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Vers de graves désordres ?

L’excellente émission « C dans l’air » sur France 5 de ce mardi 17 février avait pour but d’éclairer les Français sur la situation économique à la veille de la conférence de Sarkozy avec les partenaires sociaux.
Inutile de pleurer sur notre carence de ce type de programme de nos chaînes nationales, ce serait inutilement nous faire du mal.
La question porte sur les accords de Bretton Woods et la fin de ceux-ci en 1971 par Richard Nixon.
Jusqu’à présent, les économistes semblaient unanimes pour affirmer que la fin de ces accords avaient été bénéfique à l’économie mondiale. Au vu de la crise actuelle, on en est moins sûr. Et des syndicalistes à Elie Cohen, économiste, il semblerait que la fin de ces accords présageait une bonne trentaine d’années plus tard, la catastrophe dans laquelle sombre l’économie mondiale.
Pour comprendre ce qui se passe, rappelons les faits. En juillet 1944, a lieu à Bretton Woods aux Etats-Unis une conférence monétaire et financière réunissant 44 Nations, afin de recréer un nouveau système monétaire international.
Deux institutions financières mondiales y voient le jour : Le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale. Le FMI devait veiller au respect des règles acceptées par les pays membres afin de rétablir un minimum de coordination entre les grands pays industrialisés et la Banque Mondiale. Il avait pour mission d’aider financièrement au développement des pays du tiers monde.
A Bretton Woods, on met en place un système de change de l’or basé sur le dollar. C’est un système de changes fixes. Chaque monnaie a une parité officielle déclarée au FMI, définie en or - 35 dollars l’once d’or. Le dollar y est consacré « as good as gold ».
C’est une vaste société de secours mutuel à l’échelle mondiale, chaque pays cotisant au départ (la « quote-part » étant constituée par un quart d’or et pour le reste de monnaie nationale.) C’est une sorte de garde-fou aux entreprises à risque qui met une limite à la spéculation, justement en matière de prêts sur hypothèque.
Les Etats-Unis y mettent fin en prétextant les importantes fluctuations du dollar.
En décembre 71, Richard Nixon prévoit une dévaluation du dollar et un élargissement des marges de fluctuation des monnaies (2,25% au lieu de 1% de chaque côté de la parité officielle).
C’est le départ de la planche à billet et des milliards papier faciles.
En 1973, les banques centrales européennes refusent de continuer à soutenir le dollar (achat de dollars contre leurs propres monnaies qu’elles doivent créer à cette occasion) et renoncent désormais à être rattachées au dollar.
Tous ces changements entraînent la fin du système de changes fixes organisé autour de l’étalon-or et l’avènement du flottement généralisé des monnaies.
Nous sommes les héritiers malheureux de la clôture de ces accords livrant les marchés à la spéculation. Nous payons le prix de cette stratégie financière irresponsable, qui n'est pas le fruit du hasard, mais un choix délibéré américain d’une stratégie d'endettement massif pour stimuler la croissance économique, qui devait tôt ou tard déboucher sur une insolvabilité et des faillites en chaîne.

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La mondialisation qui en résulte est une aberration économique, malheureusement toujours vivement soutenue par le socialiste français Lamy, commissaire européen à l’économie et Dominique Strauss-Kahn, socialiste, lui aussi, directeur au fonds monétaire international. On comprend mieux ainsi les réticences des partis socialistes européens à la remise à plat de ce système et la poursuite, vaille que vaille, des dénationalisations et de la livraison au secteur privé de la poste, des chemins de fer et des anciens monopoles d’Etat sur le gaz et l’électricité.
Les sociologues Giddens et Beck s’interrogent sur la poursuite de cette politique, alors que les pays les plus protectionnistes se sortent mieux de la crise. La mondialisation est un fait social qui est une des composantes de la crise actuelle. Elle bouleverse non seulement l’économie, mais encore la démocratie, la notion du risque, et par delà notre système éducatif et la famille.
Nos économistes ainsi que notre ministre des Finances feraient bien de revoir leur point de vue. Faut-il mourir avec le système ? Non, bien sûr, il faut le remettre en question. Le plus désolant, c’est que le personnel politique au pouvoir pense qu’une remise en question du capitalisme mondialisé, remettrait également en question son statut d’économiste infaillible.
Didier Reynders à la fois président de parti et ministre des Finances peut jouer le plus mauvais tour qui soit à la Nation, en confondant l’un et l’autre.
Il est trop tard pour qu’il démissionne de la présidence du MR à la veille des élections ; mais il peut très bien se démettre de son emploi de ministre, d’autant que la Commission Fortis pourrait établir sa coresponsabilité avec Leterme, démissionnaire.
L’avenir est au pragmatisme et à la remise à plat du système.
En-dehors de ces deux conditions, il n’y a pas de salut. On peut même penser que sans elles, c’est une période de troubles et de mouvements sociaux qui commence pouvant aller jusqu’aux désordres les plus graves.

Commentaires

Comique : "C d'ans l'air", ce n'est pas sur Arté... mais "France 5"...

Tu as raison et je rectifie le tir. Merci.

Bien entendu. Vous avez raison. Mais c'est tellement plus intelligent que nos chaînes nationales !

On retrouve là notre admiration exagérée pour la France et pour les médias français.
Je n'ai pas la TV, mais je la regarde chez d'autres. "C dans l'air" est une émission qui me passionne.
Mais, à la réflexion, je trouve qu'elle manque souvent de recul. Je l'ai senti lors du débat sur le procès du génocide cambodgien, 30 ans après.
On a parlé que les dirigeants de l'époque avaient fait leurs études en France. Et du fait qu'à l'époque, nous, les intellectuels,
étions des admirateurs du "communisme" et des "libérations populaires"
Mais comment n'ont-il pas fait le rapprochement avec la "révolution culturelle" en Chine ?
Avec les purges du stalinisme et aussi la terreur sous le grand Robespierre ?

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