si on suit bien Alain (La recherche du bonheur III), c’est vivre librement quand on en est fadé.
Apparemment vivre librement ça n’intéresse pas.
Voyez Lippens, Davignon, De Haan, et tous les mecs à fric, ils ne vivent pas librement. Ils pensent que la fin en soi, c’est faire du fric !
Lippens, il a fallu qu’on brise son jouet pour qu’il se replie sur son domaine. Mais dans quel état ! Vieux et cassé, alors qu’à moins de quarante ans, il avait déjà pour faire et la prestance en plus !
Peut-être, vous me direz, il ne pensait qu’à ça, l’argent, le pouvoir… C’est malheureux une fin pareille… Ce type en s’arrêtant à un âge raisonnable, aurait pu être heureux…
Et l’autre, le vieux sage, juste avant de claboter, la dernière affaire, l’ultime conseil !... M’sieu Davignon, juste un mot : est-ce que vous pensez que le gros de la crise est derrière ? Et l’autre qui n’en sait rien de prendre l’air réfléchi, pour nous foutre en l’air notre dimanche.
Et ça à quinze jours des urgences ! Belle fin en soi…
Centenaires, ils seraient encore comme des gamins, à se pousser les uns et les autres pour voir celui qu’arrive premier. Par civisme, amour de l’Etat, fidélité au roi, honneur d’être Belge ?
Vous foutez pas de ma gueule…
Aujourd’hui prépare pas demain. Pour ce qui est d’hier, les morts dans la soie vous raconte pas comme ils ont soufferts à garder leur pognon. Les vieux pleins aux as aujourd’hui n’en finissent plus à détailler leur malheur, jusqu’à des minuits à rester dans les bureaux à se taper des chiffres. Je ne dis pas que certains ne se tapent pas leur secrétaire aussi, mais à même les bilans et les dossiers urgents, la table de travail tient lieu de lit… Puis l’âge vient où ça n’intéresse plus, ou alors, en « spéciale » manche de pioche et pied au cul. Hue dada ! le vieux canasson…
- Dis ! Tu la veux de ta petite salope ?
- Oui, mais pas sur le bleu de la semaine dernière…

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Si on vous filait la liste des gens illustres à leur époque, et qui sont morts à la nôtre inévitablement, au point que leur nom ne nous dit plus rien, on aurait une de ces lectures qu’à côté les Mémoires du duc de Saint-Simon auraient l’air d’être une oeuvrette d’Amélie Nothomb.
Seule l’œuvre d’art traverse le temps, et encore pas toujours. Le « Jeune garçon » de Andrea della Robia gardera « éternellement » ses dix ans d’âge, devant les visiteurs d’un musée de Florence.
C’est comme 14-18, plus de témoin oculaire. Ça fait pas un pli qu’un jour un vicieux va écrire une thèse selon laquelle elle a jamais eu lieu.
Le modèle, dont on se fout, a vécu ce qu’il a pu et est mort dans un anonymat qui est celui d’aujourd’hui. Peu importe ce qu’il a été et ce qu’il a fait. Son destin s’est achevé à sa mort. Comme nous tous, l’importance ne vaut que pour le vivant.
La liberté se décline au présent. La liberté pour plus tard, c’est mensonge et politique. Si c’est raté en décembre 2008, faut pas compter dessus pour l’année prochaine.
C’est comme tout le reste, c’est dans le présent que cela se passe. On sort du musée. Le ciel est bleu. Les gens vont et viennent. On a faim ! C’est tout. Et tandis que nous, on bouffe une saloperie pas cher qui cale l’estomac, les mecs à pognon soignent leurs ulcères.
Il faut croire que le présent nous terrorise, au point que nous remettions à d’autres le soin d’en assumer le mouvement, pendant que nous bossons à mettre debout une merde quelconque dont seuls les imbéciles seront fiers, on croit payer notre passeport à la société pour des jours paisibles.
Justement, ce que nous croyons être des jours paisibles, parce que nous nous en remettons à d’autres, ne le sont pas.
Bref, notre domestication à un coût.
Comme ceux qui ont le pognon comme une fin en soi, nous gâchons tout en perdant notre liberté.
Est-ce drôle de vivre un présent de domestique ?
C’est une profession comme une autre et qui a sa spécificité et qui mérite le respect.
Oui, mais quand elle n’est qu’indirectement exercée par des gens qui se croient libres et qui ne le sont pas ? Qui croient qu’être facteur ou ingénieur dispense d’être domestique !...
Quand comprendrons-nous que la vie, c’est aujourd’hui ? Et même en nous supposant un avenir, pouvons-nous être assurés que nous serons encore à même d’agir volontairement sur notre destin sans contrainte physique demain et les autres jours ? De toute manière nous nous poserons à chaque fois la question de la durée, sans jamais pouvoir obtenir la réponse : « Jusqu’à quand ? ».
La passivité tue l’acteur et son présent.
L’Etat a toujours le dernier mot, même sur les vieilles ganaches qui ne vivent encore un peu qu’en entrouvrant la porte blindée de leur coffre-fort. L’air confiné qui en sort leur fait du bien.
Mais l’Etat est pour eux, pour eux seuls. C’est ça qui nous dérange.

29 novembre 2008

Le chibre à Pieter

André Flahaut doit se tenir les côtes de rire.
Son pire détracteur et ennemi juté, le CD&V Pieter de Crem, ministre de la Défense, s’est distingué à New York, dans un bar. Où voulez-vous que ce prétentieux se distingue ailleurs, que dans un bouiboui ?
Chez nos grands moralistes et donneurs de leçon, le voyage de trop à l’étranger, c’est la pente fatale. On est loin de bobonne, plein aux as de l’argent des contribuables, que faire de sa soirée, après une tournée triomphante dans l’Amérique profonde, sinon une tournée générale dans un bar de Brooklyn ?
De Crem avait-il décidé de se saouler la gueule, avant d’aller aux putes ? On ne le saura jamais. La morale fut sauve. Il était trop fin saoul pour gravir l’escalier au pied duquel Clémenceau avait une vue imprenable. A partir d’une douzaine de verres, en général la crampe positive est reportée au week-end suivant.
Réflexe normal d’un p’tit gars venu au monde dans l’eau bénite, confis dans ses devoirs familiaux et qui n’en est pas moins homme, on tâte le crucifix sous le marcel et on garde la tête haute. Parfois, on craque.
Rendez-vous compte, c’est difficile une vie consacrée à Dieu et à ses ambitions personnelles. On est chaque fois tiraillé entre le devoir et le plaisir. C’était le devoir qui l’avait emporté, jusque là.
La dispute avec Flahaut était une dispute sur l’éthique, la foi contre la franc-maçonnerie athée. De Crem est parfaitement à l’aise dans le rôle du moraliste chrétien. C’est un dialogue entre Dieu et lui. Une tierce personne qui s’immisce et c’est la cata !
Il a le physique avantageux de celui qui sait tout et le prouve, non pas en étant créatif, mais en démolissant les autres. Ce qu’il a fait quand il a pu s’emparer des casquettes et du sabre de général, Flahaut en est resté comme deux ronds de flanc, lui qui s’était spécialisé dans l’image du bon gros sympathique à la Gérard Jugnot. Il faut dire que De Crem l’avait auparavant bien asticoté dans la Commission de la Défense sur son côté plouc.
Et puis voilà, la chair est faible. De petit verre en petit verre, on en arrive à ne plus distinguer ce qui est bon ou moins bon pour la carrière. Quant à Dieu et bobonne, passé un certain taux d’alcoolémie, on s’en fout.
Si les ouailles de l’imparfait bilingue (on sent dans son phrasé qu’il ne nous aime pas) ont été atterrées d’apprendre la momentanée déchéance new-yorkaise, les autres ont poussé un ouf de soulagement. Certes l’homme est un parfait faux cul, mais qu’il puisse divaguer dans un bar à quelque chose de sympathique. La mésaventure le rend humain…
Mais voilà, l’âme sociale-chrétienne lorsqu’elle se décline en flamand est pleine d’angoisse existentielle. Celle de De Crem est basse et noire ; car, une fois dessaoulé notre chrétien de la Défense s’est vu filer sous le nez par un bien-intentionné laquais de son ministère, le texte d’un blog intitulé « Belgische defensie in New York City ». La blogueuse Nathalie Lubbe Bakker, une barmaid belge du bar favori de Pieter, ne savait pas qu’elle venait de jouer sa carrière.
Eh bien ! cher ministre flamand qui ne nous aime pas, c’est mal, c’est moche, c’est petit ce que vous avez fait !
Car notre compatriote a été licenciée sans explication par son boss, comme on peut le faire aux USA : « T’es virée, ma petite. T’as pas besoin de finir ta journée. ». La charmante, dans un autre post dénonce le loup-garou chrétien « Je sais, par une source bien informée, que le porte-parole de De Crem a téléphoné au café... »

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Nous avons dans la collection ministérielles que nous offre le panel de nos avides du pouvoir, quelques belles infamies dans la corbeille. On peut dire que celle-ci en est une des mieux réussies. Du coup, je me mets à regretter Flahaut. Quant à la petite frappe qui a téléphoné pour son ministre, si j’avais été à sa place, j’aurais fait semblant de téléphoner, la petite aurait conservé sa place et personne n’en aurait rien su, à commencer par le grand poivrot à la Défense ; car, j’aurais parié sur le comportement futur du ci-devant ministre qui, de sa vie, fût-il cent fois par an à New York, dût-il avoir les poches gorgées de notre argent, jamais plus, il ne mettra le pied dans le bar où il échoua un soir de désoeuvrement. Mais, je sais ce qui a dérangé ce cénobite de ministre et l’a poussé à commettre son irréparable mauvaise action. Il a lu la traduction du Tartuffe dans son idiome et est tombé en arrêt sur :

Et le mal n’est jamais que dans l’éclat qu’on fait,
Le scandale du monde est ce qui fait l’offense,
Et ce n’est pas pécher, que pécher en silence.

Je propose que l’ancien ministre Flahaut récolte des fonds pour dédommager cette petite barmaid. Mieux encore, que le PS se mobilise et lui trouve une place de madame pipi dans un ministère, pas celui de la Défense, évidemment.
Encore que… peut-être a-t-elle déjà vu le chibre à Pieter et qu’à sa vue elle n’en serait pas blessée ?

28 novembre 2008

On repart en guerre linguistique !

Ça reprend doucement, ce n’est pas encore le drame, mais on se prépare.
Il s’agit, on croit rêver, du show communautaire. C’est comme ça qu’on est entre troufions d’une Belgique qui s’évapore. Le monde s’écroulerait-il ? La crise économique remettrait-elle en question le credo capitaliste ? Nos lutteurs chercheraient encore de nouvelles clés pour mettre l’autre au tapis.
Loop zo vlug mogelijk, zo lang mogelijk en zo ver mogelijk ! Ils reviennent...
On n’y peut rien, nous sommes gagnés par la linguistique qui inocule ses virus sémantiques à tout le monde.
Voici venir les amuse-bouches : les nominations de la bande des Trois, François van Hoobrouck d'Aspre (Wezembeek, MR), Arnold d'Oreye de Lantremange (Crainhem, FDF) et Damien Thiéry (Linkebeek, FDF). Personnellement, j’aurais aimé que Damien Thiéry fût noble comme les deux autres. On pourrait demander au roi ? Damien de Thiérycourt, c’est mieux, non ?
Cette idiotie de ma part n’a rien à voir avec les nominations, peut-être le goût de l’histoire ? Des manants se révoltant contre leurs suzerains, voilà qui donnerait un sens à ce qui n’en a pas.
Mais les Belges sont superficiels et centristes par nature. Ils se fichent de l’histoire ancienne et regardent mon essai de ne pas prendre au sérieux leur côté casse-couilles comme une incongruité.
Donc nous voilà repartis pour la Grande Querelle, sorte de Guerre de Cent ans dans laquelle les fransquillons se sont découvert un allier : le Conseil de l’Europe qui souhaiterait entendre Marino Keulen, ministre ô combien flamand des Affaires intérieures.
Marino a beaucoup hésité. Il voulait envoyer un avocat, mais maître Magnée n’est pas bilingue. Il va sans doute y aller en traînant la jambe.
Les mousquetaires fransquillons se sont réunis afin d’offrir un front uni à cette affaire qui n’en finit pas. L’amour de la patrie heureusement était le plus fort ; pourtant ils se détestent, surtout que la campagne électorale est proche.
Entrer en campagne sans en terminer une autre, c’est mauvais pour l’image de marque.
Comment finir cette guerre d’usure flamandissime, tant les arguments sont rebattus et obsolètes ? On croyait la querelle enfouie dans la mémoire profonde des Belges. Madame Houart roulait les drapeaux et les saupoudrait de naphtaline. Les gens étaient ailleurs à compter et recompter les actions Fortis. Eh ! bien non. La diva du patriotisme unitaire est à nouveau au balcon à hisser les trois couleurs…
Est-ce raisonnable d’accourir à la rescousse de cette noblesse périphérique (On y a intégré Monsieur Damien de Thiérycourt) afin de se vouloir Bourgmestre ! A leur âge, malgré les gildes et les joueurs de fléchettes au gras parler ? Pourquoi, jouer à l’employé d’Etat avec des porte-plumes, des papiers roses, bleus, verts et des tampons en langue flamande ? Tout cela pour légaliser la tenue d’un café ou éplucher des crevettes grises sur le marché de Linkebeek ?
Enfin, quelle différence entre « faisant fonction » et « fonction » ?
Une signature ? Et de qui ? Mais de celui par qui le scandale arrive Marino Keulen !
C’est ici que l’on voit le surréalisme belge, cette notion ténue qui fait passer notre imbécillité native pour un art.
Aussi faut-il s’attendre au pire. C’est ainsi depuis la guerre de la vache. On chipote sur des broutilles et on se saute à la gorge sans plus savoir, dix ans plus tard, quel était le motif de la querelle !
Depuis qu’on a laissé à la Flandre le choix du dialecte thiois ou du français, malgré l’élite gantoise et les commerçants anversois jargonnant vranzais, voilà ces mal appris qui ont choisi de rester crottés !
Et tandis que se forgeait dans le creuset des idiomes, la belle langue flamande, les élites gantoises et anversoises refluaient en désordre, en s’avouant vaincues.
C’est depuis cette guerre Flamando-Flamande perdue par les francophones, que nous sommes bien emmerdés.

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C’est inutile d’insister, on ne peut pas faire le bonheur des gens malgré eux.
Le flamand qui aurait pu être un dialecte parlé par quelques vieux, comme le wallon, auxquels on aurait accordé des subsides pour que le folklore ne périsse pas sous l’avalanche de la langue maghrébine, dominante dans le futur, voilà qu’il se rebiffe !
Il s’est voulu souverain maître et à part entière, prépondérant sur un sol que nous avons eu la bêtise de millimétrer et certifier intangible.
Moralité, on ne sait plus faire le ramadan tranquille en Wallonie sans être relancés par nos comtes bourgmestres de l’autre côté du Styx !
Et ce n’est pas tout ! D’une bisbille à l’autre, dès janvier, nous allons reprendre la querelle sur la région bruxelloise !
Un bienfait ressort de cette histoire belge. On ne sent pas la crise capitaliste comme nos voisins.
Lama l’a chanté : on est cocu mais content.
Voilà le plaisir, mesdames voilà le plaisir…

27 novembre 2008

L’esprit missionnaire.

Après la tragédie de l’Irak, voilà qu’on s’apprête à la reproduire en Afghanistan. On s’y est déjà englouti tête la première, et cette guerre d’occupation a fait plus de morts qu’en Irak. Cela doit quand même faire réfléchir !
A la différence de celle « fraîche et joyeuse » qui a valu au dictateur Saddam d’être pendu comme un jambon de ferme, celle d’Afghanistan à entendre les rodomontades de nos dirigeants européens, nous implique beaucoup plus que l’autre.
L’enfoiré de Bush a réussi à nous convaincre qu’il fallait y aller, que c’était la lutte des bons contre les méchants Et nous l’avons cru, pas seulement nous, mais son successeur.
Barack Obama prévoit d'envoyer au moins deux brigades de combat (10.000 hommes) supplémentaires en Afghanistan dont certaines unités redéployées d'Irak.
"Quand nous terminerons cette guerre en Irak, nous pourrons enfin finir le combat en Afghanistan. Voilà pourquoi je propose d'augmenter notre engagement dans ce pays, avec au moins deux brigades de combat supplémentaires", a déclaré Barack Obama en septembre dernier.
Le futur président a demandé un engagement plus important des pays européens, ainsi que des instructeurs pour former l'armée et la police afghanes.
Pour qui s’intéresse à l’histoire et à la géographie de ce pays, cette entreprise est vouée à l’échec.
L’Afghanistan est un des rares pays au monde à n’avoir jamais été colonisé, les Anglais en savent quelque chose. A proprement parler, ce n’est pas un peuple, mais un ensemble de tribus, assez dissemblables de langues et d’organisation, mais toutes guerrières en diable et musulmanes à presque 100 %. L’ambition d’un Afghan est de devenir chef de guerre afin de promouvoir sa famille et enrichir son clan.
Les mœurs afghanes sont très éloignées des nôtres et la civilisation que nous voulons y exporter est aussi incongrue qu’un cerisier sur le sol irlandais, comme chantait l‘autre.
La bourca pour les femmes ou tout au moins le voile est une tradition qui ne date pas d’hier et l’occupation américaine et la liberté à l’occidentale sont sans effet sur les mœurs et la tradition. On le voit bien dans les images que nous recevons de Kaboul, lorsque la caméra nous promène dans les rues et sur les marchés. Ce ne sont pas les talibans qui ont contraint les populations à redoubler d’un zèle islamique, comme la propagande occidentale nous l’a dit et redit. Même si ces drôles de paroissiens ont exagéré leurs ardeurs religieuses.
Les soldats que l’armée américaine et l’OTAN forment sur le terrain sont originaires des différentes tribus du pays, leur seule ambition est de réunir des armes en suffisance afin d’armer les leurs. Dès que les instructeurs tourneront le dos, nul ne sait si les soldats afghans ne chercheront pas à rallier leurs villages dans l’intention d’y jouer un rôle de chef.
Les proverbes afghans tournent en grande partie sur les notions d’honneur et de vengeance. Pour un Afghan, une offense et a fortiori un crime ne doivent pas rester impunis, même cent ans plus tard. C’est la vendetta à la corse ou à la sicilienne au carré.
Quand les soviétiques se sont retirés d’Afghanistan, trois ans à peine plus tard le régime prorusse s’effondrait. Non pas que les talibans fussent aimés, mais parce que pour les tribus, c’était la meilleure façon de se débarrasser des Occidentaux. Les exactions du régime taliban n’ont pas suffi à le faire détester au point qu’on le dit en Europe par une population profondément musulmane. Rapidement les Américains se sont fait détester davantage.
Il suffit une bombe lancée d’un avion US, un obus tirer par un char, une rafale d’un Marine tuant un villageois pour qu’automatiquement le clan s’enflamme. Alors, il n’a plus qu’un souhait, celui de venger la victime.
De ce point de vue, les talibans ont commis bien moins d’erreurs que les Américains.
Si les talibans harcèlent efficacement les troupes occidentales, c’est grâce à la complicité des villageois.
L’Afghanistan a une longue frontière commune avec le Pakistan. Des tribus vivent à cheval sur les deux pays. C’est une région montagneuse et difficile d’accès. Les talibans ont beau jeu de passer la frontière pour se refaire une santé dans leur sanctuaire après une attaque.
Le Pakistan n’entend pas que les Américains et les Occidentaux violent son territoire. C’est un Etat souverain, ami en principe des Américains ; mais l’alliance est fragile et la population hostile à tout ce qui lui est étranger. Le conflit avec l’Inde a véritablement fortifié l’intégrisme musulman.
Il ne faut pas perdre de vue que le Pakistan est une puissance nucléaire.

