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On repart en guerre linguistique !

Ça reprend doucement, ce n’est pas encore le drame, mais on se prépare.
Il s’agit, on croit rêver, du show communautaire. C’est comme ça qu’on est entre troufions d’une Belgique qui s’évapore. Le monde s’écroulerait-il ? La crise économique remettrait-elle en question le credo capitaliste ? Nos lutteurs chercheraient encore de nouvelles clés pour mettre l’autre au tapis.
Loop zo vlug mogelijk, zo lang mogelijk en zo ver mogelijk ! Ils reviennent...
On n’y peut rien, nous sommes gagnés par la linguistique qui inocule ses virus sémantiques à tout le monde.
Voici venir les amuse-bouches : les nominations de la bande des Trois, François van Hoobrouck d'Aspre (Wezembeek, MR), Arnold d'Oreye de Lantremange (Crainhem, FDF) et Damien Thiéry (Linkebeek, FDF). Personnellement, j’aurais aimé que Damien Thiéry fût noble comme les deux autres. On pourrait demander au roi ? Damien de Thiérycourt, c’est mieux, non ?
Cette idiotie de ma part n’a rien à voir avec les nominations, peut-être le goût de l’histoire ? Des manants se révoltant contre leurs suzerains, voilà qui donnerait un sens à ce qui n’en a pas.
Mais les Belges sont superficiels et centristes par nature. Ils se fichent de l’histoire ancienne et regardent mon essai de ne pas prendre au sérieux leur côté casse-couilles comme une incongruité.
Donc nous voilà repartis pour la Grande Querelle, sorte de Guerre de Cent ans dans laquelle les fransquillons se sont découvert un allier : le Conseil de l’Europe qui souhaiterait entendre Marino Keulen, ministre ô combien flamand des Affaires intérieures.
Marino a beaucoup hésité. Il voulait envoyer un avocat, mais maître Magnée n’est pas bilingue. Il va sans doute y aller en traînant la jambe.
Les mousquetaires fransquillons se sont réunis afin d’offrir un front uni à cette affaire qui n’en finit pas. L’amour de la patrie heureusement était le plus fort ; pourtant ils se détestent, surtout que la campagne électorale est proche.
Entrer en campagne sans en terminer une autre, c’est mauvais pour l’image de marque.
Comment finir cette guerre d’usure flamandissime, tant les arguments sont rebattus et obsolètes ? On croyait la querelle enfouie dans la mémoire profonde des Belges. Madame Houart roulait les drapeaux et les saupoudrait de naphtaline. Les gens étaient ailleurs à compter et recompter les actions Fortis. Eh ! bien non. La diva du patriotisme unitaire est à nouveau au balcon à hisser les trois couleurs…
Est-ce raisonnable d’accourir à la rescousse de cette noblesse périphérique (On y a intégré Monsieur Damien de Thiérycourt) afin de se vouloir Bourgmestre ! A leur âge, malgré les gildes et les joueurs de fléchettes au gras parler ? Pourquoi, jouer à l’employé d’Etat avec des porte-plumes, des papiers roses, bleus, verts et des tampons en langue flamande ? Tout cela pour légaliser la tenue d’un café ou éplucher des crevettes grises sur le marché de Linkebeek ?
Enfin, quelle différence entre « faisant fonction » et « fonction » ?
Une signature ? Et de qui ? Mais de celui par qui le scandale arrive Marino Keulen !
C’est ici que l’on voit le surréalisme belge, cette notion ténue qui fait passer notre imbécillité native pour un art.
Aussi faut-il s’attendre au pire. C’est ainsi depuis la guerre de la vache. On chipote sur des broutilles et on se saute à la gorge sans plus savoir, dix ans plus tard, quel était le motif de la querelle !
Depuis qu’on a laissé à la Flandre le choix du dialecte thiois ou du français, malgré l’élite gantoise et les commerçants anversois jargonnant vranzais, voilà ces mal appris qui ont choisi de rester crottés !
Et tandis que se forgeait dans le creuset des idiomes, la belle langue flamande, les élites gantoises et anversoises refluaient en désordre, en s’avouant vaincues.
C’est depuis cette guerre Flamando-Flamande perdue par les francophones, que nous sommes bien emmerdés.

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C’est inutile d’insister, on ne peut pas faire le bonheur des gens malgré eux.
Le flamand qui aurait pu être un dialecte parlé par quelques vieux, comme le wallon, auxquels on aurait accordé des subsides pour que le folklore ne périsse pas sous l’avalanche de la langue maghrébine, dominante dans le futur, voilà qu’il se rebiffe !
Il s’est voulu souverain maître et à part entière, prépondérant sur un sol que nous avons eu la bêtise de millimétrer et certifier intangible.
Moralité, on ne sait plus faire le ramadan tranquille en Wallonie sans être relancés par nos comtes bourgmestres de l’autre côté du Styx !
Et ce n’est pas tout ! D’une bisbille à l’autre, dès janvier, nous allons reprendre la querelle sur la région bruxelloise !
Un bienfait ressort de cette histoire belge. On ne sent pas la crise capitaliste comme nos voisins.
Lama l’a chanté : on est cocu mais content.
Voilà le plaisir, mesdames voilà le plaisir…

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