Les Cabinets FORTISsimo !
C’est un bide de plus.
La Commission Fortis ne donnera aucun résultat.
Le gouvernement ne tombera pas ; mais la facture est pour nous.
Les partis aiguisent leurs couteaux en prévision des élections de juin. Le PS retient ses accusations contre Reynders. Ah ! tenir jusqu’en juin, pense Di Rupo…
Pourtant, et pas qu’au PS, le pays est convaincu que Reynders était de mèche avec Henin, son chef de cabinet. Le sire de notre « phynance » était au courant de la décision des juges dans l’affaire Fortis. Qui a cafardé ? Par quels moyens les rois de la combine ont-ils été au parfum ? Mystère et bouche cousue.
Ce n’est donc pas de cette bataille de cloportes que sort le jus de la treille de ce soir ; mais comme sous les pierres, dans la fraîcheur du pourrissement des mousses et des feuilles, vivent des insectes rampant, explorons les cabinets ministériels, d’où le scandale FORTIS est issu.
Le gros du public n’en sait rien. Mais cette administration dans l’administration n’est pas sortie des concours, des promotions d’Etat, elle n’est le résultat que de la volonté et des caprices des ministres.
Elle existe de son seul fait et, sauf certains cas dont celui du chef de cabinet de Van Rompuy qui l’était avant de Leterme, tous partiront avec le départ de leur prince.
Alors, vous pensez dans une partitocratie comme la nôtre on y trouve de tout, comme sur les marchés aux puces. Ancien amant, routier sympa, copain de lycée, champion cycliste, joueur de guitare comme dans le cabinet d’Alain Van der Biest, ancien débiteur, nouveau créancier, danseur mondain, maquereau repenti, peuvent y côtoyer le premier de classe, le membre incontournable d’une section importante du parti, le professeur de gym de fifille, une parente, jusqu’à l’honnête homme et le self made man qu’il fallait. La compétence y est variée. Il pourrait se rencontrer un universitaire incompétent mais incontournable avec un chef syndicaliste vertueux, en âge de chausser les pantoufles de la retraite bien méritée, mais efficace.
C’est une spécialité belge.
Ces personnels sont hors cotation, rémunérés pour certains comme des PDG avec comme seule servitude : l’effacement dans l’efficacité discrète.
Ces cabinets, il faut qu’on le sache, ne sont pas inscrits dans la Constitution, ni même dans le Droit belge. Leurs membres sont comme des champignons disséminés rares ou en colonie. A quoi servent-ils ? Leurs rhizomes s’étendent en ramifications ténues, nul ne sait jusqu’où. L’Affaire Fortis ne nous en montre pas grand chose.
A part frotter le dos de nos élites et trouver des idées pour leurs discours, ils bénéficient sans doute des renseignements que nous n’avons pas, des rapports des RG peut-être, des contacts gardés par le secret d’Etat…
C’est d’abord une question d’intimité entre Dieu et les autres. Ils sont tour à tour secrétaires, hommes de main, de plaisir et agenda vivant. Ils assurent, sans qu’il y ait de règles précises, le rapport aux médias. Ils peuvent être agent de liaison du ministre avec le parti, sauf quand le ministre est aussi président dudit parti, comme Milquet ou Reynders. Ils sont conseillers politiques et mâchent en partie les dossiers qu’ils recoupent avec les précédents dans les archives.
C’est une mission qui lorsqu’elle est bien faite donne un air de compétence au ministre qui se fait passer pour plus intelligent qu’il n’est. Ils sont derrière les paravents et notent ce qu’ils entendent pour en faire rapport au ministre. Enfin, mission des missions, fusibles, ils sautent en cas de coup dur. Ce sera éventuellement le cas d’un certain Henin, chef de cabinet actuel de Reynders, au cas où l’affaire FORTIS sentirait trop mauvais pour son patron.
On le voit, tout cela est très important pour les personnages en place, mais coûteux et fort peu démocratique pour les citoyens payeurs, d’autant que les Cabinets font souvent doublon avec l’Administration qu’ils court-circuitent la plupart du temps, en prétextant sa lenteur et son inefficacité.
Les cabinets ne jouent pas nécessairement les plombiers zingueurs pour ministres pressés, ce sont des structures politiques occultes qui peuvent doubler les cellules de réélection d’un parti en jouant « perso » la carte du ministre dont ils dépendent.
Ça fait doucement rigoler quand on poursuit le bourgmestre Avril de Saint-Nicolas pour avoir utilisé les moyens communaux à sa propre propagande électorale ; comme Anne-Marie Lizin, l’ex-bourgmestre de Huy ; ici, ce sont des millions d’euros de la Communauté qui peuvent servir à ça en toute légalité !
Un ancien exemple souvent cité, c’est celui du ministre Daems qui détaille les effectifs de son cabinet : 32 personnes pour le technique, 30 pour le politique, 18 pour les classes moyennes, soit 80 collaborateurs desquels nous ne savions rien, ni quelles ont été leurs missions exactes !
Etonnons-nous des coûts élevés de la gestion Belgique avec pas moins de cinq gouvernements, des ministres doublés ou triplés et derrière chacun d’eux des dizaines d’employés fantômes, et ça en pleine crise économique, en pleine déroute du travail et dans l’accablement du chômage qui s’accroît !