Les nouveaux collabos.
Le malaise qui ressort des positions du parti libéral (Mouvement Réformateur) s’accroît au vu des dernières déclarations de ses leaders.
On dirait que renonçant à convaincre d’éventuels nouveaux adhérents, il se replie sur la clientèle sûre du conservatisme traditionnel.
Cela fait penser à cette classe sociale privilégiée qui, pendant la guerre, s’était investie dans la lutte de l’Occident contre le péril Rouge, accordant une oreille attentive aux propagandistes que la Wehrmacht traînait derrière elle.
Soixante-cinq années plus tard, les arguments sont restés les mêmes, le MR voit toujours le péril Rouge partout. Thuriféraire de l’économie de marché, l’establishment libéral n’a qu’une idée en tête « surtout qu’on ne touche pas au sacro saint système capitaliste. »
C’est tout juste si on ne regrette pas Adolphe qui avait l’art de traquer l’opposant !
Le MR veut le marché et ses acteurs comme avant la crise, sans un pli, sans une ride, avec ses riches et ses misérables, ses profiteurs et ses travailleurs blanchis sous le harnais et désormais chômeurs. Tel qu’il est, dit Louis Michel, il est parfait !
Il y a toute une littérature sur les anciens collabos des années de guerre qui colle à la triste réalité de ce parti devenu odieux et méprisable.
Les strates bourgeoises de la Belgique des années 40, milieux chrétien et libéral confondus, ont laissé une succession imprescriptible qui se retrouve dans les moeurs de ce parti.
Il y eût en 1940 deux topiques (pour employer un terme freudien de ce qui pourrait être une psychanalyse collective) l’un de type anal : comment conserver notre foi dans la primauté du pognon sur la morale, et l’autre de type transcendantal : comment mieux défendre notre foi catholique ; les deux n’étant pas incompatibles, attendu que la sublimation de la patrie faisait le lien.
A quelques exceptions près, la réponse de la classe privilégiée de l’époque fut de lier son destin au Reich d’Adolphe Hitler.
Certains, dans une gamme variée allant du professeur d’université au boutiquier enrichi suscitèrent la vocation d’une jeunesse issue des milieux dont eux-mêmes se réclamaient, d’autres plus prudents, se contentèrent d’une collaboration douce du type si répandu à l’époque de l’industriel qui se voit dans l’obligation d’obéir aux injonctions de l’Occupant en lui fournissant ce qu’il produit, sous le prétexte qu’il conserverait de cette façon les nationaux en qualité d’ouvriers, plutôt que de les voir partir chez Siemens ou chez Messerschmitt.
Il ne faut pas généraliser, ni amalgamer les situations. A la Libération, il y eut peu de collaborateurs de l’industrie à rendre des comptes à la Résistance, la raison tient dans la nature prudente de la classe bourgeoise souple et adaptable.
Par contre, les collabos recrutés dans les milieux défavorisés de la misère et de la pègre trinquèrent pour avoir été en première ligne partout. Les guignolos se sont faits étendre à Tcherkassy, les mariolles avaient transformé leurs bénéfices de guerre en or, avant la Loi Gutt.
Le lien entre cette époque particulièrement noire et celle d’aujourd’hui ?
La classe bourgeoise a besoin d’être rassurée par un leader charismatique qui lui ressemble, afin de protéger ses biens et ses privilèges.
Hélas ! les grands hommes de cette nature sont rares, voire inexistants. Sarkozy est français, ne l’oublions pas. Le MR en est fan, mais, c’est un leader local qui de plus est le symbole d’un certain rattachisme en incarnant la France, ce qui est contraire aux intérêts de la bourgeoisie belge.
Si certains MR ont adoré l’image de Bush sauvant le monde Occidental des Etats voyous, tout en préservant l’intérêt des financiers mondiaux, ils se taisent par prudence et par peur d’être désignés par leurs alter ego comme ayant fait un mauvais choix. Et puis ces gens sont pragmatiques. Ils vivent au quotidien la sauvegarde de leur statut.
Ils ont hésité à jeter leur dévolu sur Obama. Ils sont à présent rassurés.
Le MR s’est attaché à la politique économique d’Obama, parce que ce président démocrate va poursuivre la politique économique de son prédécesseur, même s’il y insuffle une autre technique afin de parer au manque de dynamisme actuel.
Barak ne touchera pas à ce que Louis Michel appelle les fondements des Lois du marché.
L’équipe d’économistes d’Obama est une réplique de la précédente. Sa vedette est Robert Rubin, ex ministre des Finances du gouvernement Clinton. L’abrogation de la Loi Glass-Steagall, et, par conséquent, de la crise financière actuelle, c’est lui.
MM. Raines et Johnson ont servi en tant que CEO chez Fannie Mae, bancassurance pilier du désastre. Paul Volcker est chargé de trouver des solutions à la crise. Henry Paulson réamorce la pompe à fric qui va de la poche des contribuables américains directement à celles des financiers faillis. Timothy Geithner, est le poulain de David Axelrod, le plus proche conseiller de Barack Obama, il vient des pires milieux de la finance.
Avec le vieux renard Riden, comme vice-président en garantie, on voit que Didier Reynders et Louis Michel n’ont pas de souci à se faire sur les qualités de leader d’Obama.
La nouveauté, qui n’en est pas une, réjouit le MR.
Même en plein désastre, ils se la pètent encore. C’est une technique…