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On se fout du 14.

-Tu sais pas quel jour on est aujourd’hui ?
-Oui, le 14.
-Non, tu ne sais pas.
-Quoi, je ne sais pas ! On est bien le 14, oui, ou merde !
-Oui, on est le 14 !
-Et alors ? Puisque je te dis qu’on est le 14 et que tu dis pareil, qu’on est le 14 ?
-Et c’est quoi pour toi le 14 ?
-Comment c’est quoi ? C’est un jour de février comme les autres, pire même, puisque je travaille.
-C’est tout ce que tu trouves à dire sur le 14 ?
-C’est pas suffisant ? On n’est pas assez dans la merde ? Il faut encore que tu la ramènes !
-Ah ! je savais bien que tu allais l’oublier.
-Mais, nom de Dieu, j’en ai ma claque que tu parles par énigme. Explique-toi à la fin, je vais être en retard à mon boulot ; tu sais bien que c’est moi qui fais l’ouverture.
-Si tu sais pas me dire ce que c’est pour toi le 14, c’est pas moi qui vais te le dire.
-Mais alors !... alors, si c’est pas toi qui vas me le dire, quel est le bougre d’enfoiré qui va me le dire ? Qu’est-ce que tu m’asticotes avec ton 14. J’en ai rien à foutre que ce soit le 14 ou le 13, ou même tiens, le 15…
-Tu parles ! le 13, comme ça tombait le vendredi, t’as fait un Loto !
-Et alors ? J’ai plus le droit de faire un Loto le 13 ?
-Et le 15, là tu sais que t’as ta belote chez Léon.
-Le 14, j’ai rien. Je sais quand même que j’ai rien ! Tu vois bien que j’en ai rien à foutre du 14 !
-T’es con ou quoi ? Tu gueules au lieu de réfléchir ! On se croirait au café Philo…
-Nom de dieu, c’est le seul jour où j’ai rien… je le sais quand même…
-C’est pas croyable, ça, un con pareil, qui sait pas, qu’a rien le 14 !...
-Bougre de nom de dieu, tu fais bougrement chier… J’ai remarqué, depuis que tu fais les sudokus de ton magazine à la con, t’es plus pareille. T’as le bocal agité…
-C’est ça, tu trouves que c’est con le sudoku ?
-Oui, c’est con. Je le vois bien. Tu montes plus qu’en température. La clientèle t’intéresse plus. Les tartines de la journée, t’en beurres une sur deux...
-Eh bien ! puisque c’est ainsi et que tu sais pas le fin mot du 14, tu les feras toi-même, tes tartines, puis j’ai plus de pain. Je croyais qu’on allait au restaurant.
-Quoi encore ? Le restaurant, alors qu’on restructure et que si j’arrive encore en retard, je serai sur la liste noire. Tu t’en fous, hein de la liste noire ?
-En tous cas, t’es sur la mienne.
-Qu’est-ce ça veut dire, t’es sur la mienne ? Tu me cherches ?
-Pas savoir qu’on est le 14, c’est un monde !
-Tu vas pas recommencer ? Merde !... le 14, c’est pour ton sudoku. Tu sais où je le mets ton 14 ? Hein, au cul… ainsi t’as le sudoku où je pense…
-Grossier personnage !
-C’est ça, hein, charogne ?
-Non !

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-Et tu croyais qu’on allait au restaurant !
-Oui.
-Ecoute, Valentine, je suis pressé. Je veux pas partir sur un malentendu.
-Va te faire mettre…
-Ah ! elle est belle la France. On voit bien d’où tu viens.
-Et toi, salaud, d’où est-ce que tu sors ?
-Tout ça parce que je sais pas ce qu’on fout le 14 ! Pourquoi ça tombe le 14 ? Encore une lubie ? Ça peut pas attendre le 15 ?
-Ta gueule !
-Ah ! je mérite pas ça. Tu vas la fermer, dis, faut que j’aille bosser…
-Crève.
-Là, c’est trop. Je sais pas ce qui me retient de t’en coller une.
-Essaie pour voir, je t’envoie le cadre des amoureux de Peynet sur la tronche.
-Pouffiasse !
-Impuissant !
-Tu vas le regretter, ordure…
-Tu me trouveras plus ici ce soir…
-C’est ça, casse-toi. Faudra que j’aère. Tu schlingues…
-Va te saouler la gueule, pauvre type…
-Ah ! tu risques pas de me voir avant longtemps…
Il part en claquant la porte. Dans la rue on l’entend encore gueuler « un restaurant… le 14 ».

Commentaires

Succulent....:)))

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