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Le sourire dalaï !...

Souriez, puisque vous êtes dans la course.
C’est un peu le conseil qu’on donne aujourd’hui à la multitude qui y croit et qui en veut, comme on dit chez les managers.
Dans les files d’attente au bonheur, il faut faire comme si.
L’angoisse réside dans la peur qu’à l’échelon au-dessus on vous suspecte de forcer sur la dose de naturel.
- Le petit Chose ne me semble pas naturel, il doit manquer de punch.
-Il cache quelque chose.
Bien sûr, il cache son envie de foutre le camp loin de cette daube où avoir l’air épanoui et heureux est indispensable.
On se jauge, on vous jauge. Etes-vous adapté à l’univers concurrentiel ?
Sous le masque du bonheur, c’est le questionnement perpétuel.
Comment suis-je perçu par mes chefs, mon directeur, ceux dont mon salaire dépend ?
Bossuet jugeait le roi en tonnant au nom de Dieu sur la corruption de la cour.
Aujourd’hui, c’est le patron sans cravate qui s’assied sur un coin de bureau et qui veut qu’on le tutoie. D’autant plus redoutable que c’est avec le sourire de l’ami qu’il peut vous priver de votre pain parce que l’entreprise a de plus en plus de mal à nouer les deux bouts, enfin c’est le prétexte « tout sourire » qu’il donne, et toujours en ami, avec une bonne franche et cordiale poignée de mains, il vous pousse amicalement à l’épaule vers la sortie, avec un ouf de contentement lorsque la porte de la rue se referme sur celui qu’il vient de congédier.
Alors, se disent les survivants de cette roue de foire sur laquelle il faut se maintenir à tout prix :
« c’est pas le moment de flancher ».
Souriez, vous êtes observé, et tant pis pour ceux qui ont l’air triste.
L’exemple merveilleux de toutes les agences d’intérim : le dalaï-Lama !
Toujours content. Des milliers de morts dans la résistance tibétaine : sourire. La Chine baîllonne un pays : sourire ! On avait le président mondain avec Sarko, avec Dalaï on a le gourou mondain…
J’en connais qui n’ont qu’un seul genre de talent : celui de se fourrer dans tous les merdiers. Un patron dégueulasse, un salaire à pleurer, de maladie en maladie, le virus rare. Merde, système dalaï : sourire. La seule recette.
Pourtant le malheureux chronique en veut aussi. Il est diplômé, plein de la bonne volonté qu’ont les crève-la-faim qui veulent manger à tout prix. Il s’est fait une spécialité d’être le réprouvé le plus doué.
Il faudra attendre le rendez-vous et l’illumination, le sacre par l’écharpe blanche, le symbole, dont le Dalaï ceint son cou, l’enrobe, l’enlace et toujours avec le sourire…
Sauvé !
A la chançarde minorité d’appelés, le réprouvé qui a trouvé la grâce va s’intégrer facile.
La grande masse des recalés a encore des centaines d’heures pour apprendre le côté Ségala des recettes, la technique pour se donner, l’amour de son bureau, la passion du meilleur, le challenge comme un coït avec miss Monde....
Le bonheur tranquille quand on est établi, rassuré, en phase, détendu, c’est OK pour lui..
Il a assimilé tout Carnegie, gagné en assurance, pris son téléphone, demandé des interviews. Il est bon pour une détente networking…
-Vous voulez ce job ?
-Oui, du fond du cœur avec toutes mes tripes.
Il a fait ça à l’américaine, en hochant la tête quelques fois pour que son « oui » soit plus approprié et avec le sourire d’un enfant qui jette son pain complet dans la cage du lion, au zoo.
Ceux qui négligent de se présenter Dalaï seront seuls responsables de leur vieillissement prématuré, de leur laideur, de leur peu d’envergure.

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Quand comprendront-ils qu’en démocratie on peut se sortir de tout, à condition de prendre sa place dans le trafic en ayant l’air d’aimer ça, tout en se foutant des règles ?
Tant qu’on pouvait croire le bonheur fait pour rêver, on repartait sans cesse pour un autre bonheur et un autre rêve, c’était un parfait article de foi à la Cicéron.
Comme c’est le but essentiel de chaque minute « exaltante » de nos démocraties laborieuses, c’est fou comme ça angoisse.
On en serait à oublier ce qu’est le bonheur, par excès de bonheur !
Je rêve !...

Commentaires

Vous osez critiquer le sourire du dalai...lui qui a tant fait pour le rétablissement de la théocratie au Tibet. Lui qui épanoui une nouvelle génération de rebelle new-age... Vilain, va!

Tu oublies de dire: quand il est Dalaï, il rit, mais quand il est Lama, il crache...

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