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L’Europe hiberne au printemps.

C’est curieux, en même temps que je prends conscience de l’habitude que j’ai prise de taper sans discontinuité sur le MR, je me demande si je n’y associais pas inconsciemment le PS !
C’est que, peut-être avec un vocabulaire de cour plus adapté aux électeurs, Di Rupo dit la même chose que Michel sur la crise et les économistes.
Au PS, silence radio sur le capitalisme et des réformes possibles, alors que dans le temple du libéralisme aux USA, Barak Obama entreprend des travaux de revalidation du système.
C’est donc quelque part que les socialistes approuvent la politique libérale dans son ensemble.
Personne n’y pense vraiment, mais la campagne pour les européennes est aussi terne à gauche qu’à droite, semblable à la politique interne, à cause justement de ce consensus des personnels de pouvoir.
Nous sommes trop obnubilés par notre soupe intérieure aussi, encore que la politique de l’Europe aujourd’hui baigne dans un climat d’indifférence, plus profond encore, parce que plus éloigné des citoyens, que l’indifférence aux affaires internes.
La crise est un révélateur des criantes inégalités sociales et du traitement différenciés de ces inégalités. La criminalité augmente, les prisons regorgent de monde, à tel point qu’on souhaiterait envoyer nos détenus en Hollande tant nous manquons d’établissements adaptés.
Personne ne lie le drame social à cette violence. La société n’y est incriminée qu’accessoirement. Les populations deviendraient plus violentes sans explication ?
Quoi de mieux qu’une tribune à l’Europe pour y trouver des solutions en amont de cette violence, comme par exemple diminuer la pression des inégalités par des modifications des règles, de rénover l’appareil de justice enclin à oublier la délinquance en col blanc ? Mais surtout, à prendre enfin conscience que la population souffre de plus en plus de la violence, mais que cette violence elle ne la puise pas en elle d’instinct, mais qu’elle est largement le produit du système capitaliste.
Malheureusement l’Europe est le milieu bourgeois par excellence. Les Parlementaires qui s’y recrutent sont recuits de bourgeoisismes. On y débat des règles standards sur la hauteur des tire-bouchons de comptoir ou les dimensions des conditionnements de layettes pour bébé.
Quand l’Europe périra-t-elle dans l’indifférence générale ? Déjà, c’est un signe de se poser la question.
Seuls les salaires attractifs et l’effet arrière-salle des parlements des Etats associés suscitent encore l’intérêt pour des représentations ou des emplois de fonctionnaires à l’Europe..
C’est lamentable d’en être arrivé à ce réflexe de rejet.

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En Belgique, si les élections n’étaient pas obligatoires, il n’y aurait pas la moitié des citoyens qui feraient le déplacement. Pour ma part je n’irais pas.
Ce qui est accablant pour l’Europe et cette réflexion pourrait aussi être étendue aux suffrages intérieurs des pays de la communauté, tout le monde à l’impression que le vote ne sert plus à rien, qu’on ne tient pas compte de l’avis des gens et que les politiques sont établies d’avance par des politiciens complètement coupés des réalités.
Non seulement l’Europe fait fuir l’électeur, mais elle fait peur dans son attitude à trop croire que la communauté ne restera soudée que par et pour l’économie. On voit les résultats : l’incrustation dans ces travées de la fine fleur de la droite conservatrice, favorable aux leçons de son plus mauvais membre : l’Angleterre, juste là pour faire imploser le système qui n’a pas besoin de ce pays pour ce faire. Alors que les Anglo-Saxons s’interrogent sur le bien fondé de poursuivre leur politique économique, l’Europe s’y accroche sur les initiatives des anciens pays de l’Est qui vivent encore dans la crainte d’un Communisme qui, dans l’état actuel de la Russie, n’est plus de saison.
On aurait pu imaginer à la faveur du désarroi que la crise suscite, que les socialistes européens secouassent le cocotier. Il n’en est rien. Cette passivité n’est pas étonnante. Elle est le long cheminement des partis de gauche vers un centre passif, qui se disloque aussi, mais dont la gauche de pouvoir n’a pas conscience, et pour cause, son appareil est essentiellement issu de ce centre moribond. Et il s’y accroche croyant ainsi défendre son statut.

Commentaires

Il y a beaucoup de vrai dans ce que tu dis, Richard III! Mais la vérité m'oblige à dire qu'une commission du PS, présidée par G.Coëme je crois, a aussi formulé des propositions de reforme du système financier.
Autre chose: tu dis que les politiciens n'écoutent pas l'avis des gens. Mais quel est l'avis des "gens"? Interroge 100 personnes à midi sur la place Saint-Lambert et tu auras un beau florilège de "yaquas", de "tous pourris" mais combien de propositions concrètes réellement applicables? Et qui leur jettera la première pierre? Le monde globalisé est devenu extrêmement complexe. Une révolution brutale n'aurait pour effet que de semer la misère et de créer une nouvelle race de profiteurs. Ce qui manque, c'est une vraie formation aux enjeux politiques, donnée par des gens désintéressés qui n'ont pas peur des vaches sacrées, mais pas par les éternels donneurs de leçons, les "je-sais-tout" habituels.

Sapristi ! Que mes lecteurs sont intelligents ! ils m'en démontreraient davantage que je leur puisse apporter.
C'est un peu aussi ma fierté (lire vanité) d'attirer autant de regards lucides sur le monde d'aujourd'hui.
Merci à tous.

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