Projets de voyage…
- Ta gueule !
- Quoi, je n’ai rien dit !
- Je sais ce que tu vas dire…
- Ah ! bon… Je peux savoir pourquoi je dois la fermer ?
- Comme si tu ne le savais pas !
- Nous y voilà. C’est à propos des vacances.
- Oui, c’est à propos des vacances. Je te signale qu’au mois de janvier, on s’était décidé pour Ephèse.
- Combien de fois faudra-t-il te dire que depuis je suis chômeur !
- Et alors, qu’est-ce que ça change ? Au contraire on peut partir hors saison. C’est moins cher.
- Mais bon sang, ce n’est plus pareil. Tu sais ce qu’on me paie au chômage ?
- Tu peux demander une avance.
- Je rêve, là… Ces gens s’en foutent. Faut voir comme on est reçu…
- Pourtant, ils en font, eux, des voyages, et sur notre compte…
- C’est inutile de discuter. Tu n’en veux pas démordre. On ne part plus, c’est tout.
- Non. Ce n’est pas tout. Qui est venu me mettre sous le nez des prospectus de l’agence sur Ephèse ? Hein !... Qui m’a mis l’eau à la bouche ?
- Tu veux ma peau, dis ?
- Quoi, ta peau ?
- …la peau de m’Ephèse.
- Pauvre con. A ton âge, s’amuser à des bêtises pareilles.
- Ne la prends pas mauvaise…
- Je la prends comme ça me plaît. D’ailleurs, si tu ne pars pas, moi je pars.
- Avec qui ?
- Ça ne te regarde pas.
- Comment, ça ne me regarde pas ! Et puis avec quel argent ? T’es à ma charge.
- Je ne le serai plus bientôt.
- Tu vas travailler ?
- Absolument.
- Mais tu ne sais rien faire.
- C’est toi qui le dis.
- Evidemment, si t’as du boulot, ça change tout. On pourrait quand même partir à Ephèse.
- Moi je pars. Toi, pas. Puisque tu es chômeur.
- Je comprends pas. T’irais à Ephèse sans moi ?
- Je dois donner la réponse ce soir.
- A qui ! Comment ça se fait ?
- C’est le type de l’agence qui a besoin d’une personne d’accompagnement.
- Quand j’ai dit que tu savais rien faire, j’avais oublié que question de le bouger, t’es championne.
- Bouger quoi ?
- Ton cul !
- L’enfoiré, ce que t’es vulgaire…
- Non ! Tu te fous de ma gueule, dis ? Ephèse, c’est en Turquie. Tu parles le turc, maintenant ?
- C’est pour aider les vieilles touristes à l’hôtel.
- Tu vas pas me dire que tu pars avec ce saligaud qui nous avait reçu quand nous étions allé nous renseigner ?
- Walter est très gentil.
- En plus, tu l’appelles Walter !
- Il n’est pas chômeur, lui ! Il est même très cultivé. Il sait tout sur 14-18 !
- Ah ! nom de dieu de nom de dieu, on te quitte des yeux cinq minutes et voilà, houp, le premier maquereau qui passe… Je me disais l’eau à la bouche, c’était pas plutôt au cul ? Note, que c’est la première fois que j’entends qu’on lève une inculte avec 14-18.
- Qu’est-ce que tu veux, si t’avais pas cherché à être chômeur…
- Qu’est-ce que le chômage vient foutre avec Walter ?
- Walter n’est pas grossier, lui. Il devine le besoin des femmes.
- Tu parles d’un besoin. Tout le monde le connaît ton besoin ! Et parce que je suis chômeur ! C’est un comble. T’as toujours eu l’instinct à tourner pute… Une tradition de famille, une spécialité maison, tes sœurs, ta mère, tiens, oui…
- Pourquoi, ça t’obsède, ma mère, et mes sœurs, salopard, elles m’ont raconté…
- Si je te comprends, on serait parti à Ephèse avec Walter et j’aurais rien su !
- Rien su quoi ?
- Que t’avais une liaison XX because la culture, surtout quand c’est que la première syllabe qui fait bander le Walter !
- Mais, j’ai pas de liaison. Je dois donner ma réponse ce soir…
- On est en plein chantage, quoi !... parce que je suis chômeur… Walter est pas encore sorti des tranchées ! T’as pas eu droit aux shrapnells de bienvenue ?
- Non. Tout ça parce que tout le monde part et pas nous, même quand c’est pas cher. Alors j’ai une opportunité, j’en profite. Et malgré ta grossièreté, je te préviens Raoul… Je te préviens…
- Va te faire foutre !...
- C’est justement ce que je cours faire…