Didier, t’as vu Maurice ?
-Il est sorti de sa Réserve.
On en rabâche avec FORTIS !
Mardi, les télés faisaient le forcing pour le « oui », multipliant les déclarations d’économistes les plus connus de Hamoir à Comblain-au-Pont, plus que favorables à la vente d’une demi bête à la BNP et l’autre demi à l’Etat néerlandais, restaient les bas morceaux au peuple le plus brave de la gaule !
Sur le trottoir du Seize, Reynders affirmait, impérieux et souverain, que c’était à prendre ou à laisser, avant de monter dans la grosse cylindrée offerte par la Nation.
Les actionnaires ont laissé.
Pensez-vous que l’artiste soit emmerdé par ses propres rodomontades ? Pas démonté pour un sou, fier comme un pou d’assurer les clients et les actionnaires de son soutien.
Qu’il le veuille ou non, c’est bel et bien l’Etat Belge qui devient l’actionnaire principal de l’usine à gaz.
Explication : les actionnaires ont dit « non » à la nationalisation à 100 % de la filiale bancaire Fortis Banque, empêchant de facto sa revente au groupe français BNP Paribas qui était censé en prendre 75 %. Mais, que notre grand argentier le veuille ou non, c’est quand même l’Etat qui récupère la patate chaude, devient l’actionnaire essentiel. C’est ce qui s’appelle une nationalisation « douce ».
L’Etat prend les tuiles et les merdes, c’est-à-dire les factures, quand ça repart, c’est le privé qui s’envoie les marges à deux chiffres. C’est-y pas beau le système capitaliste vu sous cet angle ?
Du jamais vu ? Non. Cockerill-Sambre fourgué par Dandoy à Arcelor quand le métallurgiste allait mieux, ça ne vous rappelle rien ?
On se demande pourquoi les employés de FORTIS font la gueule et avec eux le SETCA. En effet, à la dislocation, c’est sûr que BNP et les Hollandais allaient se retrouver avec 25.000 emplois en doublon. On voit mal l’Etat faire des économies sur le dos du personnel et vider les guichets de FORTIS avant les élections de juin.
C’est une curieuse situation que va gérer Reynders. Ce libéral va se retrouver le patron d’une banque nationalisée, avec l’impératif de ne licencier personne. Or, FORTIS a une bonne pincée d’actions toxiques des banques américaines, des clients qui se sont barrés avec leurs économies, le personnel en surnombre à cause des mauvaises affaires. Ceux qui voulaient bradé les meilleurs actifs de la banque aux deux pays voisins vont devoir assumer la responsabilité de les conserver et, si possible, de les faire prospérer.
Les théoriciens de la crise politiquement corrects sont unanimes : les nationalisations vont à rebours des directives européennes et de la mondialisation de l’économie.
En réalité, la garantie de l’Etat propriétaire est une sécurité pour les déposants. L’Etat maîtrise le sujet et délègue des personnels de direction compétents, le capital « confiance » est reconstitué, Didier redevient populaire !...
C’est le hic : si Reynders traîne les pieds et ne met pas en place une bonne stratégie, c’est une tragédie, pour la banque, et pour l’Etat belge. Et cette défaillance pourrait nous conduire loin, peut-être jusqu’à la faillite de l’Etat ! Alors, Didier rejoint Lippens au Zwin.
Au présent, FORTIS est un sac de nœuds. On ne peut pas imaginer les Hollandais qui se frottent les mains en perdant le morceau qu’ils croyaient croquer pour pas cher, alors qu’ils avaient déjà versé des arrhes ! Les Français pourraient en dire autant. Le vote en faveur du « non » laisse sur la touche 49 % d’actionnaires, il se pourrait que ceux-ci se retournassent contre les partisans du « non ».
Voilà trois procès possibles.
Ce genre de procédure est long, coûteux et incertain. L’Etat belge pourrait y perdre quelques milliards et vaciller. Et pourtant, c’est dans le domaine du possible !
Les affaires désastreuses pour les uns pourraient faire le bonheur des autres, le cabinet Uyttendael, par exemple… Vingt ans de plaidoiries, l’engagement de vingt juristes de plus !... Le triomphe…
Quand les Etats ont ouvert leur trésorerie aux banques, ils n’imaginaient pas que le scénario pur jus capitaliste qui consistait à laisser mourir les faillis quelles qu’en soient les conséquences, aurait au moins l’avantage de ne pas cribler de dettes les citoyens.
Personne ne sait ce qui va se passer.
Ce que l’on peut dire, c’est que Leterme et Reynders ont agi avec trop de rapidité et sans consulter la population lorsqu’ils ont dépecé FORTIS. Ils l’ont fait à la sauvette avec des accords secrets dont nous ne découvrons les pièges qu’au fur et à mesure des procédures. Peut-être même ne savons-nous pas le fin mot de ce bradage de FORTIS par ceux qui se vantent d’avoir finement agi !
Ce ne sont pas les quelques milliers d’actionnaires dont certains sont franchement imbuvables, grotesques et parfois odieux, qui sont concernés, mais l’ensemble de tous les contribuables de cet Etat bien mal géré.
La Belgique libérale ?... le cimetière des éléphants.