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Le régime de Kaboul est corrompu. Sa gouvernance du pays est illusoire et l’autorité du chef de l’Etat afghan ne dépasse pas la banlieue de la capitale.
La culture du pavot est le seul moyen des populations rurales de ne pas crever de faim.
Nous nous sommes fait des illusions sur le Commandant Ahmed Chah Massoud, assassiné en 2001. Nous avons armé les hommes de la subversion contre les soviétiques. Le « lion du Pandjchir », ne tirait pas ses revenus de la vente de l’opium, mais il contrôlait une zone riche en diamants qu’il exploitait et vendait pour le compte de l’armée islamique. Nous nous sommes engoués de cet électron libre sans bien connaître le fond de la pensée radicale qui l’animait. Et encore aujourd’hui nous lui vouons un culte, parce qu’il est le symbole des illusions que nous conservons de son occidentalisme.
Nous sommes persuadés que le reste du monde a besoin de la démocratie pour sortir de ce que nous considérons être le Moyen-Âge de l’Orient.
C’est bien un péché d’orgueil de croire que ce que nous faisons est supérieur et meilleur pour les peuples qui ne suivent pas le même chemin.
Cette erreur nous met le reste du monde à dos.
La crise économique pourrait bien leur donner raison.

26 novembre 2008

Le fils de Léon.

Nos médias sollicitent souvent nos grands stratèges en économie politique afin de nous donner la leçon sur les échanges commerciaux et les moyens de s’enrichir. Afin de justifier les positions dominantes et les salaires, nos diserts diplômés sont passés des explications « classiques » aux explications « néoclassiques », par un long glissement sémantique.
Pour dorer la pilule de la crise, le moment n’est plus à la rigolade.
Un moment surpris par la démonstration marxiste de la théorie de la valeur qui montre du doigt la plus-value hors de proportion prélevée sur les travailleurs, les néoclassiques se sont rabattus sur un économiste appelé par Joseph Schumpeter « le plus grand de tous les économistes : Léon Walras (1834-1910).
La théorie ne date pas d’hier et pourtant elle est à la mode.
Léon décrit l’équilibre parfait de concurrence et démontre qu’il doit être optimal. L’équilibre parfait permettrait le plein emploi de tous les facteurs de production : toute la population active serait occupée et tous les capitaux utilisés. Il permettrait de satisfaire toutes les demandes solvables. C’est ainsi qu’il est, Léon !
Même critiquée par Keynes, cette vision idyllique revient en puissance et ravive la folle passion des politiques et des économistes d’aujourd’hui pour un capitalisme qui, dans le fond, ne vaut plus rien, mais dans lequel ils fondent encore les plus grands espoirs.
Pour cela, les économistes partent non plus de l’offre, mais de la demande. Walras en son temps en avait mesuré les paramètres par des formules mathématiques dont la NASA elle-même aurait de la peine à saisir la pertinence.
Cela n’a l’air de rien, mais c’est ce qui bouleverse tout aujourd’hui.
Il convient de se plier à la demande, un point c’est tout, de s’adapter ou de disparaître.
Un exemple : le lait chinois doit s’adapter au goût des consommateurs. L’industrie se plie à l’exigence. Résultat des centaines de bébés malades ou morts !
On pourrait citer des milliers d’adaptations de cet ordre, inutiles, grandes consommatrices d’énergie, voire dangereuses pour la santé. Nul besoin d’entrer dans le domaine pharmaceutique où les pilules amincissantes ont assez fait de tort, pour en rajouter.
Selon les mêmes, les inégalités salariales proviennent toujours des préférences individuelles des travailleurs. Comme si travailler 10 heures par jour dans des métiers malodorants et avec de l’huile de machine jusqu’aux coudes était voulu par un travailleur, rationnel dans ses choix et ses préférences ! C’est pourquoi Marx avait justement conclu que puisque ces métiers pénibles et dangereux sont nécessaires au bien-être de la collectivité, ils doivent être hautement rémunérés. Dans l’économie capitaliste, c’est l’inverse, évidemment.

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Petits rigolos ou grand cyniques ?
Toujours d’après les éternels invités de nos chaînes télévisuelles, laisser subsister les inégalités est un témoin efficace du bon fonctionnement du système des prix.
Ils établissent ainsi un lien entre inégalité et efficacité, justifiant par là une justice sociale impossible dans une économie qui progresse par la force des différences.
Oui-da beau sire !
Et quand ça coince et qu’on ne progresse plus ? Quand on vous pousse à travailler plus pour se retrouver gros jean à gagner moins ? Où est l’ascenseur « musclé » par les différences ?
Qu’est-ce qui justifie encore la théorie du plus grand des économistes ?
Hein ! Léon, où tu nous emmènes ?
Mieux : qu’est-ce qui permet de prélever des milliards issus du travail des gens, afin de boucher les trous des banques malades ? Comment se fait-il que les banquiers qui poursuivaient un métier qui avait leur préférence individuelle se voient épargnés, alors que d’autres ne le sont pas ?
Je suis resté longtemps sans réponse, si l’on veut comprendre autre chose que la pétoche de nos dirigeants à voir dans la rue des dizaines de milliers d’employés de banque et faire abstraction du long lamento de leur violoncelle…
Cependant une question subsiste, ces dizaines de milliers d’employés de banque en quoi sont-ils utiles aux progrès humains ? Et à cette aune là, n’a-t-on pas artificiellement gonflé la fonction intellectuelle par rapport à la fonction « physique ou technique » dans la perspective d’une bureaucratisation générale, quand les robots feront tout ? Ou encore, n’a-t-on pas trouvé le seul expédient justifiant les métiers intellectuels afin de maintenir un travail aliénant pour tous - la plupart des diplômes ne servant strictement à rien - étant entendu qu’un oisif est un danger potentiel, en dehors de l’oisif riche, bien entendu ?
Peut-être que cette hallucinante perte de sens des économistes et des médias qui les utilisent provient-elle d’une psychose hors des réalités, d’une forme de passion névrotique pour ce dont on a cru et qui, tournant court, laisse hébétés les intellectuels qui ne peuvent plus assumer la suite logique ?
Tout tient dans les fibres intimes qui relient l’establishment au capitalisme.
C’est comme un fils unique qui serait devenu vaurien. On se lamente, mais on le chérit. Dame, on n’a que celui-là. Alors, on l’accompagne dans sa descente aux enfers. Les parents iraient jusqu’à lui apporter des oranges au parloir de la prison.
L’indulgence des « scientifiques » les pousse à pardonner à l’avance des crimes qu’il n’a pas encore commis. Pourtant, ils ont en horreur ce qu’ils qualifient de forfait. Mais, ils n’osent glisser par sémantique de la théorie générale au cas particulier de ce fils chéri. Les mots n’ont plus le sens qu’ils leur donnaient avant le clash ! Les forfaits du fils chéri seraient-ils les mêmes que ceux de Leonid Brejnev ?
Quelle horreur ce serait !
Ce fils prodigue – à force de rougir à ses exploits - est notre chemin de croix, notre punition. Plus il est odieux, plus il nous fait souffrir, plus les économistes et finalement nous-mêmes l’aimons, de cet amour irrationnel et bête que peuvent avoir parfois les saints, les mères et les putes pour un monstre !
Et si les chaînes de télé et les journaux se décidaient – discrètement - à inviter d’autres économistes, d’autres politologues, d’autres sociologues moins sottement enthousiastes ?
Si enfin, on osait un peu de désamour ?

25 novembre 2008

La tanière du blaireau

Au contraire des grandes villes européennes, les villes de Liège, Charleroi et Bruxelles perdent chaque année des habitants.
La périurbanisation se poursuit malgré la crise et un vieillissement de la population. Cet habitat loin des Centres n’ira pas demain sans problèmes de moyens de transport, de commerce de proximité et de difficultés à nouer des contacts à l’occasion, par exemple, d’une perte d’emploi.
Que deviendront ceux que la crise va appauvrir et qui se trouveront peut-être sans voiture, sans médecin et sans marché, sur des routes en bordure des champs et loin des villages ?
L’exode urbain est diversement apprécié et qu’il soit voulu ou accepté, il ne va pas sans être la cause d’inégalités sociales.
Sans faire un trop grand éloge de la ville, elle peut donner à chacun l’illusion d’un mélange des langues et des cultures dans une coexistence des différences.
Elle est un lieu de rencontre et un des moyens de nouer des liens avec les autres.
La ville est un refuge où les exclus semblent moins vulnérables, comme ils apparaissent moins visibles et plus solidaires.
La liberté d’aller et venir, d’entrer dans des Associations, d’y faire des études, d’y voir des spectacles donnent aux citadins la sensation qu’ils acquièrent à son usage différentes formes d’égalité qu’ils ne pourraient avoir dans les campagnes.
Le droit d’habiter en ville, c’est celui de participer à ses commodités et à ses richesses, pas seulement économiques, mais aussi culturelles, sans négliger les services publics et les terrains de loisirs et de promenades.
Ceci n’est pas médire de la campagne, c’est un constat au moment où les temps sont en train de changer la donne et transformer d’une certaine manière des retours à la campane comme une erreur, et parfois comme un cauchemar.
Bien sûr, les maisons anciennes et les villas neuves avec parcs et fontaines ne vont pas être dépossédées de leurs charmes, pour autant. Pour certains vivre à la campagne sera toujours une façon de vivre bien supérieure à la ville sans ses bruits, ses pollutions et ses fureurs, malgré les événements qui se précipitent.
Ce sont les citadins ayant décidé de vivre au plus près de la nature, qui seront demain moins nombreux à pouvoir le faire dans des conditions maximales de confort, en même temps que certaines catégories sociales s’éveilleront au chant du coq avec l’angoisse d’avoir de moins en moins les moyens d’y rester.
Nos villes se sont appauvries des exodes constants des citadins vers les campagnes. La qualité de vie s’y est détériorée par l’urbanisation de profits et le massacre de quartiers entiers sous prétexte d’urbanisation et de commodités nécessaires comme les autoroutes et récemment l’immense gare des Guillemins qui a détruit des rues entières.
Dès les années cinquante Liège s’est transformée, on ne sait dire en quoi, tant les projets se sont succédés sans qu’une cohérence architecturale apparaisse.
Le sommet de la confusion et des dégâts fut le trou de la place Saint-Lambert qui n’a pas toujours trouvé de solution entre les places du Marché et Saint-Lambert.
Le massacreur en chef, le bourreau d’un ensemble citadin qu’il fallait restaurer plutôt que détruire fut le libéral Destenay, dont l’effigie orne toujours un semblant de square.

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Bientôt, en fonction des circonstances, les villes vont retrouver toutes les utilités que l’on croyait perdues. Pourront-elles répondre à un reflux de la population vers elles ?
Le Droit à la Ville est lié aux droits fondamentaux du logement et de l’emploi.
Les grandes Villes de Wallonie, défigurées comme Liège, n’ont pas été préparées pour le grand retour.
Le Centre ville est particulièrement déserté par les habitants par la faute des commerces qui ont transformé les étages en désert ou en taudis, sans oublier la cupidité des entrepreneurs secondés par les pouvoirs publics qui ont massacrés l‘habitat ancien au lieu de le réhabiliter, comme des villes flamandes l’ont fait intelligemment.
C’est une constance, la qualité du logement est la mesure par laquelle s’estime l’exclusion sociale ou l’intégration objective.
Faute d’une politique du logement adaptée, les habitants sans grands moyens qui résistent à l’expulsion vers des habitations sociales périphériques, logent dans des kots d’étudiant ou en petit appartement, dans des conditions souvent déplorables.
L’endroit où l’on vit est le marqueur d’une reproduction de la pauvreté et de l’exclusion sociale, comme de l’aisance et de l’espace privilégié.
La saison des malheurs est largement avancée et rien n’est moins sûr que le droit de se loger dans la dignité sera réhabilité, quand le plus clair de la population subit le déplorable système économique qui jette dans la rue de plus en plus de gens.
Les squats ont l’avantage d’exposer le problème au public. Mais c‘est le seul. Les conditions de vie y sont épouvantables. La dignité humaine y prend un coup.
A force de voir les pouvoirs publics voler au secours des banques en oubliant les gens, on risque de voir un jour les gens voler au secours d’eux-mêmes en oubliant les pouvoirs publics.

24 novembre 2008

Winnie l’Ourson et quelques autres.

Dimanche, les guignols de l’info avaient rendez-vous sur RTBF et RTL.
On se serait cru vraiment sur Canal+ !
Mieux, ils prestent en même temps avec PPDA sur la chaîne cryptée française. Ils se déguisent un brin pour éviter de payer des droits d’auteur, quand ils font un extra sur nos chaînes.
Ainsi Francis Delpérée, cela ne vous dit rien ?
Fermez les yeux et représentez-vous la marionnette de Michelle Alliot-Marie, même visage étonné, des yeux en bouton de culotte et cet arrondi des bras dans des moulinets amples qui accompagnent une voix aux mêmes intonations que la dame du ministère de l’intérieur.
Comme elle, il n’a pas son pareil pour dire en 20 mots ce qui se résume en 2 !
Le spectacle était à son comble avec un Armand De Decker en face de lui issu tout pimpant d’une autre émission aussi célèbre : Winnie l'Ourson. Connu pour sa grande gourmandise – il craque pour les pots de miel – cet adorable ourson est connu de tous, surtout quand Armand fait des yeux de velours. Il est devenu l'ami des petits et des grands à travers ses positions que l’on croirait pétries de bon sens, sauf quand on les gratte un peu et qu’ils révèlent une intention de plaire au public francophone pour mieux le manger quand il est à la BRT.
Et de quoi ces éminents ont-ils parlé, pour que nous en raffolions tant… enfin qu’on nous les impose autant ?
« La monarchie coûte-t-elle trop cher ? », c’est le titre…
Ainsi le roi coûterait aussi cher que tous les ouvriers sérésiens de Mittal réunis !
Qu’il est intéressant, le sujet, en ces temps de crise aiguë ! On sent que le pauvre chômeur va jubiler devant son petit écran en apprenant les salaires du beau monde, pendant que sa femme fait la vaisselle.
Devinez lequel des deux pense, Delpérée ou De Decker, que c’est pour rien, ou presque, que nous entretenons ce folklore vivant ?
Je ne vous le dirai pas. Mais je vous aide en précisant que Winnie trouve que Mamy Fabiola ne sert plus à grand chose. Elle pourrait avec l’argent que l’Etat lui verse entretenir une armée de Gigolos, ce qui diminuerait le chômage des jeunes de 18 à 25 ans.
Ce à quoi Delpérée Alliot-Marie se récrie, hoche la tête, mouline des bras et monte dans les aigus « 85 % du salaire versé au roi sert à payer les domestiques. »
Pour une bonne nouvelle, c’en est une pour Winnie qui surenchérit en signalant qu’il ne faut pas moins de 234 agents de police de sécurité pour garder les sacro-saintes personnes et que c’est le Ministère de l’Intérieur qui crache au bassinet.
Du coup, la femme du chômeur arrête de faire la vaisselle et s’assied lourdement à côté de son mari. Winnie sait attirer les foules.
Michèle-Francis remouline. Il veut le dernier mot. « Mardi prochain, les sénateurs vont se pencher sur l’après Albert » - ce n’est pas gentil pour un constitutionnaliste aussi branché que Delpérée d’envisager la mort du roi !
Il voit l’effet que produit l’annonce. Des sénateurs qui travaillent, mais où va-t-on ? Et il poursuit sous le fard de la maquilleuse de service qui l’a généreusement bruni « Nous reverrons tous les postes de dépenses. »
« Je sais, répond Winnie, je fais partie de cette commission depuis 2001… et en 2008, ce sera la deuxième fois que nous nous réunirons. »
Tout le monde est rassuré. Il semblait à tous fort improbable que les sénateurs travaillassent d’arrache-pied. C’est aussi l’avis de la femme du chômeur qui va à la cuisine finir la vaisselle, tandis que son mari se gratte la tête en maugréant « Ah ! nom de dieu de nom de dieu ! », signifiant par là que Delpérée n’avait pas mentionné le denier du culte que toute la famille royale se fait un devoir de déposer dans le tronc de sa paroisse tous les dimanches.

Dimanche midi de discussions vaines, comme d’habitude, autour du thème du pognon qu’on a trop d’un côté et pas assez de l’autre.
RTBF, le fric de la dotation, RTL celui des salariés. Un partout, balle au centre. RTBF, le fric des actionnaires cocus, RTL, le pouvoir d’achat aux chiottes. Deux à deux, égalité !
Pour terminer cette chronique en beauté du temps qui passe, jetons un dernier regard sur Roger Mené, ce chef-d’œuvre en péril des moyennes entreprises, égaré parmi le « muppet show » de RTL pour faire pièce au guignols de l’info du café d’en face. Qui sait, nous ne le verrons pas toujours.
Réincarnation de Bouddha, Roger avait le regard ailleurs, on sentait bien qu’il n’était déjà plus là.
Si j’étais Vrebos, je m’inquiéterais d’un remplaçant.

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Le bouquet final fut tiré par Elio Di Rupo, on ne sait plus sur quelle chaîne, après un scoop du journal télévisé sur la neige du signal de Botrange.
Le grand homme le dit d’une voix égale : « L’argent n’est pas une obsession ». tout ça pour nous apprendre qu’il a été baisé de 2.000 actions de chez Dexia comme tout le monde. Espérait-il se rendre plus sympathique en faisant cette confidence ?
Si c’est vous qui le dites !

23 novembre 2008

La vie est belle au PS belge.

