Le Révizor.
Bernard Wesphael, député wallon écolo, est un drôle de type. On se demande s’il ne serait pas un des derniers à croire à ce qu’il fait.
Après avoir accroché Frédéric Daerden, député PS, le 14 septembre dernier sur ses nombreuses activités para-politiques de réviseur d’entreprise, le voilà qu’il a remis ça dimanche dernier devant Vrebos de RTL.
En cause les Daerden, trusteurs père et fils de mandats publics et d’emplois privés, bien connus dans les milieux liégeois pour leur faconde (enfin le père, le fils étant plus terne), leur pouvoir occulte, leur amour des places et des honneurs, le tout pulsé par la popularité de Michel sur les couches sociale et sportive de la Ville de Liège, en font des frimeurs de première.
Il faut dire qu’entre l’Ecolo et les deux Socialistes, c’est une vieille histoire de désamour. A tel point que le 7 octobre 08, Marc Uyttendaele, avocat de Frédéric Daerden, écrit à Wesphael une lettre d’intimidation, comme seuls savent en faire, les maîtres dont la notoriété est en soi l’épouvantail idéal pour ce genre de mission.
« Mon client n’a pas demandé d’engager des procédures judiciaires. Il se réserve cependant le droit de revenir sur cette position dans l’hypothèse où vous tiendriez encore, à son égard, des propos à caractère fautif. »
La lettre n’a pas l’effet escompté, au contraire, l’Ecolo augmente son dossier à charge de quelques feuillets.
Frédéric Daerden est-il toujours au four et au moulin, directement ou indirectement par personnes interposées, dans les vastitudes de ses sociétés gérées par d’autres ?
Il semblerait que oui, tant les arguments et les documents de Wesphael sont probants. Les Intercommunales de Liège seraient mises pratiquement sous tutelle de nos deux activistes.
Les père et fils ont-ils des nervis dévoués à leur service ? Ils le nient. Wesphael porte plainte à la suite de menaces d’intimidation d’énergumènes croisés sur les trottoirs de Liège.
Aujourd’hui Wesphael fait équipe avec une députée MR, Véronique Cornet, étrange attelage pour une situation du genre « dans les rues de Chicago ».
Dans le passé, il a toujours existé dans les partis et les syndicats des « noyaux durs ». Facilement manipulables par les chefs, ils forment une phalange de bonne volonté de façon informelle et capable de tout. Ils ne reçoivent évidemment pas d’ordre de ceux qu’ils admirent ; mais, ils vont parfois au devant de leurs désirs, interprètent leurs pensées secrètes et sont partants pour des anticipations dangereuses. C’est de cela que Wesphael a peur.
Le député Ecolo a-t-il raison de se méfier ? On n’est plus au temps d’André Cools !
On ne lit plus assez de nos jours. On manque de référence, en politique comme dans les commissariats. Cette inculture est profonde et s’affiche dans les milieux qu’on croirait préservés, comme la Culture officielle, par exemple, qui regorge d’incultes. Il paraît qu’Obama est un grand lecteur. Malheureusement, il est Américain. Je suis sûr qu’il a lu Le Révizor, Ревизор en russe, pièce de théâtre de Nicolas Gogol.
C’est tout à fait bien à propos. Gogol montre le mal pour mettre le bien en valeur.
C’est presque un vaudeville. Il dépeint les notables comme ils sont : des fripons déguisés en honnêtes gens.
Le Révizor, comme les Daerden, sait tout, est au-dessus de tout !
Le Révizor est un inspecteur omniscient à qui rien ne peut être caché.
L’histoire est simple. Quoique la petite ville révisée soit russe, elle peut être de chez nous.
Le bourgmestre et l'administration sont en émoi, dans l'attente du «Révizor»... Comment le recevoir au mieux ? Ils croient le reconnaître en un personnage qui voit tout ce qu’il peut tirer de cette méprise.
C’est drôle et ça nous débarrasse de l’atmosphère de règlement de compte que ce révizor-ci nous suggère.
On ne sait pas et on ne saura jamais comment on peut passer d’expert-comptable de père en fils à la gestion et à la mainmise sur deux grosses communes contiguës de Liège, Ans et Herstal, à devenir député, ministre, président, ayatollah du PS, etc., le tout sans grand mérite au départ et sans grande élévation d’esprit à l’arrivée.
La qualité suprême pour faire de la politique de nos jours n’est-ce pas la roublardise ?
Il y a des filiations inattendues, des amitiés hors affinités politiques qui en disent long sur des réseaux de relations et les services rendus, si bien que la roublardise pourrait s’accompagner dans bien des cas, d’une intelligence pratique en pleine confusion de l’intérêt personnel et de l’intérêt public, avec ce fond de mauvaise foi et de malhonnêteté nécessaires à toute réussite du genre. Une anomie quasiment de famille, dans le cas des fils de… pourrait valoir une thèse d’Université, si celles-ci servaient encore à rendre les étudiants plus intelligents.
Michel se sert de sa popularité pour s’imposer au PS. Il n’y a pas fait que des amis. Il devrait savoir que le peuple est versatile et que la popularité se gagne aussi vite qu’elle se perd.
L’électeur abusé ? Je veux bien. Mais s’il a été abusé, c’est parce qu’il était « abusable ».