Terreur à Termonde.
Certes. Il y a toujours eu de ces criminels « hors du commun ». Mais, il n’y en a jamais eu autant. Quand on regarde les statistiques du nombre de détenus en 2009, sur les faits délictueux mentionnés par des psychologues dans des ouvrages scientifiques, les classements et rapports sur les déviances, dédoublements de la personnalité, pédophilies, asociabilité du lycée au chômage, etc. On ne peut pas dire que les temps présents soient les duplications du passé.
Les prisons regorgent de monde, en cause la dangereuse accélération de nouveaux facteurs criminogènes et le dérapage de l’homo oeconomicus !
Le mode de vie et la finalité sociétale dévoyée transforment la délinquance occasionnelle et individuelle en délinquances de masse (dégradation des villes, prise de drogues, hooliganisme), en tueurs exceptionnels et en bourreaux hors pairs. Les lois, les radars, les surveillances accrues, n’y feront rien.
L’Amérique est un bon indicateur de tendance. Elle a été le premier théâtre de la vague d’agressions dans les lycées et sur les campus. Depuis, le drame de l’Université de Virginia Tech, l’Amérique a fait mieux. La raison profonde réside dans le consumérisme individualiste de la Société américaine qui influence l’Europe.
Un fou qui joue le Jocker de Batman dans une crèche, ce Kim De Gelder, un névropathe, peut-être, un schizophrène développant sa psychose petit à petit dans ses rapports sociaux, son travail et ses habitudes cathodiques et électroniques, échappe à notre entendement.
Alors, pourquoi ce silence des médias et des responsables sur l’influence néfaste de la société actuelle sur les individus ?
Tueur en série, tueur de masse, instinct meurtrier, instinct suicidaire, nos deux babillards télévisuels étaient encore au coude à coude ce dimanche midi pour qualifier le monstre de Termonde.
Evidemment, les condoléances présentées, nos speakers RTLBF ont battu la campagne pour cerner à l’aide du psy de service, la personnalité trouble du meurtrier.
Des sas verrouillés, des locaux gardés, pour le futur, l’assistance psychologique aux victimes, certes, si ça peut aider… Mais se limiter aux explications des experts, c’est ne pas aller au fond des choses et rendre irresponsable une Société qui accroît les stress, les dépressions et les troubles mentaux chroniques.
Le marché fondé sur la compétition et la recherche du profit, promeut l’égoïsme et l’opportunisme, et surtout pousse les êtres aux extrêmes, il rejette les inadaptés dans une marginalité déshumanisée. Il favorise une hausse sensible de la criminalité « spectaculaire » dite de show. Pour s’en convaincre, il n’est qu’à remonter dans le passé. Les instincts criminels se sont nourris de la violence de la société capitaliste.
Avant on tuait certes, mais avec des mises en scène moins nourries de supports extérieurs. Jack l’éventreur et quelques autres furent l’exception du XIXme siècle, des précurseurs en quelque sorte.
C’est toute la panoplie des jeux meurtriers qui se vendent comme des petits pains et se regardent en famille sur l’écran plat maison, qui est en cause. Il n’est qu’à se promener dans les étages spécialisés, pour comprendre qu’en images numériques, la planète aura explosé cent fois, que les monstres sortent de partout du ciel, de la terre, des océans, des enfers, et pourquoi pas, après tout, de nous mêmes ?
Les débiles mentaux, les esprits torturés, les immatures sont légions. Qui sait l’impact que peuvent faire sur les personnes fragiles tous ces meurtres audiovisuels auxquels le joueur participe, quand, le plus souvent, c’est lui qui actionne le fusil, le rayon laser ou la torpille ?
Certains adolescents s’extraient ainsi de la vraie vie, en confondant fiction et réalité.
Les Libéraux sont pour ce genre de commerce. Il leur semble que le joueur sera plus apte à la gagne en triomphant dans les jeux du numérique.
A côté de cette perversion qui entre peu à peu dans les cerveaux des plus faibles, que dire des pervers naturels, des obsédés de la violence qui raffolent de ce défoulement par l’image ?