Ah ! ce n’est pas en Belgique qu’on verrait le PS divisé. Bien sûr, il l’est, sinon plus qu’en France ; mais pas de la même manière. Son image paraît soudée, agglomérée comme des fonds de caisse, autour du ténorino montois. Des décors d’unité et de fraternité masquent les cadavres dans les placards.
La base n’a pas de voix délibérative. C’est pire qu’un clivage Aubry-Royal à 50/50, c’est 10 % de chefs, contre 90 % d’adhérents.
Comment est-ce possible ?
C’est simple. Vous faites en sorte que les statuts faits au moule du chef soient respectés par une salle de militants acquise par clientélisme depuis toujours, comme un ver solitaire ne vit que par la tête.
Le PS belge, au contraire du PS français, ne consulte pas ses militants. Il n’y a donc jamais que des voix « autorisées » qui félicitent le chef ! C’est simple, pratique et garanti.
Sauf tous les 4 ans, on vote sur papier pour l’élection du chef suprême, c’est une formalité. On sait à l’avance le résultat. La dernière fois Elio Di Rupo affrontait un Jean-Pierre De Clercq éclaboussé par les affaires de Charleroi, sparring-partner rêvé. Le maestro fut proclamé roi par 23.747 militants, soit 30,3 % du nombre total d’affiliés seulement. C’est très peu de monde. Cela n’a pas empêché de montrer qu’en pourcentage, près de 90 % des suffrages exprimés plaçaient l’artiste dans le score d’une république bananière.
Il y aurait donc au PS belge, près de 70 % d’abstentionnistes, en majeure partie opposants du Bureau. Une indifférence massive et un renoncement à la lutte, voilà de quoi est constitué le militantisme socialiste.
Chez les chefs, les dynasties se sont formées. Le fils succède au père. L’apport de sang frais, c’est le chef suprême qui amène les plaquettes et tout est dit.
Résultat, voilà trente ans et plus que les mêmes accompagnent les libéraux aux affaires. Le feraient-ils seuls ou avec les « libéraux-religieux », rien ne changerait.
Le malheur, c’est que ça finit par se voir.
Le capitalisme est en train de se planter. Des réformes en profondeur sont péremptoires et nécessaires. Les socialistes devraient être en mesure d’exposer des projets. Hélas ! la boîte à idées est désespérément vide.
Les petites gens souffrent et il y a urgence. Et que voit-on ? La ténuité des réformes, l’appauvrissement de la matière grise, voilà le spectacle que Di Rupo et ses associés nous présentent.
Par contre, pardon ! toujours frétillants à la conquête de pouvoirs locaux et fédéraux, largement rémunérés, les gars du Bureau ont le sens des affaires.

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L’alternative n’existe pas en Belgique. A qui confier son dégoût d’un PS amorphe ? Le CDh n’est pas le refuge des travailleurs malheureux. Milquet a ses Melchior et ses traditions. Elle est allée à l’école d’un Gérard Deprez aujourd’hui apostat et MR.
Ces gens n’ont pas un Olivier Besancenot aux mollets. Les Ecolos ne se sont pas débarrassés des préjugés de classe. C’est encore un parti d’intellectuels. Une mesure sur deux préconisée par eux s’avère néfaste au pouvoir d’achat ou inefficace à la protection de la nature.
Alors, le désamour du PS profite au parti de Reynders. Idem quand après s’être jeté dans les bras de la droite, l’électeur déçu revient à ses premières amours, c’est le PS qui remonte.
Ce jeu finit par exaspérer tout le monde et ne conduit qu’à la passivité générale.
Non seulement personne ne tire les leçons de la crise bancaire et du marasme économique, mais encore il n’y a pas d’accord sur le communautaire qui pourrit une situation déjà nidoreuse.
Cette politique est bien la caractéristique des Régimes dirigés par des élites coupées des préoccupations des gens. Le monde d’en bas qui la saute s’en fout. Il attend du concret. C’est banco qu’il doit payer son loyer et manger quand midi sonne.
A la fin de l’année 2008, le beau monde navigue déjà dans la perspective des élections de l’année prochaine. Cela paralyse l’initiative. On assiste à la fureur montante des travailleurs pauvres, des pensionnés et des cas sociaux.
On voit d’ici le cadeau de Michel Daerden pour l’année électorale : une remise sur la redevance TV, alors que pour les Flamands, c’est gratuit depuis longtemps. Papa va gagner dans un fauteuil.
Et ainsi, vaille que vaille, le PS bourlingue à la va comme le vent le pousse, sans vraiment s’en faire : pas de débats internes, pas de concurrents externes, des chefferies stables seulement modifiables à la retraite des titulaires, dans un pays comme un mouchoir de poche et qui a le record du monde en nombre de gouvernements et d’institutions de pouvoir.
Terre d’élection pour toute carrière politique dans les partis installés, ce petit pays est un éden pour les Melchior et les Balthazar de tous les courants. Un cas d’école de la social-démocratie.
Alors, pourquoi se gêner ?

22 novembre 2008

PS : le retour de la SFIO…

…C’est Emmanuelli qui le dit au cas où la secrétaire serait Ségolène.
Comme Emmanuelli s’est presque toujours planté, admettons que la victoire de Royal, dans l’état de délabrement du part socialiste était la meilleure chose qui pouvait arriver, puisque c’était la seule qui voulait rafraîchir le parti en établissant une nouvelle génération de militants aux postes occupés actuellement par des cadres vieillis et hostiles aux changements.
Au décompte et aux dernières nouvelles Aubry, forte des vieux seigneurs de la guerre et de leurs valets… aurait 42 voix d’avance.
C’est dire que l’affaire n’est pas faite.
D’ores et déjà, ce n’est plus un parti, c’est une succursale du Musée d’Histoire naturelle, section l’Homme socialiste. On pourrait demander à Yves Coppens d’en être son président d’Honneur.
Les militants ne sont pas sots. Ils ont résisté aux appels du pied des gloires anciennes. Le résultat est digne de l’histoire du PS de ces dernières années : nul.
Le « mouvement de gauche » a fait long feu, puisque son leader, Hamon, après ses déclarations « révolutionnaires » revenait aux anciennes amours d’un PS coincés avec Aubry dans le cimetière des éléphants.
Dans l’état actuel du parti, voter pour Aubry et avant elle pour Delanoë, les malencontreux Hollande et Jospin, en voulant faire au mieux, ont fait pire. Ils symbolisent tous les deux l’échec, et rappellent la figure de Guy Mollet de la SFIO, cette ancienne mésaventure socialiste que Henri Emmanuelli prédisait pour Royal, elle l’est pour tout le monde !
Une fois de plus, cette sacrée battante de Royal, qu’on l’aime ou qu’on la déteste aura persisté et résisté contre l’attente de presque tous les cadres du PS.
La gamelle des éléphants et des deuxièmes couteaux n’est pas assurée pour autant avec les 42 voix d’avance d’Aubry.
Avec Aubry, la question de l’élection à la présidence de la République, ne se pose plus. Ce sera entre Sarko et Bayrou, l’élection de Royal au secrétariat, aurait changé la donne.
Le Parti socialiste français, c’est fichu. Le rôle de la première secrétaire ne sera pas facile, ce sera même mission impossible… A moins qu’elles ne s’y mettent à deux ? Comme Aubry déteste l’autre et que l’autre le lui rend bien, on voit le travail…
De la rapidité avec laquelle la première secrétaire effacera le tableau et « oubliera » les coups fourrés, dépendra de la réussite de son entreprise, même s’il doit y avoir quelques vieilles potiches irréparables qui voleront en éclat. Sinon, c’est le parti qui le fera à la place des vieux égoïstes.
Quant à la suite du feuilleton délétère, on se demande où tous les vieux ronds-de-cuir de Solferino puisent tant de haine contre une femme, qui aura été bien seule, comparativement à son adversaire.
Car, en l’état, les anti-Ségolène sont allés trop loin.
Tous les vieux piliers de ce qui n’est plus qu’un parti ouvert à tous vents à cause d’eux, sans âme et sans punch, auront été bons à tout pour que leur représentante, celle qui a épousé leur façon d’être, Martine Aubry, évince sa rivale.
Quand le fonds de commerce est menacé, le sexisme tombe
On peut dire de Jospin-la-scoumoune, Jospin le loser, quand on est soutenu par ce type, on est assez indigne soi-même. Ce n’est pas une raison pour ne pas craindre le pire avec une Martine Aubry, trois fois battue au score par Royal et qui serait élue quand même par tous les ralliements dont le plus honteux est celui de Hamon (fort mal inspiré), sans compter, celui du pétochard Delanoë.
Hamon, en voilà un « jeune » comme ceux jadis de Giscard, les jeunes giscardiens, grand réformateur sur le papier, l’homme de la rénovation, du changement… et qui tombe dans les bras d’Aubry parce qu’il croit en sa victoire et qu’il pense ainsi être mieux placé pour s’aller remplir à la bonne soupe militante des mandats rémunérés.
La veille du scrutin, Lionel Jospin ne s’était pas privé d’une vilenie supplémentaire contre Royal, perçue comme une allusion aux socialistes ayant collaboré avec les nazis, en s’élançant dans une comparaison hasardeuse avec le national-socialisme d’Adolphe. Venant de la part de quelqu’un qui a été le premier ministre d’un homme qui avait été décoré de la francisque par Pétain, c’était gonflé !

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Julien Dray, proche de Royal, a dénoncé les "attaques blessantes" et les polémiques "infamantes" qui ont marqué, selon lui, les dernières heures avant l'élection du Premier secrétaire du PS.
Et ce que les journaux nous en rapportent, ce n’est pas rien. Après avoir sifflé Jaurès, ces drôles de socialistes se sont surpassés. C’est dommage d’être aussi nuls dans l’opposition quand on a d’aussi bonnes dispositions pour l’invective !
Quelle que soit l’issue du vote, il sera quasiment impossible de réconcilier la base des militants avec le Bureau du PS actuel où tous ceux qui se sont montré indignes et déloyaux seront nécessairement montrés du doigt et affaiblis.
Victoire à la Pyrrhus, peut-être, car le parti, s’il s’en remet, en aura pour deux ou trois ans à recoller les morceaux.

21 novembre 2008

Une concurrence déloyale.

Une patrouille de flics appelée à la rescousse après un vol dans une librairie d’Ixelles, ramasse ce que les malfrats ont oublié et vide le tiroir-caisse, selon trois journaux : Le Soir, La Dernière Heure et la Libre Belgique !
« Les images de la vidéo de surveillance montrent l’un d’eux puisant dans la caisse, avant de s’emparer de revues et de DVD à caractère pornographique et de saccager le magasin. « En voyant les images, j’ai d’abord cru que c’étaient à nouveau des bandits », raconte l’exploitante, Valérie Van Bockstaele » (Journal Le Soir).
Bien qu’ils aient été suspendus, un des deux policiers nie toute participation au casse.
On ne peut pas dire que cela soit fréquent un tel acte dans la police, mais à Ixelles, cela commence à faire trop.
Depuis que Onkelinx a désarmé les citoyens, laissant leurs pistolets aux policiers, les rues ne sont pas plus sûres et les domiciles visités par les escarpes sont aussi peu protégés !
On savait la police en proie à des démons intérieurs, il ne pouvait en être autrement dans une Société, comme la nôtre, d’escrocs triomphants. Mais la réaction des autorités communales et du chef de corps passent les bornes. Si on avait surpris les premiers voyous, ils seraient actuellement en prison. Pourquoi pas les suivants, qu’ont-ils de si différent des autres ? Et s’il est vrai qu’un des deux sous l’œil de la caméra jure ses grands dieux qu’il n’était pas complice de son collègue, il aurait dû au moins le dissuader de chaparder comme les malfrat précédents.
Car, ces représentants de la Loi n’ont été que suspendus ! Ce qu’avait refusé de faire le bourgmestre dans un premier temps, avançant comme argument que même suspendus, il fallait « les payer quand même ! »
Le magistrat chargé de l’instruction doit prier dame Thémis pour ne pas retrouver les malfaisants du premier vol. Cela serait inédit qu’ils pourraient écoper jusqu’à cinq ans fermes – alors que les autres, dévalisant un local en étant armés et de nuit, ne seraient que suspendus...
Et ils seraient libres sur le temps que les premiers casseurs moisiraient en prison ! Et comble des combles, il se pourrait que les ripoux fussent chargés de la prise de corps et pourquoi pas, servir d’escorte aux autres jusqu’à la prison de Saint-Gilles ! Si, comme c’était la première idée du bourgmestre PS, il ne les avait que déplacés !
C’est surréaliste…
Mais en même temps, cela en dit long sur la situation du citoyen coincé entre des gangsters, des voyous d’Etat et une Autorité de tutelle qui ferme les yeux.
On ne va pas tresser des couronnes de laurier aux MR, mais c’est le seul parti à s’être inquiété du laxisme des Autorités communales et de la police d’Ixelles. Et que répond le cabinet du bourgmestre d’Ixelles ? Il accuse le MR de populisme et d’être en campagne électorale permanente !
Ah ! le populisme… que de crimes on oublie en ton nom.
Di Rupo a sanctionné la section socialiste locale de Charleroi pour moins que ça !
Et quand bien même le MR serait en campagne permanente électorale, le citoyen qu’il soit d’Ixelles ou d’ailleurs ne peut pas entretenir à grands frais une police qui vide ses fonds de caisse, malmène les gens et vole dans ses magasins.
Il y a là quelque chose de profondément immoral qu’il est déplorable d’assimiler à de la soupe électorale. Le Moyen-âge avait ses soudards pilleurs. On ne va pas recommencer ?
Qu’est-ce qu’on en a à foutre que le bourgmestre s’appelle Freddy Thielemans (PS) et que c’est un personnage sur lequel Di Rupo compte beaucoup pour gagner la bataille électorale à Bruxelles !
La molle sanction des Autorités communales pour des faits aussi graves n’est pas sans conséquence.
Et qu’est-ce que ces ripoux ont emporté en priorité, outre le tiroir caisse ?... des revues et des livres pornographiques !
On leur aurait pardonné le vol des œuvres de Shakespeare ou de Molière, compte tenu de l’urgence de sortir d’un niveau assez bas certaines catégories de fonctionnaires, mais des magazines de cul…

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Voilà bien la pauvreté des mœurs d’une maréchaussée tombée dans la délinquance, le voilà le drame du manque d’instruction d’une catégorie de citoyens chargée de relever la moyenne générale du Belge déjà assez faible sans eux…
On imagine le retour de ces glorieux du vice au Commissariat d’Ixelles, passant aux confrères les illustrations de la déroute de la vertu sur papier couché (évidemment). Et peut-être ce vol va-t-il susciter des vocations dans ce Corps jadis honorable soudain déshonoré… vocation nouvelle de proxénète, d’assidu de maison close, revendeur de came ?
Des imaginatifs divagants pourraient renforcer les rangs des pédophiles, des voyeurs et des exhibitionnistes ?
Côté positif, Thielemans devrait pour sa défense rétorquer que les premiers voleurs avaient emporté des cigarettes, la police, en seconde main, a préféré l’argent et les livres. Ne montre-t-elle pas par là qu’elle souhaite améliorer ses connaissances ?
Il y a bien une autre solution. Si on veut que cette police entreprenne des études et sache enfin lire et écrire correctement, ne serait-ce que pour rédiger des procès-verbaux, un séjour de quelques mois dans la solitude d’une cellule serait plus approprié que les waters d’un commissariat de police, où, dit-on, l’endroit est fort exigu pour feuilleter des ouvrages, même légers, de vulgarisation.

20 novembre 2008

Ils ont sifflé Jaurès.

On ne saurait avoir un pronostic fiable sur le vote des militants du PS français de ce jeudi. Bien sûr, tous les éléphants du parti barrissent pour le succès de Martine Aubry ; mais, médiatiquement, elle peut craindre la popularité de sa rivale.
Fallait-il que la vieille garde jospiniste ait senti le vent du boulet pour associer une femme, en l’occurrence Martine Aubry, dans l’ancienne soue des mâles, eux qui ont toujours affiché un sexisme résolu.
Ou alors, Martine Aubry ne serait pas une femme ?
C’est monsieur Aubry qui serait content ! Jacques Delors a bien eu une fille qui se prénomme Martine, tout de même ?
Royal parle de « l’honneur perdu » d’une partie du PS, dont le leadership en ce domaine serait l’inimitable Bertrand Delanoë, il faut rappeler que le spécialiste hors-concours de l’honneur perdu fut Guy Mollet. C’est bien de Guy Mollet dont se recommandent les vieux de la vieille dans l’art du double langage, pour les militants : côté soleil, pour les sphères du pouvoir : côté obscur.
Cela a toujours été une alternative délicate au PS. Comment promettre aux populations des améliorations sociales qu’il ne pourra pas tenir, et malgré tout rester un parti populaire ?
Le PS est un précurseur de la société, que dis-je un marqueur social, ils sont passés de la guerre des classes à la guerre de tous contre tous. La rivalité y est pure, vidée de toute idéologie et de toute signification historique.
C’est difficile d’aérer en ouvrant les fenêtres rue de Solferino et en même temps de jeter un regard sur les gens et sur le monde. On n’a jamais vu un parti se réclamant du peuple et si éloigné de lui !
Le culte du self-made-man et de l’enrichissement personnel y atteint des sommets.
Dans ce système narcissique chacun fait l’éloge des autres afin de mieux tirer dans le dos des « camarades ».
Voilà l’ineffable septuagénaire Jack Lang devenu « aubryste » avec d’autres convertis de la dernière minute. Ont-ils le bon réflexe ? Ils pourront toujours dire le contraire si le vote contrarie leur affection soudaine pour la maire de Lille.
"Je ne sais pas quelles sont les manoeuvres d'appareil qui sont derrière cette évolution", a déclaré Royal, alors que "ce n'est pas la première fois que le vote des militants n'est pas respecté".
Il faut bien le dire aussi à droite que le vote des militants ne l’est pas davantage.
On avait élu Sarkozy pour le pouvoir d’achat et on se retrouve avec de l’inflation, du chômage et une retraite qui s’éloigne.
Accuser la conjoncture, comme ils le font tous, cela passe dans un premier temps, puis à la réflexion, avec l’extraordinaire cadeau fait aux banques, on se demande si l’Etat est aussi fauché que Sarko veut bien le dire ?
Notez que cela arrange bien les socialistes, ce retournement de conjoncture. Parce que si le petit Nicolas avait réussi son pari, il siphonnait complètement les cadres du parti socialistes. Il y aurait eu plus d’une ancienne gloire qui auraient changé leurs discours de gauche, contre les arabesques littéraires d’un Alexis de Tocqueville, de droite.
C’est vrai aussi que les militants avaient placé la star devant les vieux ronchons de la garde jospiniste, mais le score qui aurait été suffisant pour François Mitterrand qui savait y faire avec les incrustés, n’est pas suffisant quand on est dans le glamour et l’élan fraternel.
Malgré tout, les supporters de l’immobilisme feraient bien de réviser leur grammaire socialiste à la page littérature populaire, lorsqu’ils ont sifflé une partie du discours de la belle, car s’il sentait bon la rhétorique du collège Ignace de Loyola, il n’en était pas moins un extrait exact et certifié d’un discours de Jaurès !
Comme quoi, c’est aussi vrai pour la Marseillaise, quand on a envie de siffler, on ne peut plus se retenir.

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"Notre responsabilité est immense", a écrit le maire de Paris dans une lettre ouverte aux militants, appelant à voter "massivement" pour le maire de Lille. Il paraît que Bertrand craint de perdre son identité avec la star. Aurait-il peur de tomber amoureux d’une personne du sexe ? Alors, ce serait la raison qui le pousse à s’enthousiasmer pour Aubry !
Il est vrai que Martine, vue de dos, en pantalon extra large, avait l’air d’un François Hollande qui aurait pris quelques kilos.
Je sais, c’est méchant. Mais, on le deviendrait à moins en vertu de leur socialisme. Ce sont eux, qui font la bile chez les autres, eux qui rendent mauvais les gens !
Aussi, dès la fin du scrutin, soit jeudi ou vendredi, en cas de 2me tour, je jure bien de ne plus lire les extraits de presse qui les concernent, d’éviter leurs discours, surtout si ce sont ceux de Martine Aubry.

19 novembre 2008

Un monde parfait !

La nouvelle société est très ancienne. En réalité, on n’a presque jamais connu qu’elle. Personne ne sait d’où elle vient et encore moins où elle va. Mais, c’est ainsi. C’est la nouvelle société.
Elle était peut-être déjà inscrite dans les gènes de l’humanité ?
Dans une caverne en Ardèche, on a retrouvé sous des stalagmites qui datent la découverte de 300.000 ans une sorte de coffret en pierre avec tiroir dans laquelle des coquillages étaient rangés par taille. On suppose que c’est l’ancêtre du tiroir-caisse.
On a quelques indices sur cette société et de son évolution.
On sait par exemple que c’est la meilleure que l’on ait eue, à cause d’une expérience malheureuse… un avatar imaginé par quelques trublions jaloux en 1917. Cette expérience aussi brève qu’elle ait été, a quand même permis de trouver la nôtre incomparablement meilleure. Aussi, tout le monde est appelé à l’admirer.
Elle est simple à vivre. Il n’y a qu’une opinion et une façon de voir les choses. Le peu de divergences n’existent que dans la stratégie des partis qui la composent. Cela se résume à quelques postures différentes, minimes, sur la manière de présenter les choses, les réformes et les mesures à prendre. Chacun peut prendre part à l’élaboration du plan général à condition d’être accrédité au niveau où l’on est placé par les diplômes et les moyens familiaux dont on dispose. Bien entendu, ces réunions sont très décontractées quand on a le feu vert pour y participer. Il y a des modes que l’on n’est pas obligé d’observer. Par exemple, le port de la cravate n’y est plus obligatoire. Il est même déconseillé de la porter lorsqu’on y atteint un bon niveau.
La nouvelle société est riche par la liberté d’entreprendre qui génère toutes les autres libertés. Il est convenu que certains échanges ne peuvent pas faire l’objet de surenchère ou de critique. On échange son travail contre de l’argent à un niveau convenu et de l’argent contre les commodités. C’est la société du libre échange. Cette société est intangible et indestructible. Nul ne peut y contrevenir puisqu’elle est la meilleure.
Ce sont les citoyens avertis des progrès qu’ils y font qui sont chargés de la défendre.
Les plus valeureux d’entre eux sont décorés. Les plus chaleureux sont les socialistes, parce qu’on les soupçonna il y a bien longtemps de n’être pas convaincus des avantages de la nouvelle société. Alors, ils font du zèle et les gens les aiment pour ça. Le rôle de sauveur de la Nation est souvent tenu par eux. Ils y sont meilleurs que les libéraux, nos vrais fondateurs et héros.
Les progrès ne peuvent être discutés, même s’ils sont le signe d’une régression. Les régressions sont le signal d’une bonne santé, puisqu’elles ont été des paliers de progrès qui ont été dépassés par d’autres progrès, aussi revenir en arrière n’est pas une perte, mais un ancien acquis. Les anciens acquis accumulés peuvent créer des critiques extérieures à la nouvelle société quand celle-ci ne repart pas tout de suite au rattrapage de ce qu’elle avait et qu’elle a perdu momentanément. La croissance ne doit jamais être perdue de vue. Le temple de la croissance, c’est la bourse. C’est là qu’on y forge le bonheur pour tous.
Deux catégories d’individus assimilés à une seule par l’expérience : les originaux et les terroristes sont les maillons faibles connus et maîtrisés de notre merveilleux système..
L’original commence par avoir un doute sur la nouvelle société. Il accumule les mauvaises raisons et cette idée fausse qu’on pourrait faire mieux en mettant en doute notre liberté d’entreprendre et d’être heureux !
Fausse, puisqu’il n’y a pas d’ailleurs qui se puisse être ! Même Ben Laden a de la Bud bien fraîche dans son frigo.
Comme il n’y a pas d’ailleurs, d’abord on traite les originaux de fous, ils persistent parfois par une assuétude que les psy n’ont pas décelée. Les fous sont regroupés dans des fichiers généralement tenus par les meilleures polices. Certains fous qui seraient susceptible de développer l’addiction au terrorisme sont préventivement internés. Mais c’est rare. Certaines intimidations suffisent. La police intervient rarement à ce stade. Ce sont des pressions amicales de la famille, des menaces ou des sanctions des propriétaires et des patrons. En général, l’original recouvre bientôt tous ses esprits dès qu’il sait que son attitude pourrait le conduire au chômage. Il prend une carte au PS qui rassure et on n’en parle plus.
Les terroristes sont incontrôlables et potentiellement dangereux. Ils sont insensibles au sentiment général du meilleur des mondes. Ils sont remplis de rage et de haine. Leur destruction est nécessaire.

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Comme ils sont très peu nombreux, la nouvelle Société pour que le bon peuple ne relâche pas sa vigilance est obligée d’accuser des originaux jusque là inoffensifs. Certains pensent qu’il faut sauver la nouvelle société en incitant les terroristes à des carnages, quand les originaux ne suffisent pas à commettre des méfaits, heureusement qu’ils sont contrôlés préventivement et que tout est prévu pour leur neutralisation.
Il est possible que ces bruits exagérés sur le rôle de nos gardiens soient propagés par des originaux qui sont en passe de sombrer dans le terrorisme verbal et qui ne sont pas encore internés.
Régulièrement, le bon peuple se réunit pour chanter les louanges de la nouvelle société, ce qui contrebalance largement les petites défaillances qui montrent que nous avons encore des progrès à faire.
La Belgique, comme il se doit, est à la tête de la nouvelle société.
La population est bien représentée. Les lois sont excellentes et même si la population a perdu quelques paliers, elle est prête à se retrousser les manches et repartir hardiment de l’avant.
Vivent le roi, Leterme, le patronat, les partis, les taxes et la TVA.
Vivent la crise, les banques et les subprimes.
Vivent la nouvelle Société, les exploits sportifs et Vendée Globe.
Vivent le travail, Fortis banque, Dexia et Obama.
-Tiens, on sonne à la porte. Vous permettez que j'aille ouvrir, chers lecteurs ? Bonjour, Messieurs, que voulez-vous ?
-On vient pour vous interner !
-Qu'ai-je fait, je vous prie ?
-On ne sait pas. Mais on trouvera bien quelque chose...

18 novembre 2008

Tu ris… chérie ?

On s’est trompé d’époque. On se fend plus la gueule comme avant. C’est pas un cours sur l’humour, que j’te fais, mignonne. C’est rien que des songeries…
Quand on refermait sa braguette, c’est qu’on avait pissé loin ou que Camille était devenue plus calme. Les gens avaient pas la gueule de rat crevé qu’on voit partout et nulle part.
Le Moi est devenu la cible privilégiée de l’humour.
Rire collectif, voilà longtemps que même au théâtre, ils y arrivent plus. Le sens du burlesque s’est barré. Même Reims a réveillé des ulcères, des haines refroidies qu’attendaient Aubry, droite dans sa gaine, comme voilà cinquante ans qu’on n’en porte plus. Les julots pour se réchauffer, trouvent plus leur compte. Personne a crié « A poil Ségo » !
Avant, on n’avait qu’à dire « Tu crois qu’ils s’arrangent au péesse ? » pour être malade de rire.
La fin du rire eut lieu à Monnaie de singe, le coup de la cabine des Marx Brothers, la toute dernière chance de rire collectif. Après, ce furent Butt Abbot et Lou Costello, avant Bush et sa quintessence.
La drôlerie se fait plus en tir groupé.
Woody Allen ne cesse jamais de se faire psychanalyser. Il est pas dupe de son propre ridicule. S’il y va, c’est pas de sa faute. Puisque c’est le spectateur qui se voit à sa place et qui rit de lui-même. L’objet de l’humour gît dans la conscience de soi.
Il baise encore sa femme, qui est psy, mais il préfère s’envoyer une cliente. On rit comme le type qui est sur le divan, c’est nerveux.
Les vices d’autrui, personne veut plus les voir, question de se faire tout seul son petit plaisir.
C’est la société qui se croit humoristique qui a détruit la première le rire de groupe. Les claquements de porte de Labiche, les comiques troupiers, surtout ceux qui faisaient dans leur froc, rien que pour égayer le public de la digestion d’une solide soupe aux pois juste avant le spectacle, c’est fini.
Faut plus compter sur le café-concert pour se taper par le rire la petite avec qui on a dansé le tango. D’abord, on danse plus le tango et puis la sono empêche le dialogue table à table du café-concert, justement.
Tu cries « Béa t’es qu’une bourgeoise. T’es ignoble comme dix salopes et tu m’emmerdes… ». Elle te répond « oui, chéri, pas ici, dans mon bureau à l’étage… ». Et elle te balance un grand sourire et croit que c’est sa poésie qui te fait bander...
Les plaisanteries à haute voix, les convives tournent la tête pour pas avoir à faire semblant de rire.
Avant, on évacuait les femmes mortes de rire, fallait leur faire prendre l’air, les délacer pour qu’elles respirent. Qui c’est qu’aurait le courage de délacer l’Aubry de nos jours ? Delanoë est pris ailleurs…
C’est plus que dans le noir qu’on pousse un cri d’ensemble, quand on ne voit plus qu’un pale imitateur au milieu d’un rond de lumière qui lâche une vanne que Mayol déjà prononçait sur son lit de mort.

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Le bruit éteint le rire. Et le bruit est nécessaire parce que l’esprit fout le camp et que dans une soirée il est indispensable que les danseuses ignorent ce que disent les danseurs. Non pas qu’il y aurait de l’incongru, de l’inattendu, de la galanterie fleurie murmurée et à peine audible sur les lèvres du male, mais parce qu’il n’est plus foutu d’ouvrir son clapet pour en sortir une bien fine, une bien salace, façon grand siècle ! Il peut brailler tout son saoul de conneries, la chose en face comprendra que dalle.
Les femmes depuis qu’elles ont le nombril à l’air, leur cul n’intéresse plus !
Le rire de fête, un peu guindé et de bon aloi, comme le rire en explosions intempestives, le pincé, celui qu’on réfrène, sont en voie d’extinction.
La personnalisation moderne renferme l’individu sur lui-même. C’est même plus la peine d’investir dans le léger. Les bas résilles résistent encore un peu, mais c’est pour le folklore ou le bordel, le confetti ultime ne tombe plus du slip sur la table de nuit.
Quand le rire dépasse le chuchotement, on t’envoie un psy pour encadrer ta douleur. On croit que tu chiales !...
Les troubles prolifèrent. Les névroses sont narcissiques. C’est à se demander comment il se fait que la banque du sperme est au bord de la faillite, vu que la société sombre dans le plaisir solitaire. Dans les chambres d’hôtel, on devrait mettre un thermos spécial sous le lit, prêt à l’emploi… à l’azote liquide les branleurs !
C’est l’éradication des spontanéités pulsionnelles en couple. L’émotion se neutralise. L’artiste ne transmet plus qu’une merde à ne faire rire que les imbéciles. Le notable marche sur des œufs. On le paie au sérieux. Seules les tronches à la Torquemada rapportent encore un peu. On se demande pourquoi Ruquier n’a pas encore mis en scène un bloc sanitaure où tout le monde va se torcher avec des billets de banque. Peut-être cela arracherait-il une dernière rigolade ?
On a éteint les feux des signes extérieurs. On ne s’engueule plus comme avant. La discussion monte au crime tout de suite. On veut achever sa victime avant de l‘avoir fait souffrir. Le goût des belles manières ne se voit plus que chez les serveurs des restaurants.
L’atrophie du rire, c’est toute la discrétion des banques qui remontent à la gueule du client qui peut plus lire par-dessus l’épaule de celui qu’est devant, combien il lui reste pour finir le mois.
C’est une culture faite de propos gras et égrillards, de sottises surréalistes parce qu’un brin racistes, de moqueries et de propos à faire rougir un moine de l’abbaye de Thélème, qu’est passée à l’égout.
Bref, on ne peut plus mettre un pet devant l’autre sans faire rougir les dames et brunir les caleçons, sans compter que le geste peloteur – qui accompagnait souvent la plaisanterie - conduit l’honnête divagant aux Assises…
C’est la fin de la joie, tuée par le sérieux !...

17 novembre 2008

L'aventure rémoise du PS !

Regarder de Belgique ce qui se passe à gauche en France semble aller de soi dans une situation où chez nous, dans un parti socialiste caporalisé par ses chefs groupés autour de Di Rupo, c’est le calme plat. Et pour cause, ils se sont donné la mission de sauver la social-démocratie associée au capitalisme malade.
Aussi le Congrès du PS français à Reims, tient-il lieu d’événement en Wallonie.
On y attendait dans la nuit de samedi à dimanche une synthèse d’au moins deux motions, afin que le Congrès pût désigner un premier secrétaire en remplacement de François Hollande.
Le statu quo désastreux tient dans la rivalité des chefs.
Ce navrant spectacle dessert l’image du PS français. Par contre, il sert l’immobilisme des conservateurs belges autour de Di Rupo. Plus c’est la pagaille chez le cousin français, plus le calme et la placidité belges ont l’air d’être le résultat d’une fine réflexion politique.
Mais revenons au Congrès de Reims.
Une synthèse était-elle possible dans un climat de moquerie des chefs ? Royal, rayonnante, n’a cessé de s’appuyer sur l’interprétation qu’elle donne des réactions des militants extérieurs à l’appareil du parti, alors qu’ils n’étaient pas tous dans la salle, loin s’en faut, reportant les espoirs de son camp sur le vote de jeudi prochain.
Mais qui viendront-ils soutenir, la star ou la militante ?
S’ils ne sont pas au rendez-vous, c’est Martine Aubry qui sera premier secrétaire d’un PS en mille morceaux.
Ce dimanche matin, il semblait que les militants de Delanoë avaient tendance à renforcer le maire de Lille, après que le maire de Paris eût jeté l’éponge.
Le front TSS (Tout sauf Ségolène) était le seul à encore rassembler.
Ceux qui prétendent comme Jean-François Kahn (MODEM de Bayrou) que son parti pourrait recueillir les voix d’un PS à vau-l’eau, risquent d’être déçus. Le socialisme de collaboration, en France comme en Belgique, n’est farouchement défendu que par une minorité de militants. En cas de dépeçage, le Modem pourrait recueillir peu de monde. Par contre, s’il se faisait un grand rassemblement des forces de gauche pour battre Sarkozy, le Modem en alliance avec le PS sur cet objectif, pourrait s’enfler des indécis du Centre déçus de Sarkozy et de l’UMP.
Ce raisonnement aboutit à la motion Royal qui paraît être propice à un rétablissement de la gauche plurielle à la présentation d’un candidat sérieux à l’élection présidentielle prochaine, tout en n’étant pas vraiment de nature à refonder le parti.
L’appareil socialiste n’a pas dit son dernier mot.
Martine Aubry représente très bien la clan des éléphants. Ces gens se méfient des militants comme de la peste. La carte à 10 euros, par exemple, semble l’horreur absolue : quoi ! des militants qui viendraient des banlieues, des chômeurs, des exclus du clientélisme cher aux élus de gauche, ils n’y pensent pas. Et ils ont raison, car si les électeurs de base devaient s’exprimer sur l’appareil, ce serait assurément une tornade qui balaierait les bureaux de la rue de Solferino et la politique du parti s’en trouverait profondément modifiée.
On voit que le TSS est une manière pour l’appareil de conserver ses places au chaud des municipales et des Institutions parlementaires, comme de garder des prérogatives de bureaux et de Congrès, bidonnés par les chefs.
C’est une façon de dire aussi que l’on peut être socialiste et participer au système libéral, comme l’avait déclaré un Bertrand Delanoë juste avant la crise des subprimes, que l’on peut voir les salaires et les lois sociales régresser, la misère progresser, sur le temps que l’on vide les caisses de l’Etat au profit des banques, sans que les socialistes jettent leurs mandats publics à la face des libéraux et claquent la porte.
Evidemment, nommer Martine Aubry secrétaire, c’est redonner aux éléphants de l’appareil socialiste du bois de rallonge.
Et avec Ségolène Royal, quel genre d’aventure le PS eût-il vécu ?
Benoît Hamon présenté comme rassemblant la gauche du parti a présenté une motion qui aurait pu être franchement plus agressive envers le capitalisme et qui a déçu, malgré son score.
C’est le moins connu des déposants, peut-être est-ce celui qui a le plus grand désir de pouvoir ?
Autre aventurier qui a quitté le PS avant Reims, c’est Jean-Luc Mélenchon. Ici le discours est clair et les raisons profondes.
C’est inouï quand on n’a plus la chape de plomb du parti sur les épaules comme tout devient plus facile.

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Mélenchon et quelques originaux restés au PS qui n’osent pas trop se découvrir, croient eux aussi que la social-démocratie, c’est fini, comme le capitalisme traditionnel.
Ce que quelques blogueurs anonymes écrivent depuis l’effondrement des banques, voilà Mélenchon et ses amis qui le découvrent !
Aujourd’hui, nous sommes dans une nouvelle forme d’exploitation humaine, disent-ils, qui n’a plus rien à voir avec la précédente et contre laquelle il faut trouver la parade.
Nous n’avons jamais pensé autrement.
Avis à tous les rassembleurs, pour rassembler ne conviendrait-il pas d’envoyer au diable toutes les synthèses, afin de définir dans un nouveau parti de gauche, une forme de lutte adaptée à la crise et aux millions de chômeurs qui battront la semelle demain dans toute l’Europe ?
Alors, l’appareil avec Aubry ?... l’aventure interne avec Royal ?... ou externe avec Mélenchon ?
Et si le PS n’était tout simplement plus viable à cause de deux visions différentes de la société qui, tôt ou tard, finiront par s’affronter en son sein ; même si la plus « révolutionnaire » est encore assez minoritaire ?
Les jeux sont faits ! Rien ne va plus.

16 novembre 2008

Un drôle d’animal !