Eux, n’ont pas besoin que des scènes brutales brouillent leur esprit. Ils sont suffisamment sur le chemin de la schizophrénie pour anticiper dans la fiction, ce qu’ils méditent à exécuter dans la réalité. Si le jeu est excitant, la réalité leur semble encore plus excitante, enivrés par le danger réel que la véritable action leur fera courir.
Et puis, le grand écran complète le petit sur le même registre, sauf que de joueur actif, l’adolescent qui regarde un film violent, devient le spectateur passif.
Les parents le savent bien, enfin ceux que l’on peut encore désigner de ce nom, puisque la plupart des géniteurs sont devenus aussi cons que les héros sanguinaires des bandes dessinées.
L’adolescent, la pensée ailleurs qu’à l’étude du français, dépassé des simples notions élémentaires des sciences, sortira du secondaire sachant à peine lire et à peine compter. Ecrire, n’en parlons pas, soutenu dans son ignorance, par l’ignorance des aînés.
Le drame qui éclate parfois dans une classe où un prof se fait tabasser, c’est avant tout celui de la bêtise, les parents sont animés du sentiment d’être les vengeurs de leur enfant victime d’une injustice !
Animés d’une vindicte incommunicable, ces parents sont le bras armé de leur fils imbécile, comme sur les jeux vidéos.
Futur Batman, déjà spécialistes des tags, des rançons aux plus petits et, pourquoi pas, doués pour la revente de shit, certains jouvenceaux de la bêtise sont déjà de redoutables petites crapules, à la fois héros et victimes de la société de consommation !
Tous ne descendront pas au rang de Kim. Certains se sauveront eux-mêmes d’une déchéance toujours possible. D’autres trouveront en eux la force nécessaire pour recouvrer l’esprit critique que la fatalité sociale leur disputait. Ils deviendront des hommes.
Mais cette Société devra pourtant un jour nous rendre des comptes du crime de tous les autres.
Commentaires
Je vous félicite de votre analyse, cher Richard, vous m'épaterez toujours !
On a envie de pleurer de rage en pensant aux séquelles que ces enfants vont garder d'avoir vu commettre tout cela près d'eux et sur eux et qu'en attendant, on va continuer à vendre sans complexes tous ces jeux criminels et ces films, on n'ose pas s'imaginer qu'un couteau puisse servir autant de fois à faire cela, c'est inimaginable
Postée le: Dorebul | janvier 26, 2009 09:08 AM
Il n'y a pas que les jeux qui sont criminels. Voir comment la presse a relaté dans tous les détails les actes de G. Lhermite.
Et quand on voit la prolifération de psys, on peut se demander qui est encore sain d'esprit.
Postée le: Hermione | janvier 26, 2009 11:21 AM
Oui, c'est vrai, vous avez raison
Postée le: Dorebul | janvier 26, 2009 01:37 PM
Bien sûr, c'est intéressant que les experts se bougent un peu ailleurs que dans le scoutisme médical.
Il n'en demeure pas moins évident que le capitalisme fait peser sur la psyché des gens une menace non négligeable. Vous avez entendu comme moi Guy Quaden, gouverneur de la banque nationale, dans son hymne au système. Ils sont tous ainsi. Ces gens nous conduisent à notre perte.
Postée le: Richard III | janvier 26, 2009 08:19 PM
Bien sûr que lorsqu'on arrive à Rome et qu'on voit le Colysée, on se dit : "Comment est-ce possible que des milliers de personnes se réunissent comme à cette époque pour voir ce qu'on y voyait ", Enfin, c'est ce que je me suis dit et je n'y suis pas entrée ,bouleversée de
m'imaginer tout cela, maintenant, c'est mieux !! les jeunes vont au Kinépolis voir
des films d'épouvante ou de violence le dimanche après-midi, enfin j'exagère, il est préférable qu'ils aillent aux scouts cher Richard
Postée le: Dorebul | janvier 27, 2009 05:09 PM