En l'an 2000, quelques fondus s’étaient rassemblés pour attendre la fin du monde. D’autres farfelus prétendaient que des événements extraordinaires allaient changer l’ordre des choses, que la terre allait basculer, que son orbite se modifierait. Bref, aucun de ces augures du malheur n’avait songé que la comptabilité par année du calendrier était tout à fait conventionnelle et du seul fait des hommes. Le calendrier n’a jamais rien eu d’extraordinaire si l’on excepte celui de Nostradamus ou celui plus pittoresque de Mathieu Laensberg.
Bref, l’an 2000 n’a pas réédité la sottise collective de l’an mil où la chrétienté s’attendait à l’imminence du Jugement dernier.
Il y eut bien quelques suicides, mais on sait que pour satisfaire leurs instincts, les névrosés sont bons à tout !
Les importants se disent assez proches des superstitions populaires les plus suspectes, histoire d’accréditer l’idée qu’ils sont comme tout le monde.
Il était impensable que certains d’entre eux sous l’égide de l'ONU ne cédassent pas à la tentation d’adopter un programme ambitieux : «Objectifs du Millénaire».
L’occasion de l’intelligentsia internationale de couper le ruban symbolique était trop forte…. encore que les puristes affirment que le troisième millénaire débuta en 2001.
Il fut donc décidé l'éradication des grandes pandémies (Sida, Paludisme, Tuberculose), la réduction de la très grande pauvreté, la diminution par deux de la faim dans le monde, la réduction drastique de la mortalité périnatale maternelle et infantile et la régression significative de l'illettrisme et des discriminations envers les Femmes, le tout en quinze ans !...
Grande ambition, vaste programme, vœux pieux pour lesquels les hommes et les femmes de bonne volonté ne peuvent que tomber dans les bras des uns et des autres en pleurant de bonheur, malgré la facture d’environ 150 milliards de dollars par an...
150 milliards, vaste chantier, déjà rien qu’à la question « qui va payer ? ».
Pourtant, quand on voit la facilité avec laquelle les gouvernements ont arrosé d’argent frais les banques en détresse huit ans plus tard, ce programme était à la portée de tout un chacun.
Enfin, vaille que vaille, à mi-parcours, la nature classificatoire et statistique de l’ONU a fait le bilan du vaste programme.
Il est accablant pour le monde riche, le monde industriel, le monde exploitant le monde, si quelque chose de tant soit peu humain puisse encore accabler le monde capitaliste.
La faim et la pauvreté : les populations qui souffrent de la faim continuent, en valeur absolue, à croître et la faiblesse des rémunérations maintient 20% de la population salariée sous le seuil de pauvreté.
Assurer l'éducation primaire pour tous : un certain progrès numérique de l'enseignement mais la qualité de l'éducation manque et le nombre des enfants réfugiés sans école va croissant
Egalité des sexes : à l'école et au travail, la discrimination ne régresse guère
Réduire la mortalité infantile : les décès des enfants de moins de cinq ans sont toujours considérables
Améliorer la santé maternelle : en Afrique subsaharienne, le risque de mourir au cours de la grossesse ou de l'accouchement est toujours élevé
Combattre sida, paludisme et autres maladies : moyens efficaces mais non accessibles à une part importante des populations
Assurer un environnement durable : la moitié de la population mondiale n'a pas accès à l'eau et l'objectif ne sera pas atteint en matière d'installations sanitaires
Partenariat pour le développement : l'aide publique au développement est inférieure à 0,3 % du PIB mondial et le commerce mondial n'améliore rien »
Parallèlement, la FAO constate une augmentation de la faim dans le monde : plus de 920 millions de personnes se couchent tous les soirs la faim au ventre, et meurent lentement dans cette prison.
La raison principale de ce fiasco : les Etats, à de rares exceptions près, n'ont pas tenu leurs engagements. Les 150 milliards de dollars annuels nécessaires à la mise en place des objectifs du Millénaire n'ont jamais été versés. On n'a même jamais atteint les 100 milliards, alors que 3000 milliards (estimation provisoire) viennent d'être versés pour sauver le système bancaire.
On se demande ce qu’il restera des beaux discours et des belles promesses après la crise ?
A côté de ces estimations lamentables, de ce formidable plongeon de l’humanité dans un nouveau Moyen-Âge, voir les gens, entendre un oiseau chanter, respirer l’air de la campagne, arrachent encore des soupirs d’aise, des demi-sourires à nous Occidentaux qui ne sommes pas les plus mal partis de cette planète.

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Ainsi, moi, il m’est donné de toujours bien digérer, de dormir tout mon saoul, de trouver les femmes charmantes, de jeter des bouts de papiers à côté des poubelles publiques et de me foutre de tout, bref d’être parfaitement heureux !
Alors qu’il y a franchement de fichus quarts d’heure qui me plongent dans un cafard monstre !
L’homme est quand même un drôle d’animal !

15 novembre 2008

Travailler « idiot » ?

Voilà longtemps qu’on le dit. Les statistiques le prouvent : l’homme occidental dans son désir d’arriver « à quelque chose » est devenu un bourreau de travail.
Qu’importe qu’il y ait des chômeurs qui cherchent désespérément un emploi, des intérimaires qui vivent la peur au ventre d’être sans rien la semaine suivante, le workaholic (1) s’en fout. Il souhaite travailler plus pour acheter ou thésauriser davantage. Il n’a presque plus de temps à consacrer aux loisirs, donc à dépenser, alors il dépense « idiot » ou il met « de côté », sans réfléchir que la temps passe…
L’homocapitalis, le Burnout américain ou le Karoshi japonais, développent une forte dépendance au travail, comme d’autres sont accrocs à l’alcool ou à la cocaïne.
La médecine du travail a toujours épousé la cause productiviste. Plus grand est le rendement dégageant des plus-values, plus la médecine du travail est prise en considération, donc se développe et est mieux rémunérée. Des officines de contrôle des travailleurs malades ou accidentés poussent comme des champignons. La plupart des médecins qui y collaborent, exercent une pression sur le travailleur en congé de maladie ou d’incapacité. Quelques formes de stress, de trouble obsessionnel compulsif (TOC) et de névrose obsessionnelle sont reliés à l’excès de travail. La travaillolique est un néologisme qui pourrait faire son chemin pour exprimer la ferveur dévote au travail amenant à des ennuis de santé. Les médecins contrôleurs connaissent bien les traumas inhérents. La médecine à la louche ne fait aucune distinction entre les « tire-au-flanc » et les forcenés du boulot en incapacités. Symptôme classique : le travaillolite néglige sa famille et ses relations sociales.
Le help your self a dégénéré dans les dernières décennies et atteint en pleine crise une dramatique ampleur.
Certains travailleurs sont amenés à ce surmenage qui n’est pas dans leur nature par l’espoir de convaincre l’employeur de les conserver dans l’entreprise.
Au cours des vingt dernières années, le temps de travail aux USA n’a cessé d’augmenter. Le temps libre rétrécit au pays des libertés. L’Europe s’engage sur le même chemin depuis Sarkozy.
Le manque de sommeil fragilise. Se priver d’une heure ou deux de sommeil par nuit peut engendrer des pathologies lourdes.
Actuellement l’employé américain type travaille 320 heures de plus que l’Allemand ou le Français. C’est l’obsession de Sarko de coller au plus près à la norme américaine.
Les dernières propositions européennes tendant à augmenter le temps de travail annuel trouvent leur aboutissement dans la volonté de faire travailler le dimanche, d’allonger les prestations de la journée, bref d’aligner le travailleur français sur son homologue américain.

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Le phénomène aux USA ne s’inverse pas en raison de la crise, au contraire. Le travailleur américain a perdu la notion de solidarité. On ne sait pas s’il peut s’opposer dans une organisation collective de résistance aux licenciements et aux expulsions des travailleurs suite à la crise économique.
Un PIB en panne de croissance libère de nouveaux égoïsmes. Les bons boulots deviennent rares.
L’engouement pour le travail anesthésie le sens critique. On l’a bien vu aux USA, mais aussi en Europe, avec quelle placidité les actifs ont accueilli les mesures prises par les gouvernements de renflouer les banques, comme en France ou en Belgique où peu ou pas de contreparties étaient demandées en garantie, alors que les salaires sont au plus bas.
Le travailleur n’a plus le temps de se tenir au courant de l’évolution de la situation. Il a perdu son sens critique.
Travailler trop nuit à la santé physique et psychique. Il y a perte d’intelligence dans certains « métiers » de grande spécialisation.
Le travail répétitif abruti. Il nie la compétence. Ravale l’artisan au manœuvre. Détruit l’initiative.
L’intellectuel surmené par de longues études peut rejoindre dans cet aspect négatif du travail l’ouvrier le plus déshumanisé. Certaines professions à haute valeur ajoutée produisent parfois un effet d’abrutissement. Une concentration importante des connaissances réduit parfois le champ de compréhension des autres disciplines, des problèmes de la vie courante et de la culture en général.
Des Universités sortent chaque année quelques pourcentages d’imbéciles instruits et de spécialistes incultes.
Nous en avons des échantillons aussi bien en salle d’op que dans les studios de nos télévisions.
Etre « excellent », dans un métier cinq étoiles, siphonnerait-il les cervelles ?
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1. Workaholic : se dit d’un bourreau de travail (workaholic en anglais). C’est une personne ayant développé une addiction au travail.

14 novembre 2008

Les nouveaux kollabos.

L’histoire se répète. Les nazis avaient trouvé dans une Belgique sinistrée par la guerre des collaborateurs de tous les milieux, surtout parmi une bourgeoisie refusant de se restreindre qui trouvait son compte à collaborer avec l’ennemi.
Ils n’étaient pas tous fervents du nazisme. Certains étaient sceptiques quant à la victoire d’Adolphe. C’était une façon pratique de ne pas avoir faim en étant du côté du manche.
La collaboration n’envisageait pas que l’Allemagne vaincue, il y aurait des représailles.
Aujourd’hui, se dire de gauche et collaborer à un système, qui devient de jour en jour plus pernicieux, est aussi une collaboration qui a fait directement ou indirectement des millions de victimes de par le monde.
Les événements actuels condamnent la social-démocratie.
On ne peut pas y collaborer, sans devenir soi-même complice d’exactions.
La social-démocratie ne fonctionne pas. On le voit de la manière dont la gauche au pouvoir avec les libéraux en Belgique ne réagit pas devant l’emprise d’un capitalisme qui, par terre, commande encore au politique.
Le constat est terrible. On le résume en quelques mots : la misère n’a jamais été aussi grande. Dans les pays « riches » la pauvreté augmente. Une grande partie de la population belge vit avec un revenu inférieur à 1500 euros par mois et les plus démunis avec moins de 750 euros.
Et il se trouve des économistes pour en vanter les mérites !
Ce n’est pas rien de collaborer à un Régime qui accroît les inégalités. Rien ne le justifie socialement, sinon l’esprit « Kollabo », cette façon de se tirer d’affaire exactement de la même manière que du temps des nazis en refusant le monde réel, avec comme seul argument qu’un autre système serait pire !
Quel système ? Le communisme est mort.
Certes, les sociaux-démocrates activistes ne sentent pas la crise. Leurs revenus sont satisfaisants. Le réseau d’amitiés leur permet de voir l’avenir avec sérénité.
Sauf qu’ils oublient une chose.
On ne les a pas élus pour qu’ils vivent à l’aise à l’intérieur d’un pouvoir dur pour leurs électeurs.
On se fout bien que les libéraux s’ébattent parfaitement à l’aise dans le microcosme, mais pas la gauche.

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Je crois que pour ces kollabos, il soit trop tard pour tout.
Acculés, ils peuvent mordre, tenter de disqualifier ceux qui se battent vraiment pour les populations misérables.
Leur bilan est sec… vide. Ils vont chercher à jeter de la poudre aux yeux à ceux qui leur font confiance.
Ils ont réussi à masquer leur vrai visage. Ils ne pourront plus le faire longtemps.
Jusqu’où oseront-ils aller dans leur collaboration ?
Que feraient-ils dans le cas d’une grève générale ou d’une désobéissance civile aggravée ?
Armeraient-ils eux-mêmes les bras de la réplique libérale ? Exciteraient-ils les matraqueurs à faire « bonne justice » ?
Seraient-ils à ce point compromis dans la collaboration avec des gens qui dans un vrai Etat de droit seraient en prison, au point de dénoncer « le populisme » et « l’extrême gauche », en se glorifiant des mots ?
Les mois qui vont venir seront éclairants.
Pour ses renégats, la gauche a toujours été bonne fille. Ils seraient sans doute accueillis comme des fils prodigues, s’ils venaient à quitter la mouvance libérale.
Quant aux socialistes français, on verra bien ce qu’ils décideront dimanche. Ségolène Royal a bien dit à la tribune que la social-démocratie avait vécu. Le PS belge n’en est pas encore là. La social-démocratie est sa mère nourricière.
Que fera Di Rupo et son bureau, tous fourrés dans des postes de maîtrise, si le PS français joue vraiment un rôle d’opposition et rejette en bloc la social-démocratie ?

13 novembre 2008

Une démocratie fer à béton.

A propos des caténaires arrachées du réseau ferroviaire français, dix personnes sont en garde à vue. Les policiers anti-terroristes (SDAT) ont trouvé suffisamment « d’indices » pour maintenir et éventuellement inculper ces personnes.
Les policiers tentent dans le même temps de préciser les profils des « saboteurs ». Présentés par les autorités comme des membres de « l'ultra-gauche », tendance « anarcho-autonome », ils seraient proches de militants écologistes allemands.
Il paraît que ce groupe dit du « Goutailloux » aurait participé à la rédaction d'un ouvrage intitulé « L'insurrection qui vient », signé d'un énigmatique « Comité invisible » et paru aux éditions de La Fabrique.
Besancenot s’est démarqué de l’ultra-gauche dont il dénonce l’illusion.
On a résumé en ces quelques lignes un ensemble permanent de trois parallèles dont l’une, celle de l’extrême gauche, tendance Besancenot, est asymptote de celle représentant le pouvoir, et la troisième, plus farfelue que réellement terroriste et dangereuse, est celle qui mobilise les services antiterroristes français contre elle.
Le pouvoir est évidemment outré que l’on puisse suspecter sa légitimité. C’est la ligne 1, celle de l’apparent consensus, de la loi des 50 % + 1.
Avec tout ce qui a été dit sur le terrorisme depuis 2001, il manquait des exercices pratiques aux forces de l’ordre des 50 % + 1. C’est ce qui se fait dans la plus grande diligence, avec une Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, sur les dents, ravie de la célérité et l’efficacité de ses subordonnés. Les pièces à conviction sont exhibées, fers à béton, matériel d’alpinisme et horaire des trains.
C’est l’occasion de revenir sur la bande à Bonnot, et les attentats anarchistes. Chez nous, sur l’attentat et la mort d’un pompier par des pieds-nickelés qui avaient écopé d’un max, il y a très longtemps.
La sévérité des tribunaux, à l’égard de ces quelques « grands » criminels, ne l’est à ce point, que parce que leurs motivations sont incompréhensibles. Ce qui les rend encore plus dangereux. Comme serait aussi incompréhensible pour les 50 % + 1 que l’on accusât de forfaiture et de crime organisé les maffias économiques qui perturbent actuellement le système capitaliste au point de jeter des centaines de milliers de travailleurs au chômage.
Comme c’est incompréhensible pour tout le monde... l’anarchiste paie ! Normal. C’est le lampiste.

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Besancenot a une conduite asymptote, c’est-à-dire qu’il rejoint sans le toucher le fameux paquet 50 % + 1. Il pense convaincre assez de gens pour y parvenir ou, tout au moins, obtenir un tel score que l’on ne puisse plus se passer de lui. Et quand bien même cela serait ? Il ne lui resterait d’autre alternative que de diriger le pays en collaborant avec le PS, à moins que de s’obstiner à ne vouloir aucun compromis ou, triste et dernière alternative, forger en grand des fers à béton pour une grande finale. Dans cette dernière alternative, il pourrait se retrouver aux Goutailloux pour tenir une nouvelle épicerie.
Enfin, reste la plus pitoyable des lignes, en même temps la plus idéaliste et la plus meurtrière. Pitoyable, parce que l’on ne se lance pas à l’assaut d’une citadelle avec des lance-pierres, en comptant ses troupes sur les doigts. La plus idéaliste, puisque personne ne comprend que l’on puisse se sacrifier pour des idées ; mais, aussi la plus médiocre et la plus certainement vouée à l’échec, quand ceux que l’on aime tant ne souhaitent pas d’être aimés avec cette violence, même si elle est loin de pouvoir rivaliser avec Al-Qaida.
Evidemment, dans tous les cas de figures, c’est la Ligne 1 qui l’emportera toujours. Car, quand bien même aurait-elle perdu sa légitimité, quand on est maître de la police et de l’armée, on finit toujours par imposer sa loi, sauf dans un cas extrême, quand la police et l’armée changent de camp. Or, ces éléments incontournables sont plus proches de la droite, voire de l’extrême droite, que du centre… c’est dire quel chemin ils devraient faire, pour établir à gauche un nouveau genre de démocratie.
Comme nous n’en sommes pas là, le pouvoir va se rengorger du succès de sa police qui suivait de près l’ultra-gauche, comme on peut être assuré qu’elle a les mêmes attentions pour l’extrême gauche, au cas où… Quelques pauvres types vont écoper du maximum pour des sabotages qui ont rendu furieux les usagers des lignes de chemin de fer, actions inutiles et qui auraient pu faire des victimes « innocentes » comme on dit. Cela aurait été illustré par les journaux qui n’auraient pas manqué de fustiger la connerie d’une démagogie poussée à sa logique extrême dans les conditions de la nostalgie hippie : par du bricolage !
Quant aux asymptotes, il sera de bonne guerre de les assimiler au « terrorisme renaissant » et ils pourraient le payer aux prochaines élections.
Inutile de dire que forte de ses résultats, la police pourrait, en cas de montée du chômage et sur constat d’huissier, faire la place nette devant les usines en grève.
Ainsi on aurait dans l’électeur inclus dans les 50 % + 1, l’usager qui rouspète qu’on lui bousille son train, le type qui va bosser jusqu’à 70 ans et le gréviste qui ramasse un coup de matraque sur la gueule pour s’être trouvé là où il n’aurait pas dû.
La démocratie capable de faire du trois en un, c’est ce qui s’appelle une démocratie en béton et qui n’est pas prête d’en laisser traîner un bout là où elle passe à grande vitesse.

12 novembre 2008

Un catch du tonnerre de dieu !

Des prêtres de deux églises chrétiennes se sont tapé dessus dimanche 9 novembre, à la basilique du Saint-Sépulcre dans la vieille ville de Jérusalem.
Comme dirait le vicaire du Très-Haut, cet ancien de la Wehrmacht devenu pape, cela ne pouvait être pire, sauf descendre sous le chœur de la basilique du Vatican et s’empoigner sur le tombeau de Saint-Pierre.
La bataille était homérique, à coups de cierges et de burettes, ça a fait mal.
Les plus excités essayèrent d’arracher les vêtements de leurs adversaires.
La police a procédé à quelques arrestations. Des popes en caleçon au commissariat, les autres communautés ont dû se poêler
Et dire que les musulmans sont la risée des autres religions avec leurs micmacs de chiites contre sunnites. Il est vrai qu’eux, c’est à la bombe et la kalachnikov qu’ils règlent leurs différends avant de passer à la négociation… avec les morts.
Si la haine y est, la violence n’est pas encore là, du côté chrétien. Il y a du retard à refaire. La religion catholique n’est plus ce qu’elle était.
Mais ça viendra en référence au passé quand les chrétiens tenaillaient les infidèles, échaudaient les disciples de Satan et brûlaient les sorcières.
Heureux temps des croisades qui débarrassa l’Europe de la chienlit. Ceux qui en revenaient étaient aussitôt baron. Nous voilà presque au point de départ, le politiquement correct glissant parfois de la pensée unique à l’intransigeance, donc au meurtre !
A Jérusalem, sur le calvaire sacro-saint, deux communautés sur le ring : l’orthodoxe et l’arménienne.
Bref rappel de l’histoire.
L’Eglise orthodoxe ou orientale perpétue la foi des premières Eglises d’Orient, d’Asie Mineure et d’Egypte, bien fournies en fidèles dans les débuts, avant qu’elles ne fussent boutées dehors par les califes engoués de Mahomet, supporter d’Allah, mais, faut-il le dire, de façon plus modérée que celle qui, quelques siècles plus tard, allait aboutir, en face, à la Reconquista espagnole.
La folie sanguinaire qui a saisi les intégristes musulmans, est assez récente.
L’orthodoxie religieuse tire son existence du grand schisme de 1054, une bisbille entre Constantinople et l’Eglise romaine qui dure toujours au temps de la fission de l’atome.
La querelle portait sur la question de l’Esprit, l’usage de laitages en Carême et la coutume de manger des viandes suffoquées, enfin, comble de l’effroyable, l’usage du pain azyme dans l’Eucharistie. Les Orientaux font usage eux, du pain levé. Par dérision, ils appellent les Occidentaux, azymites, injure suprême, ceux-ci ne voulant pas être en reste, appellent les autres, les fermentaires.

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Les boulangeries industrielles n’ont pas calmé les ardeurs prosélytes des uns et des autres. Il faudra attendre qu’il n’y ait plus du pain du tout, levé ou pas levé, pour que les haines retombent. Peut-être les temps ne sont-ils plus si lointains ?
Jérusalem complique tout.
Si de très anciennes rivalités opposent les représentants des différentes églises, elles se partagent néanmoins le contrôle du Saint-Sépulcre, où selon la tradition commune, Jésus-Christ a été crucifié et enterré. Les célébrations au Saint-Sépulcre sont réglées au millimètre pour ne pas ranimer le conflit.
Les règles de la cohabitation ont été établies en 1852 par les Ottomans qui sont devenus depuis les arbitres sur les lieux du Saint-Sépulcre. Toute modification du statu quo plongerait les Communautés dans des guerres sacrilèges. Les heures des messes et des processions sont établies définitivement et sans aucune dérogation possible. Pour éviter la bagarre, les clés de l'église sont depuis sept siècles entre les mains de deux familles musulmanes. C’est dire l’ambiance…
Pour rappel, Jésus était un asiatique. L’Asie, faut-il préciser, va de Jérusalem à Vladivostok.
L’univers du Christ n’appartient pas à l’Antiquité européenne.
L’enseignement de Jésus n’est pas du domaine de Socrate et son parfait contraire est Cicéron.
On voit bien toute la difficulté d’européaniser une personnalité qui n’a rien à voir avec la culture athénienne dont nous nous référons.
Il faudra attendre Saint-Paul qui était Eurasien pour voir l’affaire prendre un tour de proximité avec nous.
Quand on pense à toutes les frustrations et aux milliers de morts que cette religion importée a faits en Europe, on est heureux d’apprendre que les rivalités se perpétuent heureusement à une échelle réduite, un peu comme la bataille des chefs au PS actuellement.
Mais comme le propre des religions monothéistes, c’est d’imposer par la force la croyance en leur dieu, on n’a pas fini d’en baver. Aujourd’hui, les batailles des chrétiens entre eux relèvent du folklore. Plus sérieuses sont les crises de la foi des Musulmans sur le même sujet.
Anatole France a écrit les Dieux ont soif. Il aurait pu ajouter « à cause de cela, ils font chier tout le monde ». Il n’aurait pas eu tort.

11 novembre 2008

L’art de loger gratis.

Les Daerden, père et fils, adorent les chiffres.
On ne pourrait les en blâmer.
Nous eussions préféré, puisqu’ils détiennent des mandats publics et qu’ils sont socialistes, qu’ils aimassent les gens… Mais bon, cela n’est pas incompatible, après tout, si leur amour des chiffres ne les conduisait pas trop à l’amour de l’argent.
Car enfin, comment peut-on fréquenter les brasseries à l’écoute des autres, se ruer dans les bains de foule le visage émerillonné par les bons vins, se hisser au faîte des tribunes la larme à l’œil, le poing levé et vitupérer contre une société qui dénude le petit pour habiller d’hermine le grand, puis, à peine descendus des tréteaux, monter, démonter et remonter des entreprises étroitement liées au « sacerdoce » politique ?
Il faut bien gagner sa vie, soupirent-ils comme beaucoup d’autres ! Mais, ne la gagnent-ils pas déjà en faisant de la politique de telle sorte que leurs émoluments réjouiraient d’aise la plupart de leurs électeurs !
Le fils, ces temps-ci, prend le relais de la notoriété populaire du père. Mais, s’il est le clone de l’autre à bien des aspects physique et linguistique, il n’en a pas le charisme. Qu’à cela ne tienne, il le surpasse dans la complication des affaires vendues, rachetées, cédées et revendues de son caméléon de père. A un point qu’on se demande comment on a le temps de s’occuper d’une grosse commune, tout en bourlinguant dans les spéculations comptables ?
D’abord la spécialisation des deux ténors du socialisme liégeois : la révision des comptes et des mécomptes de nos biens communaux. Le fils a hérité du père l’art des chiffres, surtout ceux qui convertis en euro font de beaux petits paquets. Quel micmac de sociétés écrans, A.I. Invest, PC&Co, FD&Co et de nous ravir l’oreille des parts que ce prodige de la mathématique détient, tout en ne détenant pas, cédées puis reprises par société écran, sous la responsabilité d’un ami d’enfance… Pour un p’tit gars qui veut que la société de type capitaliste change, il doit d’abord faire un fameux travail sur lui-même !
Enfin, cela doit rester une affaire d’appréciation entre les ouailles herstaliennes du fils et ansoises du père. Il faut croire que les électeurs de ces communes ont l’âme qui s’élève au-dessus de la mêlée ou bien abrutie par cinquante années de discours à la gloire de Jaurès, pour ne voir dans ce duo d’enfer que d’aimables passions, au lieu des soirées de poker où chacun laisse son arme au vestiaire avant de tenter de dépouiller l’autre.
Mais la plus belle explication de toutes, celle qui me remplit d’admiration pour le talent très américain du fils Daerden, à un tel point qu’il laisse loin derrière lui les amateurs qui ont conçu les subprimes, c’est dans la manière pratique et pas chère qu’il a trouvée à se loger !
Que voilà une idée de génie !
Explication : A.I. Invest, est une société personnelle de M. Daerden qui est propriétaire de son appartement à Herstal. Il l’a constituée avec un certain Georges Xhaufelaire, un ami de longue date, également président de la cellule fiscale de la Région wallonne, forme d’embryon d’une future administration fiscale wallonne placée sous l’autorité du ministre wallon du Budget… Michel Daerden.

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Si je comprends bien, Daerden Junior loge dans une résidence qui ne lui appartient pas, tout en lui appartenant. Il est, en réalité, locataire de lui-même. Vous ne voyez pas l’intérêt ? Moi si. Car, dans ce cas, qui paie le revenu cadastral, les frais d’entretien et même le chauffage central ? Mais la société A.I. Invest qui peut déduire les charges de ses bilans, tout de même !...
Admirables socialistes que les Daerden ! Ils veulent détruire le système capitaliste par l’intérieur. Ils veulent démontrer tout le côté machiavélique du laisser-faire d’un commerce qui n’a que pour seule ambition de profiter des Lois pour gruger les imbéciles. Et comment y arriver ? …en se sacrifiant afin de démontrer le côté pervers de notre Société !
Voilà qui est fait.
Il reste aux Daerden de faire savoir qu’ils n’agissent de la sorte que pour des raisons didactiques et qu’ils souffrent moralement en s’exposant ainsi.
Gageons qu’ils trouveront assez d’arguments pour faire pleurer dans les chaumières.
Maintenant, si vous voulez passer avant tout le monde pour avoir droit à un petit appartement tout confort des communes précitées avant une liste impressionnante d’inscrits, inutile d’insister. Ces élus sont d’une grande intégrité et personne ne peut rien leur reprocher d’illégal.
Il ne vous restera plus qu’à monter avec votre beau-frère une société bidon pour décompter le loyer de vos frais généraux.

10 novembre 2008

Encore lui !...

Ah ! j’en peux plus ! Le changement comme on n’aura jamais vu. On reconnaîtra plus l’Amérique au 20 janvier…pleine de bons sentiments, d’amour… l’Amérique au chant liturgique, en actions de grâce… on l’entendra jusque dans la caverne d’Oussama que Barak est arrivé ! Tous les torts absous d’un coup d’encensoir… magique. Les Indiens, le remord des colons de la conquête de l’Ouest ! Vous me direz « ceux qu’ont été effacés à la Winchester pourront pas revenir ». C’est à voir… Cet homme-là a des pouvoirs, des gris-gris. Dans le passé, ça s’est vu. La preuve Lazare qui c’est qui l’a sorti du tombeau raide mort comme Geronimo ? Et comme il est reparti guilleret, fallait voir l’étui pénien dardé qu’on a effacé par de la gaze depuis sur les images saintes. Eh ! Geronimo peut revenir pareil, et les autres grands chefs, avec plumes et cheveux, ceux qu’avaient scalpés les protestants anglo-saxons, les évangélistes, juste pour montrer aux nègres qu’arrivaient plein les cales qu’on n’était pas là pour rigoler… to serve with the colours !
Alors, vous pensez, si c’est au tour de Harlem de rigoler pour la nouvelle conquête !...
Ces petits cons de journalistes n’en ratent pas une. Ils sont devenus fous d’Obama. Ils ne parlent plus que de ça.
Ils me pompent l’air. Il y a satiété !
Je ne suis ni pour, ni contre, je m’en fous. Les modifications des relations mondiales, les catastrophes vers lesquelles on fonce allègrement, le système économique fou et destructeur, rien ne sera modifié après le départ d’un président américain, exécrable certes, remplacé par un autre d’allure plus sympathique, mais sans plus.
Bernard Guetta en peut plus, il a attendu l’élection, il peut mourir content. Le messie est là. Le prix Albert Londres s’en remettra pas. Il a vu dieu !...
D’un côté on en oublie la crise, c’est pratique pour les Reynders, Di Rupo et compagnie, d’un autre côté, l’imbécillité admirative de la presse reflète sans doute une imbécillité plus large qui frappe tout le monde de plein fouet.
Cette inconditionnalité va trop loin. C’est gênant.
Les questions que l’on pose aux lecteurs européens sur le grand homme sont d’une bêtise infinie.
L’engouement pour le chef date des pharaons. Obama est devenu dieu par croyance antique.
C’est grave ce manque de clairvoyance et de raison d’une majorité qui, ne l’oublions pas, fait la démocratie !
Ah ! il est beau le consensus…
On entre dans une nouvelle dynastie, celle du dieu vivant. Sarkozy, demi-dieu déchu, doit admirer la performance.
Ceux qui se fichent comme d’une guigne de l’élection américaine, d’abord parce qu’ils ne sont pas américains, ensuite parce qu’ils savent que rien ne changera dans la politique mondiale, ne peuvent plus s’exprimer. C’est tout juste si on ne les injurie pas, qu’on ne les accuse pas de racisme primaire.
Et encore on n’a rien vu.
Zeus n’est pas encore assis dans son Olympe.

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Les masses impatientes devront attendre janvier pour pisser dans leur froc de bonheur, quand Barak jurera sur la bible que le café crème avec deux sucres de la gentry de Washington, se prend pareil à Chicago…
On voit d’ici l’hystérie qui va s’emparer de la presse et toucher les foules ravies.
Il est vrai qu’on n’a pas trop de bonheur ces moments-ci et de pouvoir l’investir en dieu, c’est mieux.
En suivant le flot des délires de RTL et RTBF ce dimanche, la question qui tue de Vrebos n’a pas la foi de Guetta. De l’avis du plateau, rien ou presque rien ne changera de la politique américaine. Malgré tout, c’est un miracle !
Ah ! qu’on a bien fait de voter pour Barak, même si c’est moralement puisque les Européens ne votent pas.
Cependant qu’on fasse gaffe.
Les grands enthousiasmes sont des feux de paille.
Le second volet de la saga américaine ne prendra cours que le 20 janvier 2009. La faculté d’oubli est parfois redoutable. Que va faire la presse fofolle d’Obama si le public enroué d’avoir crié son amour se détourne de son idole au point de ne plus la reconnaître ? Ça s’est vu…
Et quand même serait-il fidèle jusque là, comment cet amour va-t-il résister à la dureté de la crise, aux guerres de Bush en relais à Obama, bref à la vie comme elle va et qui ne changera pas avec un homme, fût-il dieu !
C’est quand même dommage que la presse soit si sotte – enfin pas toute – et que les foules soient si soumises aux engouements et aux lieux communs.
Sans cette admiration imbécile, peut-être que Barak Obama nous aurait agréablement surpris ?

9 novembre 2008

L’obsolescence s’accélère.

Comment se fait-il que dans les partis alternativement ou conjointement au pouvoir, une mixing-machine d’Etat dispense une couleur uniforme « politically correct » à propos d’un tas de dossiers, dont celui – assez surprenant - d’une justice sociale ?
En effet, il n’y a plus ni droite, ni gauche dans ce dossier obstinément fermé. De Reynders à Di Rupo, le monde politique semblerait le rouvrir. Au point que la droite Libérale a son premier mai aussi !
On pourrait donc croire que l’arrivée d’une meilleure justice sociale n’est qu’une affaire de temps. Or, depuis qu’il y a ce consensus fameux, on sent cette perspective s’éloigner ! Mieux, la crise expose davantage les victimes du drame économique à la précarité, alors que l’Etat vole sans contrepartie au secours des banques !
Puisque la misère augmente dans un état de richesse générale, il est certain qu’entre la volonté de tendre vers cet objectif et ce qui se passe réellement, existe un abîme qui se creuse.
Les partis politiques se sont installés dans l’effet d’annonce, comme une sorte de parade de foire où il y plus à voir dehors que dedans !
Ils confondent, avec une certaine adresse, le politiquement correct et la réalité du terrain. Ils ne s’aperçoivent pas de la différence entre leur réflexion et celle du public.
Cela ne se voit pas trop en Belgique où tous les rapports entre le système des partis et l’administration de l’Etat d’une part, et les citoyens d’autre part, sont indirects. Ainsi l’autorité légale n’a jamais à rendre des comptes de son administration que de manière lointaine et sous la forme d’élections.
Les responsabilités des ministres sont diluées par les changements fréquents dans les gouvernements. Certains ministères changent assez souvent de titulaires et il est très difficile d’imputer des erreurs de gestion aux sortants et aux entrants, tant entre les décisions prises et leurs applications, le va et vient embrouille tout à plaisir.
Dans un rapport plus direct, des têtes d’affiche tomberaient régulièrement au profit des seconds rangs. Il s’ensuivrait un renouvellement des personnels. Certaines familles n’élèveraient plus des jeunes gens à la reprise successorale des députations diverses.
Puisqu’il est devenu « moderne » d’avoir dans sa vie professionnelle plusieurs emplois, il conviendrait d’en faire autant dans l’engagement politique. Il est anormal d’accomplir une carrière dans des fauteuils de députés ou de ministres ; carrière qui n’est mixte que parce que le fiston est entré sur recommandation d’attente bureaucratique dans l’Administration.
Les habitués de la représentation politique le savent bien, il est plus facile d’être politiquement correct que d’entreprendre.
La volonté floue de faire s’attarde dans la malléabilité sémantique et s’y perd. La phrase n’est faite que de mots. Les mots devraient être convertis en action. Hélas ! le produit du brillant lexique contribue au succès des gloses sans avoir à prouver quoi que ce soit.
Si l’uniformité au sommet est la règle, c’est que le pouvoir fait référence à une manière de penser et à un style de vie qui est essentiellement le produit de l’université. On ne peut diriger un pays avec 50 % de responsables issus des mêmes écoles dont le métier d’avocat est la profession émergente, sans courir le risque d’une autorité uniformément autarcique.

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La pensée officielle a ainsi sur les grands sujets une identité de vue qui ne correspond pas à la sensibilité de la nation.
La règle est donc celle du barreau. Elle est d’éviter que les différents groupes sociaux puissent être offensés ou amoindris par des propos de nature à induire chez les personnes concernées une vision dévalorisante d’elle-même. Bien entendu, comme dans toute partie civile, quand une source contraire est bien établie, au nom de la Nation, on réclame la peine de mort. Mort à l’insécurité, lutte sans merci pour rendre la ville à ses habitants, le terrorisme vilipendé, etc.
Ainsi, on aura l’art d’exposer la volonté de faire sans mettre en cause les bourgeoisies locales, en désignant l’ennemi ailleurs, en prenant soin d’éviter de prendre parti sur les rapports tendus entre le capital et le travail, les rapports de l’argent sale avec la haute finance, et en général tout ce qui toucherait davantage le citoyen dans sa quotidienneté, si on prenait la peine d’aller y voir.
La rectitude politique n’est que l’amalgame d’une série d’idées clés en fonction des circonstances, dont le but est de durer dans le pouvoir.
Nous sommes arrivés à la limite d’un système. Nous en avons démonté les rouages. Est-il transformable, peut-on le réparer, doit-on le casser ?
Les années qui vont venir seront cruciales et déterminantes.

8 novembre 2008

La social-démocratie, c’est fini !

Ce n’est pas en Belgique, mais en France. Vous pensez, en Belgique !... le PS : une mauvaise pièce d’Alfred Jarry. Qui est le Père Ubu et la Mère Ubu ? Ne dites pas que vous l’ignorez.
En France, ils n’en étaient pas loin.
Un premier secrétaire usé par le pouvoir et les échecs soutenait un maire de Paris prétentieux et franchement libéral, trop même, et fort maladroit depuis trois semaines après son cri du cœur pour un capitalisme moderne. Vlan, voilà l’effondrement des Bourses et tout le système par terre.
A la distribution des rôles, un vieux loser, aigri par sa défaite à la présidence de la République, battu dès le premier tour par Jean-Marie Le Pen, honte suprême, et revenu donner la leçon rue de Solferino, histoire de pousser Delanoë. Décidément, quand Jospin parraine, le filleul est mal.
Une Martine Aubry forte des voix du Nord, désirant ne pas tomber dans l’oubli, et se mêlant aux éléphants à la recherche d’un vieux mâle complaisant… elle tombe sur Rocard !
Et Ségolène Royal, populaire, rayonnante, ne refusant pas le show et la montre en parade, avec ce petit côté crâne des femmes bafouées et qui veulent leur revanche.
Motion A de Bertrand Delanoë ; Motion B du pôle écologique du PS ; Motion C de Benoît Hamon ; Motion D de Martine Aubry ; Motion E de Gérard Collomb et Ségolène Royal ; Motion F de Franck Pupunat.
La scène est à Paris au club des misogynes. Hollande, le premier secrétaire pour quelques jours encore, critique son ancienne compagne, mère de ses enfants. Les autres approuvent son manque de retenue et son inélégance…
Au dernier acte, le petit monde est traumatisé par la victoire de celle qu’ils haïssent parce que son parcours n’est pas celui ordinaire de l’appareil. C’est tout le PS, ça, réclamant le changement et plus traditionaliste que lui, tu meurs !
Le résultat est une défaite pour le maire de Paris, l'appareil et François Hollande. Delanoë faisait figure de favori. Une fois de plus les sondeurs ont publié des sondages qui se sont révélés faux. Comme ils le font souvent, les sondeurs s’étaient sondés eux-mêmes !
Bref, la motion de Ségolène Royal passe largement avant le duo Aubry-Delanoë, enfin la motion « la plus à gauche » fait quand même 19 % des électeurs.
Bien entendu c’est la consternation de ceux qui battus, comprennent mal qu’ils puissent l’être.
Certes, Aubry pourrait s’associer à Delanoë, même après les vannes qu’ils se sont lancées. Mais, si cela se fait, c’est peut-être la fin du PS !...
La balle est dans le camp de Ségolène, enfin c’est ce qui devrait normalement se passer si François Hollande et ses compères jouent le jeu.
Chez le maire de Paris, ça déménage. Le porte-flingue de Delanoë, l’eurodéputé Harlem Désir, clame les vertus de son clan. Pas un mot n’est dit pour féliciter les vainqueurs. On n’est pas au Congrès démocrate américain. Ils veulent la peau de la star.

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Hollande joue de son physique de bon gros, pour faire croire qu’il n’en veut pas à son ex et que surtout ça ne l’influence pas dans son choix de Delanoë. Alors il aurait dû rester neutre et ne pas donner son avis. Il l’a fait. Avec Jospin, ça fait 2 losers…
Les autres, on ne les entend guère. Dominique Strauss-Kahn remonte son caleçon à New-York, Laurent Fabius s’est rangé des voitures et Jack Lang se démaquille devant la glace de son cabinet de toilette sans oser se regarder.
Et c’est le Congrès de Reims qui va digérer cela et dire que c’est Ségolène la patronne ! On a peine à y croire.
Difficile en tout cas. Pourtant c’est ce qu’il reste à faire, sauf entourloupette de dernière minute.
Sinon, plutôt que l’Internationale, que la cabine du son prépare « Le cimetière des éléphants » d’Eddie Mitchell.
Il y a dans le texte et ensuite dans les déclarations de Ségolène Royal une petite phrase qui choque les vieux libéraux égarés dans le parti socialiste (qu’ils soient français ou belges, d’ailleurs).
Attention, cœur tendre s’abstenir :
La social-démocratie, c’est fini !...
Et c’est cela qui est explosif dans cette motion contre laquelle se dressent les vieux charognards ; car elle condamne la politique passée et de cette condamnation pourrait ressurgir le principe de la lutte des classes.
Oui, Messieurs les ronds-de-cuir, les suceurs de roue, les propagateurs insidieux du libéralisme le plus honteux et le plus indécent que l’on ait vu depuis longtemps, la social-démocratie, comme Capri, c’est fini…
Et rien que pour cela, avec deux si : le premier si j’étais socialiste et le second, si j’étais socialiste français, j’aurais appuyé sans réserve la motion de Ségolène Royal.

7 novembre 2008

Le développement durable est arrivé…

Paul Magnette concocte une offensive avec démarcheurs et agences locales (une de plus) pour convaincre les gens de la nécessité d’économiser l’énergie. Bien entendu, il ne saurait séduire que les propriétaires de biens déjà amorti et possédant un petit capital, c’est-à-dire des gens bien installés dans une bonne situation. Les autres, les locataires sont évidemment à la merci des Sociétés de Logement, à moitié faillies et les propriétaires féroces qui vivent de la chair de leurs locataires. Mais qu’importe, pour Paul-le-Bel de ce gouvernement : « On franchirait ainsi à la fois un obstacle technique : la plupart des gens restent étrangers à ces plans d'économie d'énergie, et un obstacle financier, en les intégrant dans un contrat dont ils seraient les bénéficiaires en peu de temps. »
Le ministre le plus séduisant du staff est relayé par les industriels qui sentent l’argent comme les sourciers, la poche d’eau.
Electrabel vient de distribuer un prospectus baptisé « Le magazine de l’énergie et du confort »
appelé à faire, sans doute, une belle carrière dans l’esprit des gens, sans que le caractère purement publicitaire ne soit trop apparent.
L’idée, c’est de faire croire qu’Electrabel à la solution idéale pour l’énergie future.
Le style fait penser aux rapports de la Banque mondiale et de l’UNESCO.
Electrabel y assène ses vérités de façon péremptoire et sans vraiment laisser une chance aux gens de devenir intelligents par eux-mêmes.
C’est un enthousiasme qui fait plaisir à voir. Les termes rassembleurs au-dessus de chaque rubrique ne laissent aucune place à la controverse.
Rien que sur la couverture, on est fixé sur les qualités exceptionnelles de la démarche.
« Développement durable : ensemble pour moins de CO². », qui serait contre ?
On a tout compris de suite « Développement durable ». Ce n’est pas la peine d’insister puisque c’est pour durer. Ainsi on économise sur la façon de stocker nos richesses grâce au « développement » puisqu’il est durable. On a quasi la certitude que « durable » veut dire « infini ». On accrédite dans l’esprit des gens l’idée que le développement sera propre, c’est-à-dire sans épuiser la nature, qu’on respecte comme sa promise avant le mariage, etc.
L’objectif est atteint du premier coup. Le développement sera de nature à augmenter les richesses, donc d’élever le niveau de vie. Pour un peu, on se croirait condamner à vivre un progrès qui ne s’arrêtera pas, même si on le voulait !
Mais Electrabel va nous tuer de bonheur avec trop de progrès !...
« Ensemble » nous associe à ce projet. Sans nous demander un accord qui va de soi, ainsi nous ne pouvons pas nous débiner. Et c’est normal puisque nous sommes des gens respectueux de l’environnement et que nous souhaitons arrêter notre manie pas très écologiste de produire du CO² à longueur d’année.
Maintenant que tout est en place et bien préparé qu’est-ce qui va produire le miracle ?

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Les panneaux solaires et les éoliennes.
Evidemment, tout devient clair, en même temps que rien n’est moins sûr que ces deux ajouts indispensables à notre avenir en rose soient de nature à aider le monde occidental dans sa soif de développement.
Les cellules photovoltaïques permettant la production d’électricité à partir d’énergie solaire sont principalement constituées de silicium. Or, l’obtention de ce semi-conducteur à partir de la silice nécessite de très hautes températures, et donc une dépense énergétique phénoménale. De plus, la purification de la silice requiert l’utilisation de produits chimiques toxiques. Ensuite, restent des étapes un peu moins énergétivores, tels les transports, l’installation et le recyclage des produits chimiques issus de la production. Malgré tout, en 2 ou 3 ans, un panneau aura produit assez d’énergie pour compenser celle qui a été dépensée pour sa fabrication. Il se dégrade, se ternit et finit sa carrière entre 15 et 20 ans. Son prix est très élevé et dépasse la possibilité d’un petit propriétaire. La facture correspond à une certaine somme de travail, de déplacement, d’usure de voiture et de vêtements qui peut d’un autre côté augmenter la pollution faite indirectement par l’utilisateur. Le panneau n’assure pas une production suffisante de courant par temps couvert et ne fonctionne pas la nuit. Dix mètres carrés sont à peine suffisants pour assurer du courant pour le quart d’une consommation d’habitation moyenne.
Dans l’état actuel des techniques, c’est encore un gadget.
A l’échelle du particulier, les alternatives renouvelables au photovoltaïque, qui permet de faire tourner le compteur électrique à l’envers, sont rares et nécessitent des conditions particulières.
Voyons si nous n’aurons pas plus de chance du côté de l’éolienne.
Une éolienne pèse environ 30 tonnes de fer, rien que pour la nacelle, et 400 tonnes pour la tour de 40 mètres et plus, qu’il faut sortir de la fonte des hauts-fourneaux, pour être laminés en tôle d’une bonne épaisseur.
L'éolienne est constituée entre autres d'une hélice de diamètre compris entre 30 et 40m avec 3 pales (généralement en fibre de carbone) le tout imbriqué dans un rotor, dont la moyenne de durée est de 15 ans. En effet, les particules de poussières et de glace usent les pales au fil du temps ; il est évident qu'il n'est pas rentable d'avoir des éoliennes au Nord de la Norvège (glace) et dans le Sahara (sable).
Une excellente mise à la terre est nécessaire, d’où parfois d’importantes fondations ; le transformateur se doit alors d'être près du sol pour être relié aux câbles souterrains.
Evidemment, ces détails ne se trouvent pas dans la circulaire d’Electrabel.
Mais pourquoi détruire le moral des gens ?
Puisque le but recherché est de faire croire à l’illusion que l’économie qui ne peut pas stagner a encore de beaux jours de progrès devant elle dans l’écologie.
Quant à remplacer l’essence par l’huile de topinambour, si vous voulez que les légumes ne deviennent pas hors de prix, ne mettez pas cette idée dans la tête des cultivateurs !

6 novembre 2008

Royauté bananière.

Les télés qui poussaient à nous faire veiller pour être dans la nuit aux premières loges de l’élection présidentielle américaine se sont fourré le doigt dans l’œil.
C’est un flop général.
A force de prendre le téléspectateur pour un con, nos éblouissants ont fait un bide.
Non seulement on s’en fout, mais en plus, le vent de lassitude commence à être perceptible même chez les inconditionnels du pays de la liberté suprême du marché.
Les prévisionnistes sont accablés, alors que le bon sens aurait dû éveiller leur attention.
Un événement prévisible, comme l’élection américaine qui a lieu tous les quatre ans, c’est comme les Floralies Gantoises tous les 5 ans, on s’y attend. Il a lieu, bon, c’est toujours entre les Démocrates et les Républicains, en plus c’est de l’autre côté de l’Atlantique !
Pourtant les médias espéraient beaucoup cette fois-ci. Vous pensez, un métis !
La population qui côtoie depuis cinquante ans des gens de toutes les couleurs, dont les mariages mixtes ne se comptent plus, pourrait s’étonner de l’étonnement des médias. Les médias doivent-ils digérer leur ancien et tenace racisme pour s’émerveiller ?
Ce que la population considère comme allant de soi, est-ce si difficile à assimiler dans les hautes sphères ?
On se demande.
Qu’est-ce que l’arrivée au pouvoir d’Obama plutôt que MacCain va changer pour nous, Européens ?
Et même pour les Américains ?
La crise n’est-elle pas là pour tout le monde et les solutions préconisées par l’un ou par l’autre pour la résoudre ne sont-elles pas presque identiques ? C’est entendu, on a là un président exceptionnel ! D’abord, qu’en sait-on ?
Bref, les gens sont allés dormir après avoir éteint la téloche à la fin du match de foot ou le feuilleton du mardi soir.
Je ne dis pas qu’à force d’être aiguillonnés par l’enthousiasme de nos chaînes TV, nous ne nous soyons pas déterminés pour Obama. Nous avons salué en lui « l’homme qui a réussi » et même poussé un petit cri de plaisir en faveur des gens de couleur trop souvent méprisés, mais, à part ça, les soucis quotidiens, le chômage, la crise, la misère qui monte, ont vite repris l’essentiel des inquiétudes et des interrogations.

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Une chose certaine, Obama a su y faire pour sa petite propagande. On ne sait pas s’il sera un bon président, mais ce qui est sûr, c’est un bon commercial. C’est toujours ça…
A peine avons-nous souri devant les chiffres de l’audiométrie et le désarroi d’un TF1 qui continue sa lente descente dans les sondages, malgré les élections, malgré Laurence Ferrari, la pauvre, surnommée Fiat 500, alors que la direction a fichu à la porte Poivre d’Arvor au bon moment pour lui, puisque le verglas avait déjà pris sur la pente. Enfin nous avons ri carrément au nouveau surnom de la même Laurence par le Canard Enchaîné : PPDA (Petite part d’audience).
Par contre, si on veut bien lâcher un moment la situation alarmante en Europe des suites de la crise boursière, transformée en récession grave, pour voir ce qui va se passer après les élections aux USA, force est d’imaginer la déception de la politique d’Obama que la population pauvre et principalement noire aura nécessairement dès le 20 janvier 2009 passé et ce pour bien longtemps. Ce type n’est pas un sorcier, il ne va pas changer grand chose. Malgré sa couleur de peau, il est issu de la grande bourgeoisie. On a vu comment tournent court certains engouements. La déception des Français trois mois à peine après l’élection de Sarkozy, est encore présente aux esprits.
Enfin, ne troublons pas trop les jours de fête. Ils vont devenir une denrée rare.
Restons lucides et sur nos gardes.
L’élection est une bulle d’oxygène dont profite nos grands chefs qui élucubrent dans l’armistice inattendu leur nouvelle tactique afin de nous manger tous crûs ; car, enfin, va-t-on poursuivre les dons d’argent aux banques prélevés sur nos salaires futurs sans contrepartie ? Et la Belgique fédérée, on en est où ? L’explosion de la haine raciale flamingante sur un terrain de football à Tubize est venue à propos nous remettre les pieds sur terre.
A choisir entre la guerre sainte des Flamands pour la défense de l’idée qu’ils se font de l’inviolabilité de leur territoire ou l’affrontement des classes sociales dans la guerre économique qui se prépare, les Autorités avec la complicité des partis et de la FEB préfèrent cent fois les échauffourées linguistiques.
Enfin, qu’est-ce qu’un Etat, si mal barré, fait avec la multitude de gouvernements divers, les autorités dispersées, les nombreuses casquettes, comme si nos politiques étaient la réplique parfaite de l’armée mexicaine du temps d’Emiliano Zapata !
Quel est l’Homme d’Etat qui va enfin se pencher sur les coûts astronomiques de cette royauté bananière ?
Voilà ce que les gens pensent de « l’événement » médiatique.
Désolé, mais vous ne réussirez pas à nous détourner des vrais sujets d’actualité.

5 novembre 2008

Fou ou voyou ?

Voilà qui est réjouissant !
De nouvelles places vont être créées (44) pour accueillir des jeunes délinquants qui souffrent de problèmes psychiatriques.
Et ce n’est pas tout !
L’Etat providence promet d’augmenter le nombre de places fermées pour mineurs (IPPJ fermées comprises) en Communauté française qui passera de 85 actuellement à 120 en 2009 et 240 en 2012, soit près d'un triplement en 4 ans.
Ah ! comme ils vont être bien les jeunes qui flanchent ! Passer de 120 à 240 en 2012, voilà un fameux pari sur l’avenir !... Quelle confiance pour demain, on en est saisi !... Comme on pense à eux ! Qui a dit que la Communauté ne s’intéressait pas aux problèmes de la jeunesse délinquante et immature ?
Et à qui doit-on ces merveilles hôtelières et hospitalières ?
La ministre de l'Aide à la jeunesse de la Communauté française, Catherine Fonck, a trouvé le seul moyen adapté à notre société d’idiots prétentieux d’aider la jeunesse comme son mandat l’indique : l’enfermement.
Les juges sont soulagés, ils vont pouvoir fourrer au trou quelques jeunes de plus. Ils n’en pouvaient plus de relaxer ceux que la police amenait au fur et à mesure et qui ressortaient le jour même goguenards et résolus à remettre le couvert.
Il n’y aura rien de changer ? Si, il y aura 35 jeunes de plus au gnouf.
Comme ce n’est pas beaucoup, il faudra sélectionner ceux qui risquent de faire monter la fièvre des foules indignées, si on les laisse vaquer dans la nature.
Autre héros de la solution idéale, Rudy Demotte (PS), figure légendaire du bien propre sur lui et du bien dire, à défaut du bien penser, socialiste à ses heures de loisir. Comme c’est un workaholic convaincu, son âme libérale n’en est pas assombrie.
Mais il y en a d’autres, pour concocter un pareil programme, il était nécessaire de créer un consortium des « têtes de proue ».
Avec le ministre président, la ministre advienne que pourra de l’égalité des chances, Christiane Vienne, en charge de l'Infrastructure hospitalière psychiatrique en Région wallonne, a sans doute voué sa vie à l’échec, puisqu’elle camisole d’abord, et dialogue ensuite.
Enfin, enfin… pour la bonne bouche, la ministre fédérale de la Justice, Laurette Onkelinx, qu’on ne présente plus.
Elle rêve d’une vaste prison qui d’Arlon à Ostende couvrirait l’ensemble du pays. Il y aurait des flics îlotiers et un maton par immeuble. Elle a déjà commencé par rafler toutes les armes que la population détenait pour se défendre, dans l’incertitude où est la foule que la police précède jamais le crime… Alors, fou ou voyou, il n’y a surtout pas un stade intermédiaire qui s’appelle l’éducation, parce qu’un jeune éduqué est plus dangereux encore qu’un jeune désespéré, attendu que l’espérance se fait toujours par une projection dans l’avenir qui verrait une autre projection, celle de Laurette Onkelinx gagnant la sortie sous les sifflets…
Ainsi donc le « mal vivre » est devenu le « mal de vivre » qui se soigne à l’aide du pied au cul. Tous les psy vous le diront, flanquer en cabane n’a jamais guéri personne. Au contraire, on fabrique un plus en y macérant. On y entre délaissé par la société. On en sort bête féroce.
Et c’est à une socialiste qu’il faut dire cela, si ce n’est pas malheureux !
Quand on pense que c’est avec des programmes pareils que ces éminents se feront réélire aux prochaines élections. Il y a de quoi se poser des questions sur la nature de la société que ces loustics renforcent par leurs actions.
On se demande qui relève vraiment de l’hôpital psychiatrique ?
Marc Coupez, un zigue porte seringue de la ministre Fonck, cherche une candidature pour ses onze lits supplémentaires dont bénéficieront les dingues wallons. Pour une fois, Di Rupo qui fourre tout à Mons n’en veut pas dans sa ville.
Les troublés du comportement gouvernemental nous rassurent. Les rues seront plus calmes. Les grèves moins ardentes. Les prises de position après les subprimes et le délitement des banques moins agressives à l’égard des VIP, classés « grands voyous » avec un départ à 10.000 euros le mois, pour lesquels on n’a pas encore trouvé des hôpitaux psychiatriques et des centres fermés quatre étoiles.

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La décision politique qui vient d'être prise répond au besoin de places supplémentaires au nord comme au sud du pays, n’en doutons pas.
Les prévisions ne sont pas bonnes. Des rumeurs circulent selon lesquelles le chômage pourrait exploser. La jeunesse, première victime de la crapulerie légale, doit absolument être protégée d’en haut, par d’humbles icônes. Elle ne doit pas prendre exemple de la classe politique, Karel De Gucht, Ministre des Affaires étrangères, est un mauvais exemple.
Ce qui se passe dans nos instances supérieures est trop délictueux. Il est nécessaire que l’Etat mette à disposition des locaux, des sœurs Emmanuelle, formées d’urgence et bénévoles. Ces filles de Dieu sont apaisantes. Elles prêchent le renoncement.
Juste ce qu’il faut à Vienne, Fonck, Demotte, Onkelinx pour mener à bien la seule politique qui se puisse être dans le calme et la discipline : au trou les sauvages !

4 novembre 2008

Le père Noël écologiste.

Voilà tous les partis politiques convertis à l’écologie !
Pourquoi ? Parce que le concept est porteur… A par quelques riches insouciants, personne n’aime jeter et gaspiller, malgré l’avis contraire du principe de consommation. Cela flatte notre goût de l’économie et de la durée. Tiens ! ça tombe bien, il faut « protéger » la planète qui « souffre » de notre insouciance. Nous devons donc « l’économiser » pour les générations futures.
Si l’on ajoute à cela l’inquiétude de l’avenir avec en toile de fond la crise économique, on aura tout compris du nouveau « challenge » qui nous anime.
Les écologistes sont ravis. Ils sont enfin entendus. Les gens de droite et de gauche, pour une fois d’accord coiffent aujourd’hui les promoteurs de l’écologie sur le fil de la surenchère. D’astucieux industriels pensent leurs bidules « plus verts », « plus propres ». Les publicistes embrayent sur le nouveau filon. Ségala, ce Fregoli de tous les coups juteux, voit des éoliennes partout.
Qu’en est-il exactement ?
Les prévisionnistes du monde de demain sont comme les économistes, ils n’en savent rien et quand ils supposent le pire, ils n’ont garde de le dire. Au contraire, le message qui passe est en gros le suivant « si on ne fait rien pour/contre… (ici on peut inscrire forêt, réchauffement, eau potable, couche d’ozone), ce sera trop tard dans… (5ans, 10 ans, 20 ans, etc.)
Alors, on fait semblant de faire et tout le monde est content, jusqu’à l’année suivante, « année cruciale » au cours de laquelle le prévisionniste reprend le texte de l’année précédente, la seule modification, à la baisse ou à la hausse, est le nombre d’années avant la catastrophe.
Depuis la découverte de l’écologie par les partis, nous consommons l’Amazonie, « le poumon vert du monde » à concurrence de 100 surfaces de terrain de foot par jour. Les surfaces boisées partent en brûlis. Le trou de la couche d’ozone ne cesse de grandir. La mer monte !
Non pas que ces problèmes soient négligeables, au contraire, mais de la manière dont ils sont traités par la faute de notre système économique, on sent bien que nous n’en pourrons pas venir à bout.

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L’injonction d’une coordination internationale de s’engager dans « une croissance durable plus rapide qui favorise les pauvres », « une croissance économique viable qui ne porte pas atteinte aux ressources naturelles dont les générations futures auront besoin » est la parade avant spectacle d’une représentation sous le chapiteau du plus grand cirque du monde, celui du consensus des Nations pour la plus vaste hypocrisie qui soit. La croissance économique dont les pays pauvres plus que les pays riches ont la fringale n’est pas compatible avec le respect des « ressources naturelles dont les générations futures ont besoin ».
Nous ne pourrions pousser l’indécence jusqu’à refuser une vie plus confortable aux Chinois et aux Indiens, sous prétexte que leur ambition va mettre le point final à la destruction de l’environnement des hommes !
Notre croyance irresponsable en la croissance comme moteur principal de l’économie mondiale va jusqu’à priver d’espoir les populations misérables ! Bien sûr, cela ne se dit pas ainsi. On ne va pas leur dire, à présent que nous avons presque vidé le monde des ressources naturelles à notre seul profit, qu’il s’agirait que les déshérités de la planète continuent à se serrer la ceinture pour que nous puissions vivre encore un temps notre rêve américain ! En attendant, apprenez l’écologie, étonnez-nous !
En réalité, le monde est fini.
Le système est inamendable et nous le savons bien. Traiter le monde à travers la sacralisation de la croissance comme nous continuons à le faire, c’est le condamner à disparaître.
Les écologistes, qui vivent à l'aise dans le capitalisme, sont des menteurs.
L’appel à la croissance « propre » et la lutte contre la pauvreté sont des formules qui relèvent de la magie, des sortes de fourre-tout à prières pour une génération qui ne sait plus faire marche arrière. C’est tout juste bon pour le moral des gens qui reçoivent le gaz de Russie, le pétrole du Golfe et qui ont encore un peu de bon temps devant eux pour voir venir la fin des vaches grasses.
Au reste du monde, on raconte que le gâteau de Noël pour tous s’agrandira indéfiniment pour nourrir jusqu’à l’univers. La question de réduire les parts dévolues aux boulimiques relève du conte de fée.
Il y a même un savant fou dans l’émission de « C dans l’air » sur la 5 qui a prétendu que la terre pouvait nourrir jusqu’à 20 milliards d’hommes !
C’est l’effet de répétition de la mélodie incantatoire chère aux écologistes et au reste du monde désormais Al’Gorien.
A force d’être dite, cette farce a fini par convaincre les Occidentaux. C’est le propre des discours internationaux. Alourdis de nos réplétions, la « lutte contre la pauvreté » est compatible avec tout et son contraire : le sauvetage de la planète et la croissance « nécessaire » à nos économies malades.
La seule concession, que les mages du capitalisme « avancé » nous accorderont, sera de travailler plus, pour gagner moins. Le tout est de savoir où iront nos heures supplémentaires ?
Peut-être dans le financement des terrains de football qui font reculer la forêt amazonienne et surtout pas pour aider les pauvres gens dont le destin est tracé à l’avance.

3 novembre 2008

Descente aux enfers.

Personne n’a soulevé le lièvre : capitalisme et économie de marché ne sont pas synonymes.
Nos sociétés se gargarisent de mots, se distribuent des étiquettes. L’étiquette ne désigne pas le produit ! Le libéralisme n’est pas la démocratie, non plus !
La démocratie n’est pas fatalement associable au libéralisme. Par certains aspects, elle en est fort éloignée. Quant à la liberté, il ne s’agit pas de la liberté de l’individu, mais la liberté d’entreprendre. Ces deux libertés marchent rarement ensemble.
Les partis politiques sont en désaccord sur beaucoup de points, sauf sur le choix de notre destin économique.
Nous ne parlerons pas des spéculations boursières. Les capitaux se placent dans les entreprises qui emploient en fonction de leurs besoins. Selon une formule qui date du début de l’ère industrielle, les travailleurs louent leur force de travail aux entrepreneurs.
Alors que le politique s’occupe des rapports entre les employeurs et les travailleurs, il est tout de même curieux que jamais personne ne se soit intéressé à ce mariage antinomique et moyenâgeux, du capital et du travail, autrement que de la manière actuelle de régler les conflits qui en résultent.
Il est bon de rappeler le caractère spécifique du capitalisme, système fondé sur la propriété d'une minorité privilégiée des moyens de production.
La majorité des citoyens n’est pas propriétaire. Elle est contrainte de vendre sa force de travail. Elle ne dispose pas librement des moyens de production. Le contraste entre les deux positions, celle du possédant et celle du possédé définit le capitalisme dans sa partie la plus perverse. Le marché n'est rien d’autre que les flux d’offres et de demandes, de travail et de spéculation qui en découlent.

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Le propre du capitalisme d’aujourd’hui, c’est de se situer en-dehors du marché, dans l’inviolabilité de la propriété privée. Quand nos politiques parlent des contraintes du marché, comme c’est souvent le cas en ces jours de crise, le capitalisme n’est pas en cause. Il n’est même pas responsable d’une faillite puisqu’il se situe ailleurs, étant entendu que dans les petites entreprises, c’est le patron qui est en première ligne et qu’il ne fait pas partie du réseau.
C’est donc un tas de tôles, des machines et les outils mis à disposition d’un savoir faire, avec l’infrastructure, et le personnel, cadres compris, qui sont les seuls en cause.
Le fait majeur de ce début de XXIme siècle est la disparition de la classe moyenne supérieure, réduisant celle-ci à quelques unités en voie d’extinction et l’avènement d’une classe moyenne supérieure non productive : personnel politique, haute administration, blanchiment, boursicoteurs, actionnaires, etc.
Le prétexte prévalant aux rapports entre les travailleurs et les détenteurs des locaux et machines, n’est plus fondé, le contrat étant vicié par un troisième larron qui n’apparaît pas et ne prend pas les risques qui découlent de toute l’activité, transformant le capitalisme dans lequel nous nous croyons, en une tripartite qui reste à définir.
Les dominants du grand capital financier régulent les marchés à leur seul profit
Les immenses réserves des capitaux résultant du profit leur donnent un pouvoir unique dans le façonnement des marchés. Ils les modifient à leur guise. Actuellement, c'est l’oligopolistique qui domine le marché financier. Mais, il n’est pas dit à l’aube de la raréfaction des richesse naturelles qu’il en sera toujours ainsi.
Ces richesse naturelles n’enrichissent pas les populations qui vivent sur les terres exploitées. Au contraire, elles sont victimes des spéculations entre « mondialisateurs ».
Les maîtres du monde commandent les investissements décisifs dans les branches dominantes de l'économie, les investissements à l'étranger, le grand commerce international des produits de base, la recherche technologique de pointe, les fusions etc.
Les économistes et des hommes politiques qui acceptent comme un bienfait la mondialisation en marche, devraient plutôt s’inquiéter des décisions qui échappent aux volontés des Communautés.
L'État se soumet à la haute finance. C’est une démission. Un aveu d’impuissance, lorsque les responsables évoquent la nécessité de s’adapter.
Plier les populations au nouvel ordre mondial, en dit long sur la veulerie de ceux qui gouvernent.
Vous me direz, le moyen de faire autrement ?
A combien de millions de pauvres estime-t-on la révolte des masses possible en Europe ?

2 novembre 2008

Bonnet noir et blanc bonnet.

Rarement on a vu en Europe un engouement des médias aussi grand pour un des candidats à la présidence des Etats-Unis, en la personne d’Obama.
Puisque Bush, est républicain, le meilleur successeur est nécessairement démocrate. Ce raisonnement a été aussi celui du staff d’Obama.
Si j’étais Américain à l’heure du choix, à trois jours du scrutin, je dirais que je suis perplexe et que je ne sais pour qui voter. Comme je suis Européen, mon opinion fait que je m’en fous ! Qu’ils élisent qui bon leur semble. Ce n’est pas le choix de l’un ou de l’autre qui fera que les Etats-Unis auront une autre politique. Ce n’est ni McCain, ni Obama qui changeront quoi que ce soit à la crise capitaliste.
C’est surtout la personnalité d’Obama qui inquiète. Il fait penser au président bling-bling français. Son principal discours, enfin le thème qui a dominé la campagne sur lequel il est revenu sans cesse est celui de Sarko : je ne vous mentirai pas, je serai à votre écoute, je ferai la politique du pouvoir d’achat, etc. C’est Obama le « boss » sur les chaînes de télévision, jetant des dollars à profusion, saturant les radios, envahissant de ses partisans les villes et les campagnes américaines pour forcer la main des électeurs.
Je ne veux pas dire que McCain la joue plus modeste, mais ses moyens ne sont pas comparables. D’ici à ce que son style passe pour ringard et sa timidité pour être celle d’un has been, il n’y a qu’un pas, que nos médias farouchement obamanistes franchissent. La leçon qu’ils ont reçue du président français ne leur a pas suffi. Ils en redemandent, et même si c’est en Amérique, ils prennent parti pour le clinquant et ils applaudissent. Trop n’en faut. On verra si l’excès convainc comme en France.
Mais le tapage a fini par me convaincre qu’Obama sera probablement le successeur de Bush, tout en restant indifférent à ce que ce soit lui ou McCain.
Se souvient-on encore de la manière dont l’actuel président réussit à s’imposer à l’élection présidentielle qui l’opposait au Démocrate Al Gore en 2000 ?
A la limite, on peut élire un président aux States avec 30 % seulement de suffrages des électeurs !
C’est une des bizarreries des élections aux Etats-Unis.
Le président est d’avantage l’élu de l’Union des Etats que celui du peuple. La structure fédérale donne à l’élection du président une originalité particulière à la démocratie américaine, mais que nous comprenons fort bien en Belgique, dans la complexité de notre fédéralisme.

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L’élection du président des Etats-Unis se fait au suffrage « indirect ». Ce système est unique dans le monde. Loin d’être parfait, il présente quelques anomalies antidémocratiques.
Son ancienneté d’abord, il est plus ancien que le Code Napoléon puisqu’il a été instauré en 1776.
Le candidat obtenant le plus grand nombre de voix dans un état, reçoit la totalité des voix des Grands électeurs de cet Etat. Le système des Grands électeurs est régi par la section 2 de l'Article 1 de la Constitution. Le nombre des Grands électeurs de chaque état est fonction du nombre d'élus de cet état au Congrès : soit deux sénateurs et un nombre de députés proportionnel à la population de l'état. A l'heure actuelle on compte 538 Grands électeurs, soit 100 sénateurs (2 dans chacun des 50 Etats de l'Union) et 435 représentants, auxquels il faut ajouter, depuis 1964, trois électeurs du District de Columbia.
Le Président des Etats-Unis est donc élu au suffrage universel selon un scrutin à deux degrés : celui du "vote populaire" en novembre et celui du "vote électoral" en décembre :
Dans chaque Etat, les citoyens électeurs votent pour une liste de "Grands Electeurs" du parti soutenant le candidat de leur choix à la présidence. La liste qui obtient la majorité des votes populaires emporte tous les mandats attribués à l'Etat.
Le vote électoral est émis par les "Grands Electeurs" élus au suffrage universel dans chaque Etat ; chaque Etat a autant de "Grands Electeurs" qu'il a de députés à la Chambre des représentants du Congrès + le nombre invariable de 2 sénateurs ; le chiffre des représentants dépend de l'importance de la population de l'Etat.
Les partis politiques nomment leurs Grands électeurs lors des Conventions politiques. Un Electeur ne peut pas faire partie du Congrès ou être membre d'un bureau fédéral. Les Grands électeurs se réunissent le premier lundi qui suit le deuxième mercredi de décembre, pour élire officiellement le Président et le Vice-Président des Etats-Unis. L'élection a lieu à la majorité absolue, soit 270 voix sur 538.
Les listes des votes des Grands électeurs sont certifiées et scellées, et transmises au Président du Sénat. Ce dernier les ouvre le 6 janvier lors d'une séance exceptionnelle, en présence des Sénateurs et des Représentants, pour quantifier les votes. Si aucun candidat n'obtient la majorité absolue, la Chambre des Représentants désigne le vainqueur.
On voit comme ce système écarte finalement l’électeur de base, le relègue derrière le grand électeur. C’est l’aboutissement de l’ancienne méfiance de ceux qui gouvernent à l’égard du peuple.
C’est un des sommets de l’hypocrisie de la démocratie par délégation.
En Belgique, nous déléguons aussi notre pouvoir aux partis qui en font ce qu’ils veulent. Et ils ne s’en privent pas. C’est un point de convergence que nous avons avec les Etats-Unis.

1 novembre 2008

République des Livres et Rebuts de presse.

A part les propriétaires des moteurs de recherche et les hébergeurs, comment les blogueurs se font-ils du blé ?
Non pas que je veuille me payer des vacances aux frais de la princesse, mais parce que mon naturel méfiant me porte à croire que le geste gratuit n’est qu’un leurre qui sert à endormir la méfiance de certains lecteurs tatillons. Si l’on excepte des milliers de blogs d’une gratuité parfaite instrumentés par des internautes innocents, comme dans toute invention en expansion, il doit bien y avoir quelques grands fauves tapis au point d’eau qui boulottent de bon appétit les brebis égarées « to draw one’s sword ».
A côté du plaisir d’écrire, il y a des intérêts, dont le principal est celui tout con de faire du fric. N’est-ce pas le point de départ de toute préoccupation primaire en ces temps de capitalisme avarié ?
Ne dit-on pas qu’un artiste qui gagne sa vie par son travail a du talent ? Sortir de l’anonymat n’est-ce pas la meilleure façon de s’en persuader ?
A côté des avides, des blogueurs se taillent une réputation, avec celle de leur patron.
C’est le cas d’une grande partie des blogs dont l’intention secrète ne résiste pas à la sagacité du lecteur, lorsqu’ils ne sont pas carrément frappés du sigle du parti qui les emploie. Ils se dépensent à toutes sortes de causes desquelles ils espèrent un retour qui soit à la mesure de leur « désintéressement ». On pourrait imaginer que j’ai un compte dans certaine officine qui voit dans le parti socialiste une des sept plaies d’Egypte. Personne ne devinerait en moi, l’amoureux déçu d’une gauche victime depuis les années 60 d’une social-démocratie, co-responsable aujourd’hui de la débâcle économique.
Et pourtant…
Les blogs à caractère culturel n’échappent pas au péché mignon du faire-valoir de service. Il y a là un filon déjà exploité par les journaux. Parmi les hébergeurs de qualité, on peut citer le journal Le Monde. Le prestige du journal attire le lecteur et si en plus le blogueur est un critique connu, il n’y faut plus grand chose pour que la publicité assure les fins de mois de l’utilisateur.
La notoriété s’acquière rarement sur le seul contenu d’un blog, même s’il est de qualité. Il y faut un parfum extérieur, une école prestigieuse, un gros scandale, une parenté opportune ou un peu de talent. Celui qui, malgré les atouts de l’hébergeur renommé et des murmures flatteurs de l’establishment, fait un flop, il aura bien du mal à trouver un nouvel hébergeur du renom de celui qui l’abandonne.
En littérature-papier, c’est pareil. Christine Angot doit se faire du mouron après son dernier couac sur ses amours avec Doc Gynéco, à moins qu’elle ne soit la deuxième pantoufle du chien de Sarko, la première étant réservée à son sigisbée…
D’abord, être connu ou pas, là est la question.
Quand on s’appelle Pierre Assouline, c’est facile. Le journal Le Monde choie son blog, au point de faire de son créateur un pigiste. Le succès est assuré.
La République des Livres de Pierre Assouline est un blog évidemment de qualité et intéressant dans la manière de présenter les livres. Justifie-t-il pour autant l’engouement du public au point d’en faire un must parmi les blogs du genre ?
C’est toute l’ambiguïté d’un travail rémunéré. L’auteur est-il vraiment aussi libre qu’il le dit ?
J’ai bien aimé l’hommage à Jacqueline de Romilly. La Grèce est le berceau de notre culture. Le problème, c’est que le public des blogs attend des critiques au fer rouge. Je n’ai pas l’impression que même dans des jugements plus sévères, la critique de Pierre Assouline dépasse le jeu « contenu » de l’aimable partition. Compliment ou critique, on croit lire un complément du Monde.
Le nombre des réactions du public est impressionnant. C’est un succès certain.
Qu’un blogueur aime les livres, même mauvais, n’est pas répréhensible en soi. Au contraire, il y a une solidarité qui se noue avec les lecteurs de toute sorte ; tant nous craignons tous avec Assouline que l’engeance s’appauvrisse. Même le lecteur qui ouvre un volume de Romain Sardou est sacré !
On aura beau dire qu’un livre, c’est aussi un arbre qu’on abat, le plaisir de l’ouvrir et de le lire comme on veut et quand on veut, reste incomparable par rapport au support électronique d’Internet.
Un autre blog des Livres mérite aussi une mention, c’est « Rebuts de presse » avec comme justificatif d’édition « Tous les jeudis la presse décodée par l’un des chroniqueurs du service livre du nouvel Obs. »

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Le travail est ici plus décapant. Le déshabillage des mauvais et des « bons » livres est plus alerte. Je regrette que les noms des chroniqueurs ne soient pas repris sous la forme d’un générique quelque part, ou mieux, en-dessous de l’article du jour.
Quoique je ne sois pas d’accord avec l’auteur de l’article « Ainsi parlait Sollersoustra », surtout dans l’appréciation d’un des plus grands auteurs du siècle dernier : Louis-Ferdinand Céline, il y a dans ce papier des choses drôles sur Sollers.
Sollers sait que le talent n’est pas suffisant pour vendre. Alors, il se démène pour occuper le terrain. A défaut d’être un grand écrivain, il est un bon représentant de commerce. C’est toujours ça.
En général, le manque de respect me plaît davantage qu’une courtoisie de convention.
Mes lecteurs doivent savoir cela.